Refuge

Refuge
Un Unnatural  History of Family and Place
Terry Tempest Williams
Vintage Books, 1991 et 2001 (avec postface)



L'auteur (site Gallmeister)(éditeur de la version française)
TERRY TEMPEST WILLIAMS est née en 1955 dans le Nevada et a grandi dans l’Utah. Naturaliste et activiste engagée dans la défense des droits des femmes, son combat pour la préservation de l’environnement l’amène à témoigner devant le Congrès à plusieurs reprises. Elle y dénonce les effets des essais nucléaires réalisés dans le désert du Nevada et qui sont alors minorés par le gouvernement. Auteur de nombreux récits, essais et poèmes, elle est aujourd’hui une voix incontournable de l’Ouest américain.

En démarrant ce livre, paru chez Gallmeister en nature writing, je m'attendais à un roman ou en tout cas un récit purement écologique sur les conséquences de la montée des eaux du Grand lac salé en Utah dans les années 80, en particulier pour une réserve d'oiseaux (migrateurs ou non)(la Bear River Migratory Bird Refuge)(photo ci dessous prise sur leur site). D’ailleurs les chapitres sont intitulés d'après des noms d'oiseaux. L’élévation du niveau des eaux, qui conduira à de gros travaux, est en fait la conséquence d'un phénomène naturel, mais qu'il n'était pas question de laisser perdurer.

L'auteur est une passionnée des oiseaux et écrit de fort belles pages sur leur mœurs et l'importance de ce coin de marais humides.

Mais elle nous offre aussi une plongée au cœur de son histoire familiale, souvent douloureuse. Une famille mormone depuis des générations, dont les croyances sont abordées sobrement. Surtout les femmes de son entourage paient un lourd tribut au cancer et Diane, la mère de Terry, après un cancer du sein plus de dix ans auparavant, souffre d'un cancer des ovaires, traité de façon classique. Moments d'espoir, de douleur, famille unie et bouleversée, voilà des pages inoubliables mais parfois difficiles. Beaucoup de pudeur cependant et de sérénité chez Diane.
"Terry, to keep hoping for life in the midst of letting go is to rob me of the moment I am in."

Tardivement on découvre que Diane a été exposée à des tests nucléaires dans le Nevada au cours des années 50. D'où le combat de Terry Tempest Williams, qui ajoute en 2001 une intéressante postface à son récit.
(au Nouveau Mexique)

Un très beau livre, au style sobre et poétique. J'accroche moins à ces (rares) histoires de rêve, mais sinon je suis conquise! Et c'est une amie de Doug Peacock, alors... Et puis Wallace Stegner apprécie ce livre...

Les avis de Dominique, Valérie, mimipinson (coup de coeur pour elle!)

Commentaires

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    1. Coïncidence, dans le prochain Powers, Gains, c'est le même cancer dont souffre la mère...
      Bon, passe, je ne t'en veux pas. Mais tant qu'à lire un livre "nature", choisis Bryson, là tu rigoles!

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  2. J'avais bien compris qu'il était beaucoup question de la maladie de la mère dans ce livre, c'est sans doute la raison pour laquelle je ne l'ai pas encore lu. Je prends mon temps.

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    1. Oui, beaucoup, et c'est à chacun (chacune?) de voir dans son vécu personnel ou familial si c'est le bon moment pour cette lecture... Mais ce n'est pas du tout désespérant, crois moi.

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  3. Je tourne autour depuis pas mal de temps . La seule chose qui me retient est que je redoute la noirceur des propos...

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    1. C'est sûr que le sujet n'est pas réjouissant et de tout repos. Vois ce que je réponds à Aifelle. Par chance, le sujet n'est pas trop proche pour moi (mais j'avoue avoir souffert avec Alzheimer mon amour).
      Ceci étant, qui sait? Je n'ai pas trouvé cela noir, la mère est vraiment un personnage bien dans sa tête, de tas d'autres passages "aèrent" l'histoire de la maladie.
      Attends le moment qui te semblera adéquat.

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  4. Je l'avais déjà repéré, mais je crois que je préfère conjuguer nature et humour, que nature et maladie...

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    1. A relire les billets de lectrices, je m'aperçois qu'elles ont vraiment aimé, c'est un signe, non? Il y a même de l'humour dans ce récit, parfois là où on ne s'y attendrait absolument pas.
      Mais bon, je ne vais pas insister, le sujet n'est pas léger, j'en conviens...

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  5. je préfère de loin les sujets graves, à la rigolade que j’associe souvent ( peut-être à tort) à un manque de sérieux.

    Refuge m'a touchée à un point qu'il est difficile d'expliquer

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    1. Ces sujets là ne m'ont pas dérangée, Terry T Williams écrit de façon merveilleuse.
      J'aime aussi les sujets graves (je viens juste de terminer un roman avec des parents pédophiles, et ça n'est pas voyeur du tout, c'est très bien géré comme histoire). Dans le prochain roman de Richard Powers, tu as aussi cancer et pollution...
      J'ai beaucoup aimé ton billet!

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  6. J'ai craqué grâce à Mimipinson, et si toi tu t'y mets en plus, c'est un signe qui ne trompe pas !

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    1. Son billet est magnifique! Laisse toi tenter, tu découvriras un beau livre!

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  7. Tout comme Aifelle, j'ai une légère hésitation à cause des passages sur la maladie. Ceci dit, le fait que ce soit lié aux essais nucléaires, est un "argument" en faveur du livre. Non pas que je sois de nature sadique, ;-), mais cela apporte également de l'eau à mon moulin. Le nucléaire me terrifie et je pense à toutes ces tribus Amérindiennes, la faune et la flore sauvage, qui, dans des coins reculés des USA comme certains déserts, ont dû subir ces tests atroces.
    C'est une lecture qui attendra un peu car je dois ingurgiter les livres au programme de la L2 et dont le thème général (sexe et libertinage d'un côté, guerre de l'autre) me rebute particulièrement. la partie "libertinage" est d'un ennui... si en plus, je lis quelque chose de déprimant, je n'ai plus qu'à fermer boutique. Enfin, mon blog quoi !

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    1. Refuge n'est absolument pas déprimant! Ou alors l'auteur ne l'a pas voulu ainsi, c'est mon impression. De belles pages quand elle est dans la réserve, à observer ou compter les oiseaux. Prends ton temps, note le dans un coin!
      La video que j'ai insérée m'a laissée comme deux ronds de flan!
      Libertinage? Bon, si c'est bien écrit... Mais je te fais confiance, hélas ce doit être ennuyeux, répétitif et parfois ridicule. Courage! De grands auteurs, quand même?

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  8. il n'y a pas de nounours ???? ;)
    alors moins tentée ! :) :)

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  9. Non vraiment, nature writing, ça m'attire pas du tout. Je ne me l'explique pas du tout d'ailleurs. Rien que la couverture, avant même de te lire, m'a donné des frissons dans le dos ! lol

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    1. Moi ce sont les essais nucléaires qui me font ça (la video et scotchante). Je ne cherche pas à te convaincre, pour les oiseaux et tout ça...

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  10. Longtemps que je n'ai pas lu de Nature writting. Tu me donnerais presque envie de m'y remettre^^

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    1. Mais il ne faut pas s'arrêter! ^_^
      Ceci étant, à force, on a lu tout ou presque de la LAL nature writing. Il m'en reste un peu, je fais durer...

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  11. Dans ma PAL depuis sa sortie, je n'ai pas pu résister à ce sujet... Tu me rassures en disant que les croyances des mormons soient abordées sobrement, c'est une chose qui me faisait un peu peur je dois dire... Je vais regarder la vidéo (moi aussi le nucléaire me terrifie, je ne peux admettre que l'on ne puisse comprendre qu'il faut passer à autre chose (ou attendent-ils la catastrophe ?? Pourtant elle a déjà eu lieu au Japon

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    1. Disons que sur tout le livre on parle peu des essais (mais cette video et juste terrifiante, surtout en ce qui concerne le peu de crainte des gens - ou l'ignorance?)(pourtant il y avait eu le Japon en 1945).
      On parle surtout des oiseaux (la réserve, la montée des eaux, etc...)et de la maladie de la mère (soins, impact sur ses proches, très peu la religion)
      Voilà, je ne vais pas y mettre de pourcentages, tout ça se mélange bien et bonne lecture!

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  12. Déja convaincue depuis pas mal de temps et puis chez Gallmeister on peur leur faire confiance ils savent trouver de bons textes.

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    1. On se demande pourquoi ce texte n'était pas encore paru en France, et il faut saluer Gallmeister!
      Ce qui me permet de les commander en VO et en poche...Pas bien, mais meilleur pour les finances!

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  13. J'ai frôlé le coup de coeur. C'est parce qu'il y avait beaucoup de nature writing que ce n'en fut pas un.

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    1. Oui, j'ai relu ton billet quand j'ai cherché les liens. Pour ma part, je m'attendais à plus de nature et d'écologie... ^_^ Mais finalement j'ai aimé toute la partie familiale (la plus grande partie, en fait, même si tout est lié). Dommage qu'il ne semble pas y avoir plus de lecteurs, car on frôle le coup de cœur chez ceux qui l'ont lu.

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  14. Ce livre me fait de l'oeil depuis longtemps mais la biblio ne l'a pas :( et ce n'est pas le genre de livre que j'achète.
    Est-ce lui qui évoque le cancer de façon un peu rude ?

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    1. Il y a le traitement de la mère, bien sûr, mais rien de trop détaillé dans les conséquences (c'est dans l'autre livre, un roman, qu'on est vraiment vraiment malade avec la pauvre femme). En fait ce qui est le plus frappant, c'est l'unité de cette famille, vraiment soudée, et l'énergie et l'acceptation de la mère (si tu vois ce que je veux dire, c'est compliqué).
      Au départ je croyais trouver un livre sur l'écologie et les oiseaux, oui, c'est bien là, mais pas que!

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    2. Ok ! Oui je comprends ce que tu veux dire pour le comportement de la mère ; j'ai connu une personne dans cette situation.
      Cela dit, tout comme toi, j'aurais été plus intéressée par l'aspect "nature" que par le reste (ok, j'essaie de me consoler ;p).

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    3. La maladie de la mère dure des années (et encore, il y a eu un cancer du sein plus de dix ans auparavant), tiens je copie colle une citation du billet
      "Terry, to keep hoping for life in the midst of letting go is to rob me of the moment I am in."
      La mère est "prête" à partir, dans sa tête.

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  15. Elles sont dures et émouvantes tes lectures pour le rendez-vous de Flo ! Je vais passer sur celle-ci aussi Keisha.
    Il y a, hélas, des lectures que j'évite.

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    1. Je comprends parfaitement qu'on évite certaines lectures! Surtout avec des sujets aussi sensibles.

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  16. Terry T. Williams a été une sacrée révélation aussi pour moi ! Elle a su être touchante sans tomber dans l'apitoiement. Le principe du chapitre nom d'oiseau/famille témoigne aussi de l'importance de la nature et de l'environnement dans l'identification d'une famille à un espace. Finalement, on ne peut dissocier une histoire familiale de son environnement (belonging pour Wendell Berry et Fitting pour Rick Bass, Home pour Abbey, Muir et Thoreau). Finalement, ce qui est dit aussi dans Refuge est que ce ne sont pas tant les histoires familiales qui affectent l'auteur/narrateur que les histoires de lieux et de ceux qui l'habitent. Finalement, Refuge est à la fois une autobiographie, et une logographie.

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    1. Très étonnant, ce Refuge! Je m'attendais seulement à une défense des oiseaux menacés par l'intervention de l'homme (comme d'habitude?) mais ce Refuge est aussi un refuge pour elle, je pense. Alors que finalement cette montée des eaux est un phénomène cyclique et naturel (si j'ai bien tout compris).
      Finalement, son histoire personnelle a su me captiver.
      Intéressant ce parallèle avec d'autres auteurs (connais pas Wendell Berry!) et le lien histoire familiale/environnement. Je vais réfléchir.

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