La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet

La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet
Marcel Rouff
Editions Sillage, 2010
Paru en 1924


Dédié à Brillat-Savarin et Curnonsky, ce petit roman est une ode à la cuisine française et aux gourmets qui savent l'apprécier de façon parfois pointilleuse. Mais avec tant d'enthousiasme dans leur gourmandise sans fin...

Dodin est un ex-magistrat coulant des jours heureux dans la région du Jura. Ce bourgeois est bien ancré dans son 19ème siècle, et n'a qu'une passion (en dehors de quelques jupons joliment portés, mais sans se détourner de son assiette, tout de même), la cuisine! Mais attention, à ce niveau là, c'est un art!

Dodin perd sa cuisinière et doit la remplacer, il sert à une Altesse un pot-au feu d'anthologie, il est tenté par la chair (en plus de la chère), et patatras, une crise de goutte le contraint à prendre les eaux à Baden Baden, où il souffre puissamment, car son esprit déjà fort chauvin n'apprécie pas ce qu'on lui sert.

Tout du long du roman, ce sont repas mirifiques, menus inventifs obéissants à des règles magnifiant les produits de qualité, mais curieusement mon appétit n'a subi aucune attaque, affolée que j'étais par l'abondance de ces repas. Nous sommes au 19ème siècle, bien sûr, et même quand le roman a été écrit les grands repas étaient la norme lors des occasions spéciales.

Cependant ce roman assez unique mérite amplement d'être connu, pour la présentation d'une conception haut de gamme de la cuisine et la délicate ironie de la narration.

L'auteur (wikipedia) :
Marcel Rouff, né à Genève en 1887 et  mort à Paris en 1936, est un poète, romancier et gastronome français d'origine suisse.
Compagnon de Curnonsky, il est l'un des fondateurs de l'Académie des gastronomes. Il est principalement connu pour son livre La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, qui raconte sous une forme humoristique la vie d'un passionné de gastronomie, fortement inspiré de Curnonsky. Une adaptation télévisée (on disait « dramatique » et non téléfilm) en fut tirée vers 1965 mais jamais rediffusée.
Un avis ici

Commentaires

  1. La cuisine "scientifique" contre celle du terroir, je suppose. Le débat est compliqué.
    Surtout pour notre portefeuille.Le mien en tous cas qui s'accommode mal de la vraie bonne cuisine saine.

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    1. A l'époque, pas de nouvelle cuisine, ni de molécules... Les bons produits avant tout, la cuisson, etc... (et les moyens quand même). Mais quels repas chargés en plats! Je pense que cette histoire de gourmet, bien écrite, vous plairait.

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    2. Mon commentaire, un peu hâtif, vient de cette chronique de P Menestret qui émet que la confrontation de Dodin avec les idées du philosophe allemand fait écho aujourd'hui. Mais il ne s'agit que d'un passage du livre, lequel est d'ailleurs palcé dans ma PAL, vous sachant de bon conseil.
      Bon week-end.

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    3. La chronique de Menestret raconte beaucoup de l'histoire, mais cela n'enlèvera rien au plaisir de lecture. Parfois on écarquille les yeux à lire certains sentences de Dodin Bouffant, quelque peu nationalistes (mais le livre est paru en 1924).
      Ce livre m'a été conseillé par une personne qui ne lit vraiment pas beaucoup, mais se souvenait du vieux téléfilm.
      Connaissez-vous Le festin de Babette? (pour rester en zones gastronomiques)

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  2. ouhhh, ce livre est pour moi, je le sens! (quand il est questions de bouffe...)

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    1. Les descriptions des plats, senteurs, etc, vont te faire saliver... Mais ils mangeaient en un repas de quoi tenir trois jours!

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    1. A 11h36, pas étonnant... ^_^ Surtout avec un tel thème.

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  4. je connaissais le nom de Dodin-Bouffant mais j'ignorais totalement ce livre, Sillage a parfois des trouvailles

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    1. Je crois que c'est un personnage fictif, pourtant je croyais qu'il avait existé... Je ne connaissais pas non plus l'éditeur, ici c'est un semi poche très soigné, à prix modéré.
      Tiens, si tu veux connaître son pot au feu, on trouve sur internet où le déguster (pas donné non plus...) http://www.lemonde.fr/vous/article/2005/06/09/le-pot-au-feu-de-dodin-bouffant_660190_3238.html
      "Le pot-au-feu proprement dit, légèrement frotté de salpêtre et passé au sel, était coupé en tranches, et la chair en était si fine que la bouche à l'avance la devinait délicieusement brisante et friable. Les tranches, assez épaisses (...), s'appuyaient mollement sur un oreiller fait d'un large rond de saucisson, haché gros, où le porc était escorté de la chair plus fine du veau. Cette délicate charcuterie, cuite dans le même bouillon que le boeuf, était elle-même soutenue par une ample découpade (...) de blanc de poularde, bouillie en son jus avec un jarret de veau. Et pour étayer cette triple et magique superposition, on avait glissé audacieusement derrière la chair blanche de la volaille (...) le gras et robuste appui d'une confortable couche de foie d'oie frais simplement cuit au chambertin."

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  5. Ho la la quand je lis cette recette, mon pot-au-feu d'aujourd'hui fait figure de punition !!! J'adore revoir les ingrédients des vieux livres de cuisine, c'est édifiant ! Dans celui de mon arrière grand-mère, pour cuire un simple steak ou une tranche de poisson, il fallait (basique) 250g. de beurre... et je passe les menus à rallonge !!! Les habitudes alimentaires ont bien évolué, l'espérance de vie également ! :) (sommes-nous plus heureux ? C'est un autre débat^^)...

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    1. On ne lésinait pas sur ce qui donnait du goût, c'est sûr, ni sur le roboratif. D'un autre côté, à l'époque pas de voitures pour beaucoup (donc marche, vélo) et travaux plus physiques. Il fallait donc du solide. Et puis, les longs repas de fête bien conviviaux...

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  6. Voilà qui semble très intéressant! Comme le déjanté, barré et la hyène hilare, la nourriture en livres me motive fortement!

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    1. J'espère que tu l'auras en bibli (ou en e book, car ce n'est pas récent), tu verras, c'est réjouissant à lire.

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  7. par chance il est à la bibliothèque. Merci à toi :)

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    1. Quelle chance en effet! Vraiment le livre improbable, on me l'a prêté en fait, il mérite d'être plus connu.
      Merci du passage.

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  8. Avec l'émission Top Chef, ce livre va retrouver une seconde jeunesse ... culinaire ! bises

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    1. Fort heureusement la quantité a diminué, dans nos repas (même si on espèrerait que la qualité y soit toujours)

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  9. Je ne connaissais pas du tout mais je crois que ça pourrait me plaire. Il y a quand même de belles découvertes par chez toi^^

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    1. Il faut remercier une de mes connaissances (qui n'est pas un gros lecteur, loin, très loin de là) qui me l'a fait connaître.

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  10. En ce moment, je cherche des romans de ce genre avec des femmes bien sûr, mais je lis tout pour moi.

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    1. Je crains que l'image de la femme dans ce livre ne soit pas au top... Tu as lu Le festin de Babette, au fait?
      Mais si tu mets la main sur celui de Rouff, tente l'aventure, c'est très bien écrit.

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  11. comment es-tu allée vers un tel livre?
    tu me donnes envie de le lire alors qu ela cuisine du 19° me laisse totalement indifférente , elle me fait penser aux caricatures de Daumier : ces hommes aux bajoues qui tombent sur leur gilet trop serré

    l horreur!
    au passage j'ai adoré le film le festin de Babeth (moins la nouvelle ce qui est très rare )
    Luocine

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    1. Une personne de mon entourage qui connaissait le téléfilm (et adore un bon repas) m'en a parlé et me l'a prêté. Comme je le dis dans mon billet, ces agapes avec trois ou quatre plats principaux me laissent de côté (mais un seul à la fois, là, je signe!). On verrait bien Dodin -Bouffant en bourgeois serré dans ses habits, en effet, d'ailleurs la goutte le rattrape!
      Je n'ai vu que le film, le festin de Babette, pas lu le roman (ou la nouvelle?)

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  12. Oui je connais bien Le festin de Babette, le film que j'ai vu, très bien, mais pas le livre.
    Il doit être tombé sous mes yeux récemment à la bibliothèque je crois amis j'ai hésité.

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    1. Un très beau film, Stephane Audran est inoubliable. Mais je n'ai pas lu la nouvelle de Blixen.

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  13. Oh je le veux ! Il me le faut !!!!!!!!!!!!!!

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    1. Le lire est sans risque pour le foie et le tour de taille...

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  14. oh, cela me donne une idée de cadeau !

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