Je n'étais pas la bienvenue

Je n'étais pas la bienvenue
Nathalie Guibert
Paulsen, 2016



Nathalie Guibert est journaliste du Monde (correspondante défense) et a passé plus d'un mois dans un sous marin nucléaire, la Perle. Première femme autorisée à vivre à bord de ce genre de bâtiment (il semble que depuis ça va s'ouvrir), elle nous dit tout ... ce qu'elle a été autorisée à dire. C'est-à-dire bien suffisamment pour comprendre comment c'est agencé là-dedans, qui fait quoi, l'ambiance, la vie particulière des ces hommes dont elle était l’aînée, leur âge variant de 20 à 40 ans en gros, bref j'ai eu la réponse aux questions que je me posais.

"Soixante-quinze mètres carrés habitables. Autour de la chaufferie nucléaire, les ingénieurs ont tracé les lignes de la survie: de l'air, de l'eau, des circuits innombrables. Puis ils ont calé des armes, missiles, torpilles, périscopes, sonars. Il restait à dessiner la 'cuisine', les 'chambres', les 'douches', mais c'était après, et c'était trop tard. L'affaire était entendue. Il restait pour la vie un mètre carré par personne."

Dans son bagage très léger, de la musique, un livre, un ordinateur, un carnet pour prendre les notes, et des antibiotiques adaptés aux infections féminines, vraisemblablement non compris dans la pharmacie du bord, un antidépresseur (on ne sait jamais). Autre précaution : signer une décharge en cas de grossesse.
"La règle impose cent kilos au plus pour chaque homme à bord, poids et bagages additionnés."

Les escales sont l'occasion de reprendre contact avec les proches, avec les nouvelles, et encore ce n'est pas forcément la meilleure chose à faire, puisqu'il sera impossible de les retrouver en cas de mauvaise nouvelle ou problème. Certains se sont confiés un peu, de la difficulté de quitter les proches, de maintenir les liens, de risquer de les 'perdre en route'; après quinze ans maximum, ces hommes quittent ces postes là.

"Avant le départ, chacun adopte des petits stratagèmes pour prévenir le manque. R., un des experts du bord, m'explique qu'il ne lave plus ses tee-shirts dans les quinze jours précédant son départ, les tissus imprégnés de l'odeur du père serviront de doudou à son enfant durant la mission. L., Le Chef, lit autant d'histoires que de jours de mer et les enregistre sur une video, pour que les petits aient leur compte chaque soir." Émouvant.

J'ai aussi appris que pour distinguer jour et nuit, on a recours à des éclairages différents, jaune, ou rouge. Ambiance, ambiance...

Reportage en profondeur (dixit l'auteur), oui, en dépit des contraintes, et pour continuer sur cette image, j'ajouterai : reportage en immersion, à découvrir!

Commentaires

  1. Ce n'est pas le genre d'endroit où j'aimerais aller, moi qui suis claustrophobe.

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    1. Même à la lecture, on a besoin de respirer! Mais c'est très bien comme document.

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  2. Why not ? Je me suis toujours demandée comment ça se passait dans ce genre d'endroit... moi qui suis claustro comme Aifelle. Et 1 m2 par personne, ça fait quoi, la taille d'une petite couchette ? ça doit être vraiment spécial comme ambiance...

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    1. Les couchettes sont les unes sur les autres (normal) mais séparées par peu d'espace. Certains y sont, d'autres sont dans d'autres parties, au boulot (ça tourne). Mais quand même...

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  3. j'admire son courage, rien que d'y penser j'ai une crise de claustrophobie

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    1. J'avoue avoir bien respiré à fond de temps en temps pendant ma lecture! Mais c'est vraiment intéressant.

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  4. j'adore ton blog , on est jamais dans la routine, je ne pars avec toi dans ce sous marin mais j'aimerais bien signer une décharge en cas de grossesse (c'est trop derrière moi ce genre de problème!)

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    1. L'armée, service, service! Tout s'est bien passé pour l'auteur. En plus on mangeait bien. ^_^
      Si tu vois ce livre, n'hésite pas!

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  5. Pour avoir visité un jour un sous-marin, à quai, je sais que je ne te suivrai pas dans cette lecture-là. Ces marins ont du courage, la journaliste aussi !

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    1. Je te comprends! Elle s'était préparée quand même.
      (et à quai j'airais fait comme toi)

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  6. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à lire un tel ouvrage mais ce que tu racontes de la vie à bord est intéressant.

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  7. Tu te posais donc des questions sur la vie en sous-marin ?^^ Une belle initiative de la journaliste en tout cas de s'intéresser à ce milieu-là. C'est plutôt original. Je pourrais bien m'y aventurer. Mais il y a un autre récit (BD cette fois) qui m'intéresse fortement en ce moment (mais nada à la bib', j'hésite à craquer), c'est "Dans la combi de Thomas Pesquet". Moi, la vie des astronautes m'a toujours fait triper !!!^^

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    1. Pas du tout! Mais je résiste mal à ces reportages si j'ai l'occasion.
      La BD dont tu parles, bien sûr que si je la vois...

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  8. Tu as eu les réponses à tes questions. Comme je ne m'en pose pas, je ne le lirai pas ce livre. Pas vraiment envie de savoir ce qu'il se passe là...
    Bonne fin de soirée.

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    1. Voyons Philippe, pas curieux? ^_^ Bah pour moi c'était l'occasion de mettre les pieds là où je n'irai jamais.

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  9. C'est vrai que cela doit être intéressant à découvrir, à travers les pages j'entends :)

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  10. Je ne suis pas particulièrement claustrophobe mais quand même être enfermée pendant des mois dans une grosse bête de ce genre au fond de la mer... euh je passe mon tour ! Et je me demande bien comment ces hommes arrivent à tenir physiquement et psychologiquement, et leurs familles bien sûr.

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    1. Il faut sans doute être sélectionné, subir des tests, etc. (tu as vu les passages que je cite, la vie de famille -si elle survit!- est compliquée.)
      Il s'agit aussi d'hommes (et de femmes paraît-il depuis) jeunes, moins de 40 ans, ensuite direction des missions à terre!

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  11. Tu te sens maintenant prête à vivre la vie de sous-marinière ?

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    1. Heu d'un côté j'ai le petit gabarit bien pratique, d'un autre je suis un poil trop âgée. Mais rien que pour la cuisine... ^_^

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  12. 100 kilos c'est déjà beaucoup (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)

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    1. J'ai pensé aussi cela, surtout si on est poids léger. Mais si tu es une belle baraque de 90 kg (que du muscle bien sûr) c'est autre chose. Et les coursives sont étroites. ^_^

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  13. Reportage en immersion !
    :-) Je vais me procurer celui-ci, les sous-marins me font un peu peur, est-ce de la claustrophobie (que je n'éprouve pas d'ordinaire) ? Je crois que je serais mal à l'aise sous la mer, même impression dans la cale d'un bateau. Difficile à expliquer, mais lire la vie à bord, Nathalie Guibert, je prends. J'aime passe du temps à regarder les maquettes éclatées de ces machines bizarres, à évaluer la répartition des compartiments. Dormir le long d'une torpille, par exemple...

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    1. A lire, tout se passe bien! Je me demande si tout n'est pas dans la tête, quand N Guibert a annoncé qu'en dessous d’une certaine profondeur (à éviter, donc!) on ne peut remonter (une histoire de pression?) j'ai ressenti un poil de crainte, pourtant je ne risquais rien. Inutile de dire que la sécurité et les vérifications quotidiennes sont primordiales dans ce sous-marin.
      Une torpille, oui... Et propulsion nucléaire (bien sûr on n'a pas eu les détails!)

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  14. Ha j'adore ce genre de reportage "en immersion" ! Rien que de lire ton billet, j'ai envie de m'y plonger ;)

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    1. Court et intéressant. On ne saura pas tout, mais quand même on aura la réponse à des questions.

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  15. Voilà qui doit être très intéressant, moi qui n'y connais rien à ce monde et que je trouve assez fascinant.

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    1. Un monde fermé, forcément, en plus c'est l'armée. ^_^

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