J'apprends le français

J'apprends le français
Marie-France Etchegoin
JC Lattès, 2018




Après l'interview de l'auteur sur France Inter, et les billets de Cathulu et Cunéipage, je le savais : je le voulais!

Depuis un an et demi Marie-France Etchegoin donne deux soirs par semaine des cours d'apprentissage du français à des migrants afghans, érythréens ou soudanais pour la majeure partie. Elle raconte leurs difficultés et les causes probables de ces difficultés d'apprentissage (imagine juste que tu es balancé en Erythrée et que tu dois te débrouiller pour communiquer en tigrigna)(après un voyage de tous les dangers, pas en avion confortable)(et ton pays d'origine c'est pas le club méd)(et sous la menace d'une expulsion sans trop crier gare).

Elle raconte aussi comment elle se débrouille, bricolant sa méthode, utilisant d'instinct un processus basé sur l'apprentissage de la langue maternelle. Se souvenant de ses propres apprentissages, car Marie-France Etchegoin ne reste pas 'hors sol' dans cette narration.

Rappelant brièvement mais tellement clairement la signification de tous ces sigles ponctuant le 'parcours du combattant' des migrants, parcours souvent interrompu par l'administration, elle explique aussi ce qu'est un 'dubliné'.

Puis les langues se délient un peu et elle relate le parcours avant France de certains de ses 'élèves', parcours dont on entend vaguement parler dans les médias, bien sûr, mais quand il s'agit de personnes juste là devant elle, ça imprime beaucoup mieux. Certains détails sont franchement révoltants.

Elle donne, oui, mais elle reçoit.

Forcément le petit badge coup de cœur est de retour:
Témoignage perso : depuis plus d'un an, je bricole aussi dans une des associations d'une ville pas trop loin de chez moi, je me suis complètement reconnue dans le livre de MF Etchegoin, j'ai redécouvert quelques-unes de mes bévues, mais j'ai appris aussi que j'avais raison d'utiliser à fond les petits dessins, le mime, l'association geste et parole (le ridicule ne tue pas). Passionnant mais on n'en sort pas toujours intact, ça bouscule parfois. Cependant si tu as l'occasion d'apporter ta petite pierre, n'hésite pas.
Ce billet est dédié à Abbas, dubliné Finlande (plus de nouvelles), Abdullah, dubliné Slovaquie (sera-t-il encore là la prochaine fois?), mais aussi Moussa (ses messages facebook sous la neige ou annonçant l'acceptation de sa demande d'asile valent leur pesant de cacahuètes)

Commentaires

  1. Evidemment, ton intérêt était décuplé pour ce livre, on le comprend facilement. Hé oui, c'est une chose les chiffres dans les medias et les gens en chair et en os devant soi. Je vais voir si le livre est à la bibli, et bon courage pour tes cours.

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    1. Plus les deux tentatrices... ^_^
      J'espère que tu le trouveras, sur le sujet c'est très complet, j'ai appris plein de choses, comme quoi...

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  2. Ca pourrait vraiment m'intéresser. A ma modeste échelle, dans ma classe de CE 2-CM 1, j'apprends le français (à le parler, le lire et l'écrire) à un enfant syrien de 10 ans et je rencontre pas mal de difficultés mais aussi tellement de reconnaissance et je serais très intéressée pour continuer au sein d'une association...

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    1. Chic chic! L'avantage de ton jeune élève, c'est qu'il est plongé dans le bain grâce à ses camarades, donc ça devrait aller assez vite (j'ai connu ça avec une grecque en 6ème, ses progrès étaient épatants)
      Si tu peux aller plus loin, pourquoi pas, tout est utile (pour toi aussi ^_^)

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  3. j'ai retrouvé en le lisant ce que j'avais apprécié dans b.a Ba il y a deux ou trois ans

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    1. Je viens de relire mon billet sur b a ba, avec une forte envie de relire le livre! (l'auteur est d'ailleurs toujours actif 'rayon cours de français')

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  4. Merci de m'avoir fait découvrir l'existence de ce livre. Ma vie privée ne me permet pas pour le moment de m'impliquer dans la vie associative mais plus tard, qui sait...

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    1. Tu sais, je n'aurais sans doute pas démarré si le temps ne m'était pas largement donné! Je voulais aussi aider ailleurs, mais soyons raisonnables, et faisons peu sans doute mais régulièrement...

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  5. J'aurai pu écrire ta première phrase ;). Contente de voir le badge. Evidemment, celui-ci, il ne m'échappera pas. Bonne pratique à toi ( reprise pour moi aussi bientôt )

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    1. Ha ha on dirait que toi aussi es tombée dans la marmite!!! Addictif, non? Même si on rêve du moment où on n'aura plus besoin de nous, mais je ne pense pas que ce soit dans un futur très proche...

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    2. Repéré aussi déjà, il me tente énormément. Pour le bénévolat je te dis un grand bravo, ça fait longtemps que j'y pense sans encore m'être jeté à l'eau 🤔

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    3. Une fois qu'on démarre (et que ça correspond aussi à ce qu'on voulait/pouvait), mieux vaut s'y tenir, donc réfléchir aussi à ses disponibilités. Courage!

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  6. voilà un livre que je vais me procurer c'est mon ancien métier, professeur de langue étrangère (FLE) que je continue bénévolement pour des étrangers en difficulté. le public étudiants éduqué n'a rien à voir avec des illettrés afghans mais les deux sont passionnants

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    1. Oh viens chez nous! ^_^ J'avoue qu'on fait ça un peu à l'arrache (mais avec documents et pour certains, formation). Bravo de continuer, tu as raison, c'est prenant mais passionnant.

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  7. Ca m'intéresserait aussi de le lire !

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    1. J'espère que ce livre ne restera pas confidentiel!

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  8. J'apprends le français à des petits étrangers, une langue bien difficile, et j'ai parfois bien du mal à trouver un truc pour qu'ils comprennent. C'est riche, en tout cas, pour eux comme pour moi.
    Bon weekend pascal.

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    1. Ah tu dois avoir plein d'anecdotes et d'expériences! Je redécouvre le français moi aussi, car je le parle sans avoir à y réfléchir en général.
      Bon week end pascal à toi aussi!

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  9. Bravo pour ce que tu fais ! Non, on ne sort pas indemne de ce type d'aide mais c'est tellement important.

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    1. C'est à la portée de tous (OK, faut du temps) mais cela change souvent le regard.

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    2. On le fait aussi, à notre maigre niveau, en tant qu'enseignant. Mais j'avais été scandalisée quand on m'avait refusé le droit de faire venir un jeune syrien à la maison, pour qu'il joue un peu avec mon fils, ou échange. Avec le recul, je me dis que c'était peut-être aussi un peu pour nous protéger.

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    3. Ton histoire me fait réfléchir... J'avoue ne pas comprendre toutes les raisons dessous. Il est toujours possible d'avoir des activités d'échanges ou liens avec le sport, le jeu, les repas, bref des activités organisées par une association?

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  10. Ah ça c'est forcément un livre qui m'intéresse. Déjà tout simplement pour le thème "apprentissage d'une langue étrangère et ses difficultés" + "enseignement de sa langue à un étranger", et puis le contexte bien sûr. L'histoire de chacune de ces personnes derrière cette nécessité de s'intégrer dans un nouveau pays... Ton implication doit te donner bien du fil à retordre mais aussi une grande satisfaction face aux progrès.

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    1. Si tu viens me voir, je t'emmène 'en plongée'! ^_^
      Oui, on ne se rend pas compte, mais en fait c'est passionnant, même si parfois il faut 'marcher sur des œufs'.

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  11. Bravo pour ton engagement ! Et ce livre à l'air passionnant !

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  12. L'été dernier, j'avais aussi l'idée de m'engager dans le bénévolat pour l'apprentissage du Français aux migrants. Mais étant donné ma fragilité psychologique, mon entourage m'en a dissuadée. Donc me voilà bénévole à la Banque Alimentaire. Mais je ne renonce pas forcément au projet, pour un peu plus tard, si mes traitements médicaux parviennent à jour à m'équilibrer un peu plus. Mais quoiqu'il en soit, ce livre ne peut que m'intéresser.

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    1. Avec les félins, déjà tu vois du difficile. Avec la banque alimentaire aussi; j'ai cherché côté secours catholique pour le bénévolat (dans ma ville, donc proche) mais finalement courir partout n'est pas bon.
      Alors, les migrants : je ne te cache pas que si tu te mets à leur place (difficile de ne pas le faire parfois), tu peux être effondré, tellement ce sont des pions qu'on balance, mais ils demeurent si calmes et courageux... Réfléchir avant de s'y lancer, ou alors être sûr d'être avec des bénévoles qui se soutiennent bien et avec qui tu peux partager.
      En attendant, lis ce livre formidable!

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  13. Merci pour la découverte. Mon cousin en a fait son métier et je cherchais justement un cadeau d'anniversaire... Ma mère faisait la même chose dans les prisons. Je trouvais qu'elle était bien motivée. Pas facile de passer 1h seule avec un prisonnier sans savoir pourquoi il est là. Hum hum ! Mais chacun a le droit à une seconde chance je suppose ...

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    1. Un cadeau parfait, alors!
      Avec des prisonniers, ce doit être différent, mais quand on aime enseigner, ça passe! Et puis oui, les prisonniers sont censés sortir, alors autant leur donner de quoi bien repartir.

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  14. Un livre à lire, donc... sur un sujet qui me préoccupe et me touche beaucoup. Ma mère a donné bénévolement des cours d’alphabétisation il y a quelques années. Je suis justement en train de m'inscrire dans une association, pas pour leur appendre le français mais pour aider d'une autre manière, des personnes qui vivent ce "parcours du combattant".
    Daphné

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    1. Il y a des besoins, oui, pas seulement pour apprendre le français. Parfois ils montrent des papiers, et je ne sais pas trop comment les aider dans le dédale administratif. Ce livre m'a aidée à y comprendre un peu dans les sigles et autres...

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  15. Un sujet brûlant... plus modestement, j'ai aidé 1 fois ou 2 à la soupe populaire et rencontré parmi les bénévoles (oui les bénévoles, et non seulement les bénéficiaires) de ces migrants érythréens ou soudanais, et les conversations que j'ai eues avec eux, entre deux assiettes essuyées, avec des mots en français, en anglais et en gestes, m'ont beaucoup marquées. Je note ce livre !

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    1. Oui, bonne lecture.
      Bien évidemment ils ne demandent qu'à ne plus être 'assistés' et donnent un coup de mains eux-mêmes. Merci de ce témoignage.

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  16. ça me fait curieusement plaisir ton billet, sur ce livre et sur tes bricoles associatives :) ça confirme le bien que je pense de toi ;)

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    1. Un jour faudra qu'on se rencontre 'en vrai'!
      Je relis mon billet, le coeur serré, car Abdullah et deux (trois?) de ses potes ont dû quitter la ville , pour ce que j'en sais par un de leurs amis, ils sont à Paris (dans des conditions que j'imagine...)

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