Jacques le fataliste

Jacques le fataliste
Denis Diderot
Paru en 1796




En guise de couverture du livre, l'incipit (célèbre je pense) de ce roman que je me décide à lire maintenant, ne me souvenant plus si je l'ai déjà lu (car je confonds avec Le neveu de Rameau...)

Bref, lecture plaisir, lecture non obligatoire, comme pour les classiques apparaissant dans ce blog.

L'histoire c'est simple, Jacques est le valet, et le maître, le maître. Et ils discutent au cours de leur voyage, dont on apprendra le motif vers la fin, après que le maître a conté l'histoire de ses amours. Mais auparavant Jacques aura narré celle des siennes, avec moult arrêts, incidents dans le voyage, rencontres, et racontars d'autres histoires.

Parmi ces histoires, celle qui a causé ma lecture (enfin j'y viens), à savoir la vengeance de Madame de La Pommeraye, fraîchement adapté au cinéma.
A lire les avis sur les blogs, par exemple ici chez dasola, au sujet de l'épilogue, je me demandais s'il n'avait pas été changé, mis je pense (sans avoir vu le film) que non, car j'ai eu à la lecture les mêmes réactions que les spectatrices du film.

Et le livre de Diderot, me demandez-vous, lecteur du blog? Hé bien ça va venir, mais vous commencez à vous sentir comme celui du livre, baladé de digressions en digressions, d'histoires en histoires, le tout émaillé de disputes entre les deux personnages principaux et de considérations sur le destin et ce qui advient d'ordinaire dans un vrai bon roman classique.

"Je me rappelai l'Harpagon de Molière.(...) Et je conçus qu'il ne s'agissait pas seulement d'être vrai, mais qu'il fallait encore être plaisant; et que c'était la raison pour laquelle on dirait à jamais : Qu'allait-il faire dans cette galère? et que le mot de mon paysan : Que faisait-elle à sa porte? ne passerait pas en proverbe."
Référence à Molière, à Goldoni plus loin.
Critique de l'histoire de Madame de la Pommeraye : "Si vous vouliez que cette jeune fille intéressât, il fallait lui donner de la franchise, et nous la montrer victime innocente et forcée de sa mère et de la Pommeraye, il fallait ..." etc.

Jacques et son maître sont liés, à se demander qui mène l'autre :
"Il est écrit là-haut que tant que Jacques vivra, que tant que son maître vivra, et même après qu'ils seront morts tous deux, on dira Jacques et son maître." Pas faux, n'est-ce pas?

"Toutes nos querelles ne sont venues jusqu'à présent que parce que nous ne nous étions pas encore bien dit, vous, que vous vous appelleriez mon maître, et que c'est moi qui serait le vôtre."

Bref, un livre plaisant à lire, parfois difficile pour les nerfs quand Diderot sursoit à une suite, et plutôt leste par moments (je m'interroge : c'est au programme du lycée?). Les religieux de l'époque ne prennent aussi pour leur grade, décrits comme  faux jetons et libertins.

"Ici, Jacques fit halte à son récit, et donna une nouvelle atteinte à sa gourde. Les atteintes étaient d'autant plus fréquentes que les distances étaient courtes, ou comme disent les géomètres, en raison inverse des distances. Il était si précis dans ses mesures, que, pleine en partant, elle était toujours exactement vide en arrivant. Messieurs des ponts et chaussées en auraient fait un excellent odomètre, et chaque atteinte avait sa raison suffisante."

Deux avis chez lecture/écriture

Commentaires

  1. Ahhhhhh Diderot chouchou ! Beaucoup aimé ce roman, que je relirai d'ailleurs encore avec plaisir. Un roman tellement moderne, paru après la mort de l'auteur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais quel enthousiasme! ^_^ C'est finalement moderne, ce roman.

      Supprimer
  2. Réponses
    1. Hé oui, le 18ème siècle...(je suis tentée de lire Marivaux ou Laclos...)

      Supprimer
  3. Je n'ai jamais lu Diderot, tu me donnerais presque envie ..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lance-toi, cette oeuvre est parfaitement lisible et accessible (et marrante, et moderne)

      Supprimer
  4. Diderot et la religion c'est une longue histoire de désamour
    un film que je verrai dès qu'il sera dispo sur iTunes mais c'est vrai que c'est une bonne occasion pour relire ce livre qui n'est pas dans ma bibli, curieux quelqu'un a du faire main basse dessus

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il me semble avoir lu La religieuse il y a longtemps...
      Ce film tourne encore dans mon coin.
      Quant au livre, il est dans 'ma' bibliothèque perso!

      Supprimer
  5. J'ai eu droit à "Jacques le Fataliste et son maître" au lycée (lecture "obligatoire", étudiée en classe), mais j'avais calé à la page 100 environ. Ce n'est que plus tard, libéré de l'obligation de lecture, que j'y ai vraiment pris plaisir. En effet, il y a deux ou trois trucs scabreux là-dedans… scabreux mais délicieux! Il faut bien réjouir le lecteur…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Certains passages sont vraiment 'chaud bouillant', les jeunes en ont vu d'autres, mais je doute qu'on les leur fasse étudier. Ce n'est pas ce qui m'a le plus plu, de même que les attaques contre le clergé manquant de subtilité, mais bah, Diderot avait sûrement des comptes à régler.
      C'est quand même un roman à lire, mais pas obligatoirement au lycée (pour ne pas dégoûter), j'ai trouvé de l'inventivité, un jeu avec le lecteur, etc.

      Supprimer
  6. Comme Aifelle : je n'ai pas encore lu Diderot... un jour certainement ;)
    Bon après-midi, à bientôt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il ne se fatiguera pas à attendre, depuis des siècles...
      Bon week end!

      Supprimer
  7. je crois que je n'en ai jamais lu que des extraits,à remédier!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cela vaut la peine de découvrir ce qu'on a étudié par portions.

      Supprimer
  8. Pas lu... J'aimerais bien dire que je vais prendre le temps de le lire, mais quand ? La liste des envies de lecture s'allonge dès qu'un titre de livre passe tout près de moi.
    Bon week end.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hé hé, on réagit de la même façon, on note, et puis... mais un jour on s'y met.
      Bon week end aussi.

      Supprimer
  9. J'ai été obligée de lire Diderot pendant mes études littéraires. Il ne m'en reste pas grand-chose. Et je ne pense pas que j'y reviendrai. Le film en revanche me tente bien, mais je vais devoir attendre sa sortie en dvd...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il est encore en salles, le DVD viendra. Finalement, je suis ravie d'avoir évité les études littéraires, je n'ai pas été dégoûtée.^_^ Mais il me manque des outils, alors je regrette.

      Supprimer
  10. J'ai étudié cette oeuvre à l'université et j'en ai vu toute la virtuosité ( notamment la remise en cause du romanesque, l'anti-roman) mais je n'arrive pas du tout à apprécier ! De fait, je ne suis pas allée voir le film et je n'ai pas relu ce livre depuis très très longtemps...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le film parle juste d'une histoire assez longue, pas du tout de Jacques et son maître. Diderot est parfois agaçant à faire lanterner son lecteur, mais bon, c'est le jeu!

      Supprimer
  11. Comme toi, il faudrait que je revienne à Diderot, je ne sais plus quel(s) titre(s) j'ai lus... Je ne savais pas pour le film qu'il venait de ce livre !

    RépondreSupprimer
  12. Mais je crois bien que je ne l'ai jamais lu, je ne devais pas me sentir prête au collège/lycée et je n'ai jamais songé à m'y aventurer par la suite mais l'incipit d'un coup me donne bien envie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sans doute n'était-ce pas au programme... N'hésite pas, tu risques juste de t'amuser, tu sais.

      Supprimer
  13. je l'ai lu et aimé il y a fort longtemps, au lycée!
    en lisant ta critique, j'ai envie de m'y replonger :-)

    RépondreSupprimer
  14. Bonjour Keisha, merci pour le lien. Eh oui, l'épilogue est moins tragique que celui des Liaisons dangereuses. Bonne fin d'après-midi.

    RépondreSupprimer
  15. Une lecture très lointaine que j'ai totalement oubliée...

    RépondreSupprimer
  16. Ouh lala ! je me cache ! Je ne connais que de nom !
    Bon dimanche.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il fait partie des auteurs dont on connaît le nom sans les lire (j'en ai aussi, tu sais)

      Supprimer
  17. Je viens de le relire pour aller voir le film que tu cites mais que j'ai raté. Il me reste à rédiger mon billet sur Jacques, ce que je vais faire bientôt. Je crois qu'on en lisait des extraits au lycée et je me souviens l'avoir lu à l'université mais c'était La lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui y voient qui était au programme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'attends alors ton billet (amusant qu'on aie lu ce livre pour les mêmes raisons -quoique je doute d'aller voir le film) et ton avis sur le film.
      Sinon, aucun souvenir de lycée, je suppose qu'on a bien dû avoir un texte à étudier?

      Supprimer
    2. Sur l'inévitable Lagarde et Michard, certainement, que j'ai beaucoup critiqué dans le temps mais qui n'était finalement pas si mal !

      Supprimer
    3. Ne serait-ce que pour la chronologie, ce n'était pas si mal. Et puis si ça menait à l'oeuvre entière, pourquoi pas?

      Supprimer
  18. Je l'ai lu pendant mes études de lettres et trouvé un peu longuet. Il y a de très bon passages et pas mal de bavardage. Celui que tu cites inspire nombre d'adaptations filmées. J'avais vu le film de Bresson, pas ce dernier, mais je pense que ce serait plaisant! Quant à relire Jacques le fataliste, pas sûre...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Exact, Diderot joue avec nos nerfs. Oui, j'ai vu qu'il existait un film plus ancien.

      Supprimer
  19. J'ai beaucoup aimé le film !! Jacques le fataliste je l'ai lu il y a bien longtemps, je n'en ai plus trop de souvenirs ! en revanche, c'est "la religieuse" de lui qui m'avait marquée et qui comporte aussi pas mal de passages lestes !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai plus trop de souvenirs de cette Religieuse. Mais j'ai encore Le neveu de Rameau sur mes étagères.
      Passages lestes, alors je me demande si on étudie le roman entier... ^_^

      Supprimer
  20. Comme toi je confonds les deux romans, et j'avoue que ces lectures qui datent de mes études universitaires, m'avaient à la fois beaucoup plu et beaucoup agacée, car on ne sait jamais où Diderot veut nous emmener. Je pense que je serai aujourd'hui plus tolérante pour les digressions.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je prends ces digressions comme un art de raconter, un style... (même si ça peut agacer). Et puis d'autres que lui y ont recours.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Les commentaires sont modérés, histoire de vous éviter des cases à cocher pour prouver que vous n'êtes pas un robot.