Les soeurs Andreas
The weird sisters
Eleanor Brown
Marabout, 2012
"Nous - Rosalind, Bianca, Cordelia. "
Prénommées ainsi par un père universitaire fou de Shakespeare communiquant beaucoup par citations de son auteur préféré.
Dans la vie courante, le soeurs Andreas: Rose, 33 ans, fiancée à Jonathan, freinant des quatre sabots à l'idée de quitter Barnwell, sa ville natale; Bean, 30 ans, licenciée après avoir confondu les finances de sa boîte new yorkaise et les siennes propres et obligée de revenir chez ses parents; Cordy, 27 ans, enceinte, voulant mettre un terme à des années sur la "route".
Les voilà sous le même toit juste au moment où leur mère démarre un traitement contre un cancer du sein.
Les trois soeurs vont, sous les yeux du lecteur (plus vraisemblablement de la lectrice), être confrontées à la maladie de leur mère et à l'abandon de certaines espérances, illusions ou certitudes. Elles vont grandir, quoi.
Un livre sympathique au dénouement sans surprise où je me suis pourtant un peu ennuyée au cours de la première moitié (après j'étais plus accrochée!); il recèle cependant de jolis passages et se lit sans effort, ce qui explique que je sois allée jusqu'au bout. Sans doute l'emploi du "nous" sans narrateur clairement fixe m'a troublée et empêchée de m'immerger facilement dans l'histoire? Ce serait Bean, mango m'a convaincue, mais alors pourquoi compliquer les choses? Pour renforcer l'impression que les soeurs forment une entité? (Bean parle d'elle à la troisième personne comme Jules César dans la guerre des Gaules!)
Pour terminer, un passage sur ces soeurs, folles de lecture ("jamais sans un livre"), qui expliquera pourquoi j'ai persévéré:
"Un de ses petits amis lui avait un jour demandé en passant combien de livres elle lisait par an.
- Quelques centaines, lui avait-elle répondu.
- Et où trouves-tu le temps? avait-il demandé, estomaqué.
Plissant le yeux, elle avait passé en revue l'échantillon de réponses potentielles qui s'offraient à elle: parce que je ne perds pas des heures à zapper sur le câble en me plaignant qu'il n'y a rien à la télé. Parce que mon dimanche n'est pas complètement bouffé par les commentaires des présentateurs d'avant le match, pendant le match et après le match. Parce que je ne passe pas toutes mes soirées à boire de la bière trop chère et à faire des concours de bites avec des traders de mes deux. Parce que lorsque je fais la queue à la salle de gym, dans le train, au restaurant, je ne rouspète pas, ni ne contemple le vide, ni n'admire mon image dans la moindre surface réfléchissante? Je lis!
- Je ne sais pas, avait-elle répondu avec un haussement d'épaules."
Les avis de Flo, mango , Antigone,
A Flo : Le citations tirées des oeuvres de Shakepeare sont en italique dans la version française. Après, quant à savoir de quelle oeuvre...
Merci à Laetitia Joubert et aux éditions Marabout.
The weird sisters
Eleanor Brown
Marabout, 2012
"Nous - Rosalind, Bianca, Cordelia. "
Prénommées ainsi par un père universitaire fou de Shakespeare communiquant beaucoup par citations de son auteur préféré.
Dans la vie courante, le soeurs Andreas: Rose, 33 ans, fiancée à Jonathan, freinant des quatre sabots à l'idée de quitter Barnwell, sa ville natale; Bean, 30 ans, licenciée après avoir confondu les finances de sa boîte new yorkaise et les siennes propres et obligée de revenir chez ses parents; Cordy, 27 ans, enceinte, voulant mettre un terme à des années sur la "route".
Les voilà sous le même toit juste au moment où leur mère démarre un traitement contre un cancer du sein.
Les trois soeurs vont, sous les yeux du lecteur (plus vraisemblablement de la lectrice), être confrontées à la maladie de leur mère et à l'abandon de certaines espérances, illusions ou certitudes. Elles vont grandir, quoi.
Un livre sympathique au dénouement sans surprise où je me suis pourtant un peu ennuyée au cours de la première moitié (après j'étais plus accrochée!); il recèle cependant de jolis passages et se lit sans effort, ce qui explique que je sois allée jusqu'au bout. Sans doute l'emploi du "nous" sans narrateur clairement fixe m'a troublée et empêchée de m'immerger facilement dans l'histoire? Ce serait Bean, mango m'a convaincue, mais alors pourquoi compliquer les choses? Pour renforcer l'impression que les soeurs forment une entité? (Bean parle d'elle à la troisième personne comme Jules César dans la guerre des Gaules!)
Pour terminer, un passage sur ces soeurs, folles de lecture ("jamais sans un livre"), qui expliquera pourquoi j'ai persévéré:
"Un de ses petits amis lui avait un jour demandé en passant combien de livres elle lisait par an.
- Quelques centaines, lui avait-elle répondu.
- Et où trouves-tu le temps? avait-il demandé, estomaqué.
Plissant le yeux, elle avait passé en revue l'échantillon de réponses potentielles qui s'offraient à elle: parce que je ne perds pas des heures à zapper sur le câble en me plaignant qu'il n'y a rien à la télé. Parce que mon dimanche n'est pas complètement bouffé par les commentaires des présentateurs d'avant le match, pendant le match et après le match. Parce que je ne passe pas toutes mes soirées à boire de la bière trop chère et à faire des concours de bites avec des traders de mes deux. Parce que lorsque je fais la queue à la salle de gym, dans le train, au restaurant, je ne rouspète pas, ni ne contemple le vide, ni n'admire mon image dans la moindre surface réfléchissante? Je lis!
- Je ne sais pas, avait-elle répondu avec un haussement d'épaules."
Les avis de Flo, mango , Antigone,
A Flo : Le citations tirées des oeuvres de Shakepeare sont en italique dans la version française. Après, quant à savoir de quelle oeuvre...
Merci à Laetitia Joubert et aux éditions Marabout.
Commentaires
Parfois j'étais emportée par un passage qui me créait de l'émotion, parfois bah...
Lorsque j'ai vu le livre (la VF donc) en librairie, j'ai eu deux réactions pas super positives malheureusement. La couv' m'a un peu fait mal aux yeux - disons qu'elle ressemble plus à une affiche de cinéma qu'à une couv' de livre + elle donne le sentiment qu'il s'agit d'un livre pour ado (ou YA comme disent les gens à la mode dont je ne suis pas), ce qui n'est pas du tout le cas - un ado serait barbé au bout de 3 pages...). Ensuite, curieuse de la traduction de "weird sisters" dans le texte puisqu'elle n'est pas reprise dans le titre (ce qui ne me choque pas), j'ai feuilleté le livre et, là, j'ai failli tomber raide morte dans la librairie (ça aurait fait désordre ; j'ai pris sur moi). "Les soeurs fatales" !!!! O_o C'est quoi ce truc ? Je n'ai rien contre les adaptations si la traduction naturelle ne convient pas mais là, c'est carrément ridicule... Une périphrase aurait été plus adaptée à la limite d'autant plus que l'expression ne revient pas souvent dans le livre donc pas de risque de lourdeur. Dans la VO, les citations sont aussi en italiques et comme je te l'avais dit, les sources ne sont pas citées donc c'est à chacun de voir s'il veut s'amuser à les retrouver ;) Mais au-delà des citations clairement identifiées, il y a des références dans le texte et là c'est plus retors :p
Sinon, pour en venir au "nous" que j'avais évité d'évoquer dans mon article, ne sachant pas trop quoi en faire... L'édition VO dont je dispose inclut une interview de l'auteur où ce point est abordé. Attention aucune réponse du genre : "il s'agit de Rose/Bean/Cordy" n'est donnée mais l'auteur explique son choix (que, pour ma part, j'avais eu du mal à intégrer, tout comme toi si j'en crois ton article).
Donc, en "résumé" et en traduction perso, sachant que la question posée à l'auteur concerne ce choix et son effet. E. Brown explique avoir cherché à quelle personne s'exprimer avant de s'arrêter sur la première du pluriel. Elle ne donne pas plus de précisions sur le pourquoi du comment même si on a le sentiment qu'elle recherchait l'originalité. Elle reconnaît que ce choix est plein de pièges et de contraintes pour que le "nous" sonne juste et qu'il ne soit pas trop perturbant (à ce moment-là tu te dis qu'elle est un peu maso de tenir à rester dans un tel carcan...).
Mais elle finit par indiquer que le "nous" se justifie dans le sens où ce livre raconte l'histoire d'une famille et qu'elle voulait montrer que chaque individu portait en lui ses origines familiales et qu'il était inutile de vouloir s'en détacher car elles nous collaient aux basques. Ce "nous" représenterait en quelque sorte l'histoire commune des différents membres d'une famille. Bref, le "nous" serait une façon de s'exprimer que chacun pourrait s'attribuer (et en ce sens je serais plutôt partisane de la thèse selon laquelle chaque soeur s'empare du "nous" à un moment ou l'autre) du fait de son appartenance à une "tribu".
Désolée pour la longueur du com' mais sa dernière partie me semblait valoir la peine d'être notée.
On a même le terme utilisé à savoir "wyrd" qui veut dire destin.(dixit Brown)
La couverture, euh, j'ai eu du mal, elle ne va pas du tout avec le public visé, à mon avis.De jolies filles dans des prés, au printemps...
Durant ma lecture j'ai pris le nous, non pas comme si une soeur en particulier parlait, mais comme si c'était un nous collectif, si tu vois ce que je veux dire.Pour ma part, cela m'a plutôt gênée pour bien me sentir dans l'histoire, car à chaque fois ou presque ce nous me ramenait "hors l'histoire"...J'espère que tu saisis le paradoxe. Cela me paraissait artificiel.
Merci pour les précisions, car dans la VF on n'a pas cette interview. Ni des notes en bas de page pour lecteur francophone non nourri au lait shakespearien depuis l'enfance.^_^
Pour la maladie, ça se termine bien (pas de décès); la mère supporte mal les traitements, mais on voit les choses côté filles dans le roman.
Si je comprends bien, l'édition française propose également des commentaires de l'auteur (?). J'ai déjà vu le terme "wyrd" mais impossible de me souvenir où. Dans la Pléiade, il est indiqué que "weird" dérive du moyen anglais "werd" qui signifie également "destin". D'où, dans la VF de "Macbeth", la traduction "les soeurs du destin". Même si Brown ne donne pas le même sens à l'expression que Shakespeare, "soeurs fatales" me semble ... euh bizarre ?
Je te rejoins pour le "nous". A mon sens, l'auteur s'est un peu fourvoyée avec cet angle d'attaque : le lecteur ne sait plus où il en est (heureusement que l'histoire n'est pas hyper complexe) et, effectivement, l'effet est artificiel. Au début, je me suis prise la tête pour essayer de deviner qui parlait à travers cette voix, puis j'ai laissé tomber puisqu'il n'y avait visiblement pas moyen d'avoir une réponse.
Tu imagines bien que dans la VO, on n'a pas non plus de notes de bas de page pour lecteurs anglophones ayant régurgité leur lait shakespearien ;D
Je peux aussi m'étonner de la quatrième de couverture, qui n'en dit pas trop, heureusement, mais pose des questions censées nous accrocher, questions dont on connaît la réponse quasiment tout de suite. Bah, pas grave...
Alors oui, le Vicomte et Le trône de fer, cela te fera un bout de temps pour y arriver. Ne note pas.^_^
Eleanor Brown a pris le parti de ne pas donner de repères à ses citations, et je pense qu'à l'exception d'une ou deux, même les anglophones sont incapables de les retracer! Si je me souviens bien, j'ai lu une critique du roman dans un grand journal américain où le journaliste s'est emmêlé les pinceaux entre Macbeth et Hamlet.
Quant au "nous", pour moi, il s'agit de l'"entité" des trois soeurs, et à chaque fois qu'il est question de l'une d'entre elles, cette entité se réduit aux deux autres... dans une sorte de mouvement fluctuant et tournant!
Signé, comme vous pouvez vous en douter, par... la traductrice!
Je n'ai guère eu le temps de me pencher sur ce "weird", je l'avoue. J'ai lu le roman en VF et Flo en VO. Exact, pages 40 et 41 l'auteur explique le sens de weird.Tout à fait d'accord pour fatum.
Le langues évoluent, c'est normal, et weird en anglais, fatal en français, ont des significations différentes. (j'ai un vieux Robert sous les yeux). Cela confirme que le métier de traducteur est bien compliqué! Ne nous en voulez pas!(cela m'arrive d'ailleurs de lire -seulement lire- en VO anglaise et de réaliser comment traduire est difficile)
J'apprécie énormément que vous ayez pris le temps de venir donner de éclaircissements sur ce weird, et aussi sur les citations (qui embrouillent aussi les anglophones, ouf, ça me rassure!). Et surtout pour le "nous", finalement j'avais bien saisi.
J'avoue qu'avec un sujet aussi attractif j'ai eu du mal à me passionner, au début.Un comble! Puis ma lecture a été plus rapide.