L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche
Miguel de Cervantes Saavedra
Garnier Frères, 1961 (pépite trouvée à la bourse aux livres)(en version reliée et solide)
Paru en 1605
Traduction de Viardot (1836)
Comme chacun sait, Don Quichotte vivait tranquillement dans son village de la Manche jusqu'à ce que, la cervelle échauffée par la multitude de romans de chevalerie qu'il possède et lit, il s'imagine lui-même en chevalier errant destiné à guerroyer, sauver les femmes en danger et prêter son bras armé au faible. Il lui faut une dame à qui penser: Dulcinée, villageoise à qui il n'a jamais parlé, fera l'affaire. Il réussit à convaincre un paysan du coin, Sancho Panza, de lui servir d'écuyer, lui promettant le gouvernement d'une île quand leurs exploits les auront rendus riches et célèbres, et hop, les voilà partis sur les routes, chevauchant l'haridelle Rossinante pour Don Quichotte, et un âne pour Sancho.
Don Quichotte possède une imagination fertile qui le conduit à prendre des moulins pour une armée, c'est connu, et cet épisode survient dans les premiers chapitres, mais ensuite tout lui est occasion de se tromper. Mis le nez sur son erreur, il attribue tout à des enchantements.
Sancho, lui, le suit peu ou prou dans ses délires...
Dans cette première partie (et je m'oblige à ne pas relire la seconde pour garder l'esprit libre), Don Quichotte ne voyage finalement pas à plus de trois ou quatre journées de cheval de son village. Du temps se passe dans un endroit sauvage et écarté, ou une hôtellerie, lieux où curieusement se retrouvent tous les protagonistes s'ajoutant à l'histoire au fur et à mesure. Car les aventures du pauvre hidalgo peuvent sembler répétitives : une idée lui vient en tête, il fonce, le sang coule, c'est violent en général, ensuite jamais il ne réalise sa folie, il a toujours une explication logique pour lui, ce au grand étonnement des assistants, qui pour la plupart rient de lui, reconnaissant vite qu'il ne "perdait les étriers" et que sa "cervelle avait un faux pli"seulement sur le chapitre de la chevalerie, restant logique et intelligent pour le reste.[ les expressions citées sont dans le texte!]
Les aventures de notre chevalier errant sont entrecoupées d'histoires fort bien contées, en règle générale histoires d'amour difficiles ou contrariées, donnant à penser qu'il s'agit de digressions, mais Cervantès s'amuse bien à relier tous les fils à la fin. On trouve aussi une sorte de nouvelle, où un mari aimé et heureux se met en tête de faire courtiser son épouse par son meilleur ami, histoire de vérifier si la belle est fidèle. Dans toutes ces histoires d'ailleurs amoureux hommes comme femmes tombent souvent en pâmoison ou folie, ou carrément meurent d'amour...
Mais ce qui m'a bien plu, c'est que Cervantès n'oublie pas son lecteur (ne surtout pas rater sa préface), critique les romans de chevalerie tout en les parodiant, et intervient sans crier gare au détour d'une page. Par exemple quand les amis de Don Quichotte veulent brûler ses livres, l'un est sauvé, écrit par un certain Miguel de Cervantès, qui a droit derechef à une critique de ses écrits.
Fin chapitre 8, patatras!Don Quichotte et un Biscayen s'élancent l'un vers l'autre l'épée au poing, les spectateurs tremblent et prient, et zut alors, pas de suite trouvée pour ces aventures. Mais, chance! "me trouvant un jour à Tolède, dans la rue d'Alcana, je vis un jeune garçon qui venait vendre à un marchand de soieries de vieux cahiers de papier. ". Ces cahiers sont écrits en arabe et content l'Histoire de don Quichotte de la Manche, écrite par Cid Hamed Ben-Engeli, historien arabe." Dans le premier cahier justement se trouvait l'histoire de Don Quichotte et du Biscayen, "tous deux dans la posture où l'histoire les avait laissés."
Fin donc de l'arrêt sur image, l'histoire continue...
De nombreux proverbes ou considérations de bon sens émaillent les discours, souvent le fait de Sancho Panza aux savoureuses argumentations. Sa nièce dit aussi:"Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus?"
Tout du long de cette relecture, je constatais à nouveau à quel point Cervantès est plutôt moderne, tout en usant d'une langue recherchée ou triviale parfois, coulant vraiment très aisément. A girl from earth (son billet), ma complice de lecture commune semble avoir eu les mêmes impressions, non? Maintenant, droit sur la seconde partie, dans quelque temps, histoire comme Don Quichotte de nous remettre de nos émotions.
Le billet de cryssilda qui peu ou prou a remis ce Don Quichotte sur notre chemin de lecture.
Miguel de Cervantes Saavedra
Garnier Frères, 1961 (pépite trouvée à la bourse aux livres)(en version reliée et solide)
Paru en 1605
Traduction de Viardot (1836)
Comme chacun sait, Don Quichotte vivait tranquillement dans son village de la Manche jusqu'à ce que, la cervelle échauffée par la multitude de romans de chevalerie qu'il possède et lit, il s'imagine lui-même en chevalier errant destiné à guerroyer, sauver les femmes en danger et prêter son bras armé au faible. Il lui faut une dame à qui penser: Dulcinée, villageoise à qui il n'a jamais parlé, fera l'affaire. Il réussit à convaincre un paysan du coin, Sancho Panza, de lui servir d'écuyer, lui promettant le gouvernement d'une île quand leurs exploits les auront rendus riches et célèbres, et hop, les voilà partis sur les routes, chevauchant l'haridelle Rossinante pour Don Quichotte, et un âne pour Sancho.
Don Quichotte possède une imagination fertile qui le conduit à prendre des moulins pour une armée, c'est connu, et cet épisode survient dans les premiers chapitres, mais ensuite tout lui est occasion de se tromper. Mis le nez sur son erreur, il attribue tout à des enchantements.
Sancho, lui, le suit peu ou prou dans ses délires...
Dans cette première partie (et je m'oblige à ne pas relire la seconde pour garder l'esprit libre), Don Quichotte ne voyage finalement pas à plus de trois ou quatre journées de cheval de son village. Du temps se passe dans un endroit sauvage et écarté, ou une hôtellerie, lieux où curieusement se retrouvent tous les protagonistes s'ajoutant à l'histoire au fur et à mesure. Car les aventures du pauvre hidalgo peuvent sembler répétitives : une idée lui vient en tête, il fonce, le sang coule, c'est violent en général, ensuite jamais il ne réalise sa folie, il a toujours une explication logique pour lui, ce au grand étonnement des assistants, qui pour la plupart rient de lui, reconnaissant vite qu'il ne "perdait les étriers" et que sa "cervelle avait un faux pli"seulement sur le chapitre de la chevalerie, restant logique et intelligent pour le reste.[ les expressions citées sont dans le texte!]
Les aventures de notre chevalier errant sont entrecoupées d'histoires fort bien contées, en règle générale histoires d'amour difficiles ou contrariées, donnant à penser qu'il s'agit de digressions, mais Cervantès s'amuse bien à relier tous les fils à la fin. On trouve aussi une sorte de nouvelle, où un mari aimé et heureux se met en tête de faire courtiser son épouse par son meilleur ami, histoire de vérifier si la belle est fidèle. Dans toutes ces histoires d'ailleurs amoureux hommes comme femmes tombent souvent en pâmoison ou folie, ou carrément meurent d'amour...
Mais ce qui m'a bien plu, c'est que Cervantès n'oublie pas son lecteur (ne surtout pas rater sa préface), critique les romans de chevalerie tout en les parodiant, et intervient sans crier gare au détour d'une page. Par exemple quand les amis de Don Quichotte veulent brûler ses livres, l'un est sauvé, écrit par un certain Miguel de Cervantès, qui a droit derechef à une critique de ses écrits.
Fin chapitre 8, patatras!Don Quichotte et un Biscayen s'élancent l'un vers l'autre l'épée au poing, les spectateurs tremblent et prient, et zut alors, pas de suite trouvée pour ces aventures. Mais, chance! "me trouvant un jour à Tolède, dans la rue d'Alcana, je vis un jeune garçon qui venait vendre à un marchand de soieries de vieux cahiers de papier. ". Ces cahiers sont écrits en arabe et content l'Histoire de don Quichotte de la Manche, écrite par Cid Hamed Ben-Engeli, historien arabe." Dans le premier cahier justement se trouvait l'histoire de Don Quichotte et du Biscayen, "tous deux dans la posture où l'histoire les avait laissés."
Fin donc de l'arrêt sur image, l'histoire continue...
De nombreux proverbes ou considérations de bon sens émaillent les discours, souvent le fait de Sancho Panza aux savoureuses argumentations. Sa nièce dit aussi:"Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus?"
Tout du long de cette relecture, je constatais à nouveau à quel point Cervantès est plutôt moderne, tout en usant d'une langue recherchée ou triviale parfois, coulant vraiment très aisément. A girl from earth (son billet), ma complice de lecture commune semble avoir eu les mêmes impressions, non? Maintenant, droit sur la seconde partie, dans quelque temps, histoire comme Don Quichotte de nous remettre de nos émotions.
Le billet de cryssilda qui peu ou prou a remis ce Don Quichotte sur notre chemin de lecture.
Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg, Picasso |
Commentaires
http://www.editions-verdier.fr/banquet/n37/edition1.htm
La version Viardot que vous possédez est la première qui ait fait date.
Ben oui, j'ai moi aussi passé de grands moments avec DonQui dont je lirai volontiers la suite, mais peut-être pas tout de suite tout de suite. D'ailleurs, en lisant un peu la bio de Cervantes, j'ai vu que c'est une "suite" qu'il a mis du temps à écrire aussi. Etonnant cette biographie d'ailleurs, il n'avait a priori rien qui le destinait à devenir écrivain. Et de quel talent ! Franchement, j'en suis encore bluffée ! C'est ce qui m'aura le plus marquée je pense, son style d'écriture, et son imagination délirante, car il en faut pour créer un personnage tel que DonQui, et des situtations aussi folles que dans ce récit !
Allez, lire les classiques "naïvement" n'est pas si mal, donne du plaisir, et rien n'empêche d'approfondir ensuite ou en même temps, car ces classiques sont abordables.Oui, fonce!
J'ai vu ton billet, je suis à 100 % du même avis, chouette! Vraiment épatée que ça se lise encore si agréablement, l'écriture de Cervantès est sans aspérités et coule bien.
J'ai déjà lu le second tome, mais il y a longtemps, donc pas trop de souvenirs, sauf que ça m'avait suffisamment plu pour que je me lance, maintenant, dans une relecture.
Euuh le tome 2 d'ici fin 2013, je n'oserais pas m'avancer aussi tôt vu mon rythme lecture et blog actuel. J'aimerais caser aussi le Middlemarch, et avec Loo, on allait faire une LC sur un Mark Twain aussi. Enfin, tout ça reste de la théorie hahaha !
Pas de souci, je t'attends pour le tome 2. Cependant, hum, moi qui veut relire Middlemarch depuis des années, là je suis tentée, car l'avantage des LC c'est de vous pousser un peu.
Candy crush, m'enfin, va falloir que je voie ce que c'est, sur mon autre F**k, celui sous mon vrai nom, ça sévit aussi je crois... Ou Farmville, bref, un jeu, quoi.