Le journaliste et l'assassin
The journalist and the murderer, 1990
Janet Malcolm
Les éditions nouvelles Françis Bourin, 2013
Traduit par Lazare Bitoun
Après lecture de ce récit, j'aurais honte de vouloir tromper mon lecteur : il s'agit de non fiction. Le journaliste et l'assassin est "considéré outre-atlantique comme un classique, et classé parmi les cent plus grands ouvrages de non fiction de la Modern Library". C'est court, dans les 200 pages, absolument passionnant et à découvrir absolument.
Première étape : En 1970, après que sa femme et de ses deux fillettes aient été assassinées, Jeffrey McDonald est lavé de tout soupçon par un jury. Quelques années plus tard, il est à nouveau accusé de ces meurtres, et il demande au journaliste Joe MGinnis de suivre l'affaire et écrire ensuite un livre, après avoir eu accès aux documents de la défense. A l'issue du procès, McDonald est cette fois déclaré coupable, s'ensuit une correspondance amicale entre McDonald - en prison- et McGinnis.
Deuxième étape : Quelques années plus tard, paraît le livre de McGinnis, intitulé Fatal Vision, dans lequel il dépeint McDonald sous les traits d'un coupable. Celui-ci (qui a toujours clamé son innocence) se sent trahi et intente un procès à McGinnis.
Troisième étape : Janet Malcolm se penche sur l'histoire de ce dernier procès et rencontre les différents protagonistes. McDonald, guère échaudé par son expérience avec McGinnis, n'hésite pas à parler et correspondre longuement. En revanche McGinnis coupe vite cours à tout contact : comme une partie de sa défense repose sur le fait qu'il ne pouvait laisser voir toute sa pensée à McDonald de crainte qu'il ne cesse leur collaboration, et comme Janet Malcolm semble lui être non favorable, lui-même dit préférer cesser de la rencontrer.
Très subtil, et ce n'est pas la seule mise en abyme du livre, Janet Malcolm étant accusé plus tard d'avoir écrit ce livre pour se défendre dans une affaire où elle même était accusée par le sujet d'un de ses livres...
Ce livre est plein de notations extrêmement intéressantes, malheureusement impossibles à toutes citer. En particulier la différence entre personnages de roman, et gens de la vraie vie. Hélas McGinnis ne pouvait pas changer McDonald en un personnage différent.
Vous l'avez compris, ce récit fascinant pose le problème de l'éthique du journaliste, et Janet Malcolm essaie dans ses rencontres de ne pas tromper son interlocuteur, y compris lorsque cela lui couperait toute source d'information.
Ne pas rater la postface, passionnante, Où Malcolm reprend l'opposition fiction/non fiction.
"L'écrivain de non fiction hérite d'un monde tout fait."
"L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales."
Et l'éditeur offre même à la toute fin une note indiquant ce que sont devenus les "personnages" depuis 1990, date de parution aux Etats Unis.
Le billet de Sandrine,
The journalist and the murderer, 1990
Janet Malcolm
Les éditions nouvelles Françis Bourin, 2013
Traduit par Lazare Bitoun
Après lecture de ce récit, j'aurais honte de vouloir tromper mon lecteur : il s'agit de non fiction. Le journaliste et l'assassin est "considéré outre-atlantique comme un classique, et classé parmi les cent plus grands ouvrages de non fiction de la Modern Library". C'est court, dans les 200 pages, absolument passionnant et à découvrir absolument.
Première étape : En 1970, après que sa femme et de ses deux fillettes aient été assassinées, Jeffrey McDonald est lavé de tout soupçon par un jury. Quelques années plus tard, il est à nouveau accusé de ces meurtres, et il demande au journaliste Joe MGinnis de suivre l'affaire et écrire ensuite un livre, après avoir eu accès aux documents de la défense. A l'issue du procès, McDonald est cette fois déclaré coupable, s'ensuit une correspondance amicale entre McDonald - en prison- et McGinnis.
Deuxième étape : Quelques années plus tard, paraît le livre de McGinnis, intitulé Fatal Vision, dans lequel il dépeint McDonald sous les traits d'un coupable. Celui-ci (qui a toujours clamé son innocence) se sent trahi et intente un procès à McGinnis.
Troisième étape : Janet Malcolm se penche sur l'histoire de ce dernier procès et rencontre les différents protagonistes. McDonald, guère échaudé par son expérience avec McGinnis, n'hésite pas à parler et correspondre longuement. En revanche McGinnis coupe vite cours à tout contact : comme une partie de sa défense repose sur le fait qu'il ne pouvait laisser voir toute sa pensée à McDonald de crainte qu'il ne cesse leur collaboration, et comme Janet Malcolm semble lui être non favorable, lui-même dit préférer cesser de la rencontrer.
Très subtil, et ce n'est pas la seule mise en abyme du livre, Janet Malcolm étant accusé plus tard d'avoir écrit ce livre pour se défendre dans une affaire où elle même était accusée par le sujet d'un de ses livres...
Ce livre est plein de notations extrêmement intéressantes, malheureusement impossibles à toutes citer. En particulier la différence entre personnages de roman, et gens de la vraie vie. Hélas McGinnis ne pouvait pas changer McDonald en un personnage différent.
Vous l'avez compris, ce récit fascinant pose le problème de l'éthique du journaliste, et Janet Malcolm essaie dans ses rencontres de ne pas tromper son interlocuteur, y compris lorsque cela lui couperait toute source d'information.
Ne pas rater la postface, passionnante, Où Malcolm reprend l'opposition fiction/non fiction.
"L'écrivain de non fiction hérite d'un monde tout fait."
"L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales."
Et l'éditeur offre même à la toute fin une note indiquant ce que sont devenus les "personnages" depuis 1990, date de parution aux Etats Unis.
Le billet de Sandrine,
Ça a l'air très compliqué comme histoire, j'espère que la lecture est aisée ..
RépondreSupprimerLa lecture est passionnante (mon seul problème de tête de linotte, les deux Mc machin, mais ça, on n'y peut rien, c'est leur vrai nom; un romancier aurait choisi des noms moins similaires, c'est sûr)(et on retombe sur un des sujets du livre)
SupprimerAu final, c'est un bouquin très riche, brillant, qui fait réfléchir, se lit sans problème, est court, et pas dénué d'humour sous -jacent. Une belle surprise!
Il m'attire !!!!
RépondreSupprimerComme quoi sa couverture peu attirante cache une bonne lecture! Vas y...
Supprimerintéressant comme sujet... Passionnant et à découvrir, donc.
RépondreSupprimerJe ne m'attendais pas, je l'avoue, à tombe sur une pépite pareille...
SupprimerC'est amusant de lire ton billet juste après celui que je viens de publier parce que cela correspond tout à fait, à mon avis, aux difficultés rencontrées par Colum McCann dans Trantlantic. Il est beaucoup plus à l'aise avec ses personnages fictionnels qu'avec les personnages historiques.
RépondreSupprimerOui, j'ai remarqué que tu en parles dans ton billet.
SupprimerMais ici, que des personnages réels!
je trouve ce sujet passionnant , je suis de plus en plus troublée par le mélange : réalité et fiction .
RépondreSupprimerje vais surement chercher ce bouquin
Luocine
J'espère que comme moi tu le trouveras en bibli!
SupprimerLe genre et l'histoire pouvait rebuter.
RépondreSupprimerAu départ, oui, on ne sait pas trop quelle lecture ce sera, et finalement j'ai beaucoup aimé, car cela pose des questions très intéressantes, et c'est très bien fait.
SupprimerIl a mis 13 ans avant d'être traduit !
RépondreSupprimerBon weekend.
Cela arrive, avec ces livres étrangers... Il était temps! Mais la note de fin donne des nouvelles des personnages (et, euh, c'est 23 ans, même)
Supprimerun classique ? Je ne connaissais pas du tout ! Mais effectivement, ca a l'air passionnant
RépondreSupprimerIl semblerait que du côté américain ce soit bien plus connu qu'ici. J'ai trouvé l'enquête passionnante.
SupprimerJ'ai noté le à découvrir absolument !^^
RépondreSupprimerPour les réflexions intelligentes...
SupprimerEn tout cas, cela a l'air très compliqué !
RépondreSupprimerAu départ, on ne sait pas trop où on va, et puis c'est comme une enquête.
SupprimerÇa me parle ! Et tu en parles bien.:) Je viens de checker le catalogue de mes bib', il y est ! Dans 12 bib même... Mais déjà emprunté ! La liste d'attente va être longue ! (mais bon, pas que j'ai pas de quoi lire non plus^^)
RépondreSupprimerEmprunté dans les 12? OK, ça vient de sortir, mais quand même, ni le sujet ni la couverture ne sont glamour.
SupprimerRassure toi, les 200 pages se lisent vite et sans peine. Je pense que ça t'intéresserait pas mal! (tu as vu ce qu'on trouve dans ma p'tite biblio du fin fond du fin fond? ^_^)
J'espère que nous contribuerons à faire connaître ce livre...
RépondreSupprimerExactement! Il le mérite...
SupprimerMais ce n'est pas un roman (même s'il se lit tout comme), la rentrée littéraire bat son plein, la lutte est sévère.
Mais comme le défi non fiction continue, je pense qu'il aura peut être plus d'écho par ce biais là.
C'est fou le nombre de livres que je peux noter chez toi (je marque depuis peu sur mon carnet qui m'a soufflé l'envie du livre! )
RépondreSupprimerAïe, si tu marques le nom des coupables... ^_^ Cela te permet de revenir pour le SAV, si tu n'es pas contente?
SupprimerJ'aime la définition de la non fiction par Malcolm . Elle montre à quel point c'est très très délicat à atteindre avec succès: certains murs sont fragiles.
RépondreSupprimerJ'espère trouver ce livre dans mon coin.
Ce livre est court et extrêmement riche à mon avis. Pas possible de tout noter! J'espère que vous le trouverez aisément, en effet.
SupprimerOh, je ne le connaissais pas du tout et tu donnes vraiment envie de le lire, je l'ajoute à ma LAL ! Merci.
RépondreSupprimerIl semblerait que nous ne soyons que deux blogs à en avoir parler, mais j'espère que ça va changer! Un livre qui n'attire peut-être pas au départ, mais qui mérite amplement lecture.
SupprimerJe vais intenter un procès aux copines de blogs qui vont rien qu'allonger mes listes !!! (mais quel bonheur, tous ces livres qui me tentent !)
RépondreSupprimerUn livre qui a tout d'un classique du genre, mais qui se lit "comme un roman", et fait bien réfléchir. Toujours actuel, je pense.
SupprimerOn dirait un sujet idéal pour etre transformé en équation mathématique. ( heu non, on ne me demande pas de l'écrire cette équation). J'avais déjà entendu parler, maintenant que c'est en français,cela va m'aider.
RépondreSupprimerTu m'épates, tu connaissais avant? Moi j'ai découvert le livre à la bibli, c'est tout... ^_^
SupprimerA propos d'équation, je suis dans un polar, un mathématicien a été tué...
ça a l'air suffisamment retors et passionnant pour que l'on s'y intéresse
RépondreSupprimerCette histoire a tout pour te plaire!
SupprimerPassionnant comme sujet mais je préfère lire de la fiction ;-)
RépondreSupprimerParfois la non fiction est fascinante, et curieusement deux de mes lectures actuelles évoquent ce sujet fiction vs non fiction.
SupprimerQuelle affaire ! Elle ne m'intéresse pas a priori, mais je lirais bien la postface en revanche, cette frontière entre fiction et non fiction m'intéresserait.
RépondreSupprimerCe livre est relativement court et m'a passionnée bien plus que je ne m'y attendais... Tente voir!
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