Hérétiques
Herejes
Leonardo Padura
Métailié, 2014
Traduit par Elena Zayas
Face à un roman aussi copieux (et pas uniquement à cause de ses 600 pages), par où commencer?
Par Cuba, peut être, et au plaisir de retrouver Mario Conde, traînant toujours sa carcasse désabusée dans les rues déglinguées et poisseuses de La Havane? Le pays part à vau lau (et ça ne date pas d'aujourd'hui), la corruption règne, les jeunes sont déboussolés (j'ai appris ce qu'est un émo, oui je débarque un peu)(et l'autre sens de bifteck). A la suite de la disparition d'une toute jeune fille, Conde plonge dans ce monde.
Oups, je réalise que je commence par la troisième partie. Poignante.
Bon, alors, le vrai début? Disons, l'histoire des juifs de la Havane... En 1939, le jeune Daniel Kamisky attend impatiemment le S.S. Saint Louis, en provenance de Hambourg, avec à son bord près de mille juifs ayant réussi à fuir l'Allemagne, dont ses parents et sa sœur, et possédant dans leurs bagages un tableau signé Rembrandt, appartenant à leur famille depuis le milieu du 17ème siècle.
Mais les passagers ne purent débarquer (Padura examine finement les raisons) , fut refusé par les Etats Unis et le Canada, et repartit jusqu'à Anvers (lire l'histoire ici)
Padura mêle habilement son histoire à la grande Histoire (il m'a fait découvrir cet épisode épouvantable) : le tableau, lui, rentre à Cuba, et réapparaît de nos jours à Londres. Elias, le fils de Daniel, veut connaître la vérité (et d'autres vérités familiales aussi) et fait appel à Conde.
Toujours attentifs? Une deuxième partie se base sur la réalité historique : Rembrand avait réellement pris comme modèle du Christ pour ses tableaux de jeunes juifs de la communauté d'Amsterdam, où la liberté dont ils y jouissaient (après l'Espagne et l'Inquisition, c'était forcément meilleur) leur faisait nommer Amsterdam La nouvelle Jérusalem. Padura imagine qu'un jeune de la communauté brave les interdits religieux pour devenir peintre.
Un article fort intéressant sur l'exposition Rembrandt et la figure du christ (2011 au Louvre)
Voilà le genre de roman que j'aime! Padura propose des personnages attachants dans des situations où il doivent prendre des décisions et faire appel à leur libre arbitre. J'ai vraiment marché dans les rues (glacées et malodorantes) d'Amsterdam, suivi l'apprentissage de la peinture auprès du maître Rembrandt, hésité à suivre mon destin avec le jeune Elias Montalbo. J'ai découvert le Cuba actuel, et celui des années 30-50, et la débrouille des habitants.
Si vous ne connaissez pas encore Conde, il faut vraiment s'intéresser à un type qui se réjouit finalement d'avoir "de bons livres à lire; un chien fou et voyou à soigner; des amis à emmerder, à embrasser, avec lesquels il pouvait se saouler et se lâcher en évoquant les souvenirs d'autres temps qui, sous l'effet bénéfique de la distance, semblaient meilleurs; et une femme à aimer qui, s'il ne se trompait pas trop, l'aimait également."
Merci à l'éditeur pour ce livre qui faisait partie de mes "je le veux absolument" de la rentrée littéraire.
J'oubliais : Pavé de l'été chez Brize
Herejes
Leonardo Padura
Métailié, 2014
Traduit par Elena Zayas
Face à un roman aussi copieux (et pas uniquement à cause de ses 600 pages), par où commencer?
Par Cuba, peut être, et au plaisir de retrouver Mario Conde, traînant toujours sa carcasse désabusée dans les rues déglinguées et poisseuses de La Havane? Le pays part à vau lau (et ça ne date pas d'aujourd'hui), la corruption règne, les jeunes sont déboussolés (j'ai appris ce qu'est un émo, oui je débarque un peu)(et l'autre sens de bifteck). A la suite de la disparition d'une toute jeune fille, Conde plonge dans ce monde.
Oups, je réalise que je commence par la troisième partie. Poignante.
Bon, alors, le vrai début? Disons, l'histoire des juifs de la Havane... En 1939, le jeune Daniel Kamisky attend impatiemment le S.S. Saint Louis, en provenance de Hambourg, avec à son bord près de mille juifs ayant réussi à fuir l'Allemagne, dont ses parents et sa sœur, et possédant dans leurs bagages un tableau signé Rembrandt, appartenant à leur famille depuis le milieu du 17ème siècle.
Mais les passagers ne purent débarquer (Padura examine finement les raisons) , fut refusé par les Etats Unis et le Canada, et repartit jusqu'à Anvers (lire l'histoire ici)
Dans le port de la Havane |
Toujours attentifs? Une deuxième partie se base sur la réalité historique : Rembrand avait réellement pris comme modèle du Christ pour ses tableaux de jeunes juifs de la communauté d'Amsterdam, où la liberté dont ils y jouissaient (après l'Espagne et l'Inquisition, c'était forcément meilleur) leur faisait nommer Amsterdam La nouvelle Jérusalem. Padura imagine qu'un jeune de la communauté brave les interdits religieux pour devenir peintre.
Un article fort intéressant sur l'exposition Rembrandt et la figure du christ (2011 au Louvre)
Voilà le genre de roman que j'aime! Padura propose des personnages attachants dans des situations où il doivent prendre des décisions et faire appel à leur libre arbitre. J'ai vraiment marché dans les rues (glacées et malodorantes) d'Amsterdam, suivi l'apprentissage de la peinture auprès du maître Rembrandt, hésité à suivre mon destin avec le jeune Elias Montalbo. J'ai découvert le Cuba actuel, et celui des années 30-50, et la débrouille des habitants.
Si vous ne connaissez pas encore Conde, il faut vraiment s'intéresser à un type qui se réjouit finalement d'avoir "de bons livres à lire; un chien fou et voyou à soigner; des amis à emmerder, à embrasser, avec lesquels il pouvait se saouler et se lâcher en évoquant les souvenirs d'autres temps qui, sous l'effet bénéfique de la distance, semblaient meilleurs; et une femme à aimer qui, s'il ne se trompait pas trop, l'aimait également."
Merci à l'éditeur pour ce livre qui faisait partie de mes "je le veux absolument" de la rentrée littéraire.
J'oubliais : Pavé de l'été chez Brize
Commentaires
Je sens que ce roman était dans ta liste à lire, pour l'avoir acquis dès parution. ^_^
A suivre... ^_^
Luocine
Le bifteck, si je me souviens bien, c'est la mèche qui cache une bonne partie de la figure, mèche lissée et travaillée...
Comme dans son précédent roman (L'homme qui aimait les chiens) les amateurs d'Histoire sont comblés! Mais l'Histoire vue de façon passionnante. Et puis Conde est un héros tellement attirant...
Pour les Emo, jamais entendu ce mot, je dois vivre dans une cabane au fond des bois!
Quant au pavé, mon emploi du temps actuel m'en tiendra sans doute écarté.