Roman américain
Antoine Bello
Gallimard, 2014
Heureusement qu'Attila a lancé une discussion Facebook sur ce roman (et sur l'avis d'ODL au Masque, avis qui d'ailleurs ne m'avait pas dissuadée de l'emprunter en bibli, Bello faisant partie des auteurs dont je veux découvrir systématiquement les romans). Heureusement en effet car le premier chapitre est bien aride; un conseil, faites confiance à l'auteur pour vous offrir un roman original, intelligent ... et drôle.
Le life settlement doit être dans le top 10 des sujets de romans les moins glamours : imaginez, c'est "la pratique consistant à racheter une police d'assurance-vie à son souscripteur en pariant sur le décès de celui-ci." Une sorte de viager plus plus plus, ai-je imaginé. Avec tous les travers et les dérives imaginables. Le journaliste Vlad Eisinger n'hésite pas à enquêter à Destin Terrace, résidence de Floride où vit d'ailleurs un de ses amis, écrivain sans succès, Dan Siver. Le roman propose donc des articles du Wall Street Tribune écrits par Vlad, ainsi que des mails échangés entre Vlad et Dan, et des extraits du journal de Dan, alternance permettant au lecteur d'avaler sans encombres les détails sérieux.
Sérieux? Quoique. Vlad fait montre d'un humour pince sans rire, par exemple cette déclaration du président d'un fonds ayant racheté des polices d'assurance-vie : "Nous enregistrons chaque semaine 4 ou 5 maturités [décès], parfois plus pendant l'hiver. Même les mois un peu creux, je me console en me disant que mes assurés ont vieilli et sont un peu plus proches de la mort."
Les articles finissent par créer des répercussions dans le microcosme de Destin Terrace, sous l’œil attentif de Dan. Les assureurs y sévissant se livrent à une concurrence acharnée. "Sans se démonter, Patterson nous a servi un couplet abracadabrant, d'où il ressortait qu'actuaire arrivait, dans la liste des professions les plus dangereuses du monde, juste après dresseur d'alligators et réparateur de téléphériques."
Mais il n'y a pas que cela dans ce chouette roman. Dan et Vlad se livrent à un jeu des anagrammes sur les noms d'auteurs américains et français (je suis nulle à ce jeu-là, tant pis), Dan s'amuse à réécrire certains passages journalistiques, offre trois versions de sa nécrologie (censément écrites par le logiciel NecroLogos), bidouille un article de Wikipedia (conséquences hilarantes), et , plus sérieusement, ces deux-là donnent au lecteur leurs opinions sur l'art du romancier, "est romancier, celui qui possède à la fois une sensibilité originale - un prisme unique à travers lequel il regarde le monde - et la capacité à faire partager cette expérience à travers les mots" versus "un observateur qui, à travers la description d'un milieu ou d’une époque, revisite les questions universelles : la condition humaine, l'amour, la mort, etc."
Il semblerait qu'un deuxième volet suivra (oh oui, j'aimerais!) et sans vouloir dévoiler quoique ce soit, je suis d'accord avec Attila et les participantes à la discussion Facebook, Bello a encore une fois joué avec son lecteur (attentif)
Amateurs d'humour noir et de critique sociétale, ce roman est pour vous!
Les avis de Dasola,
Antoine Bello
Gallimard, 2014
Heureusement qu'Attila a lancé une discussion Facebook sur ce roman (et sur l'avis d'ODL au Masque, avis qui d'ailleurs ne m'avait pas dissuadée de l'emprunter en bibli, Bello faisant partie des auteurs dont je veux découvrir systématiquement les romans). Heureusement en effet car le premier chapitre est bien aride; un conseil, faites confiance à l'auteur pour vous offrir un roman original, intelligent ... et drôle.
Le life settlement doit être dans le top 10 des sujets de romans les moins glamours : imaginez, c'est "la pratique consistant à racheter une police d'assurance-vie à son souscripteur en pariant sur le décès de celui-ci." Une sorte de viager plus plus plus, ai-je imaginé. Avec tous les travers et les dérives imaginables. Le journaliste Vlad Eisinger n'hésite pas à enquêter à Destin Terrace, résidence de Floride où vit d'ailleurs un de ses amis, écrivain sans succès, Dan Siver. Le roman propose donc des articles du Wall Street Tribune écrits par Vlad, ainsi que des mails échangés entre Vlad et Dan, et des extraits du journal de Dan, alternance permettant au lecteur d'avaler sans encombres les détails sérieux.
Sérieux? Quoique. Vlad fait montre d'un humour pince sans rire, par exemple cette déclaration du président d'un fonds ayant racheté des polices d'assurance-vie : "Nous enregistrons chaque semaine 4 ou 5 maturités [décès], parfois plus pendant l'hiver. Même les mois un peu creux, je me console en me disant que mes assurés ont vieilli et sont un peu plus proches de la mort."
Les articles finissent par créer des répercussions dans le microcosme de Destin Terrace, sous l’œil attentif de Dan. Les assureurs y sévissant se livrent à une concurrence acharnée. "Sans se démonter, Patterson nous a servi un couplet abracadabrant, d'où il ressortait qu'actuaire arrivait, dans la liste des professions les plus dangereuses du monde, juste après dresseur d'alligators et réparateur de téléphériques."
Mais il n'y a pas que cela dans ce chouette roman. Dan et Vlad se livrent à un jeu des anagrammes sur les noms d'auteurs américains et français (je suis nulle à ce jeu-là, tant pis), Dan s'amuse à réécrire certains passages journalistiques, offre trois versions de sa nécrologie (censément écrites par le logiciel NecroLogos), bidouille un article de Wikipedia (conséquences hilarantes), et , plus sérieusement, ces deux-là donnent au lecteur leurs opinions sur l'art du romancier, "est romancier, celui qui possède à la fois une sensibilité originale - un prisme unique à travers lequel il regarde le monde - et la capacité à faire partager cette expérience à travers les mots" versus "un observateur qui, à travers la description d'un milieu ou d’une époque, revisite les questions universelles : la condition humaine, l'amour, la mort, etc."
Il semblerait qu'un deuxième volet suivra (oh oui, j'aimerais!) et sans vouloir dévoiler quoique ce soit, je suis d'accord avec Attila et les participantes à la discussion Facebook, Bello a encore une fois joué avec son lecteur (attentif)
Amateurs d'humour noir et de critique sociétale, ce roman est pour vous!
Les avis de Dasola,
Commentaires
Et comment se fait-il que tu écoutes encore cette émission sans intérêt ?
Quant à l'émission, je ne l'écoute pas systématiquement (et avec de moins en moins de confiance d'ailleurs...) mais que veux-tu, elle a bercé une partie de ma vie il y a longtemps... ^_^
Finalement j'ai lu ce roman grâce à Facebook (comme quoi...)
J'ai passé un bon moment de lecture. Bonne journée à toi aussi!
Tu as l'embarras du choix (se trouve en bibli, sûrement)
Le sujet n'a dès fois pas trop d'importance, en fait. Je me souviens adoré "Naissance d'un pont", alors que moi, les ponts, franchement ... et là je suis en train de lire un pavé sur les Tudors, qui devrait me passionner et m'ennuie un peu, pour l'instant.
Et "Le masque", je suis comme toi, j'écoute, mais juste pour le plaisir de la mauvaise foi ( et je n'accorde aucune importance aux avis donnés ... Pour cela, il y a ... Les blogs !)
Que te conseiller? En fait, je ne sais pas... Éloge de la pièce manquante, j'ai un souvenir lointain, je me le relirais bien. Tu as les falsificateurs (ou alors c'est le deuxième, je ne sais plus). Ou alors celui avec Emilie Brunet. Ou ce dernier. En tout cas, ça se lit bien.
Je me suis posé la question, qu'est ce qui importe pour moi? Je pense, plus la façon d'en parler que le sujet. Même si le sujet a son importance (je suis d'origine normande)
Tiens, une citation extraite du roman, relevée chez Malika
"L'histoire, mon Dieu, elle est très accessoire. C'est le style qui est intéressant. Les peintres se sont débarrassés du sujet, une cruche, ou un pot, ou une pomme, ou n'importe quoi, c'est la façon de le rendre qui compte."
C'est uniquement à cause comme tu le dis de notre discussion sur FB (et maintenant ton billet) que j'ai décidé qu'il m'était indispensable.
Bon masque dimanche prochain ! je n'y ai pas accès pour l'instant.
Bon, Proust, oui. Là on est carrément dans "la façon de rendre". Mais pour retrouver une citation parmi des milliers de pages...
Je te rappelle que Les falsificateurs a une suite. Mais franchement, Bello n'est pas un auteur difficile, il est bon dans sa partie, c'est tout. ^_^
Pour le Masque, c'est quand j'y pense, quand j'ai le temps, etc...
Merci de le lire, même s'il te déçoit (ça j'adore cette réflexion)