Le Mur invisible
Die Wand (paru en 1968)
Marlen Haushofer
Actes sud, 1988
Traduit par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon
Il existe des romans étonnants dont le résumé n'est pas follement attirant, où il ne se passe finalement pas grand chose ... et qu'on ne lâche pas. Je peux me tromper, mais Le Mur invisible risque de me rester longtemps en mémoire et je le classe derechef dans la liste des 'livres qu'il faut avoir lus'.
Dans un chalet perdu dans la montagne autrichienne, une femme écrit, sans doute pour elle seule, le récit de ses deux dernières années, bloquée dans une vallée par un mur invisible apparu au cours d'une nuit. Quand elle regarde de l'autre côté, il lui semble que les êtres vivants ont été changés en pierre, à la suite de quoi? Une catastrophe? Une guerre?
Assez vite elle est happée par ses nouvelles responsabilités. En effet, elle se charge de la vache Bella, du chien Lynx et d'une chatte sans nom, et se lance dans un dur labeur de paysan, sa survie en dépend. Couper du bois, le ranger, faucher un champ, retourner le foin et l'entreposer, préparer le terrain pour les haricots et les pommes de terre, réparer ce qui doit l'être.
"La première année où je n'étais pas adaptée, j'avais dépassé mes forces au point que jamais je ne pourrai me remettre complètement de ces excès. (...) A présent je prends le pas tranquille du paysan, même pour me rendre de la maison à l'étable. Le corps reste détendu et les yeux ont le temps de regarder."
Sa vie d'avant était celle d'un femme ordinaire, la quarantaine, veuve, deux enfants. Cette remarque au détour d'une page, quand ses filles partent à l'école : "Plus tard je ne fus plus jamais heureuse. Tout se transforma d'une manière désolante et la vraie vie s'arrêta pour moi."
Une narration posée, lucide, presque froide, où affleure quelque espoir. Elle vit au jour le jour, tout en devant prévoir ses occupations pour survivre."Je suis devenue un paysan, et un paysan doit prévoir."
La nature environnante n'est pas l'occasion de grandes envolées lyriques, même si elle est sensible à sa beauté, mais plutôt perçue comme le seul moyen de pourvoir à ses besoins.
"Quand je repense à ce premier été, il m'apparaît bien plus marqué par le souci que je me faisais pour mes bêtes que par la conscience du caractère désespéré de ma propre situation. La catastrophe ne m'avait déchargée d'une grand responsabilité que pour, sans que je le remarque, m'accabler d'un autre fardeau. Quand je pus enfin comprendre ce qui se passait, je n'étais plus en mesure d'y rien changer."
Je viens (enfin) à ce qui pour moi a rendu ce roman si attachant, à savoir les relations entre la narratrice et ses animaux. Le chien Lynx, en particulier, qui savait ressentir ses humeurs et l'en sortir quand il le fallait. Les chats excellemment décrits. Même la brave vache Bella...
A la place de cette femme, d'autres auraient réagi autrement, sans doute; exploré la région à fond ou creusé pour passer sous le mur (au risque d'en mourir) ou désespéré. Simplement, elle raconte son évolution et sa vie.
Les avis de clara, cathulu, cuné, qui vous mèneront vers d'autres avis; je constate que la couverture de mon exemplaire, due à Christine Le Boeuf, est bien plus réussie... Mark et Marcel en parle récemment. Les avis de Moglug,
Adapté au cinéma en 2012/2013
Une LC avec Agirl, Cryssilda (zarline, on t'attend!)
Die Wand (paru en 1968)
Marlen Haushofer
Actes sud, 1988
Traduit par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon
Il existe des romans étonnants dont le résumé n'est pas follement attirant, où il ne se passe finalement pas grand chose ... et qu'on ne lâche pas. Je peux me tromper, mais Le Mur invisible risque de me rester longtemps en mémoire et je le classe derechef dans la liste des 'livres qu'il faut avoir lus'.
Dans un chalet perdu dans la montagne autrichienne, une femme écrit, sans doute pour elle seule, le récit de ses deux dernières années, bloquée dans une vallée par un mur invisible apparu au cours d'une nuit. Quand elle regarde de l'autre côté, il lui semble que les êtres vivants ont été changés en pierre, à la suite de quoi? Une catastrophe? Une guerre?
Assez vite elle est happée par ses nouvelles responsabilités. En effet, elle se charge de la vache Bella, du chien Lynx et d'une chatte sans nom, et se lance dans un dur labeur de paysan, sa survie en dépend. Couper du bois, le ranger, faucher un champ, retourner le foin et l'entreposer, préparer le terrain pour les haricots et les pommes de terre, réparer ce qui doit l'être.
"La première année où je n'étais pas adaptée, j'avais dépassé mes forces au point que jamais je ne pourrai me remettre complètement de ces excès. (...) A présent je prends le pas tranquille du paysan, même pour me rendre de la maison à l'étable. Le corps reste détendu et les yeux ont le temps de regarder."
Sa vie d'avant était celle d'un femme ordinaire, la quarantaine, veuve, deux enfants. Cette remarque au détour d'une page, quand ses filles partent à l'école : "Plus tard je ne fus plus jamais heureuse. Tout se transforma d'une manière désolante et la vraie vie s'arrêta pour moi."
Une narration posée, lucide, presque froide, où affleure quelque espoir. Elle vit au jour le jour, tout en devant prévoir ses occupations pour survivre."Je suis devenue un paysan, et un paysan doit prévoir."
La nature environnante n'est pas l'occasion de grandes envolées lyriques, même si elle est sensible à sa beauté, mais plutôt perçue comme le seul moyen de pourvoir à ses besoins.
"Quand je repense à ce premier été, il m'apparaît bien plus marqué par le souci que je me faisais pour mes bêtes que par la conscience du caractère désespéré de ma propre situation. La catastrophe ne m'avait déchargée d'une grand responsabilité que pour, sans que je le remarque, m'accabler d'un autre fardeau. Quand je pus enfin comprendre ce qui se passait, je n'étais plus en mesure d'y rien changer."
Je viens (enfin) à ce qui pour moi a rendu ce roman si attachant, à savoir les relations entre la narratrice et ses animaux. Le chien Lynx, en particulier, qui savait ressentir ses humeurs et l'en sortir quand il le fallait. Les chats excellemment décrits. Même la brave vache Bella...
A la place de cette femme, d'autres auraient réagi autrement, sans doute; exploré la région à fond ou creusé pour passer sous le mur (au risque d'en mourir) ou désespéré. Simplement, elle raconte son évolution et sa vie.
Les avis de clara, cathulu, cuné, qui vous mèneront vers d'autres avis; je constate que la couverture de mon exemplaire, due à Christine Le Boeuf, est bien plus réussie... Mark et Marcel en parle récemment. Les avis de Moglug,
Adapté au cinéma en 2012/2013
Une LC avec Agirl, Cryssilda (zarline, on t'attend!)
Commentaires
Je vais voir s'il est disponible à la médiathèque.
https://synchroniciteetserendipite.wordpress.com/2014/08/16/le-mur-invisible-marlen-haushofer/
Ce qui est formidable avec ce livre, c'est que personne n'en retiens la même chose. Il est réinterprété à chaque lecture et par chaque lecteur !
Noté !
Je voulais lire ce roman depuis longtemps, il ne ressemble à aucun autre. Même si l'idée de personnes bloquées a été reprise plus tard par d'autres auteurs. Mais là la narratrice est seule (avec ses animaux).
Et le film qui en a été tiré est plutôt réussi.
C'est un roman qui marque durablement.
Elle a écrit d'autres romans, pas si faciles à trouver.
Un jour j'aurai peut-être l'occasion de voir ce film!
J'ignore si c'est du fantastique, peut être une nouvelle arme a-t-elle détruit le reste du coin?
Il y a juste un truc dans ce roman qui est en trop (à mon avis) mais je ne peux rien dire.
Bon weekend.
On verra ton avis j'espère!
Coucou à toi, au fait!
Remarquons que cette femme avant même sa solitude dans la vallée était déjà assez isolée dans son entourage et avait peu de liens affectifs.