Le musée de l'inhumanité
Middle C, 2013
William Gass
le cherche midi, 2015
Traduit (excellemment) par Claro
William Gass, oui. Né en 1924 (91 ans). L'auteur du Tunnel, l'une des plus incroyables expériences de lecture de ma vie pourtant bien dense en trucs improbables.
Surtout, prendre son temps (la bête n'a résisté que 4 jours, mais j'ai attendu le bon moment). J'en ressors un peu sonnée avec l'impression d'avoir plongé dans du 'on ne lit pas ça tous les jours', et bien sûr, de me sentir bien dépourvue au moment d'en parler.
Le titre, d'abord. En anglais, Middle C est en gros la note au milieu d'un clavier de piano. Un peu à l'image du héros, pianiste autodidacte, homme assez effacé ne désirant rien tant que les résultats scolaires intermédiaires, ni trop brillant ni trop nul, histoire de ne pas être remarqué.
Dans le grenier de la maison où il vit avec sa mère, Joseph Skizzen expose les ouvrages et coupures de journaux témoignant de la méchanceté humaine au cours des siècles, le musée de l'inhumanité. Tâchant aussi de fignoler une phrase qui le hante : "La crainte de voir la race humaine s'éteindre a été remplacée par la crainte qu'elle ne perdure."
Joseph/Joey Skizzen, ex Yussel Fixel à l'époque où son père autrichien se fit passer pour juif et put émigrer en Angleterre. Par la suite, il fila aux Etats Unis sous une encore autre identité, laissant derrière lui sa femme, son fils et sa fille, qui réussirent cependant à arriver dans l'Ohio. Après des études médiocres et différents petits boulots (dans une bibliothèque notamment), Joseph devient le Professeur Skizzen chargé d'enseigner la musique moderne (et craignant que son manque de capacités officielles à le faire ne soit découvert). Déjà qu'il a changé sa date de naissance, bidouillé un faux permis, etc.
Bon, il y a une histoire, on va dire roman d'apprentissage. Mais ce serait faire fi de digressions (?) où la plume toujours fluide et riche de William Glass s'envole, scotchant le lecteur. Les inhumanités, d'accord, sans trop de détails gore, ouf! Le professeur de piano (quand la musique a commencé à intervenir dans la vie de Joseph, là j'étais ferrée). Myriam, la mère et son fabuleux jardin. Sa leçon sur le Concerto pour orchestre de Bela Bartok (un grand moment, en gros tous ses passages comme professeur le sont). Son travail à la bibliothèque, entre Miss Moss et Miss Bruss (qui ne s'aiment pas) , bibliothèque au curieux système de classement (page 248). Et gare à ne pas tenir les livres n'importe comment! La vendeuse de voitures d'occasion, aussi chanteuse de gospel.
Un roman que je conseille aux curieux de hors normes. Comme un des avis propose déjà le Concerto de Bartok, voici le 'Remember me' de Purcell (cf exergue du roman, vers 3')(et puis c'est splendide)
Les avis chez charybde (complet complet...), unwalkers, et ...cuné!
Middle C, 2013
William Gass
le cherche midi, 2015
Traduit (excellemment) par Claro
William Gass, oui. Né en 1924 (91 ans). L'auteur du Tunnel, l'une des plus incroyables expériences de lecture de ma vie pourtant bien dense en trucs improbables.
Surtout, prendre son temps (la bête n'a résisté que 4 jours, mais j'ai attendu le bon moment). J'en ressors un peu sonnée avec l'impression d'avoir plongé dans du 'on ne lit pas ça tous les jours', et bien sûr, de me sentir bien dépourvue au moment d'en parler.
Le titre, d'abord. En anglais, Middle C est en gros la note au milieu d'un clavier de piano. Un peu à l'image du héros, pianiste autodidacte, homme assez effacé ne désirant rien tant que les résultats scolaires intermédiaires, ni trop brillant ni trop nul, histoire de ne pas être remarqué.
Dans le grenier de la maison où il vit avec sa mère, Joseph Skizzen expose les ouvrages et coupures de journaux témoignant de la méchanceté humaine au cours des siècles, le musée de l'inhumanité. Tâchant aussi de fignoler une phrase qui le hante : "La crainte de voir la race humaine s'éteindre a été remplacée par la crainte qu'elle ne perdure."
Joseph/Joey Skizzen, ex Yussel Fixel à l'époque où son père autrichien se fit passer pour juif et put émigrer en Angleterre. Par la suite, il fila aux Etats Unis sous une encore autre identité, laissant derrière lui sa femme, son fils et sa fille, qui réussirent cependant à arriver dans l'Ohio. Après des études médiocres et différents petits boulots (dans une bibliothèque notamment), Joseph devient le Professeur Skizzen chargé d'enseigner la musique moderne (et craignant que son manque de capacités officielles à le faire ne soit découvert). Déjà qu'il a changé sa date de naissance, bidouillé un faux permis, etc.
Bon, il y a une histoire, on va dire roman d'apprentissage. Mais ce serait faire fi de digressions (?) où la plume toujours fluide et riche de William Glass s'envole, scotchant le lecteur. Les inhumanités, d'accord, sans trop de détails gore, ouf! Le professeur de piano (quand la musique a commencé à intervenir dans la vie de Joseph, là j'étais ferrée). Myriam, la mère et son fabuleux jardin. Sa leçon sur le Concerto pour orchestre de Bela Bartok (un grand moment, en gros tous ses passages comme professeur le sont). Son travail à la bibliothèque, entre Miss Moss et Miss Bruss (qui ne s'aiment pas) , bibliothèque au curieux système de classement (page 248). Et gare à ne pas tenir les livres n'importe comment! La vendeuse de voitures d'occasion, aussi chanteuse de gospel.
Un roman que je conseille aux curieux de hors normes. Comme un des avis propose déjà le Concerto de Bartok, voici le 'Remember me' de Purcell (cf exergue du roman, vers 3')(et puis c'est splendide)
Commentaires
(Je souris parce que tu vas croire que chez Keisha je passe systématiquement derrière toi pour te "pousser", mais c'est parce que j'aime les livres dont parle Keisha !! :))
Ce n'est pas excluant du tout. Je prévenais juste qu'on n'est pas dans l'histoire planplan (qui fait plaisir aussi)
Hum, il te reste à découvrir le Tunnel...
Oui, j'ai lu Sonate cartésienne (et je sens que toi aussi tu aimes Pynchon? ^_^)
Je viens de mettre la main sur un autre Lot49, lu quelques pages, ça s'annonce bien, je frétille d'avance.
Allez, VO, VF, le plus important est de faire connaissance avec Messieurs Gass et Skizzen, non ? Et ça, c'est acquis !
Oui, je crois qu'on a pas d'auteurs en commun, le propre des lectrices :)
Pour le thé, pas de souci, j'en bois des litres.
Ah ce Tunnel, oui, plonge, mais prends ton temps... c'est rare que j'étale ma lecture pour un roman, mais ça valait le coup de persévérer. Pour ce Musée, ma foi, cela se lit bien plus aisément.
Bon week end.
Le Papou
Si tu avais des journées de 48 h, je te parlerais aussi du tunnel, mais bon...
Ma seule tentative m'a agacée, je lis vite et ai l'impression de passer mon temps à changer de page... Et j'aime bien revenir en arrière en ayant le doigt sur la page en cours. Bref, c'est physique.
Avez-vous lu Gerald reçoit de Coover ? Si oui, vous voyez ce que je veux dire, si non, vous allez vous délecter...
Gerald reçoit, oui, j'avais démarré ça il y a très longtemps, depuis ma bibli a changé de localisation, donc c'était au siècle dernier. Mais il me semble qu'elle possède encore ce livre, à en croire le catalogue scruté sur internet. Donc merci très très fort, je note!
Dans la foulée: avez-vous lu L'univers de carton? Là encore c'est assez jubilatoire.