Une si jolie petite fille
Les crimes de Mary Bell
Récit
Cries unheard The story of Mary Bell, 1998
Gitta Sereny
Plein jour, 2014
Traduction de Géraldine Barbe
Photographie : Mary Bell vers l'âge de 11 ans
Gitta Sereny (Vienne 1921 - Cambridge 2012) est une journaliste d'investigation habituée aux sujets lourds - enfants dans les camps de réfugiés à la fin de la seconde guerre mondiale; accusés de crimes de guerre- et elle s'est intéressée sur des années à Mary Bell. En 1968, à Newcastle sur Tyne, deux petits garçons de trois quatre ans sont retrouvés assassinés à quelques semaines de distance. Après jugement par un tribunal pour adultes, Norma Bell, 13 ans, est acquittée et Mary Bell, 11 ans est condamnée à la prison à vie(avec situation reconsidérée à intervalles réguliers) , reconnue 'coupable d'homicide involontaire pour cause de responsabilité atténuée'. En 1968 Gitta Sereny avait assisté au procès et en 1972 avait écrit Meurtrière à 11 ans, après avoir rencontré ceux qui connaissaient la fillette.
De 1995 à 1998 elle rencontre Mary Bell, à cette époque sortie de prison, après avoir connu de 11 à 16 ans un établissement pénitentiaire où elle était la seule fille (!)(elle n'a pas été envoyée en hôpital pour être prise en charge car il semble que ça n'a pas été possible) puis après 16 ans la prison pour femmes. De leurs entretiens sortira ce nouveau livre, Cries unheard, le titre anglais, étant bien plus parlant.
C'est une lecture passionnante, et, vous le pensez bien, éprouvante quand même. Fort heureusement, rien de glauque là dedans, absolument pas de voyeurisme, pas question non plus d'oublier les petites victimes et leurs familles. Gitta Sereny ne croit pas sur parole Mary Bell, elle repose les questions patiemment, elle s'appuie sur d'autres rencontres, des dossiers, etc. Les rencontres entre les deux femmes s'étalent sur des mois. L'on apprend comment ces années se sont déroulées pour Mary Bell et les relations effarantes avec sa mère Betty ("elle a gagné sa vie en étant ma mère")(et ce n'est pas vrai seulement à cause de l'intérêt médiatique suscité par sa fille).
Ces crimes auraient-ils pu être évités si l'entourage, les services sociaux, la police avaient tenu compte de signes avant coureurs? Un enfant de 11 ans réalise-t-il comme un adulte ce qu'est la mort? La réhabilitation est-elle possible? Des tas de questions sont posées par l'auteur. Je pense que c'est un livre à lire sans peur, il est très dense, il remue, certains faits sont sidérants, mais pas question de se voiler la face, cela existe. A lire - en choisissant le bon moment - mais à lire!
Les avis de Antigone, clara,
Les crimes de Mary Bell
Récit
Cries unheard The story of Mary Bell, 1998
Gitta Sereny
Plein jour, 2014
Traduction de Géraldine Barbe
Photographie : Mary Bell vers l'âge de 11 ans
Gitta Sereny (Vienne 1921 - Cambridge 2012) est une journaliste d'investigation habituée aux sujets lourds - enfants dans les camps de réfugiés à la fin de la seconde guerre mondiale; accusés de crimes de guerre- et elle s'est intéressée sur des années à Mary Bell. En 1968, à Newcastle sur Tyne, deux petits garçons de trois quatre ans sont retrouvés assassinés à quelques semaines de distance. Après jugement par un tribunal pour adultes, Norma Bell, 13 ans, est acquittée et Mary Bell, 11 ans est condamnée à la prison à vie(avec situation reconsidérée à intervalles réguliers) , reconnue 'coupable d'homicide involontaire pour cause de responsabilité atténuée'. En 1968 Gitta Sereny avait assisté au procès et en 1972 avait écrit Meurtrière à 11 ans, après avoir rencontré ceux qui connaissaient la fillette.
De 1995 à 1998 elle rencontre Mary Bell, à cette époque sortie de prison, après avoir connu de 11 à 16 ans un établissement pénitentiaire où elle était la seule fille (!)(elle n'a pas été envoyée en hôpital pour être prise en charge car il semble que ça n'a pas été possible) puis après 16 ans la prison pour femmes. De leurs entretiens sortira ce nouveau livre, Cries unheard, le titre anglais, étant bien plus parlant.
C'est une lecture passionnante, et, vous le pensez bien, éprouvante quand même. Fort heureusement, rien de glauque là dedans, absolument pas de voyeurisme, pas question non plus d'oublier les petites victimes et leurs familles. Gitta Sereny ne croit pas sur parole Mary Bell, elle repose les questions patiemment, elle s'appuie sur d'autres rencontres, des dossiers, etc. Les rencontres entre les deux femmes s'étalent sur des mois. L'on apprend comment ces années se sont déroulées pour Mary Bell et les relations effarantes avec sa mère Betty ("elle a gagné sa vie en étant ma mère")(et ce n'est pas vrai seulement à cause de l'intérêt médiatique suscité par sa fille).
Ces crimes auraient-ils pu être évités si l'entourage, les services sociaux, la police avaient tenu compte de signes avant coureurs? Un enfant de 11 ans réalise-t-il comme un adulte ce qu'est la mort? La réhabilitation est-elle possible? Des tas de questions sont posées par l'auteur. Je pense que c'est un livre à lire sans peur, il est très dense, il remue, certains faits sont sidérants, mais pas question de se voiler la face, cela existe. A lire - en choisissant le bon moment - mais à lire!
Les avis de Antigone, clara,
Commentaires
J'espère que cela sortira en poche, oui.
N'hésite pas, une fois dedans, on continue!
Bonne fin de semaine.
A bientôt!
Dans ma médiathèque on peut emprunter 5 livres 'officiellement' mais j'ai droit à un petit plus (et le gentil bibliothécaire me signale des BD en sus!)
J'espère pour elle qu'elle pouvait mettre cela de côté dans sa vie personnelle!
Une fois découvert le prologue et l'écriture raisonnée de l'auteur, ça se passe bien. Même si parfois on souffle un peu d'émotion...
Les romans j'en lis aussi (en sélectionnant), et je me demande si je ne connais pas mieux le système judiciaire anglo-saxon que le français. ^_^
Le basculement, oui, toujours d'actualité.