La recluse de Wildfell Hall
Anne Brontë
Penguin Classics, 1985
Première parution, 1848
Après Les Hauts de Hurlevent (Emily Brontë) il me restait une des soeurs Brontë à découvrir, mais sans que cela presse, tant d'autres lectures avant, bref vous connaissez le problème, mais grâce au récent billet d'Electra j'ai sauté le pas et dévoré, oui, ce roman, et en VO qui plus est (sans difficulté notable, ce qui n'est pas toujours le cas pour d'autres classiques)
Electra avait dévoilé quelques éléments de l'intrigue mais sachez que cela n'a absolument pas enlevé le plaisir de la lecture, et quelques surprises demeuraient à découvrir!
Quelques éléments de l'histoire:
Lors d'une saison à Londres la jeune Helen rencontre Arthur Huntingdon et tombe amoureuse. N'écoutant pas les conseils de sa tante, elle accepte la demande en mariage. Pourtant elle avait déjà repéré quelques défauts chez lui, mais pensait être capable d'amender son caractère.
Elle découvre vite que son mari aime passer du temps à Londres à boire et s'amuser avec une bande d'amis, en la laissant dans leur demeure campagnarde, mais elle pardonne cet abandon et la réconciliation a lieu entre les amoureux. Mais quand ladite bande d'amis séjourne plusieurs semaines chez elle à la saison de la chasse et que son mari courtise la femme de l'un d'eux, elle finit par bannir son mari de ses appartements. Patience, amour, rien n'y fait, et lorsque Arthur ne respecte même plus le jeune âge de leur fils, elle décide de fuir avec l'enfant. Dans les années 1820 l'épouse ne pouvait pas divorcer et le mari avait tous les droits...
Réfugiée dans un coin de la campagne anglaise, elle commence à fréquenter la petite société locale et Gilbert Markham, un jeune fermier aisé la croyant veuve, tombe amoureux d'elle.
Mes impressions de lecture:
Je me suis lancée sans trop d'a priori et ce fut une heureuse surprise. Dès le départ, avec Gilbert Markham comme narrateur, la découverte des habitants du petit village pétille d'humour, tout en évoluant vers une ambiance plus sombre lorsque les mauvaises langues s'activent.
A cette vie villageoise de fermiers, pasteurs et commerçants, succède celle de bourgeois aisés, vivant de leurs revenus, qui est celle des Huntingdon et leurs relations. L'on imagine très bien comment s'écoulent les journées.
Mais le roman étant écrit à la première personne, soit Gilbert soit Helen, au travers de lettres ou journaux, ce sont leurs états d'âme, leurs luttes, leurs évolutions qui sont décrits finement, principalement ceux d'Helen, devant hélas faire le deuil de son profond amour pour son époux, face à son attitude épouvantable et inadmissible. Et cela ne se fait pas en un jour, le roman rend bien le passage des saisons; la patience est une des vertus d'Helen et deviendra aussi celle de Gilbert, plus bouillant au départ.
Une bonne histoire bien racontée, des personnages principaux qui évoluent et n'écoutent pas uniquement leur propre intérêt sans se préoccuper des autres (et cela change bien des Hauts de Hurlevent), des personnages secondaires intéressants dont on connaît l'avenir réservé par l'auteur, tout un microcosme vivant, que voilà un chouette roman!
Electra signale le rôle prégnant de la religion surtout chez Helen, je l'ai senti surtout à partir du moment où sa situation devient pitoyable, mais je ne fais pas la fine bouche quand un personnage fait preuve d'altruisme et met en accord ses croyances et ses actes; de plus cela contrebalance les descriptions d'Arthur Huntingdon et permet de souffler un peu.
J'ai aussi apprécié quelques (courts) passages de description de la nature, et l'un des plus beaux passages (et fichtrement romantique, je préviens) est celui de la rose de Noël, vers la fin...
En résumé :
Un beau roman qui mérite d'être (re)découvert.
Autre avis sur lecture/écriture
Et parfait pour le challenge A year in England chez Titine
Commentaires
J'ai vraiment aimé ces personnages, et leur évolution. De plus je n'ai pas trouvé cela si daté, les êtres humains ne changent pas tellement, il y a toujours les cancans de village et les femmes mal traitées qui espèrent que ça va s'arranger...
comme toi, j'ai cherché Agnès Grey à la bibli - elle y est mais en français et niet (ia gavariou pa ruski) il me faut en anglais ! donc hier j'ai craqué et j'ai commandé trois classiques en anglais (Penguin Classics) dont Agnès Grey !
De plus c'est bien écrit, une langue classique pas tellement compliquée, avec de petits échos austeniens pas désagréables. Austen aurait raccourci certains passages, c'est sûr, mais on la retrouve dans la vivacité des dialogues.
Agnès Grey, comme toi, mais je l'aurai un jour! ^_^ J'attends de voir ces tentations sur ton blog!
The Tenant, c'est bien!
Si tu as du mal un jour à le dénicher, je pourrais te le prêter (sont trop beaux les Penguin classics) ;-)
Bonne journée.
Bonne journée!
Bonne journée (et bonnes lectures)
Réserve cette Brontë pour des moments plus calmes.