Magnificence
Lydia Millet
le cherche midi, 2016, lot49
Traduit par Charles Recoursé
Bon, ça va être coton de parler de ce roman, sachant qu'il s'agit du dernier d'une trilogie, après Comment rêvent les morts et Lumières fantômes, (à relire mes billets, je n'en dis pas trop, donc vous pouvez les lire) mais que ce n'est pas grave de ne pas voir lu les deux premiers, puisque Lydia Millet prend comme personnage principal Susan, qui était assez personnage secondaire avant, et a le chic pour résumer en deux lignes les deux romans précédents, donc on n'est pas perdu.
Le problème est que révéler la mort d'un personnage n'est pas gentil pour qui voudrait découvrir les deux premiers romans, qui en valent la peine.
Je peux donc parler de Magnificence tout simplement en racontant que Susan hérite d'une immense maison ancienne, remplie d'animaux empaillés, qu'elle se battra pour la garder et y fera de drôles de découvertes. Par ailleurs sa fille Casey trouvera une voie lui plaisant. Susan ne sait pas résister aux vieilles dames parfois envahissantes, et sa liaison avec un homme marié ne semble pas devoir évoluer, juste les satisfaire du présent.
Je peux dire que l'écriture de Lydia Millet est vraiment dense, qu'elle étonne par les opinions de ses personnages au détour d'un paragraphe, qu'on ne sait jamais trop où ça va nous mener*, et que vos neurones, sans trop fatiguer, vont quand même devoir se bouger un peu. Vivifiant et original.
Un passage (qui n'engage que Susan)
"Pourtant, pas de doute, le beau sexe était plus changeant que l'autre. En pratique cela signifiait que la folie des femmes se calmait parfois. Mais chez les hommes elle était constante. Question folie, les femmes pouvaient changer d'avis tandis que les hommes ne baissaient jamais les bras. Étrangement, la folie chronique des hommes était souvent prise pour de la stabilité; les hommes, sociopathes permanents, étaient félicités pour leur fiabilité. Tandis que les femmes, simples névrosées à temps partiel, étaient cataloguées comme fantasques. Sur le fond, les accès de santé mentale des femmes se voyaient retournés contre elles. Sociopathes contre névrosées. La distinction n'était pas dépourvue d'importance, car de nombreux hommes allaient un peu trop loin, franchement, et devenaient des tueurs en série, des maris violents, des flics pourris, ou des enfants soldats qui erraient dans les rues avec leur gang; des criminels de guerre, des tyrans, des démagogues.
Les femmes, beaucoup moins."
* J'aime ce genre de roman, et aussi bien sûr ceux dont on connaît déjà la fin, mais pas le chemin, et sont délectables aussi. Deux genres de promenade, la promenade découverte, et la promenade santé.
Lydia Millet
le cherche midi, 2016, lot49
Traduit par Charles Recoursé
Bon, ça va être coton de parler de ce roman, sachant qu'il s'agit du dernier d'une trilogie, après Comment rêvent les morts et Lumières fantômes, (à relire mes billets, je n'en dis pas trop, donc vous pouvez les lire) mais que ce n'est pas grave de ne pas voir lu les deux premiers, puisque Lydia Millet prend comme personnage principal Susan, qui était assez personnage secondaire avant, et a le chic pour résumer en deux lignes les deux romans précédents, donc on n'est pas perdu.
Le problème est que révéler la mort d'un personnage n'est pas gentil pour qui voudrait découvrir les deux premiers romans, qui en valent la peine.
Je peux donc parler de Magnificence tout simplement en racontant que Susan hérite d'une immense maison ancienne, remplie d'animaux empaillés, qu'elle se battra pour la garder et y fera de drôles de découvertes. Par ailleurs sa fille Casey trouvera une voie lui plaisant. Susan ne sait pas résister aux vieilles dames parfois envahissantes, et sa liaison avec un homme marié ne semble pas devoir évoluer, juste les satisfaire du présent.
Je peux dire que l'écriture de Lydia Millet est vraiment dense, qu'elle étonne par les opinions de ses personnages au détour d'un paragraphe, qu'on ne sait jamais trop où ça va nous mener*, et que vos neurones, sans trop fatiguer, vont quand même devoir se bouger un peu. Vivifiant et original.
Un passage (qui n'engage que Susan)
"Pourtant, pas de doute, le beau sexe était plus changeant que l'autre. En pratique cela signifiait que la folie des femmes se calmait parfois. Mais chez les hommes elle était constante. Question folie, les femmes pouvaient changer d'avis tandis que les hommes ne baissaient jamais les bras. Étrangement, la folie chronique des hommes était souvent prise pour de la stabilité; les hommes, sociopathes permanents, étaient félicités pour leur fiabilité. Tandis que les femmes, simples névrosées à temps partiel, étaient cataloguées comme fantasques. Sur le fond, les accès de santé mentale des femmes se voyaient retournés contre elles. Sociopathes contre névrosées. La distinction n'était pas dépourvue d'importance, car de nombreux hommes allaient un peu trop loin, franchement, et devenaient des tueurs en série, des maris violents, des flics pourris, ou des enfants soldats qui erraient dans les rues avec leur gang; des criminels de guerre, des tyrans, des démagogues.
Les femmes, beaucoup moins."
* J'aime ce genre de roman, et aussi bien sûr ceux dont on connaît déjà la fin, mais pas le chemin, et sont délectables aussi. Deux genres de promenade, la promenade découverte, et la promenade santé.
Commentaires
Je n'ai pas parlé de tout ce qui a attiré mon attention, ce roman est dense et riche. Bon, je pense que tu en parleras bientôt? ^_^
Pour cette 'trilogie' qui à chaque fois choisit un personnage principal, les autres demeurant autour, tu fais comme tu veux (aïe je crois que ce n'est pas en poche). Non, on ne s'ennuie pas, on se demande où cela va bien pouvoir aller... Et je n'ai pas tout dit, heureusement.
L Millet est l'auteur de Le coeur est un noyau candide, et là c'est en poche, et un seul volume!
Ou lire Le coeur est un noyau candide, un roman AMERICAIN, tu sais!Existe en poche. Je reproduis la fin de mon billet
"Un court métrage didactique des années 60 expliquait carrément que :
"D'après le Comité à l'énergie atomique, le meilleur moyen de se protéger d'une bombe atomique est d'ETRE AILLEURS quand elle explose."
http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2011/02/le-coeur-est-un-noyau-candide.html
Oui, Amours, je pense que tu aimeras, et comme c'est aussi ancré dans l'actualité récente, il vaut mieux ne pas trop tarder. Sinon, moi, je te laisse du temps, tu sais.
Bon week end à toi!
Je sais que tu es moqueur, donc je dis que ces deux lignes ne remplacent pas les romans, elles permettent juste au nouveau lecteur de ne pas se noyer.
Sache, ô Merydien, que ces trois romans valent lecture, et qu'il n'y aura pas de quatrième, si j'en crois wikipedia.
Pour ta peine, va donc lire le Piazza qui manque à ta collection. ^_^
Tente avec une bibli, comme ça tu ne risques rien!