Un instant dans le vent
An instant in the wind, 1976
André Brink
Nouveau Cabinet cosmopolite, Stock, 1983 (couverture LDP)
Traduit par Robert Fouques-Duparc
"Qui étaient-ils? Leurs noms sont connus -Adam Mantoor et Elisabeth Larsson - et quelques fragments de leur histoire ont été conservés. Nous savons qu'en 1749 (...) Elisabeth accompagna son époux, l'explorateur suédois Erik Alexis Larsson, au cours d'un voyage dans l'intérieur des terres du cap de Bonne Espérance où il mourut peu de temps après; qu’elle fut finalement découverte par un esclave en fuite, Adam, et qu'ils atteignirent ensemble Le Cap à la fin du mois de février 1751."
Brink nous fournit ensuite leurs généalogies et page 16 la fin de l'histoire. Il évoque un recueil de Mémoires écrits par Larsson puis ensuite par Elisabeth, donnant le catalogue de ce qu'ils avaient emmené pour leur expédition, dont les 'objets de troc', '1 tonne de plomb et d'étain' (!), '4 tonnelets de cognac, 2 pour conserver les spécimens, les 2 autres pour corrompre et encourager les Hottentots ou pour se faire des amis dans la région', 'une collection d'assiettes en porcelaine'.
J'ai commencé à m'amuser. Hélas, ça n'a pas duré.
Bon, après tout, pourquoi pas une telle histoire? Adam, dont on découvre le passé d'esclave en fuite (j'ignorais d'ailleurs que Robben Island, qui accueillit contre son gré Nelson Mandela, était déjà une prison à l'époque) et les détails horribles de sa vie et de celle de sa famille, est en fuite dans les terres, depuis des années. "Mon pays, je l'ai vu de mes propres yeux, entendu de mes propres oreilles et saisi de mes propres mains." "Voilà ce que le mot 'liberté' veut vraiment dire : n'importe qui peut me tuer."
Ayant suivi durant des semaines l'expédition, Adam intervient alors qu'Elisabeth se retrouve seule (les autres sont enfuis ou morts), espérant qu'au retour au Cap, elle intercédera en sa faveur. Le voyage commence, Elisabeth n'est pas facile! De longs dialogues font état de leurs disputes. La narration passe du tu au il au elle au nous au je, etc. On s'y retrouve, ou alors on ne s'en préoccupe pas.
Cette première partie commence à m'agacer, un homme une femme, que tout sépare, des discussions, et mis à part le séjour dans le village Hottentot, je m'ennuie.
Bien sûr l'on en apprend sur leur passé, et passons à celui d'Elisabeth, élevée dans une bonne famille du Cap. En tant que femme, elle n'a bien sûr pas les mêmes possibilités d'action qu'un homme, mais elle a choisi son mari, et a décidé de le suivre dans l'expédition. Je passe sous silence l'oncle aux habitudes un peu douteuses (nécessaire dans ce roman?)...
Adam connaît bien le terrain, mais Elisabeth discute ses décisions, il lui arrive de céder ... et bien évidemment c'est lui qui avait raison. Ainsi ils perdent un bœuf.
"Elle s'est mise à pleurer, silencieusement. Elle enfonce ses ongles dans les paumes de ses mains et les lacère.
- Je vous avais prévenue, dit Adam furieux.
Sa phrase déchire quelque chose en elle.
- C'est toi qui m'a obligée à la faire! (Elle sanglote) C'est toi!"
(plus loin, même genre de scène, cette fois Adam échappe de peu, mais pas le fusil)
Maintenant je dois avouer que pour avoir lu quelques 'Romances' dans ma vie, j'ai hélas reconnu quelques situations : les deux que tout oppose, les disputes, l'entêtement de l'une, et les conséquences. On y est en plein!
Mais alors, me direz-vous, ils couchent ou pas?
Oui, à la fin de la première partie. Je ne divulgâche rien, puisque dès le départ on le sait.
Et ça ne va pas s'arranger. On a droit à des passages nus sur la plage, la Nature et tout ça, seuls au monde, etc.
Dernière partie, le retour au Cap à travers la nature hostile. Et là ça m'a bien plu, avec le côté survie en plein désert. Quasiment un documentaire. Bon, il restait les scènes amoureuses, les mauvaises décisions, une tentative de viol improbable à mon avis, mais j'en retire surtout une fascinante histoire de survie dans des situations extrêmes, et je pense les détails vraisemblables. La scène des antilopes migratrices, par exemple, m'a scotchée.
Comme il s'agissait d'une lecture commune, j'ai terminé ce roman, mais j'avoue qu'il m'a laissée au dehors; on ne peut que se sentir solidaire de leur situations respectives, homme noir esclave, et femme (blanche) au 18ème siècle, mais est-ce l'écriture (sans humour!) ou les péripéties, je n'ai pas vraiment accroché. Je dois être mauvaise cliente pour les histoires d'amour (cf Les hauts de Hurlevent). Je sais bien que ce roman est plus que cela, et j'ai plutôt sympathisé avec Adam, mais pour les relations noir/blanche Nadine Gordimer a fait beaucoup plus fort dans Ceux de July.
Pour rester en Afrique du sud, quelques romans de Coetzee m'ont beaucoup plu, et ceux de Schoeman sont plus forts et universels. Mais Brink et moi, c'est fi-ni. Ou alors ce n'était pas le bon roman au bon moment?
Lecture commune avec A Girl, Electra, zarline dont je découvre les avis...
Un avis assez mitigé finalement sur lecture/écriture
An instant in the wind, 1976
André Brink
Nouveau Cabinet cosmopolite, Stock, 1983 (couverture LDP)
Traduit par Robert Fouques-Duparc
"Qui étaient-ils? Leurs noms sont connus -Adam Mantoor et Elisabeth Larsson - et quelques fragments de leur histoire ont été conservés. Nous savons qu'en 1749 (...) Elisabeth accompagna son époux, l'explorateur suédois Erik Alexis Larsson, au cours d'un voyage dans l'intérieur des terres du cap de Bonne Espérance où il mourut peu de temps après; qu’elle fut finalement découverte par un esclave en fuite, Adam, et qu'ils atteignirent ensemble Le Cap à la fin du mois de février 1751."
Brink nous fournit ensuite leurs généalogies et page 16 la fin de l'histoire. Il évoque un recueil de Mémoires écrits par Larsson puis ensuite par Elisabeth, donnant le catalogue de ce qu'ils avaient emmené pour leur expédition, dont les 'objets de troc', '1 tonne de plomb et d'étain' (!), '4 tonnelets de cognac, 2 pour conserver les spécimens, les 2 autres pour corrompre et encourager les Hottentots ou pour se faire des amis dans la région', 'une collection d'assiettes en porcelaine'.
J'ai commencé à m'amuser. Hélas, ça n'a pas duré.
Bon, après tout, pourquoi pas une telle histoire? Adam, dont on découvre le passé d'esclave en fuite (j'ignorais d'ailleurs que Robben Island, qui accueillit contre son gré Nelson Mandela, était déjà une prison à l'époque) et les détails horribles de sa vie et de celle de sa famille, est en fuite dans les terres, depuis des années. "Mon pays, je l'ai vu de mes propres yeux, entendu de mes propres oreilles et saisi de mes propres mains." "Voilà ce que le mot 'liberté' veut vraiment dire : n'importe qui peut me tuer."
Ayant suivi durant des semaines l'expédition, Adam intervient alors qu'Elisabeth se retrouve seule (les autres sont enfuis ou morts), espérant qu'au retour au Cap, elle intercédera en sa faveur. Le voyage commence, Elisabeth n'est pas facile! De longs dialogues font état de leurs disputes. La narration passe du tu au il au elle au nous au je, etc. On s'y retrouve, ou alors on ne s'en préoccupe pas.
Cette première partie commence à m'agacer, un homme une femme, que tout sépare, des discussions, et mis à part le séjour dans le village Hottentot, je m'ennuie.
Bien sûr l'on en apprend sur leur passé, et passons à celui d'Elisabeth, élevée dans une bonne famille du Cap. En tant que femme, elle n'a bien sûr pas les mêmes possibilités d'action qu'un homme, mais elle a choisi son mari, et a décidé de le suivre dans l'expédition. Je passe sous silence l'oncle aux habitudes un peu douteuses (nécessaire dans ce roman?)...
Adam connaît bien le terrain, mais Elisabeth discute ses décisions, il lui arrive de céder ... et bien évidemment c'est lui qui avait raison. Ainsi ils perdent un bœuf.
"Elle s'est mise à pleurer, silencieusement. Elle enfonce ses ongles dans les paumes de ses mains et les lacère.
- Je vous avais prévenue, dit Adam furieux.
Sa phrase déchire quelque chose en elle.
- C'est toi qui m'a obligée à la faire! (Elle sanglote) C'est toi!"
(plus loin, même genre de scène, cette fois Adam échappe de peu, mais pas le fusil)
Maintenant je dois avouer que pour avoir lu quelques 'Romances' dans ma vie, j'ai hélas reconnu quelques situations : les deux que tout oppose, les disputes, l'entêtement de l'une, et les conséquences. On y est en plein!
Mais alors, me direz-vous, ils couchent ou pas?
Oui, à la fin de la première partie. Je ne divulgâche rien, puisque dès le départ on le sait.
Et ça ne va pas s'arranger. On a droit à des passages nus sur la plage, la Nature et tout ça, seuls au monde, etc.
Dernière partie, le retour au Cap à travers la nature hostile. Et là ça m'a bien plu, avec le côté survie en plein désert. Quasiment un documentaire. Bon, il restait les scènes amoureuses, les mauvaises décisions, une tentative de viol improbable à mon avis, mais j'en retire surtout une fascinante histoire de survie dans des situations extrêmes, et je pense les détails vraisemblables. La scène des antilopes migratrices, par exemple, m'a scotchée.
Comme il s'agissait d'une lecture commune, j'ai terminé ce roman, mais j'avoue qu'il m'a laissée au dehors; on ne peut que se sentir solidaire de leur situations respectives, homme noir esclave, et femme (blanche) au 18ème siècle, mais est-ce l'écriture (sans humour!) ou les péripéties, je n'ai pas vraiment accroché. Je dois être mauvaise cliente pour les histoires d'amour (cf Les hauts de Hurlevent). Je sais bien que ce roman est plus que cela, et j'ai plutôt sympathisé avec Adam, mais pour les relations noir/blanche Nadine Gordimer a fait beaucoup plus fort dans Ceux de July.
Pour rester en Afrique du sud, quelques romans de Coetzee m'ont beaucoup plu, et ceux de Schoeman sont plus forts et universels. Mais Brink et moi, c'est fi-ni. Ou alors ce n'était pas le bon roman au bon moment?
Lecture commune avec A Girl, Electra, zarline dont je découvre les avis...
Un avis assez mitigé finalement sur lecture/écriture
Commentaires
Mieux vaut que tu chérisses le souvenir.
Et je note ce petit nouveau, là, Damon Galgut, jamais entendu parler (et ça me fait souvenir que je dois relire Forster, mamma mia, ça n'a pas de fin ^_^)
Je note ton chouchou for ever !!!
Ici, j'ai bien fait d'insister, d'abord j'avais des co lectrices, il faut être sérieux, donc, et puis finalement le dernier tiers et son côté survie dans le désert m'a plu, en le considérant comme documentaire...
A feuilleter en bibli Une saison blanche et sèche, il me semble que c'est meilleur, oui.
Je ne suis pas Brink, mais il me semble que le roman aurait été plus fort sans ces fariboles romantiques. Voir Gordimer (j'en parle en fin de billet, ainsi que d'ailleurs de la pub pour d'autres auteurs sud africains)
je pars faire du tri dans mes étagères du coup :)
Pour Brink, je l'ai lu quand j'étais jeune (il y a donc longtemps). J'avais bien aimé, mais je ne l'ai jamais relu. Et donc, pour moi, c'est un signe. Je pense comme vous que Nadine Gordimer est plus forte.
J'ai aussi beaucoup pensé à Gordimer et pour moi, il n'y a pas photo. Pas sûre que je retenterai le coup avec Brink surtout que je n'ai aucun souvenir d'Une saison blanche et sèche alors que je l'ai lu il y a une dizaine d'années, en Afrique du Sud justement. Ca aurait dû me marquer mais nada!
Alors vive Schoeman (promis, je m'y mets bientôt), Coetzee et peut-être Galgut. Heyns, perso j'ai aimé mais sans plus.
http://www.lecture-ecriture.com/8242-Un-instant-dans-le-vent-André-Brink
et oui, il y a des titres plus convaincants ;-)
J'aurais peut-être dû choisir un autre titre, et ne pas avoir du sentimental de ce genre.
Bon, toi tu parles de Koh Lanta, tu ne vaux pas mieux! J'ai été sensible à l'aspect documentaire, non?
On case la LC, oui, mais pas tout de suite, pour Le bruit et la fureur.
Aujourd'hui aimerais-je encore lire Brink ? Je n'en sais rien. C'est vrai que nos lectures évoluent avec notre âge et ce qu'on aimait à 20 ans peut nous laisser de marbre à 50...
Mais c'est sûr qu'on change, peut-être qu'à 20 ans j'aurais adoré l'histoire sentimentale et détesté le parties plus documentaires?
J'en garde le souvenir d'un ennui profond et d'être passée à côté de ce roman. A priori, ce n'était donc pas pour cause de jeunesse inculte.
Ebène est toujours marqué, oui, toujours sur mes étagères, il va falloir que je le mette en route, tiens. Voir colonne de droite, en haut. Le jour n'est pas choisi...