Marguerite n'aime pas ses fesses
Erwan Larher
Quidam Editeur, 2016
Erwan Larher, c'est le gars terriblement sympa (et talentueux), que je retrouve en salon du livre régulièrement, qui m'a valu de beaux moments de lecture, de rigolade, et aussi des sueurs froides rétrospectives en 2015. Si vous ne le savez pas encore, il s'est lancé dans un projet fou, à savoir retaper un vieux logis poitevin pour qu'il devienne "un lieu d'échanges et de partage autour de la création littéraire." (Le logis du musicien à Mirebeau)(fin de la séquence pub)
Et son dernier roman, alors? Court (les 255 pages se dévorent), jubilatoire, qui démarre très fort et continue de même. Marguerite, ah Marguerite, héroïne un poil nunuche et dans le déni, elle n'aime pas ses fesses, et pas grand chose chez elle. Il faut dire qu'elle possède des copines plus délurées (mention spéciale aux copines, en arrière plan, bien croquées), une mère étouffante et égocentrique, et surtout un mec qu'elle aurait dû jeter depuis longtemps, manipulateur, profiteur, donneur de leçons (et je ne révèle pas tout). Marguerite (j'allais écrire cette pauvre Marguerite) s'auto dévalue en permanence, pardonne, accepte, rêve au prénom de ses futurs enfants alors qu'entre Jonas et elle c'est plutôt calme plat le plus souvent (mais je ne révèle pas tout).
Au boulot bien évidemment, chez les éditions Paulin, elle accepte d'être sous payée. "Un parquet en chêne point de Hongrie lui semble le minimum pour éditer de bons romans." Un beau jour un ancien président de la République insiste pour qu'elle l'aide à écrire ses mémoires (alors qu'il la perd par intermittences, la mémoire). L'Ex non nommé laisse échapper parfois une allusion à un mystérieux Dispositif, l'affaire tourne (un peu) au polar (mais je ne révèle pas tout, et surtout pas le retour d'une vieille connaissance, et la fin).
Mes impressions? Du Larher pur jus, comme on l'aime, mais qui peut étonner (sans vouloir faire ma Marguerite, je ne m'attendais pas à quelques scènes aussi ... réalistes)(même si ça se justifie par les caractéristiques des personnages, et l'évolution de l'histoire)(et très stylé et pas vulgaire). Mais OK, moi, tant qu'on ne torture pas des chatons, j'ai l'esprit large.
Je raffole toujours de l'écriture, j'ignore si c'est manque de mémoire ou quoi, mais je l'ai trouvée plus dense, ramassée, des ellipses, peu de transitions, sans perdre le lecteur.
Des opinions politiques et sociologiques tranchées et diverses chez les personnages (l'auteur semble jouer à bousculer son lecteur, lequel lecteur en redemande, n'est pas dupe, et se sent parfois moins bête), on est pris dans l'histoire, oui, mais il n'est pas interdit de réfléchir. L'Ex du roman, jamais nommé, ravira les amateurs de clins d'oeil, puisqu'il regroupe les caractéristiques de trois ex réels (pour ce que j'en ai deviné) et ça dégomme bien.
Allez, un petit dialogue entendu par Marguerite:
"- Moi j'aimais bien le petit facteur qui faisait de la politique; comment s'appelait-il déjà?
- Arlette Laguiller?
- Non, elle, c'était une banquière.
- Oui, mais c'est pareil maintenant."
Et peut-être deux zeugmas (l'auteur s'amuse, alors moi aussi)
"Après avoir proposé à Marguerite de s'asseoir, et un café" et "C'est à l'adolescence et à Nice, ..."
A déguster sans attendre.
Hélène en parle aujourd'hui, allez voir!
Erwan Larher
Quidam Editeur, 2016
Erwan Larher, c'est le gars terriblement sympa (et talentueux), que je retrouve en salon du livre régulièrement, qui m'a valu de beaux moments de lecture, de rigolade, et aussi des sueurs froides rétrospectives en 2015. Si vous ne le savez pas encore, il s'est lancé dans un projet fou, à savoir retaper un vieux logis poitevin pour qu'il devienne "un lieu d'échanges et de partage autour de la création littéraire." (Le logis du musicien à Mirebeau)(fin de la séquence pub)
Et son dernier roman, alors? Court (les 255 pages se dévorent), jubilatoire, qui démarre très fort et continue de même. Marguerite, ah Marguerite, héroïne un poil nunuche et dans le déni, elle n'aime pas ses fesses, et pas grand chose chez elle. Il faut dire qu'elle possède des copines plus délurées (mention spéciale aux copines, en arrière plan, bien croquées), une mère étouffante et égocentrique, et surtout un mec qu'elle aurait dû jeter depuis longtemps, manipulateur, profiteur, donneur de leçons (et je ne révèle pas tout). Marguerite (j'allais écrire cette pauvre Marguerite) s'auto dévalue en permanence, pardonne, accepte, rêve au prénom de ses futurs enfants alors qu'entre Jonas et elle c'est plutôt calme plat le plus souvent (mais je ne révèle pas tout).
Au boulot bien évidemment, chez les éditions Paulin, elle accepte d'être sous payée. "Un parquet en chêne point de Hongrie lui semble le minimum pour éditer de bons romans." Un beau jour un ancien président de la République insiste pour qu'elle l'aide à écrire ses mémoires (alors qu'il la perd par intermittences, la mémoire). L'Ex non nommé laisse échapper parfois une allusion à un mystérieux Dispositif, l'affaire tourne (un peu) au polar (mais je ne révèle pas tout, et surtout pas le retour d'une vieille connaissance, et la fin).
Mes impressions? Du Larher pur jus, comme on l'aime, mais qui peut étonner (sans vouloir faire ma Marguerite, je ne m'attendais pas à quelques scènes aussi ... réalistes)(même si ça se justifie par les caractéristiques des personnages, et l'évolution de l'histoire)(et très stylé et pas vulgaire). Mais OK, moi, tant qu'on ne torture pas des chatons, j'ai l'esprit large.
Je raffole toujours de l'écriture, j'ignore si c'est manque de mémoire ou quoi, mais je l'ai trouvée plus dense, ramassée, des ellipses, peu de transitions, sans perdre le lecteur.
Des opinions politiques et sociologiques tranchées et diverses chez les personnages (l'auteur semble jouer à bousculer son lecteur, lequel lecteur en redemande, n'est pas dupe, et se sent parfois moins bête), on est pris dans l'histoire, oui, mais il n'est pas interdit de réfléchir. L'Ex du roman, jamais nommé, ravira les amateurs de clins d'oeil, puisqu'il regroupe les caractéristiques de trois ex réels (pour ce que j'en ai deviné) et ça dégomme bien.
Allez, un petit dialogue entendu par Marguerite:
"- Moi j'aimais bien le petit facteur qui faisait de la politique; comment s'appelait-il déjà?
- Arlette Laguiller?
- Non, elle, c'était une banquière.
- Oui, mais c'est pareil maintenant."
Et peut-être deux zeugmas (l'auteur s'amuse, alors moi aussi)
"Après avoir proposé à Marguerite de s'asseoir, et un café" et "C'est à l'adolescence et à Nice, ..."
A déguster sans attendre.
Hélène en parle aujourd'hui, allez voir!
Commentaires
Ce serait pas Jonas plutôt que Lucas ? ;-)
Un projet de dingue, j'espère y aller un jour, pas pour trimballer des pierres, évidemment...D'après facebook, c'en est rendu aux fenêtres, ça prend figure (mais a toujours soif de fonds)
Bon, je vais voir ce que tu en as pensé, jusqu'ici je n'ai vu que des avis de journalistes ou libraires.
Erwan Larher, là non plus je ne suis pas objective (dixit Aifelle) mais basta!
Pas loin de Mirebeau? Ouh là, le jour où je me décide à y aller voir, faut qu'on se voie, non?
Voilà qui me touche particulièrement, chère Keisha, car en effet j'ai beaucoup beaucoup travaillé à épurer mon style, à l'amener vers plus de concision tout en tâchant de garder une force d'impact.
(Je sais que les auteurs ne doivent pas écrire de commentaires sur les blogs mais tout le monde sait depuis longtemps que vous me chroniquez par pur copinage et sans aucune objectivité, alors...)
(Bien sûr bien sûr, sans oublier les cadeaux, montres et voitures de luxe, vacances au soleil...)(je manque déjà d'objectivité pour plein d'auteurs, tels Stegner, Schoeman, du classique de bonne compagnie, je précise)
Je ne participe pas du tout à l'élaboration des romans, je me contente d'être une lectrice. C'est déjà pas mal! ^_^
Je pense que ses romans devraient te plaire.
Oui, faut le lire, je pense que c'est ton créneau. Ne te défile pas avec Marcel, allez, je te donne jusqu'en août pour Du côté de chez Swan, car je pense lire Proust en août pendant mes vacances (on dit ça...). Récemment karine la canadienne a lu tout Proust en un temps record et avec enthousiasme!
Un titre qui marque !
Tu sais, ça existe en BD mais je pense que tu es une lectrice sérieuse, pas de ça lisette!
Gros gros plaisir de lecture, et ça fait du bien!
Si tu aimes les romans pas plan plan du tout, tu vas être servie!
Tiens, oui, lis donc Marguerite, je te promets quelques surprises...
Note : si je clique sur ton nom, j'arrive à deux blogs, l'un avec rien, l'autre semblant abandonné depuis des années... Où es-tu?