La Rabouilleuse
Honoré de Balzac
Cercle du biblophile
J'ai juste appris que le titre donné en traduction anglaise est The black sheep (le mouton noir) et franchement, c'est finalement un excellent titre! Parue en plusieurs parties au début des années 1840, l'oeuvre appartient aux Scènes de la vie de province, et, s'il y apparaît bien une rabouilleuse, ce sont les figures de deux frères qui en ressortent tout du long. Ou bien un célibataire dont l'héritage suscite des convoitises. Il paraît que si dans un roman le méchant est réussi, le roman aussi, alors là on est gâté, il y a deux méchants... (en fait c'est plutôt pour les films, selon Hitchcock, mais bon, on voit l'idée)
A l'origine de cette relecture (lecture commune avec Fanja), il y a un passage à Issoudun pour découvrir quelques toiles de Zao Wu Ki lors d'une caniculaire journée d'août 2016. Et comme je me souvenais que La rabouilleuse se déroule à Issoudun, hop c'était parti, LAL +1. Oui, il ne nous faut pas grand chose...
"Rabouiller est un mot berrichon qui peint admirablement ce qu'il veut exprimer : l'action de troubler l'eau d'un ruisseau en la faisant bouillonner à l'ide d’une grosse branche d'arbre dont les rameaux sont disposés en forme de raquette. Les écrevisses effrayées par cette opération, dont le sens leur échappe, remontent précipitamment le cours d'eau, et dans leur trouble se jettent au milieu des engins que le pêcheur a placés à une distance convenable. Flore Brazier tenait à la main son rabouilloir avec la grâce naturelle à l'innocence."
Flore, donc, la Rabouilleuse, n'arrive qu'au milieu du roman, attirant l'attention du père de Jean-Jacques Rouget et d'Agathe Bridau, deux frère et soeur ne s'étant pas vus depuis des décennies. Auparavant Balzac nous régale des aventures d'Agathe à Paris, son veuvage de Bridau, sa préférence pour son aîné Philippe, militaire de métier et voyou de A à Z, et son incompréhension du talent de Joseph, son cadet, peintre peinant à être reconnu.
Jean-Jacques Rouget hérite toute la fortune de son père, et tombe sous la coupe de ladite Rabouilleuse, qui le mène par le bout du nez. Mais elle va tomber amoureuse d'un certain Max, militaire et voyou tout autant que Philippe.
Il faut agir vite, l'argent risque de tomber dans l’escarcelle de Flore et Max, arrivent donc à Issoudun les 'parisiens', les Bridau, quoi...
Cela paraît compliqué, mais Balzac mène bien son lecteur (je me suis quand même demandé quand le roman allait commencer, j'attendais la rabouilleuse du titre) et tout ce qu'il raconte est intéressant, vivement mené, et on s'amuse fort la plupart du temps. Cela forme finalement un tout (ouf!) et l'amateur de Balzac prend plaisir à reconnaître des figures de passages, des noms connus de la Comédie Humaine. Voilà donc un 'classique' laissant un bon goût en bouche.
Deux petits passages qui m'ont amusée
"Florentine a sa mère; tu comprends que je n'ai pas les moyens de lui en payer une, et que la bonne femme est sa vraie mère." (oui, ces actrices et femmes du demi-monde...)
"Vous ne savez pas ce qui se passe dans ces ateliers! Les artistes y ont des femmes nues.
-Mais ils y font du feu, j'espère."
Clin d'oeil avec notre présent :
"Il exista de 1815 à 1823 , et peut-être plus tard, un bouchon tenu par une femme appelée la mère Cognette."
Hé bien le restaurant La Cognette existe toujours, mais depuis que Balzac le fréquenta, les tarifs se sont bien envolés.
Je me suis amusée aussi de ce
"Hochon, jadis receveur des tailles à Selles en Berry, né d'ailleurs à Issoudun, était revenu s'y marier avec la soeur du subdélégué, le galant Lousteau."
Honoré de Balzac
Cercle du biblophile
J'ai juste appris que le titre donné en traduction anglaise est The black sheep (le mouton noir) et franchement, c'est finalement un excellent titre! Parue en plusieurs parties au début des années 1840, l'oeuvre appartient aux Scènes de la vie de province, et, s'il y apparaît bien une rabouilleuse, ce sont les figures de deux frères qui en ressortent tout du long. Ou bien un célibataire dont l'héritage suscite des convoitises. Il paraît que si dans un roman le méchant est réussi, le roman aussi, alors là on est gâté, il y a deux méchants... (en fait c'est plutôt pour les films, selon Hitchcock, mais bon, on voit l'idée)
A l'origine de cette relecture (lecture commune avec Fanja), il y a un passage à Issoudun pour découvrir quelques toiles de Zao Wu Ki lors d'une caniculaire journée d'août 2016. Et comme je me souvenais que La rabouilleuse se déroule à Issoudun, hop c'était parti, LAL +1. Oui, il ne nous faut pas grand chose...
"Rabouiller est un mot berrichon qui peint admirablement ce qu'il veut exprimer : l'action de troubler l'eau d'un ruisseau en la faisant bouillonner à l'ide d’une grosse branche d'arbre dont les rameaux sont disposés en forme de raquette. Les écrevisses effrayées par cette opération, dont le sens leur échappe, remontent précipitamment le cours d'eau, et dans leur trouble se jettent au milieu des engins que le pêcheur a placés à une distance convenable. Flore Brazier tenait à la main son rabouilloir avec la grâce naturelle à l'innocence."
Flore, donc, la Rabouilleuse, n'arrive qu'au milieu du roman, attirant l'attention du père de Jean-Jacques Rouget et d'Agathe Bridau, deux frère et soeur ne s'étant pas vus depuis des décennies. Auparavant Balzac nous régale des aventures d'Agathe à Paris, son veuvage de Bridau, sa préférence pour son aîné Philippe, militaire de métier et voyou de A à Z, et son incompréhension du talent de Joseph, son cadet, peintre peinant à être reconnu.
Jean-Jacques Rouget hérite toute la fortune de son père, et tombe sous la coupe de ladite Rabouilleuse, qui le mène par le bout du nez. Mais elle va tomber amoureuse d'un certain Max, militaire et voyou tout autant que Philippe.
Il faut agir vite, l'argent risque de tomber dans l’escarcelle de Flore et Max, arrivent donc à Issoudun les 'parisiens', les Bridau, quoi...
Cela paraît compliqué, mais Balzac mène bien son lecteur (je me suis quand même demandé quand le roman allait commencer, j'attendais la rabouilleuse du titre) et tout ce qu'il raconte est intéressant, vivement mené, et on s'amuse fort la plupart du temps. Cela forme finalement un tout (ouf!) et l'amateur de Balzac prend plaisir à reconnaître des figures de passages, des noms connus de la Comédie Humaine. Voilà donc un 'classique' laissant un bon goût en bouche.
Deux petits passages qui m'ont amusée
"Florentine a sa mère; tu comprends que je n'ai pas les moyens de lui en payer une, et que la bonne femme est sa vraie mère." (oui, ces actrices et femmes du demi-monde...)
"Vous ne savez pas ce qui se passe dans ces ateliers! Les artistes y ont des femmes nues.
-Mais ils y font du feu, j'espère."
Clin d'oeil avec notre présent :
"Il exista de 1815 à 1823 , et peut-être plus tard, un bouchon tenu par une femme appelée la mère Cognette."
Hé bien le restaurant La Cognette existe toujours, mais depuis que Balzac le fréquenta, les tarifs se sont bien envolés.
Je me suis amusée aussi de ce
"Hochon, jadis receveur des tailles à Selles en Berry, né d'ailleurs à Issoudun, était revenu s'y marier avec la soeur du subdélégué, le galant Lousteau."
Commentaires
Je te conseille Balzac, il y a de quoi trouver ton bonheur.
je me suis plutôt orientée vers les nouvelles car je n'en avais pratiquement lu aucunes mais j'ai aussi des lacunes côté roman
j'avais aimé Balzac dans ma jeunesse mais je n'y étais pas beaucoup revenue mais là maintenant je suis en train de devenir totalement accro
J'ai lu Balzac à périodes assez régulières...
Aaah la Cognette, quand tu m'as dit que ça existait toujours, j'ai regardé sur le net, bon, c'est gastronomique, quoi. Ça a l'air très bon en tout cas.^^
Un roman parfaitement 'lisible', exactement. J'avoue m'être bien amusée, en dépit des drames.
Pour La cognette, sûrement excellent, mais faut faire chauffer la CB.
On se fait une fausse idée de l'auteur, qui peut réjouir encore le lecteur moderne.
C'est comme Flaubert/Stendhal, le préféré varie au cours des ans.
Tout cela pour dire qu'il y a de la qualité dans nos classiques, et que cela peut être fort plaisant à lire aussi.