Malentendus
Bertrand Leclair
Actes Sud, 2013
Un endroit où aller
"Je l'ignore, et n'en saurai jamais rien sauf à l'imaginer, moi qui sais seulement que la surdité de Julien n'a été dépistée que plusieurs mois après son premier anniversaire, qui ne sais pas même si ses parents l'ont appris ensemble ou séparément. Tous deux étaient morts depuis des années lorsque j'ai eu vent de l'histoire de leur fils, au cours des ateliers en langue des signes que j'ai animés, l'année 2008, au sein de l'International Visual Theater, à Paris, afin d'aboutir à une pièce de théâtre bilingue qui a été créée depuis, Héritages. Et qui donc pourrait prétendre m'en dire plus? Ni celui que je nomme Julien, ni son frère ni sa soeur n'en savent davantage."
Alors que la langue des signes existe en France depuis le 18ème siècle, elle a été ensuite combattue et interdite, pour devenir seulement en fin du 20ème siècle autorisée à l'école et reconnue comme langue ensuite.
Julien Laporte, dont Malentendus raconte (et imagine parfois) l'histoire (la liberté du romancier, page 238), a eu le malheur de naître en 1962, époque où l'on obligeait les sourds à parler une langue que jamais ils ne pourraient entendre (et même leur interdisait d'apprendre à lire et écrire avant d'être capables de s'exprimer oralement!),et d'avoir un père très strict et buté sur le sujet.
Bertrand Leclair est père d'une jeune fille sourde (16 ans dans le livre), née bien après Julien, et semblant parfaitement bien dans sa peau!
Que de souffrances durant des années dans la vie de Julien, quelles conséquences pour sa famille entière, et encore maintenant ! Bertrand Leclair offre aussi des réflexions intéressantes sur la surdité et l'obligation de la 'parole pure'. Encore maintenant différentes écoles s'affrontent sur le sujet, et j'ai bien ressenti la douleur de l'auteur face à certaines réactions.
Pas seulement informatif (rien que cela serait une raison pour le lire), ce livre est parfaitement écrit et composé, offrant une réflexion sur son écriture au fil du temps.
Les avis de Nadège,
Rétrospectivement j'ai une pensée pour un jeune homme connu il y a longtemps, sourd, à qui l'on avait appris seulement à lire sur les lèvres, et qui s'exprimait maladroitement. Au moins, de mémoire, le groupe ne le laissait pas à l'écart, mais sans bien comprendre ses difficultés... Pas de langue des signes pour lui...
Bertrand Leclair
Actes Sud, 2013
Un endroit où aller
"Je l'ignore, et n'en saurai jamais rien sauf à l'imaginer, moi qui sais seulement que la surdité de Julien n'a été dépistée que plusieurs mois après son premier anniversaire, qui ne sais pas même si ses parents l'ont appris ensemble ou séparément. Tous deux étaient morts depuis des années lorsque j'ai eu vent de l'histoire de leur fils, au cours des ateliers en langue des signes que j'ai animés, l'année 2008, au sein de l'International Visual Theater, à Paris, afin d'aboutir à une pièce de théâtre bilingue qui a été créée depuis, Héritages. Et qui donc pourrait prétendre m'en dire plus? Ni celui que je nomme Julien, ni son frère ni sa soeur n'en savent davantage."
Alors que la langue des signes existe en France depuis le 18ème siècle, elle a été ensuite combattue et interdite, pour devenir seulement en fin du 20ème siècle autorisée à l'école et reconnue comme langue ensuite.
Julien Laporte, dont Malentendus raconte (et imagine parfois) l'histoire (la liberté du romancier, page 238), a eu le malheur de naître en 1962, époque où l'on obligeait les sourds à parler une langue que jamais ils ne pourraient entendre (et même leur interdisait d'apprendre à lire et écrire avant d'être capables de s'exprimer oralement!),et d'avoir un père très strict et buté sur le sujet.
Bertrand Leclair est père d'une jeune fille sourde (16 ans dans le livre), née bien après Julien, et semblant parfaitement bien dans sa peau!
Que de souffrances durant des années dans la vie de Julien, quelles conséquences pour sa famille entière, et encore maintenant ! Bertrand Leclair offre aussi des réflexions intéressantes sur la surdité et l'obligation de la 'parole pure'. Encore maintenant différentes écoles s'affrontent sur le sujet, et j'ai bien ressenti la douleur de l'auteur face à certaines réactions.
Pas seulement informatif (rien que cela serait une raison pour le lire), ce livre est parfaitement écrit et composé, offrant une réflexion sur son écriture au fil du temps.
Les avis de Nadège,
Rétrospectivement j'ai une pensée pour un jeune homme connu il y a longtemps, sourd, à qui l'on avait appris seulement à lire sur les lèvres, et qui s'exprimait maladroitement. Au moins, de mémoire, le groupe ne le laissait pas à l'écart, mais sans bien comprendre ses difficultés... Pas de langue des signes pour lui...
Commentaires
un enfant sourd peut tout aussi bien mixer les deux langues : lecture labiale et langue des signes, les enfants sont capables d'apprendre facilement très jeunes
je vais noter ce livre à destination d'étudiants
Oui, note, j'espère que cela permettra d'ouvrir des horizons.
Maintenant de plus en plus il y a une traduction en langue des signes à la télé; très bien (mais je n'y comprends rien. ^_^)
Pareil, j'ai été révoltée et dans l’incompréhension. Il semble que tout ne soit pas encore facile facile, mais il y a eu des progrès.
Je disais que je n'avais pas lu ce livre, mais que ta dernière phrase ne me surprenait guère : Leclair a une très belle plume et parle admirablement du geste d'écriture.
(je réfléchis aussi : les sourds préservent le silence, et dans notre monde actuel, c'est précieux)