Je vais aussi proposer au fil du temps des billets présentant plusieurs livres, car ça s'est pas mal accumulé dans les brouillons... Les couvertures des livres ont disparu depuis l'écriture du billet, je les remets, mais elles peuvent sans doute disparaître...
Ivan Tourgueniev
Ginkgo, 2020
Traduit par Henri Mongault
Préface de Dominique Fernandez
En une quarantaine de pages sans graisse inutile, Tourgueniev conte une histoire noire et crédible. C'est l'époque où les grands propriétaires ont à leur service une multitude de serviteurs, et le servage existe toujours.
Guérassime est un colosse sourd-muet, abattant à lui seul le travail de plusieurs. Sa maîtresse est dure, autoritaire, particulièrement quand elle 'a ses nerfs'. Elle arrange le mariage de deux de ses employés, et ne supporte pas que Guérassime s'occupe d'une petite chienne, Moumou, qu'il a récupérée dans le fleuve.
Ce texte donne à saisir la vie de ces serviteurs dans une bonne maison moscovite, les dialogues sont vifs et bien rendus, et vers la fin, la description de Guérassime marchant dans la campagne est une pure merveille.
La préface de Fernandez est fort intéressante, mais il ne faut surtout pas la lire avant, car comme bien souvent la préface raconte l'histoire! Heureusement on y trouve aussi des considérations fort bien pensées (sur le sacrifice), un peu de biographie de l'auteur, et surtout, permet de réaliser que Moumou est une oeuvre marquante puisqu’elle ne tient pas qu'à son déroulement.
ou le Dit du gaucher bigle de Toula et de la puce d'acier
Nikolaï Leskov
Ginkgo, 2019
Traduit par Paul Lequesne
Préface de Michel Parfenov
Début 19ème siècle, le tsar Alexandre se rend en Angleterre, et se révèle admiratif de tout ce qu'il voit, au grand dam du cosaque Platov. Pour finir, on offre au souverain une puce mécanique qui saute. Heureusement à Toula des artisans vont faire mieux, le gaucher bigle ira jusqu'en Angleterre défendre l'honneur de la Russie!
Ce conte (?) se termine par un constat amer.
"Les machines ont nivelé l'inégalité des talents et des dons, et le génie n'aspire plus à lutter contre le zèle et l'application."
Encore une fois c'est vif, enlevé, parfois tragique, plaisant à lire aussi, surtout grâce à la langue de l'auteur, inventive, et, je trouve, bien traduite pour ce que j'en sens.
Mikhaïl Boulgakov (1891-1940)
Ginkgo, 2019
Traduction de Alexandre Karkovski (1990)(bravo à lui)
Un auteur connu dont je n'avais rien lu, pour un roman publié officiellement en URSS en 1987. On comprend qu'il ne soit pas sorti avant, car ça charge pas mal. Dans les années 20, donc juste après la révolution, le professeur Préobajensky, dont le cabinet et laboratoire de recherches occupent plusieurs pièces dans un immeuble, au grand dam d'autres locataires d’appartements collectifs, recueille un chien errant, Boule. Lequel, blessé, étique, va vite apprécier le confort bourgeois, mais devenir sans son consentement sujet d'expérience. Le voilà devenu humain, marchant, parlant, mais ayant acquis les défauts d'un homme.
Le début, vu par les yeux du pauvre Boule, est parfaitement hilarant. On se sent vraiment 'chien'. Ensuite, la situation dans l’appartement déborde complètement, ça court, ça discute, ça dégénère. Avec une critique du système politique et social.
"Si vous vous souciez de votre digestion, je n'ai qu'un conseil à vous donner : ne parlez à table ni de bolchevisme ni de médecine. Et surtout, ne lisez pas les journaux soviétiques avant le repas, au grand jamais!
- Hum... C'est-à-dire qu'il n'y en a pas d'autres.
- Précisément, n'en lisez aucun. (...) Les patients qui ne lisaient pas les journaux se portaient comme un charme. Et ceux que j'ai obligé à lire la Pravda, ils me perdaient du poids.(...) Et ce n'est pas tout. Mauvais réflexe rotulien, absence d'appétit, humeur dépressive."
Commentaires
Tu as des flops avec Dostoievsky ? Tu as lu "Souvenirs de la maison des morts" ?
J'ai moi aussi un petit stock de livres Ginkgo à lire... je les ai achetés il y a un moment.
Ah Dosto! J'ai essayé, tu sais, craqué à plus de la moitié de L'idiot, lu Les nuits blanches sans entrain, etc.
Ginkgo propose vraiment des bons textes, et des rééditions de bouquins introuvables. Par exemple Récit d'un voyage à pied à travers la Russie et la Sibérie tartare, un voyageur anglais vers 1820. C'est dans ma bibli, je l'ai lu.
Bon de ces 3 titres, seuls le 1er et le 3ème me tentent. Mais bon, je sors d'un abandon avec Tcheckhov donc pour l'instant, je vais me tenir à distance de la littérature russe !
Bonne fin de semaine.
Tchékhov, juste vu au théâtre, et, heu, faut vraiment que les mises en scène et acteurs soient bons, je m'ennuie un peu.
Ginkgo, j'y reviendrai!