Tout est possible
Anything is possible
Elizabeth Strout
Fayard, 2018
Traduit par Pierre Brévignon
Auteur de Olive Ketterige, prix Pulitzer 2009, Elizabeth Strout fait partie de ceux qu'on veut suivre, en particulier Je m’appelle Lucy Barton m'avait tapé dans l'oeil (en vain car pas disponible) et heureusement je n'ai pas raté ce Tout est possible. Finalement je pourrais carrément recopier une partie de mon billet sur Olive Ketteridge!
Avec neuf histoires d'une trentaine de pages, l'on pourrait se croire dans un recueil de nouvelles, par exemple dans L'écriteau, Tommy Guptil rend visite à Pete, sorte d'ours solitaire dont il saura percer la carapace avec patience et gentillesse. Ce Pete est le frère de Lucy Barton, dont on retrouvera la nièce lycéenne dans Eoliennes, etc., chaque histoire permet de de voir revenir des personnages principaux, mais en secondaires, ou bien l'on connaît une suite juste au détour d'une conversation. Cela donne vraiment un ensemble et contribue au plaisir de lecture.
Ce qui est toujours remarquable aussi, c'est la façon de raconter, simplement, efficacement, de donner à saisir les atmosphères, les dialogues, juste assez pour laisser deviner les non-dits. Il ne va pas se dérouler des événements catastrophiques ou grandioses, juste la vie telle qu'on la connaît, avec des personnages parfois blessés et rarement méchants.
Amy et Isabelle
Amy and Isabelle, 1998
Elisabeth Strout
Pocket, 2002
Traduit par Suzanne V. Mayoux
Au cours d'un été sec et caniculaire, Isabelle, comme toujours depuis 15 ans, est à son poste de secrétaire dans une usine, se pensant amoureuse (sans espoir) de son patron, essayant de garder ses distances avec ses collègues bavardes dont elle se sent (discrètement) supérieure. Isabelle a en effet fréquenté l'université, mais a dû abandonner ses études pour s'occuper d'Amy , son bébé. Pleine d'espoir d'une vie meilleure, elle s'est installée à Shirley Falls, échouant par ailleurs à s'intégrer pleinement dans l'église congrégationaliste.
Amy est lycéenne et a obtenu un petit boulot d'été à cette usine. Mais entre elle et sa mère règne silence, hostilité et froideur. A la maison, elles se côtoient, sans plus.
La raison? Un certain Robertson, professeur de mathématiques d'Amy pour un remplacement. Tiens, pour une fois dans un roman ce n'est pas un professeur de lettres... Mais Robertson saura plaire à l'adolescente en lui parlant poésie, ouf, les traditions sont respectées. Sauf que là l'histoire va aller un poil trop loin!
Voilà un roman sur les relations mère/fille. Isabelle a reproduit avec Amy ce qu'elle a vécu enfant et adolescente, à savoir peu d'ouverture vers l'extérieur. Mais d'autres personnages gravitent autour d'elles, et c'est tout un petit monde que le lecteur souvent omniscient découvre. Une petite ville avec des quartiers bien séparés, des classes sociales aussi. Une fin magnifique ouvre l'avenir sur de nombreuses années futures.
Au cours du roman Isabelle va évoluer, découvrir la chaleur de l'amitié avec quelques collègues à qui elle dévoile quelques pans de son passé. Il me reste à m'interroger sur Robertson, au départ même s'il avait été une femme enseignante j'aurais trouvé son comportement inapproprié à l'égard d'une adolescente peu sûre d'elle, mais ensuite en tant qu'homme mûr il est inexcusable.
Et enfin, de retour de réparation à la bibli, voici Je m'appelle Lucy Barton. Réparation qui hélas ne résistera pas à plusieurs lectures.
Je m'appelle Lucy Barton
My name is Lucy Barton, 2016
Elisabeth Strout
Fayard, 2017
Traduit par Pierre Brévignon
Dans Tout est possible Lucy Barton revenait dans la petite ville de son enfance, mais là cela se passe bien avant. Alors qu’elle est hospitalisée durant de longues semaines, à New York où elle habite avec son mari et ses deux petites filles, elle reçoit la visite de sa mère. Les deux femmes parlent, les questions de Lucy n'ont pas toujours de réponses. Les souvenirs d'une enfance dure reviennent. La mère préfère lui apprendre ce que sont devenus des habitants de sa ville.
Par ailleurs Lucy nous parle de ses voisins, de son désir d'écrire.
Cela se dévore, n'est pas d'une gaieté folle, mais est bourré d'humanité, de subtilité, de non dits...
Lors d'un stage avec un auteur, son avis sur ce qu’elle est en train d'écrire:
"... c'est très bon. ce sera publié. Mais les gens vous reprocheront de parler à la fois de la pauvreté et de la violence domestique. (...) Les gens vous diront qu'on peut très bien être pauvre sans être violent, et vous ne leur répondrez jamais rien. Ne défendez jamais votre travail. Votre historie parle d'amour, vous le savez bien. C'est l'histoire d'un homme qui, tous les jours de sa vie, a été tourmenté par ses actions pendant la guerre. C'est l'histoire d'une femme qui est restée avec lui, parce que c'est ainsi que se comportaient la plupart des femmes de sa génération, et qui vient voir sa fille à l'hôpital. Elle se met à parler de façon compulsive de tous les couples qui vont mal autour d'elle, mais elle ne s'en rend pas compte. Elle ne se rend mêem pas compte de ce qu'elle fait. C'est l'histoire d'une mère qui aime sa fille. D'un amour imparfait. Parce que nous aimons tous d'un amour imparfait. Mais si, en écrivant, vous vous surprenez à protéger quelqu'un, alors ayez cela bien à l'esprit : vous faites fausse route."
"Vous n'aurez jamais qu'une histoire à raconter. Et vous l'écrirez de différentes façons. Ne vous tracassez jamais pour votre histoire. Vous n'en avez qu'une."
Voir l'avis de Electra, bis, il y a aussi une suite Olive, again! et avis de manou
Trois d'un coup, ça va dans le challenge de Phildes!
Anything is possible
Elizabeth Strout
Fayard, 2018
Traduit par Pierre Brévignon
Auteur de Olive Ketterige, prix Pulitzer 2009, Elizabeth Strout fait partie de ceux qu'on veut suivre, en particulier Je m’appelle Lucy Barton m'avait tapé dans l'oeil (en vain car pas disponible) et heureusement je n'ai pas raté ce Tout est possible. Finalement je pourrais carrément recopier une partie de mon billet sur Olive Ketteridge!
Avec neuf histoires d'une trentaine de pages, l'on pourrait se croire dans un recueil de nouvelles, par exemple dans L'écriteau, Tommy Guptil rend visite à Pete, sorte d'ours solitaire dont il saura percer la carapace avec patience et gentillesse. Ce Pete est le frère de Lucy Barton, dont on retrouvera la nièce lycéenne dans Eoliennes, etc., chaque histoire permet de de voir revenir des personnages principaux, mais en secondaires, ou bien l'on connaît une suite juste au détour d'une conversation. Cela donne vraiment un ensemble et contribue au plaisir de lecture.
Ce qui est toujours remarquable aussi, c'est la façon de raconter, simplement, efficacement, de donner à saisir les atmosphères, les dialogues, juste assez pour laisser deviner les non-dits. Il ne va pas se dérouler des événements catastrophiques ou grandioses, juste la vie telle qu'on la connaît, avec des personnages parfois blessés et rarement méchants.
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Amy and Isabelle, 1998
Elisabeth Strout
Pocket, 2002
Traduit par Suzanne V. Mayoux
Au cours d'un été sec et caniculaire, Isabelle, comme toujours depuis 15 ans, est à son poste de secrétaire dans une usine, se pensant amoureuse (sans espoir) de son patron, essayant de garder ses distances avec ses collègues bavardes dont elle se sent (discrètement) supérieure. Isabelle a en effet fréquenté l'université, mais a dû abandonner ses études pour s'occuper d'Amy , son bébé. Pleine d'espoir d'une vie meilleure, elle s'est installée à Shirley Falls, échouant par ailleurs à s'intégrer pleinement dans l'église congrégationaliste.
Amy est lycéenne et a obtenu un petit boulot d'été à cette usine. Mais entre elle et sa mère règne silence, hostilité et froideur. A la maison, elles se côtoient, sans plus.
La raison? Un certain Robertson, professeur de mathématiques d'Amy pour un remplacement. Tiens, pour une fois dans un roman ce n'est pas un professeur de lettres... Mais Robertson saura plaire à l'adolescente en lui parlant poésie, ouf, les traditions sont respectées. Sauf que là l'histoire va aller un poil trop loin!
Voilà un roman sur les relations mère/fille. Isabelle a reproduit avec Amy ce qu'elle a vécu enfant et adolescente, à savoir peu d'ouverture vers l'extérieur. Mais d'autres personnages gravitent autour d'elles, et c'est tout un petit monde que le lecteur souvent omniscient découvre. Une petite ville avec des quartiers bien séparés, des classes sociales aussi. Une fin magnifique ouvre l'avenir sur de nombreuses années futures.
Au cours du roman Isabelle va évoluer, découvrir la chaleur de l'amitié avec quelques collègues à qui elle dévoile quelques pans de son passé. Il me reste à m'interroger sur Robertson, au départ même s'il avait été une femme enseignante j'aurais trouvé son comportement inapproprié à l'égard d'une adolescente peu sûre d'elle, mais ensuite en tant qu'homme mûr il est inexcusable.
Et enfin, de retour de réparation à la bibli, voici Je m'appelle Lucy Barton. Réparation qui hélas ne résistera pas à plusieurs lectures.
Je m'appelle Lucy Barton
My name is Lucy Barton, 2016
Elisabeth Strout
Fayard, 2017
Traduit par Pierre Brévignon
Dans Tout est possible Lucy Barton revenait dans la petite ville de son enfance, mais là cela se passe bien avant. Alors qu’elle est hospitalisée durant de longues semaines, à New York où elle habite avec son mari et ses deux petites filles, elle reçoit la visite de sa mère. Les deux femmes parlent, les questions de Lucy n'ont pas toujours de réponses. Les souvenirs d'une enfance dure reviennent. La mère préfère lui apprendre ce que sont devenus des habitants de sa ville.
Par ailleurs Lucy nous parle de ses voisins, de son désir d'écrire.
Cela se dévore, n'est pas d'une gaieté folle, mais est bourré d'humanité, de subtilité, de non dits...
Lors d'un stage avec un auteur, son avis sur ce qu’elle est en train d'écrire:
"... c'est très bon. ce sera publié. Mais les gens vous reprocheront de parler à la fois de la pauvreté et de la violence domestique. (...) Les gens vous diront qu'on peut très bien être pauvre sans être violent, et vous ne leur répondrez jamais rien. Ne défendez jamais votre travail. Votre historie parle d'amour, vous le savez bien. C'est l'histoire d'un homme qui, tous les jours de sa vie, a été tourmenté par ses actions pendant la guerre. C'est l'histoire d'une femme qui est restée avec lui, parce que c'est ainsi que se comportaient la plupart des femmes de sa génération, et qui vient voir sa fille à l'hôpital. Elle se met à parler de façon compulsive de tous les couples qui vont mal autour d'elle, mais elle ne s'en rend pas compte. Elle ne se rend mêem pas compte de ce qu'elle fait. C'est l'histoire d'une mère qui aime sa fille. D'un amour imparfait. Parce que nous aimons tous d'un amour imparfait. Mais si, en écrivant, vous vous surprenez à protéger quelqu'un, alors ayez cela bien à l'esprit : vous faites fausse route."
"Vous n'aurez jamais qu'une histoire à raconter. Et vous l'écrirez de différentes façons. Ne vous tracassez jamais pour votre histoire. Vous n'en avez qu'une."
Voir l'avis de Electra, bis, il y a aussi une suite Olive, again! et avis de manou
Trois d'un coup, ça va dans le challenge de Phildes!
Ma bibliothèque en a quatre ! dont Lucy Barton. Je n'ai plus qu'à m'y mettre ... un jour.
RépondreSupprimerUn jour, oui. Mais cela se lit très vite, tu sais.
SupprimerAprès "Olive Kitteridge", une véritable révélation, j'ai aussi continué à la lire! J'ai beaucoup aimé "Amy et Isabelle", mais abandonné "Je m'appelle Lucy Barton" ( dont j'attendais beaucoup) pour cause d'ennui!
RépondreSupprimerJe m'appelle LB est sans doute le moins attractif, j'ai juste noté en fait le lien avec l'écriture chez l'auteur qui est l'héroïne .
Supprimerencore une auteure à découvrir mais pas dans l'urgence car je déteste de plus en plus me dépêcher pour lire. C'est sûr je rate des livres mais il y a trop de sollicitations.
RépondreSupprimerTu sais, souvent on ne note pas, ou alors dans un coin, et des mois plus tard on tombe sur le livre. Rien ne presse, finalement.
SupprimerSuite à l'avis d'Electra, j'ai déjà noté Olive et prévu une LC en septembre, dont je suis très impatiente !!
RépondreSupprimerUne LC avec quoi? (Olive, je viens de vérifier). De toute façon, je pense avoir dégagé le terrain, là. Un autre va paraître d'après electra, mais j'ignore quand.
SupprimerVoilà donc encore un challenge qu'il faut découvrir !
RépondreSupprimerMerci pour ta participation à mon challenge de l'été. Tu as fait vite !
Je n'ai pas encore commencé ma première série.
Bonne soirée.
Heu il s'agit de lectures sur plusieurs mois!
SupprimerAh oui, toi quand tu aimes, tu ne fais pas semblant ! :D Assez curieuse du Olive Ketterige, je crois que je l'avais noté à l'époque mais bon, le temps file...
RépondreSupprimerSi tu n'en lis qu'un... Olive, oui.
SupprimerEn fait je lis sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, au fil des trouvailles, emprunts et envies. Actuellement, ce sont Echenoz et Rouaud, ça va finir par se voir.^_^
un titre que j'avais noté mais qui hélas est toujours en attente
RépondreSupprimerC'est hélas le cas de beaucoup... ^_^
SupprimerA part le dernier, que j'ai lu et présenté sur mon blog, je ne connaissais pas les deux autres. C'est un auteur que j'avais complètement oublié de continuer à lire ! Merci pour cette piqûre de rappel :)
RépondreSupprimerN'hésite pas à poursuivre ta découverte!
SupprimerAh tu donnes envie, je n'ai lu qu'Olive Kitteridge jusque là.
RépondreSupprimerTu vois qu'il y en a d'autres à découvrir.
Supprimerj'ai beaucoup aimé LB je l'ai découverte avec ce roman, et ensuite il y a eu Olive - je reviendrai te lire plus tard, je préfère ne rien savoir pour les deux autres !
RépondreSupprimerLes deux te plairont, et sans doute le prochain, à paraître, avec Olive aussi!
SupprimerMon dieu, comment résister...par lequel me conseilles-tu de la découvrir? j'aime beaucoup le premier titre, le recueil de nouvelles.
RépondreSupprimerLe premier reprend les personnages du troisième, le deuxième se lit comme un tout, essaie Olive Kitteridge, alors?
SupprimerVoilà un bel aperçu de l'univers de cette auteure que je n'ai pas encore lue. Je crois que j'ai commencé "Je m'appelle Lucy Barton" un jour et que je l'ai abandonné aussi vite, ça ne devait pas être le bon moment.
RépondreSupprimerTout à fait, Je m'appelle LB n'est pas le plus attractif, à mon avis. Tente avec un autre titre, il y en a, tu vois.
SupprimerJe en connais pas cette auteure mais tu me donne envie de la découvrir.
RépondreSupprimerDaphné
Elle le mérite, c'est subtil, sans effets de manches.
SupprimerJ'avais beaucoup apprécié Olive Ketteridge et depuis peu, je ne sais trop pourquoi, ses autres romans me font de l'oeil ! ^-^Tu confirmes donc qu'ils sont tout à fait lisibles !
RépondreSupprimerVoilà voilà tu as tout compris!
SupprimerJe n'ai lu qu'Olive Kitteridge je crois. Mais j'aimerais bien renouer avec la dame.
RépondreSupprimerElle le mérite. Je crois savoir qu'il y a une 'suite' à Olive parue récemment (traduite, pas sûr)
SupprimerJe n'ai vraiment adoré que "Olive Kitteridge" ! "Amy et Isabelle" était sympa aussi ... par contre les deux autres me sont tombés des mains ...
RépondreSupprimerLes autres sont plus difficiles, je suis d'accord, même si Tout est possible est très beau. je m’appelle m'a laissée un peu de côté.
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