Le coût de la vie
The cost of living
Deborah Levy
Editions du sous-sol, 2020
Traduit par
Un nom inconnu, vu chez La nuit je mens, et assez d'envie de découvrir pour repérer tout de suite le livre sur le présentoir de la bibli. Sur les conseils du bibliothécaire, j'ai choisi le volet 2 de cette autobiographie et m'y suis plongée sans trop en savoir.
Si on veut, on peut parler d'autobiographie, elle évoque sa venue en Angleterre, son père, la maladie de sa mère (ah ces glaces achetées chez les frères turcs, le cœur se serre), la séparation d'avec son mari, l'installation dans un immeuble pas chauffé et en travaux, l'écriture, et donc son refuge, un cabanon au fond du jardin de Celia.
"Celia, comprenant que je pourrais passer écrire à toute heure du jour et de la nuit, m'a présentée à ses amis comme La Femme tapie dans le Jardin. Tant qu'elle serait là, personne n'aurait autorisation de m'interrompre; ni pour faire la conversation (météo, nouvelles, un gâteau tout juste servi) ni même pour transmettre un message urgent à la Maîtresse de Maison. Se voir respectée et valorisée de la sorte, comme s'il n'y avait rien de plus naturel au monde, était nouveau pour moi. Je l'ignorais encore, mais j'allais écrire trois livres dans ce cabanon, dont celui que vous êtes en train de lire. C'est là que j'ai commencé à écrire à la première personne, à recourir à un Je qui m'est proche sans être moi pour autant."
Vivacité, humour, mordant, dans cette description d'un chambre pour soi très woolfienne. Lisez ce livre, court, intelligent et prenant, ciselé, avec des échos parfois, par exemple la couleur jaune, l'obscurité noire et bleutée... Je l'ai dévoré, trop vite sans doute, mais peu importe...
Avis babelio,
N'ayant pas été trop psychorigide, mais tout de même tenace, j'ai emprunté et lu le volet 1.
Ce que je ne veux pas savoir
Une réponse au 'Pourquoi j'écris' de Georges Orwell (1946)
Things I don't want to know.
A response to Georges Orawell's essay 'Why I write'
Deborah Levy
Éditions du sous-sol, 2020
Traduit par Céline Leroy
Retrouvant avec plaisir ce ton, j'ai (re)découvert une façon de mettre le lecteur tout de suite dans le bain, sans détails inutiles; là voici à Majorque (où, l'hiver il fait si froid!) en pleine interrogation. Puis elle évoque son enfance en Afrique du sud, son 'exil' en Angleterre. C'est à découvrir tout seul, je n'en dis rien, volontairement.
"Ce printemps là, à Majorque, alors que la vie était très compliquée et que je ne voyais tout bonnement pas vers quoi tendre, je songeai que ce vers quoi je pouvais tendre était une prise électrique. Plus utiles encore pour un écrivain qu'une chambre à soi sont les rallonges et une panoplie d'adaptateurs pour l'Europe, l'Asie et l'Afrique."
Lilly a aussi choisi de présenter les deux en même temps. Avis babelio,
Et voici le dernier
Etat des lieux
Real Estate
Deborah Levy
Editions du sous-sol, 2021
Traduit par Céline Leroy
Un vrai plaisir de retrouver la plume de Deborah Levy, vivante, énergique, personnelle. Elle s'apprête à quitter sa cabane chez Célia, séjourne à Paris, en Inde, en Grèce, fête ses soixante ans, laisse partir ses filles quasi adultes. Elle rêve d'une maison bien précise, sans avoir les moyens de l'acquérir, une maison qu'elle n'a pas trouvée de toute façin. "Mon seul projet était la villa avec le grenadier, ses mimosas, sa cheminée en forme d'oeuf d'autruche, la rivière et la barque appelée Sister Rosetta. Je n'avais pas de plan B alors que dans la vie il faut toujours un plan B."
Plein de détails sympathiques, de réflexions. Elle m'a fait noter la lecture de Le cornet acoustique de Leonora Carrington, mais, coïncidence, je me suis aperçue juste après que je l'avais déjà lu et aimé! Si le coeur vous en dit...
Quoi donc? Ah oui, au passage, au sujet des traductions :
"Je savais que ces traductrices et traducteurs talentueux ne créaient pas tant un double de mon livre qu'ils ne lui offraient une nouvelle vie. Faire entendre sa voix dans ce vaste monde impressionnant était le but de l'écriture, l'unique but, même."
Avis babelio,
Commentaires
On va dire que je lis vite.
Woolf est sûrement incontournable pour une écrivaine.
Oui, le cornet acoustique! J'ai relu mon billet, c'est quelque chose, ce roman!
L'auteur loue des cabanes...
Deborah, c'est comme une copine avec qui tu prends un verre !