Sambre
Alice Géraud
JC Lattès, 2023
Grâce à la journaliste Alice Géraud, qui s'est penchée sur ce fait divers dont j'ignorais tout, j'ai vécu des heures de lecture passionnantes et troublantes. Pendant trente ans (oui, trente ans!) à sévi dans un coin du nord peu étendu un homme appelé 'le violeur de la Sambre'. Des dizaines (oui!) de femmes, jeunes pour la plupart, voire des adolescentes (collégiennes) ont été 'agressées' selon un schéma bien reconnaissable. Je passe les détails traumatisants pour les victimes, mais il s'agit bien de viols (à l'époque la justice était encore bien floue sur certaines qualifications). Ensuite leur vie a été cassée, la peur de sortir, ou seule, la boulimie, l'arrêt des études, etc.
Mais comment est-ce possible? Des plaintes perdues, rangées. Souvent les victimes se retrouvent accusées de mentir (elles voulaient sécher les cours?) , on leur pose des questions sur leur vie intime, parfois il s'agit de gamines ne comprenant même pas certains mots. On parle juste d'incidents.
Alice Géraud évoque des dizaines de cas, c'est écrasant, c'est évident, mais pas lassant, je trouve normal qu'elle laisse sa place à toutes.
Au fil du temps des enquêteurs se bougent, quand même. Mais les liens entre les administrations ne se font pas ou mal. Un portrait robot correct a même été établi et distribué dans les gendarmeries. En vain. Quand on a voulu demander une liste d'employés dans les usines du coin, une n'a jamais répondu, justement celle du coupable. Qui par ailleurs poursuit sa vie, de père puis grand père, bien inséré dans la vie de sa commune.
Il sévit aussi dans une proche commune, de l'autre côté de la frontière. Les belges, traumatisés par l'affaire Dutroux, sont un peu plus réactifs et efficaces, ils aident les victimes, mais le lien avec la France ne se fait pas instantanément.
L'ADN du violeur a été récupéré plusieurs fois, mais comme il n'apparaît pas dans les 'fichiers', il demeure anonyme. Au moins cela servira à disculper des suspects au cours des recherches.
Finalement, une arrestation a lieu, puis un procès. Difficile pour les victimes.
On ressort lessivé, ahuri, de cette lecture nécessaire, avec en tête le courage de ces victimes, et aussi la ténacité de certains policiers et enquêteurs.
J'en fais un coup de cœur, un incontournable.
Avis babelio, et ? rien trouvé, faut se bouger!
Quelle horreur ! il doit vraiment être très intéressant, mais aussi certainement insupportable dans les faits et révoltant.
RépondreSupprimerInsupportable et révoltant, oui, j'ai dévoré ce livre, dans un état ... que tu imagines bien!
SupprimerJe note mais pour plus tard car tous ces féminicides me plombent. Quand on voit que l'espace réservé à l'écoute des victimes d'un commissariat tout neuf ouvre sur ...la salle d'attente, on n'est pas rendus...
RépondreSupprimerMême pendant le procès, il y a eu des moments qu'on n'osait pas penser pouvoir exister encore! Bon, je m'agite !
SupprimerJ'ai demandé à ma bibiliothèque de le commander ; c'est fait, il ne devrait pas tarder à arriver.
RépondreSupprimerJe ne dis pas que ce sera une lecture de tout repos, mais tu as bien fait de t'y intéresser.
SupprimerTout à fait le genre d'histoire pour les podcast que j'écris : ce livre est à toi ?
RépondreSupprimerHé non, c'est la bibli de S. qui a fait le job, j'avoue ne pas avoir connu ce livre avant.
SupprimerLis-le, oui, et gare à ta tension, on bout!
on reste en effet estomaqué mais si on se reporte 30 ans en arrière cela devient moins surprenant, je me souviens d'avoir soigné une petite fille de 12 ans manifestement enceinte et de son père et bien personne à l'hopital n'a fait de signalement, rien bouche cousue
RépondreSupprimerIl y a trente ans une femme (ou fillette) agressée devait souvent se justifier (ou être traitée de menteuse). On espère que ça a changé (mais je n'en suis pas sûre à 100%...)
SupprimerTon histoire de gamine, pfff, ça sidère.
oh je le veux celui-là, je le veux!!
RépondreSupprimerOh que oui, il le faut!
Supprimerce genre de livres où je me dis "mais secoue- toi et lis l'insupportable" car il faut avoir les yeux ouverts même si c'est douloureux.
RépondreSupprimerDurant cette lecture j'avais les yeux écarquillés!!! Parfois incroyable.
SupprimerJe l'ai repéré, ce livre, c'est le genre de non fiction qui m'intéresse, même si ce doit être rageant (et le mot est faible) à lire.
RépondreSupprimerRageant, oui, et tous les synonymes que tu trouveras.
SupprimerUn livre qui teint plus du documentaire que du roman, alors.
RépondreSupprimerCela se lit comme un polar (tu vois, je connais ton point faible ^_^). Enquête, et tout, le lecteur connaît le coupable, les flics ne sont pas au top, au début, heureusement certains rachètent la profession.
SupprimerCe doit être assez éprouvant tout de même... Faut avoir envie :-) Ceci dit, encore un élément à charge pour ce qui est de la prise en compte de la parole des victimes.
RépondreSupprimerLis-le, tu verras.
SupprimerOn a tout de même fait quelques progrès depuis ! Enfin un peu ! D'abord sur la définition du mot, ce qui est important; ensuite sur les mentalités qui accusaient toujours la femme d'avoir provoqué le viol par sa tenue, son attitude etc.. Je parle pour la France parce que dans d'autres pays on n'en est pas encore là ! Mais ce n'est pas encore parfait surtout si l'homme occupe une place importante.
RépondreSupprimerOn était aussi avant l'essor de l'ADN.
SupprimerTout est vraiment palpitant.
J'en ai entendu parler dans une émission et j'ai très envie de le lire. Un jour, j'espère.
RépondreSupprimerUne partie de passe en Belgique!!!
SupprimerJe ne sais pas trop si j'ai envie de me mettre dans tous mes états avec ce genre de faits réels mais j'imagine comme ça doit être prenant une fois plongé dedans.
RépondreSupprimerJe confirme qu'on lève difficilement le nez!
SupprimerUn livre éprouvant à lire sans doute, toutes ces victimes ont été courageuses pour arriver à faire valoir leurs droits. Je me demande combien il y en a de cas similaires dans nos campagnes parfois tellement isolées du monde. Le silence dans les familles est terrible. Pour l'instant je passe...
RépondreSupprimerOn a différents cas de figure, le point commun est que ces victimes ont eu du mal à s'en remettre.
SupprimerMaintenant sur blogspot, on doit remettre le nom à chaque fois, j'espère que je ne vais pas oublier de le mettre, sinon j'apparais en anomyne... En tout cas non seulement, j'aime les histoires des journalistes (je pense à Aubenas), mais en plus, je pense que même si le sujet est dur, c'est nécessaire comme tu dis...
RépondreSupprimerTu as tout compris, j'espère que tu pourras lire ce livre!
SupprimerAu sujet des commentaires, je ne peux rien faire je le sens, d'ailleurs ça m'arrive sur d'autres plateformes, en cliquant sur la case vide je retrouve quand même mon nom...
Coucou,
RépondreSupprimerje ne sais plus dans quelle émission j'ai écouté l'auteure mais j'avais été intéressé par cette démarche documentaire sur ce thème et donc par ce livre.
Bisous
J'espère vivement que tu pourras le lire!
SupprimerDéjà repéré, je suis sûre qu'il va me plaire !
RépondreSupprimerJe vois que chez toi aussi, blogger fait des siennes avec les commentaires (moi ça va, il me reconnaît), on n'arrête pas de me le signaler aussi sur mon blog, c'est pénible...
Sur une autre plateforme, je dois cliquer et retrouver mes coordonnées. Sinon, certains n'y arrivent pas, doivent changer d'ordi, etc. Je sais par expérience que blogger s'en moque un peu.
SupprimerJ'ai lu pas mal d'articles dans la presse belge, et j'ai bien envie de lire le livre !
RépondreSupprimerUne affaire de chaque côté de la frontière, en effet!
SupprimerJe ne me sens pas de le lire mais, effectivement, voilà un livre important qui non seulement informe mais fait réfléchir sur les lourdeurs de la machine policière et administrative.
RépondreSupprimerParfaitement résumé. Un livre prenant qui secoue. A noter que deux de mes visiteurs belges en ont entendu parler, et c'est tant mieux.
SupprimerJ'en ai entendu parler récemment (certainement avec la sortie du livre) de cette histoire totalement hallucinante. Surtout si l'on considère comment furent traitées les victimes, le (non) travail de toute une partie de la police etc. ! Je me le note.
RépondreSupprimerC'est à lire, tu l'as bien compris. On est bousculé, bien sûr.
SupprimerJ'ai trouvée scandaleuse la façon dont les victimes ont été traitées par les forces de l'ordre, ça m'a mise en colère. C'est un très bon ouvrage, ceci dit. Agnès
RépondreSupprimerTout à fait d'accord!!! La définition de viol était visiblement inconnue des forces de l'ordre, requalifiée en 'agression'. Même au début, au procès, on a droit à une suspicion de la part d'un magistrat... (de mémoire, je n'ai pas le livre)
SupprimerJ'avais oublié cette émission dans laquelle on parlait de ce "fait divers" ainsi que ta chronique avant de lire celle d'Athalie et d'avoir envie d'acheter ce bouquin. C'est chose faite ! Inimaginable !
RépondreSupprimer@ Philippe D : incroyable en effet, sidérant, bref les mots manquent...
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