Mohawk
Richard Russo
Quai Voltaire, 2011
Traduit par Jean Esch
Dès les premières lignes (et tout du long de ma lecture) j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu ce roman (j'ai vite vérifié : exact) et vécu une agréable redécouverte où l'auteur gardait un poil d'avance sur moi. Une expérience intéressante, prouvant s'il en était besoin que je peux parfaitement relire un polar, par exemple!
Comme il s'agit de Richard Russo, tout s'est bien passé. J'ai retrouvé une ambiance de petite ville jadis florissante grâce à des tanneries bien polluantes, dont les dirigeants refusent d'accepter leur responsabilité dans le taux de maladies des ouvriers.
Il y a bien sûr un dîner, le Mohawk Grill, tenu par Harry, avec à l'étage des tables de poker dont le flic local, l'agent Gaffney, a choisi d'ignorer l'existence. Le neveu de Gaffney mène une existence mystérieuse, protégé des moqueries par Harry; des années plus tôt un accident (dit-on) a rendu le garçon mentalement handicapé.
Autres personnages, Dallas, sur lequel on ne peut pas compter, anciennement marié à la belle fille du coin, Anne. Laquelle a épousé Dallas alors qu'elle était amoureuse de Dan, le fiancé de sa cousine Diana. Ajoutons les mères d'Anne et de Diana, un poil chipies (celle de Diana est carrément invivable), le père d'Anne, que la présence de Rory Gaffney rend malade, et Randall, fils de Dallas et Anne.
Bon, ça fait du monde, mais pas de souci, on s'y retrouve vite. La tonalité générale du roman est assez triste, tous ces gens coincés dans leurs vies, ayant espéré à un moment en changer, telle Anne, mais Mohawk garde un pouvoir d'attraction.
On a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose, cependant la démolition de l'hôpital est capitale, et à la fin tout s'accélère (j'ai eu du mal à suivre!) et tous ces mystères du passé s'éclaircissent pour le lecteur.
J'ai bien sûr aimé l'écriture de l'auteur, sachant peindre ses personnages, et les dialogues.
"Je pourrais même me remarier un de ces jours. (...) Qui sait?
- J'ignorais que tu avais été marié.
- Deux fois, c'est tout. Y'a longtemps.
- Qu'est-ce qui s'est passé?
- Je sais pas. Un truc."
"Dallas observe le calendrier accroché à un aimant sur le distributeur de lait.
'On est en avril, Harry. Tu as l'intention de mettre le calendrier de cette année ou tu vas rester encore en 1971?
- J'aime bien 1971.'
Dallas hoche la tête.
'C'était pas mal, j'avoue.' "
"Discuter avec sa mère, c'était essayer de faire entrer un chat dans un sac, il y avait toujours une patte qui dépassait."
Lecture commune avec sandrine, jelisjeblogue,
Avis babelio,
Commentaires
Le chat, je n'allais pas rater ça!
L'histoire ressemble un peu trop au "Déclin de l'empire Whiting" pour que je me sente vraiment tentée...
Oui, Le déclin est un cran au dessus.