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Hernan Diaz
Editions de l'Olivier, 2023
Traduit par Nicolas Richard
Comme les billets plutôt laudateurs parlaient de construction fûtée, je me suis lancée. Le sommaire et l'indication de quatre parties permet de s'attendre à des surprises.
Tout d'abord, Obligations, de Harold Vanner, nous conte, non pas l'ascension puisqu'il est né dans une (très) riche famille et qu'il est suffisamment intelligent pour ne pas dilapider la fortune de ses ancêtres, mais la réussite de Benjamin Rask fin 19eme siècle début 20ème. De l'intuition, qui lui permettent d'augmenter ladite fortune, de rester au sec lors des crises, y compris celle de 1929. Que lui manque-t-il? Ha oui, une épouse, et voici Helen, qui se lancera dans des œuvres caritatives, accueillera des concertistes, mais hélas sera rattrapée par une cruelle maladie sans doute héréditaire.
Le tout narré de façon assez froide et impeccable, cela me rappelait Henry James, d'ailleurs plus loin le roman évoque l'influence de ce type d'auteurs. Pourquoi pas? Ainsi les épisodes financiers et boursiers ont pu se lire sans encombres et sans tout comprendre.
Deuxième partie, Ma vie, d'Andrew Bevel. Une sorte d'écho de la première partie, encore un type riche, intelligent, modeste, génie de la finance, on l'a accusé d'avoir créé la crise de 29. Il est marié à la belle, douce, discrète, etc. Helen, qui sera emportée par la maladie (pas la même).
Arrive, nous sommes au milieu du livre, Un mémoire, remémoré, de Ida Partenza. Je ne veux pas tout raconter, laissant quelque découverte, mais enfin! voici un personnage ayant dû lutter pour se faire une place, d'origine modeste, travaillant pour Andrew Bevel, et enquêtant des décennies après au sujet de la mystérieuse Mildred. "Tordre la réalité pour la faire coïncider." Voilà le credo d'Andrew Bevel, oui, mais?
Ce qui donnera Futures, portion de Journal de Mildred Bevel, offrant une vision différente de l'histoire. Mais arrivée là j'étais un peu en mode 'Tout ça pour ça'.
Je comprends un peu le Prix Pulitzer, grande fresque américaine, réussite financière, puissance, mais j'ai besoin de m'attacher aux personnages, de les sentir plus incarnés. Les yoyos de la bourse ne m'inspirent pas grand chose (désolée, Mildred). Je comprends le côté volontairement hagiographique de la deuxième partie, je comprends l'opinion laudative de Bevel sur Mildred (au point de me laisser plus qu'agacée par sa perfection), je constate que l'écriture est sans défauts, adaptée à chaque partie. Mais arrivée à la fin, je n'avais plus la force de vibrer, dommage.
De nombreux billets (vous trouverez, par exemple Babelio)(ont aimé, Fanja, ma co lectrice; n'ont pas aimé, Sunalee) , dont certains me donnent plutôt envie de découvrir le roman de Marcus Malte, Qui se souviendra de Phily-Jo? Par exemple Motspourmots qui a lu les deux.
Avis de Je lis, je blogue, Athalie, la petite liste,
Pas la peine de me tenter, dès que j'ai pu, j'ai lu le roman de Marcus Malte...
Commentaires
Ah je compte me lancer dans la lecture des romans de Malte, ce que tu dis est prometteur.
Je note de lire le précédent de Diaz, alors.
J'ai tellement aimé Au loin, de cet auteur, que je lirai celui-là rien que pour retrouver son écriture (mais la sortie poche attendra).
J'ai lu récemment La soustraction des possibles de Joseph Incardona, qui se passe en Suisse, et mets aussi en scène de richissimes personnages qui spéculent et magouillent. Il y adopte un ton très ironique et distancié qui rend l'ensemble très réjouissant.
Et j'attends avec impatience son avis sur le Marcus Malte... il serait temps que je le relise, ça fait bien longtemps, et cet auteur ne m'a jamais déçue.
Oui, j'ai noté Au loin, peut-être oublié trop vite dans mes envies.
Ironique et distancié, ça me va bien en général.
C'était mon premier, et sans doute pas le dernier!
Tu vois que j'aimerais bien lire l'autre roman de l'auteur, c'est un signe quand même!
La rencontre avec Phili-Jo s'est passée au mieux.
Borgésien, rien que cela, et pourquoi pas?
Pour Au loin, là ça me le rappelle...