Swastika night

 

Swastika night

Katharine Burdekin

Incertain futur, éditions Piranha, 2016

Traduit par Anne-Sylvie Homassel

Une uchronie où l'Allemagne a gagné la guerre lors du dernier conflit mondial? Vous me direz, on a déjà vu ou lu ça, et d'ailleurs la postface liste plein de titres du genre 'Et si le troisième Reich l'avait emporté?'

Sauf que là ce roman est paru en 1937. Hé oui, avant même le déclenchement de la guerre. Rien que cela m'a poussée à découvrir cette uchronie. 

Nous sommes environ sept siècles après le 20è, Hitler est vénéré comme un dieu, décrit comme un type blond de plus de deux mètres. La Terre est partagée entre les Allemands et les Japonais. Les autres nations sont asservies.

Comme catégories, en Allemagne existent les chevaliers (le dessus du panier), les nazis et divers ouvriers. Techniquement, c'est encore le 20è siècle. Un monde plutôt violent, où la vie des inférieurs n'a pas d'importance. Peu de personnages, le chevalier von Hess, Herman, un ouvrier agricole assez brut usant peu sa cervelle et Alfred, un anglais en pèlerinage en Allemagne, qui a déjà pas mal réfléchi.

L'ambiance est quand même aux claquements de bottes, et obéissance stricte. Pas trop de nuances.

Figurez vous que ces trois là se retrouvent pour ... discuter sur le pourquoi du comment de la situation, comment c'était avant, etc. Von Hess possède un livre secret qui pourrait les éclairer, mais bien sûr c'est dangereux. La moitié centrale du bouquin consiste en discussions et explications... Il possède aussi une photo de Hitler comme nous le connaissons et là c'est plutôt un choc pour eux. 

Cependant la dernière partie, où Alfred rentre en Angleterre, est plus vivante. On n'échappe pas à une discussion avec Joseph, qui est chrétien. Ha oui les chrétiens existent, considérés comme l'avant dernière catégorie et vivent à part. Et les juifs? Hé bien ils n'y en a plus, éliminés au fils du temps. 

Bon, j'ai parlé d'avant dernière catégorie, parce que la dernière, ce sont les femmes! Méprisées, opprimées, enfermées, juste bonnes à la reproduction (on peut les violer sans encombre quand elles ont seize ans, et les garçons sont enlevés à leurs mères à dix huit mois)

"Alfred, dit l'homme, la femme qui porte tes enfants, Ethel, a eu son bébé. Une fille, hélas. (...)

Oh, j'avais complètement oublié qu'elle était enceinte."

Et encore, Alfred n'est pas le pire des hommes.

Le sort épouvantable réservé aux femmes est vraiment intéressant et troublant.

Bref : ce n'est pas mal fichu et expliqué, ce monde là, mais glaçant et terrifiant. J'ai cependant lu un peu en vitesse certaines explications et théories, intéressée plutôt par la vive imagination de l'auteure.

Avis babelio, Sandrine, le capharnaüm éclairé, 

Défi SF 2025 chez Sandrine.