A propos d'un village oublié
Véronique Mougin
Flammarion, 2025
Mirabelle, petit village de la Drôme, le genre d'endroit où tout se sait, où les histoires de chacun se connaissent, sur plusieurs générations. C'est dans ce genre d'endroit que Marguerite, la grand mère de l'auteure, arrive de Paris au début des années 40.
A Paris ça sent le cramé pour Marguerite, qui a déjà quitté la Hongrie 'juste à temps'. Grâce à la concierge et les voisins, avec des papiers pas trop au point, par exemple n'y figure pas le tampon 'juive', "en rouge et en gros, 1.5 cm sur 3.5". Son mari Louis est travailleur étranger près de Mirabelle, alors, soit!
D'autres réfugiés sont aussi accueillis à Mirabelle, les enfants changent curieusement de nom et sont scolarisés. Des papiers 'comme des vrais' et des carnets de tickets d'alimentation apparaissent. Les lettres de dénonciation 'disparaissent'. Bref, c'est tout un village (ou presque) qui s'y met pour cacher, aider, ou tout simplement garder le silence. La secrétaire de mairie, pourtant fonctionnaire sans reproche, se met à glisser sur la pente du hors la loi. Des coups de téléphone discrets sont donnés.
Bien sûr on peut se dire que tout le monde (ou presque) est bien gentil, que cette époque a vu des crapuleries pas possibles, mais là l'auteure et sa famille remercient à la fin tous les petits rouages qui ont servi à ce que l'auteure soit là pour écrire ce beau bouquin, qui donné sourire et émotion.
J'ai beaucoup aimé le parti pris de l'auteure de courts chapitres consacrés à une personne ayant été un anneau de la chaîne permettant de sauver des gens. Des modestes, trouvant normal d'agir ou râlant intérieurement mais trouvant cela incontournable, finalement. Parfois intervient un dialogue (fictif) avec la grand mère. Le tout n'est pas dénué d'humour et de malice, sur un sujet pareil ce n'était pas si évident, mais je pense que c'est réussi! Une piqûre de rappel sur ces années là n'est pas inutile.
Avis babelio, et pas grand chose sur les blogs, c'était une trouvaille bibli.
Déjà noté quelque part car tout à fait dans mes cordes.
RépondreSupprimer@ Sandrine : complètement!
SupprimerJe connais l'autrice de nom seulement ; ça ne fait pas de mal de rappeler que si les crapules sont nombreuses, d'autres ont trouvé normal de prendre des risques pour rester simplement humains. Ma bibliothèque ne l'a pas ; il n'est pas trop tard pour leur faire une suggestion.
RépondreSupprimer@ Aifelle : figure toi que je ne connaissais rien avant que la (petite) bibli ne l'achète! Je confirme que tu aimeras ces rappels là.
Supprimerjamais inutile en effet! Tout comme les remerciements
RépondreSupprimer@ eimelle : cela pouvait se jouer à peu de choses...
Supprimeroui, ça fait du bien de rappeler qu'il y avait aussi de l'aide et de la solidarité durant cette période tourmentée
RépondreSupprimer@ Alexandra : J'aime bien ces histoires qui le montrent aussi...
SupprimerC'est intéressant aussi ce point de vue sur les maillons de la chaîne, comme tu dis, des gens qui ne font presque rien ou se contentent seulement de se taire, mais qui font exister cette solidarité collective (à l'inverse du climat collectif de suspicion).
RépondreSupprimer@ nathalie : tout n'était pas visible, mais réel.
SupprimerÇa me fait penser à Dieulefit, village de Haute-Loire dont plusieurs habitants ont été déclarés Justes.
RépondreSupprimer@ Sacha : ici c'est dans la Drôme. Je vérifie, Dieulefit aussi.
SupprimerToujours bon de rappeler que la solidarité est une chaîne faite de moult maillons...
RépondreSupprimer@ Géraldine : même si on pense qu'on n'a pas fait grand chose, tout peut compter.
SupprimerPour le côté malicieux sur un pareil sujet.
RépondreSupprimer@ Alex : cela peut étonner, car quand même le sujet est dramatique, mais le parti pris de l'auteure est très bien passé.
Supprimerc'est évident que beaucoup de juifs ont été sauvés par des gens qui ne se sentaient pas des "héros" mais ne voulaient tout simplement pas qu'on traite des gens de cette façon.
RépondreSupprimer@ luocine : exactement, et parfois il suffisait de peu, même ne pas dénoncer avait son importance.
SupprimerJ'avais lu quelque chose de cette autrice il y a un moment déjà, pour un jury littéraire et j'avais trouvé effectivement un côté un peu "tout le monde est gentil" donc apparemment c'est sa veine. Je peux concevoir que ça repose de l'actualité :-)
RépondreSupprimer@ Nicole : on ne peut trop discuter cette façon de voir car sinon l'auteure ne serait pas là! Mais cela fait du bien, se rapproche sans doute de ce qui arrivait quand même. D'ailleurs il y a des rappels sobres de ce qui arrivait à ceux non sauvés.
Supprimerça me rappelle le roman de xxxx zut son nom m'échappe, mince, un romancier, qui a découvert récemment que ses grands-parents avaient caché des familles juives chez eux à Biarritz mais n'en avaient jamais reparlé, trouvant ça normal (et donc pas inscrits comme Justes). Mes grand-parents ont aussi aidé des gens pendant la guerre mais ils avaient peur de se faire attraper. Si 70% des Juifs français ont survécu, c'est qu'il y a eu une vraie chaine de solidarité, mais on n'en a jamais parlé après la guerre. Ma grand-mère m'a dit que tout le monde voulait tourner la page. Ca été dur pour ceux revenus des camps ce silence de plomb. Mais la guerre ça chamboule tout. C'est bien d'en reparler.
RépondreSupprimer@ Electra : je n'ai rien trouvé, seulement justement d'autres histoires du même genre. Qui finalement font comprendre comment beaucoup de juifs ont survécu. Le danger était réel pour ceux qui cachaient, et leur famille... Bravo à eux.
SupprimerJe peux faire un copier/coller du commentaire de Sandrine.
RépondreSupprimer@ Violette : on t'attend! Le livre est court.
SupprimerJ'ai lu un titre de cette auteure, mais je n'en sais plus le titre. Celui-ci m'est inconnu, mais pourrait me plaire...
RépondreSupprimer@ Philippe ! le genre de livre qui me plait bien aussi.
SupprimerContente de te retrouver...déjà hier j'ai eu du mal à visiter tous mes blogs amis, parce que tout le matin pas de réseau internet, ni d'électricité à cause des intempéries !! Bon ce matin, ça marche et je découvre ta dernière chronique, un titre que je ne connaissais pas et j'apprécie en effet de découvrir un roman positif qui nous parle de solidarité, de petits gestes de chacun qui ont sauvé des vies et de personnes qui l'ont fait sans peur et sans se poser de questions. Merci je vais le noter en espérant qu'il soit présent en médiathèque
RépondreSupprimer@ manou : je pense que ça te plaira (contente de ton retour!). Tu sais, certains étaient réticents ou peureux, mais ils ont fait partie de la chaine!
SupprimerJe n'en avais jamais entendu parler, ça m'intéresse et je viens de le réserver.
RépondreSupprimer@ Cath L : le genre de livre qui fait du bien!
SupprimerCa me fait penser à Arrens-Marsous, village des Hautes-Pyrénées où une partie de la population se ligue pour héberger et scolariser des mineurs isolés que les services du département refusent de prendre en charge.
RépondreSupprimer@ Anne-yes : exact, de nos jours il y a encore des combats à mener pour que chaque personne en France vive correctement.
SupprimerEVidemment, je le note. Mais pour quand?
RépondreSupprimer@ miriam : dans les 200 pages, tu y arriveras!
SupprimerForcément intéressant ! J'aime bien ce genre de focus fait sur des gens "modestes" transformés en "héros" le temps d'une action décisive dans l'histoire.
RépondreSupprimer@ Fanja : voilà! Et on se pose aussi la question 'qu'aurais-je fait?'
SupprimerJe me souviens avoir lu dans un article, que si un certain nombre de Juifs en France a réchappé de la Shoah, c'est qu'il y a quand même eu pas mal de gens pour les cacher et les aider... ceci évidemment n'effaçant pas tout ce que l'Etat français a fait, avec l'aide des collabos. Ceci étant dit, c'est bien ce type d'ouvrages, cela donne à voir ce que les "gens ordinaires" ont fait , que chaque petit geste compte, parfois bien plus qu'on ne le pense.
RépondreSupprimer@ Choup : On dit aussi que la France rurale et les petits villages étaient fort utiles pour cacher les gens, la densité de population étant bien plus faible qu'n Hollande, par exemple.
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