La pension Lirriper
L'héritage de Mme Lirriper
Charles Dickens
Durant des années, Dickens faisait paraître au moment de Noël des histoires assez courtes, la plus célèbre étant
Un chant de Noël, mais en lisant sa biographie par Peter Ackroyd, j'ai pris note de La pension Lirriper(1863) et L'héritage de Mme Lirriper (1864).
J'ai donc eu le bonheur de faire connaissance d'une des "créations" de Dickens : cette Madame Lirriper mérite le détour! Elle m'a fait éclater de rire plus d'une fois.
La brave dame a la soixantaine, elle est veuve depuis pas mal d'années après deux ans de mariage, et pour gagner sa vie elle loue des chambres au numéro 81, Norfold Street, Strand, dans la bonne ville de Londres.
C'est elle la principale narratrice, et la bavarde parle de son mari, de ses bonnes, de ses locataires et de sa concurrente directe dans la même rue avec un langage très personnel, d'un seul souffle, disant ce qui lui passe par la tête, et retombant toujours sur ses pieds après toutes ses digressions. Quel génial personnage Dickens a encore sorti de sa tête!
Monsieur Lirriper:
Il y a quarante ans que mon pauvre Lirriper et moi nous nous sommes mariés à l'église de Saint-Clément-le-Danois où j'ai maintenant ma place dans une stalle très agréable avec des gens distingués et mon coussin personnel et un faible pour l'office du soir vu qu'il n'y a pas trop de monde. Mon pauvre Lirriper était un bel homme bien bâti avec des yeux lumineux et une voix qui était douce comme un instrument de musique fait de miel et d'acier, mais il avait toujours été bon vivant, vu qu'il était dans la représentation commerciale et que sa tournée était ce qu'il appelait un vrai four à chaud, "une tournée sèche, ma chère Emma", qu'il me disait mon pauvre Lirriper, "où il faut bien que j'arrose la poussière en buvant quelque chose ou n'importe pendant toute la journée et la moitié de la nuit et c'est cela qui m'use Emma". Et c'est ce qui l'amenait à ne pas asse regarder à la dépense et peut-être bien qu'il n'a pas assez regardé la barrière de péage non plus le jour où cet horrible cheval qui ne voulait jamais rester tranquille un seul instant a démarré d'un seul coup, sans cela il aurait vu qu'elle était fermée (il faut dire que c'était la nuit) et forcément la roue s'est accrochée et mon pauvre Lirriper et sa carriole ont été réduits en miettes et il ne devait plus jamais ouvrir la bouche après cela. C'était un bel homme bien bâti et qui avait le coeur jovial et le caractère facile; mais si elles avaient déjà existé à ce moment-là elles n'auraient jamais pu rendre la douceur de sa voix et d'ailleurs d'une façon générale je trouve que les photographies manquent de douceur et qu'elles vous font ressembler à un champ qu'on vient de labourer.
Au sujet de sa concurrente directe Melle Wozenham:
Comment Mlle Wozenham (un peu plus loin dans la rue sur l'autre trottoir) a pu s'arranger avec son sens de l'honneur (si elle en a un ) lorsqu'elle a débauché de mon service Mary-Ann Perkinsop, cela elle seule le sait; quant à moi je n'en sais rien et je ne veux pas savoir comment on se fait des idées sur un point quelconque chez Wozenham.
Dickens nous raconte aussi joliment l'histoire d'une jeune femme non mariée qui meurt en mettant au monde un enfant que Madame Lirriper et son locataire le commandant Jackman élèveront à la pension comme leur fils.
Puis les trois personnages retrouveront en France (oui, il existe aussi des passages hilarants car Madame Lirriper ne comprend pas le français) le père du jeune Jemmy qui sur son lit de mort recevra le pardon des deux adultes, Jemmy restant ignorant de la vérité. Et Madame Lirriper se réconciliera avec Mlle Wozenham et lui viendra en aide.
Tout est bien qui finit bien!
Comme Sylvère Monod le dit dans la préface , "ces contes et nouvelles restent des œuvres marquées par leur époque. Il serait vain de dissimuler que, dans la mesure où ces livres cherchent à défendre et illustrer des valeurs,ce sont celles du cœur plus encore que celles de l'intelligence. Mais pourquoi chercherait-on à le dissimuler? Pourquoi le monde d'aujourd'hui refuserait-il d'être touché par la tendresse, la générosité, la délicatesse qui émanent e telles œuvres, où elles sont servies avec un art ferme et mûr? Notre temps n'est pas friand de vertu, de gentillesse, d’élévation d'âme, de profondeur de sentiment. Il ne serait pas loyal de ne pas souligner que Dickens écrivait en premier lieu pour ses contemporains, pour un public qui en avait le goût. Mais la qualité de sa prose et de son imagination a permis à son œuvre de triompher de l'épreuve du temps; on peut espérer que ses éminents mérites littéraires permettront aux (...) lecteurs (...) de lui pardonner d'être en même temps, à l'évidence, un homme de cœur, voire de lui en être reconnaissant."
papillon Il y a 3 ans
@ Schlabaya
Tu as une bonne bibli, dis donc!
Tu verras, il y a d'autres récits de Noel dedans, mais je n'ai lu que ces deux là.
L'héritage de Mme Lirriper
Charles Dickens
Durant des années, Dickens faisait paraître au moment de Noël des histoires assez courtes, la plus célèbre étant
Un chant de Noël, mais en lisant sa biographie par Peter Ackroyd, j'ai pris note de La pension Lirriper(1863) et L'héritage de Mme Lirriper (1864).
J'ai donc eu le bonheur de faire connaissance d'une des "créations" de Dickens : cette Madame Lirriper mérite le détour! Elle m'a fait éclater de rire plus d'une fois.
La brave dame a la soixantaine, elle est veuve depuis pas mal d'années après deux ans de mariage, et pour gagner sa vie elle loue des chambres au numéro 81, Norfold Street, Strand, dans la bonne ville de Londres.
C'est elle la principale narratrice, et la bavarde parle de son mari, de ses bonnes, de ses locataires et de sa concurrente directe dans la même rue avec un langage très personnel, d'un seul souffle, disant ce qui lui passe par la tête, et retombant toujours sur ses pieds après toutes ses digressions. Quel génial personnage Dickens a encore sorti de sa tête!
Monsieur Lirriper:
Il y a quarante ans que mon pauvre Lirriper et moi nous nous sommes mariés à l'église de Saint-Clément-le-Danois où j'ai maintenant ma place dans une stalle très agréable avec des gens distingués et mon coussin personnel et un faible pour l'office du soir vu qu'il n'y a pas trop de monde. Mon pauvre Lirriper était un bel homme bien bâti avec des yeux lumineux et une voix qui était douce comme un instrument de musique fait de miel et d'acier, mais il avait toujours été bon vivant, vu qu'il était dans la représentation commerciale et que sa tournée était ce qu'il appelait un vrai four à chaud, "une tournée sèche, ma chère Emma", qu'il me disait mon pauvre Lirriper, "où il faut bien que j'arrose la poussière en buvant quelque chose ou n'importe pendant toute la journée et la moitié de la nuit et c'est cela qui m'use Emma". Et c'est ce qui l'amenait à ne pas asse regarder à la dépense et peut-être bien qu'il n'a pas assez regardé la barrière de péage non plus le jour où cet horrible cheval qui ne voulait jamais rester tranquille un seul instant a démarré d'un seul coup, sans cela il aurait vu qu'elle était fermée (il faut dire que c'était la nuit) et forcément la roue s'est accrochée et mon pauvre Lirriper et sa carriole ont été réduits en miettes et il ne devait plus jamais ouvrir la bouche après cela. C'était un bel homme bien bâti et qui avait le coeur jovial et le caractère facile; mais si elles avaient déjà existé à ce moment-là elles n'auraient jamais pu rendre la douceur de sa voix et d'ailleurs d'une façon générale je trouve que les photographies manquent de douceur et qu'elles vous font ressembler à un champ qu'on vient de labourer.
Au sujet de sa concurrente directe Melle Wozenham:
Comment Mlle Wozenham (un peu plus loin dans la rue sur l'autre trottoir) a pu s'arranger avec son sens de l'honneur (si elle en a un ) lorsqu'elle a débauché de mon service Mary-Ann Perkinsop, cela elle seule le sait; quant à moi je n'en sais rien et je ne veux pas savoir comment on se fait des idées sur un point quelconque chez Wozenham.
Dickens nous raconte aussi joliment l'histoire d'une jeune femme non mariée qui meurt en mettant au monde un enfant que Madame Lirriper et son locataire le commandant Jackman élèveront à la pension comme leur fils.
Puis les trois personnages retrouveront en France (oui, il existe aussi des passages hilarants car Madame Lirriper ne comprend pas le français) le père du jeune Jemmy qui sur son lit de mort recevra le pardon des deux adultes, Jemmy restant ignorant de la vérité. Et Madame Lirriper se réconciliera avec Mlle Wozenham et lui viendra en aide.
Tout est bien qui finit bien!
Comme Sylvère Monod le dit dans la préface , "ces contes et nouvelles restent des œuvres marquées par leur époque. Il serait vain de dissimuler que, dans la mesure où ces livres cherchent à défendre et illustrer des valeurs,ce sont celles du cœur plus encore que celles de l'intelligence. Mais pourquoi chercherait-on à le dissimuler? Pourquoi le monde d'aujourd'hui refuserait-il d'être touché par la tendresse, la générosité, la délicatesse qui émanent e telles œuvres, où elles sont servies avec un art ferme et mûr? Notre temps n'est pas friand de vertu, de gentillesse, d’élévation d'âme, de profondeur de sentiment. Il ne serait pas loyal de ne pas souligner que Dickens écrivait en premier lieu pour ses contemporains, pour un public qui en avait le goût. Mais la qualité de sa prose et de son imagination a permis à son œuvre de triompher de l'épreuve du temps; on peut espérer que ses éminents mérites littéraires permettront aux (...) lecteurs (...) de lui pardonner d'être en même temps, à l'évidence, un homme de cœur, voire de lui en être reconnaissant."
papillon Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
kathel
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Leiloona
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
maeve
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
A_girl_from_earth
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Neph
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Thaïs
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
loulou
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
bladelor
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Brize
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Aifelle
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Aelys
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keisha
Il y a 3 ans
fashion
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keisha
Il y a 3 ans
Mango
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keisha
Il y a 3 ans
esmeraldae
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keisha
Il y a 3 ans
chris89
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Soie
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keisha
Il y a 3 ans
Choco
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keisha
Il y a 3 ans
Sandrine(SD49)
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keisha
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keisha
Il y a 3 ans
la Pyrénéenne
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keisha
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kalistina
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keisha
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Stephie
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keisha
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aBeiLLe
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keisha
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valérie
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Theoma
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Maeve
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Karine :)
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keisha
Il y a 3 ans
Manu
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Marie
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keisha
Il y a 3 ans
Marie L.
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Schlabaya
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
Schlabaya
Il y a 3 ans
keisha
Il y a 3 ans
@ Schlabaya
Tu as une bonne bibli, dis donc!
Tu verras, il y a d'autres récits de Noel dedans, mais je n'ai lu que ces deux là.
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