Entre les actes
Virginia Woolf
La pochothèque, 2004 (1939)
Après lecture de La traversée des apparences (son premier roman), j'ai voulu faire le grand écart et découvrir le dernier roman de Virginia Woolf.
Dans une demeure de la campagne anglaise résident
Barthélémy (ancien de l'armée des Indes) , sa soeur Lucie (dite Cindy ou
La vieille Camelote), son fils Giles (agent de change à
la City), son épouse Isabelle et leurs jeunes enfants. Plus la
domesticité, nombreuse bien sûr. Arrivent Mrs Manresa et son ami William
Dodge, juste le jour où une représentation théâtrale doit
avoir lieu : les acteurs sont les proches villageois, le thème,
l'histoire d'Angleterre, l'auditoire, le reste des autochtones...
Virginia Woolf s'est visiblement bien amusée à inventer cette pièce de théâtre qui frôle souvent le pastiche,
mais elle va jusqu'à mêler savamment dialogues de la pièce et
remarques des spectateurs. Personnellement j'ai vraiment retrouvé
l'ambiance des troupes d'amateurs où l'auditoire cherche à retrouver qui
se cache sous tel déguisement...
Pourtant la scène finale avec les miroirs fait naître un réel moment
de malaise, mais dans un superbe passage Mrs Manresa se joue de la
situation.
Les sentiments d'Isabelle à l'égard de son mari sont peints
délicatement de façon admirable et subtile tout le long du roman (amour,
haine), un troisième homme est dans l'ombre, Giles s'intéresse
à Mrs Manresa, William Dodge ne peut guère avoir de l'importance,
jusqu'à la fin géniale (si!):
« Le rideau se lève. Ils parlent. »
Que dire? C'est superbe! Au moyen d'une écriture très dépouillée,
Virginia Woolf fait passer efficacement l'ironie, la tension, met à nu
mes âmes.
Un roman à savourer.
« Il pose le journal et ils regardent tous le ciel pour voir si le
ciel obéit au météorologue. Sans aucun doute le temps est variable. Le
jardin est tantôt vert, tantôt gris. Le soleil se
montre – et une extase de joie infinie se répand, embrasant toutes
les fleurs, toutes les feuilles. Puis, par compassion, il se retire, se
cachant le visage, comme pour s'abstenir de regarder la
souffrance humaine. Il y a un certain relâchement, un manque de
symétrie et d'ordre dans les nuages, qui s'amincissent puis
s'épaississent. Obéissent-ils à leur loi propre, ou à aucune loi? Les
uns sont de simples mèches de cheveux blancs. Il y en a un, très
haut, très loin, qui s'est solidifié en albâtre doré, qui est fait de
marbre immortel. Au-delà, c'est le bleu, le bleu pur, le
bleu noir; le bleu qui n'a jamais filtré jusqu'à la terre; le bleu
qui échappe à toute classification. Il n'est jamais tombé, comme le
soleil, l'ombre ou la pluie sur le monde; mais il dédaigne
la petite boule colorée qu'est la Terre. Aucune fleur ne l'a senti;
aucun champ; aucun jardin. »
Cachou Il y a 2 ans
@ Lou
Très subtil, il ne faut pas rater les détails... Heureusement que je l'ai lu en français!
Cachou Il y a 2 ans
keisha
Il y a 2 ans
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keisha
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Il y a 1 an
keisha
Il y a 1 an
@ Lou
Très subtil, il ne faut pas rater les détails... Heureusement que je l'ai lu en français!
Commentaires
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