En Patagonie
Bruce Chatwin
Les cahiers rouges, Grasset, 2010
(paru en 1977)
Comme j'avais déjà lu L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, et que le thème "Voyages" du blogoclub est tout à fait pour moi, j'ai donc choisi de parler de l'ouvrage que j'avais proposé, qui prenait la poussière sur mes étagères depuis près d'un an. La Patagonie est un coin dont la découverte m'attire, il ne manque qu'un peu de dollars et des vacances assez longues à la bonne période, alors autant suivre Bruce Chatwin.
Bruce Chatwin (1940-1989), auteur de récits de voyage qui l'ont rendu célèbre, a passé 6 mois en Patagonie . Pourquoi la Patagonie? A cause de la découverte d'un soi-disant brontosaure en Patagonie, par un cousin de sa grand-mère, Charley Milward. Ce fragment de peau dans la maison familiale qui l'a fait rêver durant sa jeunesse le conduira à l'autre bout du monde, marchant, faisant de l'auto-stop à bord de camions déglingués sur des pistes poussiéreuses, au milieu de paysages souvent incroyablement beaux, au fil de rencontres de personnages originaux, à la recherche de témoins du passé flamboyant de la Patagonie.
Car ce coin de terre a l'air d'avoir attiré toute une faune d'explorateurs, bandits, pauvres immigrants, chercheurs d'or et de fossiles.Sans oublier les indiens Araucans et les autres, premiers occupants de ces terres. En particulier les Yaghans à la langue si riche mais hélas disparue.
Chatwin décrit son propre voyage en très courts chapitres non dénués d'humour subtil (il est anglais...) qui peuvent cependant déconcerter par leur détachement et l'impression de diapositives passant les unes après les autres. Pourtant se dessine au fil des pages un portrait sensible de la Patagonie, à travers les rencontres surtout. Gallois, Ecossais, Anglais, Américains du Nord, Russes, Italiens, Iraniens, quasiment la terre entière s'est donnée rendez vous là, apportant ses traditions, langues, meubles et vêtements. Un drôle de mélange.
Souvent il se lance dans l'histoire de personnages fabuleux, en particulier Buch Cassidy et sa bande (photo ci-dessus), dont il croisera souvent les traces, Orélie-Antoine de Tounens, et son cousin Charley. Là son écriture est beaucoup plus entraînante et ce n'est que du bonheur.
Alors il faut se laisser prendre par la main, à la suite de Chatwin.
"Combien vous dois-je pour la chambre?
_ Rien. Si vous n'y aviez pas dormi, elle serait restée inoccupée.
- Combien pour le dîner?
- Rien. Comment pouvions-nous savoir que vous veniez? Nous avons fait la cuisine pour nous.
- Alors combien pour le vin?
- Nous offrons toujours le vin à nos visiteurs.
- Et le maté?
- Personne ne paye jamais le maté ici.
- Qu'est-ce que je peux payer alors? Il ne reste plus que le pain et le café.
- Je ne peux vous compter le pain, mais le café au lait est une boisson de gringo et je vous le fais payer."
Les événements sont parfois incroyables!
" Le 27 janvier 1923 le colonel Varela fut abattu, au coin de Fitzroy et de Santa Fé, par Kurt Wilkens, un anarchiste tolstoïen du Schleswig-Holstein. Un mois plus tard, le 26 février, Wilkens fut tué dans la prison des Encausaderos par son gardien, Jorge Pérez Maillan Temperley (...). Et le lundi 29 février 1925, Temperley fut tué à son tour;;, dans un hôpital de Buenos Aires pour déments criminls, par un nain yougoslave du nom de Lukic.
L'homme qui fournit le pistolet à Lukic est un cas intéressant : Boris Vladimirovic, russe de haute naissance, biologiste et artiste, avait vécu en Suisse et connu -ou prétendait avoir connu- Lénine. La révolution de 1905 le poussa à l'ivrognerie. Il eut une attaque cardiaque et émigra en Argentine pour commencer une nouvelle vie. Il fut bientôt repris par ses vieux démons et dévalisa un bureau de change pour alimenter la caisse de la propagande anarchiste. Un homme fut tué et Vladimirovic écopa de vingt-cinq ans à Ushuaia, la prison du bout du monde. Il y chanta à tue-tête les chansons de sa terre natale et, pour obtenir le calme, le gouverneur le fit transférer dans la capitale.
Le dimanche 8 février, deux amis russes lui apportèrent un revolver dans un panier de fruits."
Etc... etc...
(moi j'adore ces trucs là...)
Des avis de Alain Lecomte , Tracy Moureau,
Lecture pour le Blogoclub, des avis sur d'autres récits chez sylire.
Bruce Chatwin
Les cahiers rouges, Grasset, 2010
(paru en 1977)
Comme j'avais déjà lu L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, et que le thème "Voyages" du blogoclub est tout à fait pour moi, j'ai donc choisi de parler de l'ouvrage que j'avais proposé, qui prenait la poussière sur mes étagères depuis près d'un an. La Patagonie est un coin dont la découverte m'attire, il ne manque qu'un peu de dollars et des vacances assez longues à la bonne période, alors autant suivre Bruce Chatwin.
Bruce Chatwin (1940-1989), auteur de récits de voyage qui l'ont rendu célèbre, a passé 6 mois en Patagonie . Pourquoi la Patagonie? A cause de la découverte d'un soi-disant brontosaure en Patagonie, par un cousin de sa grand-mère, Charley Milward. Ce fragment de peau dans la maison familiale qui l'a fait rêver durant sa jeunesse le conduira à l'autre bout du monde, marchant, faisant de l'auto-stop à bord de camions déglingués sur des pistes poussiéreuses, au milieu de paysages souvent incroyablement beaux, au fil de rencontres de personnages originaux, à la recherche de témoins du passé flamboyant de la Patagonie.
Car ce coin de terre a l'air d'avoir attiré toute une faune d'explorateurs, bandits, pauvres immigrants, chercheurs d'or et de fossiles.Sans oublier les indiens Araucans et les autres, premiers occupants de ces terres. En particulier les Yaghans à la langue si riche mais hélas disparue.
Chatwin décrit son propre voyage en très courts chapitres non dénués d'humour subtil (il est anglais...) qui peuvent cependant déconcerter par leur détachement et l'impression de diapositives passant les unes après les autres. Pourtant se dessine au fil des pages un portrait sensible de la Patagonie, à travers les rencontres surtout. Gallois, Ecossais, Anglais, Américains du Nord, Russes, Italiens, Iraniens, quasiment la terre entière s'est donnée rendez vous là, apportant ses traditions, langues, meubles et vêtements. Un drôle de mélange.
Souvent il se lance dans l'histoire de personnages fabuleux, en particulier Buch Cassidy et sa bande (photo ci-dessus), dont il croisera souvent les traces, Orélie-Antoine de Tounens, et son cousin Charley. Là son écriture est beaucoup plus entraînante et ce n'est que du bonheur.
Alors il faut se laisser prendre par la main, à la suite de Chatwin.
"Combien vous dois-je pour la chambre?
_ Rien. Si vous n'y aviez pas dormi, elle serait restée inoccupée.
- Combien pour le dîner?
- Rien. Comment pouvions-nous savoir que vous veniez? Nous avons fait la cuisine pour nous.
- Alors combien pour le vin?
- Nous offrons toujours le vin à nos visiteurs.
- Et le maté?
- Personne ne paye jamais le maté ici.
- Qu'est-ce que je peux payer alors? Il ne reste plus que le pain et le café.
- Je ne peux vous compter le pain, mais le café au lait est une boisson de gringo et je vous le fais payer."
Les événements sont parfois incroyables!
" Le 27 janvier 1923 le colonel Varela fut abattu, au coin de Fitzroy et de Santa Fé, par Kurt Wilkens, un anarchiste tolstoïen du Schleswig-Holstein. Un mois plus tard, le 26 février, Wilkens fut tué dans la prison des Encausaderos par son gardien, Jorge Pérez Maillan Temperley (...). Et le lundi 29 février 1925, Temperley fut tué à son tour;;, dans un hôpital de Buenos Aires pour déments criminls, par un nain yougoslave du nom de Lukic.
L'homme qui fournit le pistolet à Lukic est un cas intéressant : Boris Vladimirovic, russe de haute naissance, biologiste et artiste, avait vécu en Suisse et connu -ou prétendait avoir connu- Lénine. La révolution de 1905 le poussa à l'ivrognerie. Il eut une attaque cardiaque et émigra en Argentine pour commencer une nouvelle vie. Il fut bientôt repris par ses vieux démons et dévalisa un bureau de change pour alimenter la caisse de la propagande anarchiste. Un homme fut tué et Vladimirovic écopa de vingt-cinq ans à Ushuaia, la prison du bout du monde. Il y chanta à tue-tête les chansons de sa terre natale et, pour obtenir le calme, le gouverneur le fit transférer dans la capitale.
Le dimanche 8 février, deux amis russes lui apportèrent un revolver dans un panier de fruits."
Etc... etc...
(moi j'adore ces trucs là...)
Des avis de Alain Lecomte , Tracy Moureau,
Lecture pour le Blogoclub, des avis sur d'autres récits chez sylire.
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Aifelle
Il y a 1 an
Dominique
Il y a 1 an
Dominique
Il y a 1 an
claudialucia ma librairie
Il y a 1 an
Manu
Il y a 1 an
A_girl_from_earth
Il y a 1 an
sybille
Il y a 1 an
clara
Il y a 1 an
Kathel
Il y a 1 an
keisha
Il y a 1 an
Kathel
Il y a 1 an
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keisha
Il y a 1 an
Marie
Il y a 1 an
keisha
Il y a 1 an
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