A glass of blessings
Une corne d'abondance
Barbara Pym
Virago Press, 2009
Paru en 1958
Au départ pour ce mois anglais je voulais, comme l'année dernière, livrer deux Pym dans un billet et voilà. Mais c'est teeeeeeeellement bien (et bientôt je n'en aurai plus à lire) que je me permets d'insister. J'essaie de les lire dans l'ordre, et ainsi je découvre qu'elle s'amuse à glisser au détour d'une phrase des nouvelles d'un de ses personnages, par exemple Napier d'Excellent Women (les deux amies de A glass of blessings, à l'époque où elles étaient Wrens en Italie, étaient tombées sous son charme), Prudence de Jane et Prudence et surtout Catherine de Less than angels.
" 'I wonder why it is that one can never reade a serious book at the hairdresser's?' I asked. 'Does the actual haircutting and shampooing do something to one's brain - shrivel in some way?'
'You mean you'd like to think of yourself reading Proust or a book about archeology? 'Rowena asked. 'Yes, it's a strange thing. Here we seat capable only of turning the pages of these magazines, reaing snippets about the Royal Family or looking at pictures of clothes and society goings-on - not even reading the stories. Sunday Evening, by Catherine Oliphant', she read out. 'It begins rather well with a young man and girl holding hands in a Greek restaurant, watched by the man's former mistress -unknown to them, of course.'
'But what a far-fetched situation', I protested. 'As if it would happen like that! Still, it must be dreadful to have to write fiction. Do you suppose Catherine Oluphant drew it from her own experience of life?'
Rowena laughed. 'Ishould hardly think so! She's probably an elderly sponster living in a boarding-house in Eastbourne -or she may even be a man. One never knows.' "
Mais passons au roman, même si le passage précédent est un excellent exemple de ce qui fait entre autres le charme de Barbara Pym, à savoir ces petites remarques au coin d'un paragraphe. Sans tout traduire, il s'agit de réfléchir aux lectures chez le coiffeur... Pas Proust, mais des magazines people...
Pour changer, Pym a choisi une narratrice, Wilmet Forsyth, la trentaine, ex Wren en Italie donc, où elle a rencontré son mari Rodney. Un mariage semblant assez plan plan, avec petite bonne, et la mère de Rodney propriétaire de leur maison. Ne rien imaginer, cette belle-mère est sympathique, moderne et a son franc parler.
Comment s'occuper? Un pied dans la paroisse mais pas trop, du shopping et des sorties, des papotages avec Rowena, une amie à laquelle la lie une amitié sincère et résistante, mais Rowena a trois enfants et habite un peu loin; prendre le thé ou un repas avec le mari de Rowena (en tout bien tout honneur!), ou s'intéresser à Piers, le frère célibataire de Rowena (juste pour être utile, hein!), ainsi qu'au au groupe de prêtres (anglo-catholiques) de sa paroisse (et là on s'amuse bien)
Wilmet n'est pas antipathique, même si elle se sent un peu supérieure à ces pauvres autres femmes. Parfois cependant le vernis craque, par exemple quand elle contemple ses mains nettes et celles des autres, usées par le mille tâches quotidiennes, ou quand elle aide Mary à choisir une robe seyante, Mary qui, reconnaît-elle, utilise le peu d'argent qu'elle possède de façon moins égocentrique qu'elle-même ("the contrast was an unconfortable one and I didn't wish to dwell on it")(elle voit le contraste mais ne veut pas s'y appesantir) ou quand elle observe Miss Limpsett, une collègue de son mari.
Tout ce petit monde évolue sous nos yeux, pour notre plus grand plaisir, c'est vif, bien croqué, absolument sans longueur; j'avoue avoir pris aussi du plaisir à voir quelques attentes de Wilmet un peu déçues (ah Piers!!!) et mon petit coeur a aimé le happy end pour Mary.
On boit pas mal d'alcool là-dedans, pour changer, mais tea first!
"I have often noticed that preoccupation with teapots is a good way of covering embarrassement." (s'occuper des théières est un bon moyen de camoufler l'embarras)
"Do you know, Wilmet -the dark eyes looked so seriously into mine that I wondered what horror was going to be revealed next - he hadn't even got a teapot?
Goodness! How did he make tea, then?
He didn't - he never make tea! Juste fancy!"
(l'horreur suprême, Piers ne possédait pas de théière)(et Pym est drôlement maligne et moderne, le bouquin date de 1958 -non, je ne parle pas de théière, là -lisez le roman)
Pour les fans, voici une liste (merci wikipedia)
Une corne d'abondance
Barbara Pym
Virago Press, 2009
Paru en 1958
Au départ pour ce mois anglais je voulais, comme l'année dernière, livrer deux Pym dans un billet et voilà. Mais c'est teeeeeeeellement bien (et bientôt je n'en aurai plus à lire) que je me permets d'insister. J'essaie de les lire dans l'ordre, et ainsi je découvre qu'elle s'amuse à glisser au détour d'une phrase des nouvelles d'un de ses personnages, par exemple Napier d'Excellent Women (les deux amies de A glass of blessings, à l'époque où elles étaient Wrens en Italie, étaient tombées sous son charme), Prudence de Jane et Prudence et surtout Catherine de Less than angels.
" 'I wonder why it is that one can never reade a serious book at the hairdresser's?' I asked. 'Does the actual haircutting and shampooing do something to one's brain - shrivel in some way?'
'You mean you'd like to think of yourself reading Proust or a book about archeology? 'Rowena asked. 'Yes, it's a strange thing. Here we seat capable only of turning the pages of these magazines, reaing snippets about the Royal Family or looking at pictures of clothes and society goings-on - not even reading the stories. Sunday Evening, by Catherine Oliphant', she read out. 'It begins rather well with a young man and girl holding hands in a Greek restaurant, watched by the man's former mistress -unknown to them, of course.'
'But what a far-fetched situation', I protested. 'As if it would happen like that! Still, it must be dreadful to have to write fiction. Do you suppose Catherine Oluphant drew it from her own experience of life?'
Rowena laughed. 'Ishould hardly think so! She's probably an elderly sponster living in a boarding-house in Eastbourne -or she may even be a man. One never knows.' "
Mais passons au roman, même si le passage précédent est un excellent exemple de ce qui fait entre autres le charme de Barbara Pym, à savoir ces petites remarques au coin d'un paragraphe. Sans tout traduire, il s'agit de réfléchir aux lectures chez le coiffeur... Pas Proust, mais des magazines people...
Pour changer, Pym a choisi une narratrice, Wilmet Forsyth, la trentaine, ex Wren en Italie donc, où elle a rencontré son mari Rodney. Un mariage semblant assez plan plan, avec petite bonne, et la mère de Rodney propriétaire de leur maison. Ne rien imaginer, cette belle-mère est sympathique, moderne et a son franc parler.
Comment s'occuper? Un pied dans la paroisse mais pas trop, du shopping et des sorties, des papotages avec Rowena, une amie à laquelle la lie une amitié sincère et résistante, mais Rowena a trois enfants et habite un peu loin; prendre le thé ou un repas avec le mari de Rowena (en tout bien tout honneur!), ou s'intéresser à Piers, le frère célibataire de Rowena (juste pour être utile, hein!), ainsi qu'au au groupe de prêtres (anglo-catholiques) de sa paroisse (et là on s'amuse bien)
Wilmet n'est pas antipathique, même si elle se sent un peu supérieure à ces pauvres autres femmes. Parfois cependant le vernis craque, par exemple quand elle contemple ses mains nettes et celles des autres, usées par le mille tâches quotidiennes, ou quand elle aide Mary à choisir une robe seyante, Mary qui, reconnaît-elle, utilise le peu d'argent qu'elle possède de façon moins égocentrique qu'elle-même ("the contrast was an unconfortable one and I didn't wish to dwell on it")(elle voit le contraste mais ne veut pas s'y appesantir) ou quand elle observe Miss Limpsett, une collègue de son mari.
Tout ce petit monde évolue sous nos yeux, pour notre plus grand plaisir, c'est vif, bien croqué, absolument sans longueur; j'avoue avoir pris aussi du plaisir à voir quelques attentes de Wilmet un peu déçues (ah Piers!!!) et mon petit coeur a aimé le happy end pour Mary.
On boit pas mal d'alcool là-dedans, pour changer, mais tea first!
"I have often noticed that preoccupation with teapots is a good way of covering embarrassement." (s'occuper des théières est un bon moyen de camoufler l'embarras)
"Do you know, Wilmet -the dark eyes looked so seriously into mine that I wondered what horror was going to be revealed next - he hadn't even got a teapot?
Goodness! How did he make tea, then?
He didn't - he never make tea! Juste fancy!"
(l'horreur suprême, Piers ne possédait pas de théière)(et Pym est drôlement maligne et moderne, le bouquin date de 1958 -non, je ne parle pas de théière, là -lisez le roman)
Mois anglais chez lou et cryssilda |
- Comme une gazelle apprivoisée (Some Tame Gazelle) (1950)
- Des femmes remarquables (Excellent Women) (1952)
- Jane et Prudence (Jane and Prudence) (1953)
- Moins que les anges (Less than Angels) (1955)
- Une corne d'abondance (A Glass of Blessings) (1958)
- Les ingratitudes de l'amour (No Fond Return Of Love) (1961)
- Quatuor d'automne (Quartet in Autumn) (1977)
- La Douce colombe est morte (The Sweet Dove Died) (1978)
- Un brin de verdure (A Few Green Leaves) (1980)
- Adam et Cassandra (Civil To Strangers) (écrit en 1936, publication posthume en 1987)
- Crampton Hodnet [Id.] (roman écrit vers 1940, publication posthume en 1985)
- Une demoiselle comme il faut (An Unsuitable Attachment) (écrit en 1963, publication posthume en 1982)
- Une question purement académique (An Academic Question) (écrit en 1970-1972, publication posthume en 1986)
La question que je me posais est une fois avoir tout lu de Barbara Pym vas-tu te mettre à les relire ? :-)
RépondreSupprimerEn fait j'en ai lu certains en français il y a très longtemps, actuellement donc je veux tout lire, mais lentement (genre 2 par an)(il faut aussi mettre la main dessus). D'ici là j'aurai oublié suffisamment pour pouvoir relire! ^_^
SupprimerJ'ai vu grâce à toi que Belfond édite des titres introuvables j'espère que ça va continuer car celui ci est difficile à trouver même d'occasion
RépondreSupprimerJ'ai opté pour la VO, mais même là il a fallu commander en librairie...
SupprimerMerci pour cette liste. Je retiens que c'est top et donc, je vais me programmer le premier tome pour la rentrée.
RépondreSupprimerJe rappelle que la difficulté est de mettre la main dessus! Voir les livres d'occasion ou les biblis.
SupprimerEt dire que je n'ai toujours pas mis le nez dans les romans de Barbara Pym ! Je vais de ce pas vérifier s'ils sont dispo à la bibliothèque.
RépondreSupprimerJ'espère pour toi qu'ils n'ont pas disparu, comme dans la mienne...
SupprimerJe constate grâce à ta petite liste qu'il m'en manque deux à lire, je vais essayer de les trouver en anglais, depuis le temps que je veux la lire en VO !
RépondreSupprimerJ'en ai encore à acheter, pour compléter la collection... Quatre, je crois. Il faudrait que je fasse les librairies anglaises à Paris. Ou commander sur internet? (oui, je sais, mais franchement quoi d'autre?)
SupprimerJe crois que c'est toi qui me l'a fait connaître, et même si je viens de finir Excellent Women, je me sens en terrain connu en lisant ta chronique : le thé, les remarques fines et frappées au coin du bon sens, les drinks, les hommes inatteignables (aah Rocky pourrais-je soupirer héhé) Je me pourlèche les babines en songeant à la suite !
RépondreSupprimerAu début on se dit que ça va toujours se ressembler, hé bien non, on est vite pris dans une histoire nouvelle!
Supprimer(non, pas une suite, on a juste un ou deux détails en passant)
Bonsoir Keisha, je ne connais B. Pym que de nom. Il faudrait que j'essaye un des ses romans. Est-il nécessaire de les lire dans l'ordre de parution? Bonne soirée.
RépondreSupprimerJe ne pense pas que ce soit nécessaire, mais comme je suis fan, j'essaie de lire dans l'ordre, quoique cela n'ait guère d'importance (mais il y a les petits détails qui sont un plus). Oui et non, quoi. ^_^
SupprimerBonne journée.
Prévu dans mes lectures, Même si ce n'est pas ce titre ! Enfin, il était temps !
RépondreSupprimerJusqu'ici j'ai aimé tous ses titres, donc pas de risque!
SupprimerA voir la couverture, je pense que je peux passer mon tour...
RépondreSupprimerAh le british subtil, c'est à essayer quand même...
SupprimerMoins que les anges et Quatuor d'automne sont dans ma PAL, chinés en vide-greniers suite à tes billet sur cette auteure !
RépondreSupprimerHélas, il n'y a guère que les vide greniers et autres qui permettent de mettre la main dessus, tu as de la chance!
SupprimerAh oui, je vois mieux le style maintenant, grâce à tes passages. Oui, c'est sûr, ça me plairait bien. Mois anglais 2018 donc (faudra que je m'en souvienne pfiou).
RépondreSupprimerTu t'en souviendras, il m'en reste à lire (niark) et comme je fais durer...
SupprimerOk, il faudra que tu m'orientes sur le titre à lire en premier (je verrai aussi en fonction des prix ebooks VO ^^ - ou peut-être que mes bib' en ont en VO, tiens faudra que j'aille voir ça !)
SupprimerPour le Connie Willis, ça devrait être bon le 30. Je m'y colle ce soir, je suis rentrée plus tôt finalement.;-)
OK pour Connie Willis, tu peux dire du mal, je te soutiens!^_^
SupprimerPym n'est pas encore dans le domaine public, donc c'est payant tout ça, oriente toi vers les médiathèques!
oui vraiment...tu nous donnes envie de lire Pym par petites touches comme elle...cela semble bien....
RépondreSupprimerMieux vaut y aller doucement parce que après il n'y en aura plus à lire...
SupprimerA force de noter des titres sur tous les blogs, je vais déjà pouvoir faire une liste pour le mois anglais 2018!
RépondreSupprimerOh mais c'est bien sûr! Ou en tout cas des noms d'auteurs, c'est aussi mon cas.
SupprimerArgh, ça donne carrément envie !!!
RépondreSupprimerLance toi!
SupprimerJe viens de lire "Des femmes remarquables" donc je laisse Pym de côté pour quelques mois mais note ce titre.
RépondreSupprimerBonne idée, il ne faut pas trop en abuser, parce qu'après il n'y en a plus...
SupprimerCa alors je ne connaissais même pas cette auteure! C'est so terribly british tous ces extraits en tout cas !
RépondreSupprimerC'est à découvrir absolument, alors! ^_^
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