La mélancolie de la résistance
Az ellenálás melankóliája
László Krasznahorkai
Gallimard, 2006
Traduit par Joëlle Dufeuilly
Vraiment pas de chance ! Un instinct très sûr me conduit vers les livres moyennement épais - mais ce n'est pas le problème-, d'auteurs pas trop connus -toujours pas de problème, j'aime défricher-, denses (très très) et à longues phrases emberlificotées qui vous happent une fois dedans -là j'en entends qui disent 'longues phrases, adieu', mais des livres dont on ressort un poil assommé en se disant 'wahou c'est génial, je dois absolument convaincre la terre entière, un truc pareil, on en rencontre peu dans la vie d'un lecteur'.
Sauf que les billets sur ces livres là sont très très coton à écrire. Citer un passage relativement court, même pas en rêve. Par chance j'ai trouvé des courageux qui s'y sont lancés, voir les liens à la fin.
Il fait extrêmement froid quand Mme Pflaum s'installe dans un train bondé devant la ramener chez elle, une petite ville de Hongrie. Bien sûr ce n'est pas le train prévu, il est en retard, et la pauvre dame doit subir une promiscuité haïssable, elle, bourgeoise tranquille habituée au doux confort de son appartement étouffant sous les plantes vertes et les bibelots.
Arrivée enfin en ville saine et sauve, plus d'éclairage public, les tas d'ordures gelés bloquent les rues, rues et places sont vides, sauf parfois des hommes patibulaires rodant en groupes.
Mais que se passe-t-il dans le coin?
Et ce gros camion sur la place, un cirque montrant une baleine empaillée? Et tous ces badauds, attendent-ils de visiter ou quel est leur projet? Violent?
En fait peu de personnages nommés, à chaque chapitre c'est l'un d'eux sur qui tout se focalise, à hauteur d'homme (ou de femme). Par l'un on connaît mieux l'autre, l'histoire se déroule, implacable en dépit de digressions apparentes. Le mystère, le malaise, la peur rodent, toujours l'impression d'obscurité, de nuages. Et ça va péter, forcément.
Des moments grandioses. Valuska, quelque part l'innocent du roman, fait mimer une éclipse de soleil dans un café, par des types déjà bien imbibés. Eszter apprend sur le tas à planter des clous avec un marteau. Mme Eszter tombe vraiment amoureuse. Et ce dernier chapitre, la biologie de la décomposition!
Il faut accepter de se jeter dans le torrent, pour à la fin s'apercevoir de la construction maîtrisée.
"Avant-hier, l'énorme château d'eau situé au fond du parc Göndöcs s'était mis dangereusement - et pendant plusieurs minutes, - à vaciller au-dessus des petites maisons, phénomène qui -selon les dires d'un expert, le professeur de mathématiques et physique du lycée, responsable du laboratoire d'astronomie installé au sommet de la tout, lequel, interrompant une longue partie d'échecs solitaire, avait dévalé l'escalier, respiration coupée, pour propager la nouvelle - était totalement 'incompréhensible'. Hier, l'horloge du clocher de l'église de la grand-place du centre-ville, muette depuis des décennies, avait fait tressaillir les gens (galvanisant Mme Eszter), car trois des mécanismes rouillés, alors qu’autrefois les aiguilles avaient même été démontées, s'étaient soudain remis en marche et signalaient, depuis, l'écoulement du temps par de sourds battements, de plus en plus rapprochés."
(citation, pour l'ambiance)
Les avis de Charybde, le bruit des livres, stalker, (et plein de passages)
Ce roman a inspiré un film, Les Harmonies Werckmeister, oui, en noir et blanc...
Lire le monde
Az ellenálás melankóliája
László Krasznahorkai
Gallimard, 2006
Traduit par Joëlle Dufeuilly
Vraiment pas de chance ! Un instinct très sûr me conduit vers les livres moyennement épais - mais ce n'est pas le problème-, d'auteurs pas trop connus -toujours pas de problème, j'aime défricher-, denses (très très) et à longues phrases emberlificotées qui vous happent une fois dedans -là j'en entends qui disent 'longues phrases, adieu', mais des livres dont on ressort un poil assommé en se disant 'wahou c'est génial, je dois absolument convaincre la terre entière, un truc pareil, on en rencontre peu dans la vie d'un lecteur'.
Sauf que les billets sur ces livres là sont très très coton à écrire. Citer un passage relativement court, même pas en rêve. Par chance j'ai trouvé des courageux qui s'y sont lancés, voir les liens à la fin.
Il fait extrêmement froid quand Mme Pflaum s'installe dans un train bondé devant la ramener chez elle, une petite ville de Hongrie. Bien sûr ce n'est pas le train prévu, il est en retard, et la pauvre dame doit subir une promiscuité haïssable, elle, bourgeoise tranquille habituée au doux confort de son appartement étouffant sous les plantes vertes et les bibelots.
Arrivée enfin en ville saine et sauve, plus d'éclairage public, les tas d'ordures gelés bloquent les rues, rues et places sont vides, sauf parfois des hommes patibulaires rodant en groupes.
Mais que se passe-t-il dans le coin?
Et ce gros camion sur la place, un cirque montrant une baleine empaillée? Et tous ces badauds, attendent-ils de visiter ou quel est leur projet? Violent?
En fait peu de personnages nommés, à chaque chapitre c'est l'un d'eux sur qui tout se focalise, à hauteur d'homme (ou de femme). Par l'un on connaît mieux l'autre, l'histoire se déroule, implacable en dépit de digressions apparentes. Le mystère, le malaise, la peur rodent, toujours l'impression d'obscurité, de nuages. Et ça va péter, forcément.
Des moments grandioses. Valuska, quelque part l'innocent du roman, fait mimer une éclipse de soleil dans un café, par des types déjà bien imbibés. Eszter apprend sur le tas à planter des clous avec un marteau. Mme Eszter tombe vraiment amoureuse. Et ce dernier chapitre, la biologie de la décomposition!
Il faut accepter de se jeter dans le torrent, pour à la fin s'apercevoir de la construction maîtrisée.
"Avant-hier, l'énorme château d'eau situé au fond du parc Göndöcs s'était mis dangereusement - et pendant plusieurs minutes, - à vaciller au-dessus des petites maisons, phénomène qui -selon les dires d'un expert, le professeur de mathématiques et physique du lycée, responsable du laboratoire d'astronomie installé au sommet de la tout, lequel, interrompant une longue partie d'échecs solitaire, avait dévalé l'escalier, respiration coupée, pour propager la nouvelle - était totalement 'incompréhensible'. Hier, l'horloge du clocher de l'église de la grand-place du centre-ville, muette depuis des décennies, avait fait tressaillir les gens (galvanisant Mme Eszter), car trois des mécanismes rouillés, alors qu’autrefois les aiguilles avaient même été démontées, s'étaient soudain remis en marche et signalaient, depuis, l'écoulement du temps par de sourds battements, de plus en plus rapprochés."
(citation, pour l'ambiance)
Les avis de Charybde, le bruit des livres, stalker, (et plein de passages)
Ce roman a inspiré un film, Les Harmonies Werckmeister, oui, en noir et blanc...
Valuska dans le café
La bande annonce
Lire le monde
J'ai commencé ma découverte (récente) de László Krasznahorkai par un recueil de nouvelles, qui porte les mêmes caractéristiques que le roman que tu décris. Une belle découverte cependant, ardue, hors des modes et de l'air du temps.
RépondreSupprimerJe viens d'aller voir, il semble qu'il y ait eu une LC, mais peu importe, j'aime bien aussi tomber sur un auteur de façon impromptue.
SupprimerGrande découverte, en effet!
Je me méfie un peu de ce genre de littérature. Je ne suis pas le bon public. Mon imaginaire n'entre pas facilement dans ces univers là.
RépondreSupprimerA priori je ne suis pas le public (sauf pour les trucs emberlificotés avec un poil d'humour, là ça passe)
SupprimerPas besoin de me convaincre, il était déjà sur ma PAL et Guerre et guerre, du même auteur, m'avait emballée (et encore, le mot est faible) : vu ce que tu écris dans ton billet, je ne peux que te conseiller de te le procurer au plus vite !!)
RépondreSupprimerEchange de bons procédés, alors! Mêmes réactions emballées.
SupprimerMission accomplie, tu as éveillé ma curiosité !
RépondreSupprimerIl faut essayer!
Supprimerj'ai lu cet auteur il y a quelques temps mais je n'ai pas vraiment accroché
RépondreSupprimerC'est particulier, mais j'aime ce genre de livres.
SupprimerEt en plus tu te plains de dénicher des bons livres ?
RépondreSupprimer^_^ Oui, oui, parce qu'après question billets ce n'est pas facile! Mais je suis ravie de trouver encore des bouquins qui m'épatent!
SupprimerC'est là que je me rends compte que j'aime plutôt les styles ou les narrations classiques... je crains de ne pas accrocher...
RépondreSupprimerAh j'aime les trucs qui vous emportent dans le flot (et avec humour au 12ème degré) sans parler des personnages 'différents' et pleins de poésie décalée.
SupprimerMais ça ne passe pas forcément.
A contrario, j'ai du mal avec les bouquins trop épurés en général.
Heureusement, chacun trouve chaussure à son pied.
J'avais essayé de lire un de ses livres. Mais j'avoue que ces longues phrases que tu mentionnes et un je-ne-sais-quoi un peu flottant dans l'histoire m'avaient lassée... Peut-être aurait il fallu que je pousse plus loin ma lecture, mais à l'époque je n'en avais pas eu le courage.
RépondreSupprimerJ'avoue avoir lu les 120 premières pages en salle d'attente des urgences, donc bien coincée, et après (ou bien avant quand même) j'étais trop ferrée...
SupprimerJe ne sais pas... m'inquiète un peu ce genre de roman.
RépondreSupprimerLe lecteur ne craint rien, juste de se cogner à du hors normes. ^_^
Supprimerpas toujours facile de faire passer l'enthousiasme et l'envie de donner à tous l'idée de lire ce qu'on juge comme un chef d’œuvre, et choisir un passage dans tant de beauté, c'est cruel
RépondreSupprimerLa vie du lecteur est difficile, parfois. ^_^ Mais j'en connais qui aiment ce genre là. Ouf!
SupprimerMéfiante, moi aussi, mais parfois j'aime ce qui hors du commun alors il me faudra essayer... un jour!
RépondreSupprimerJ'aime ma zone de confort, et aussi les sentiers plus rugueux! Oui, essaie!
SupprimerJe n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout...Un autre essai plus tard...?
RépondreSupprimerC'est particulier, je l'accorde! Des passages grandioses, et une unité (à la fin...)
SupprimerMême si la rédaction de ce genre de billets te paraît coton, tu arrives toujours à me tenter et à nourrir ma liste à lire. Bravo !
RépondreSupprimerMerci! J'espère que tu pourras te lancer.
SupprimerUne de mes collègues m'en parle régulièrement ! Il faut vraiment que je m'y colle, ce que tu en dis confirme totalement ses conseils
RépondreSupprimerOuh là,le collègue! C'est bien d'avoir ce genre de conversations et de conseils... Oui, il faut s'y coller, sans stresser au départ. ^_^
SupprimerJe te fais confiance et je l'ajoute à ma liste.
RépondreSupprimerMerci! Il n'est pas tout récent, donc il devrait se trouver en bibli.
Supprimeril me le faut ! je suis un train de lire un autre de ses livres (qui a un titre à rallonge) et je me régale.
RépondreSupprimerYes! Hélas ma bibli ne possède que La mélancolie de la résistance, mais d'après le billet de Tête de lecture, il y a du bon par ailleurs chez lui. J'attends ça chez toi!
SupprimerTrès intrigant tout ça ! Tu semblas avoir mis la main sur un petit OLNI comme j'aime. Ton premier paragraphe m'a bien fait rire en tout cas.
RépondreSupprimerJe croyais à une nouveauté, mais non. De toute façon c'est vraiment le roman (et l'auteur) à tester (oui, oui)
SupprimerJe suis convaincue ! Le monsieur est noté.
RépondreSupprimerPour éviter la casse (on ne sait jamais) emprunte en bibli! Mais je suis confiante.
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