L'art de perdre
Alice Zeniter
Flammarion, 2017
Quand j'ai présenté Je suis une fille sans histoire d'Alice Zeniter, plusieurs m'ont dit en commentaire de lire L'art de perdre. Obéissante, je l'ai emprunté et lu.
Alors? Autant dire que Zeniter avait intérêt à capter mon attention, car de moi-même je ne serais pas allée vers cette histoire; une histoire de famille sur trois générations, entre Algérie et France. Ali tombé dans la case harki, ainsi que sa famille, doivent quitter l'Algérie. Dans la génération suivante, élevée ou née dans des camps de transit qui s'éternisent puis des cités HLM, la langue se perd, l'histoire est tue. Puis viennent Naïma et ses sœurs, Naïma effectuant à la fin un voyage -professionnel- en Kabylie. Un narratrice en 'je' intervient parfois, ce serait l'auteure?, dont l'histoire ressemble à celle de Naïma?
Ce roman a reçu de nombreux prix, il est bien écrit, présenté en trois parties, bien clair et documenté. Jamais inutilement romancé. Mais je suis un poil restée à l'écart, même si certains passages m'ont frappée. Cependant je pense continuer à lire l'auteur!
Avis babelio,
Le titre vient d'un poème d'Elisabeth Bishop (1911-1979) :
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître,
tant de choses semblent si pleines d'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L'affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l'heure gâché qui suit.
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne-toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis
le projet d'aller. Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l'avant-dernière de trois maisons aimées : partie!
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes,
des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre.
Chouette découverte, profitez-en, les gens, je suis en général rétive à la poésie; voici la version originale ici. Je ne la reproduis pas, il y a des droits.
Commentaires
Récemment j'ai lu Méditerranéennes là aussi tu as de la saga, mais pas du même côté si j'ose dire.
Daphné