Proust, prix Goncourt
Une émeute littéraire
Thierry Laget
Gallimard, 2019
"Au fil du siècle, l'Académie Goncourt a bâti un théâtre et imposé un calendrier, où chaque jour est une fête du livre. Il faut que le public n'oublie jamais son existence, que le romancier soit hanté par la figure des Dix lorsque, le soir, il se retrouve devant la page blanche, que le libraire les bénisse quand, le matin, il relève son rideau de fer, que le lecteur ne se fie à aucun autre guide qu'eux pour choisir ses cadeaux de Noël."
Le ton est donné, Thierry Lager n'a pas eu l'intention d'ennuyer son lecteur; informer, oui, mais gratter un peu, oui aussi.
Alors oui, le prix Goncourt 1919 a été décerné à A l'ombre des jeunes filles en fleurs. D'un certain Marcel Proust, et ça a fait du bruit dans le Landerneau, disons quelques arrondissements parisiens, parce qu'ailleurs, juste après guerre, on avait d'autres soucis.
Déjà auteur de Du côté de chez Swann, Proust n'est pas un primo-romancier, ni tout jeune d'ailleurs, ni tout pauvre. Ce qui a fait débat. Car les Goncourt au départ n'acceptaient pas n'importe quel type de lauréat.
De plus cette année là -juste après la fin de la guerre- existait un candidat idéal et évident, Dorgelès avec ses Croix de Bois. Il obtiendra quatre voix sur dix, ce n'est pas déshonorant, et se verra décerner le prix Vie Heureuse (nom du Femina à l'époque).
Alors à l'époque aussi on savait œuvrer en coulisses pour défendre un poulain, on savait se mettre en avant auprès d'un jury. Cela était souvent fort bien écrit, mais ça taclait à fond. Heureusement Proust avait décidé de laisser dire, et de ne plus avoir recours au duel (si, si!)
Des avis de l'époque...
"L'Académie Goncourt a totalement perdu son premier esprit; c'est pourquoi on a couronné un roman dont l'immensité confuse est une grave épreuve pour le lecteur le plus courageux."
ou
"ces souvenirs de vie médiocre remâchés jusqu'à la nausée par phrases de six lieues, collantes et fades comme du macaroni trop cuit."
Challenge chez Myriam et claudialucia
J'adore les extraits que tu cites ! J'avais repéré ce livre pour le Challenge organisé par Miriam et Claudialucia mais sans me décider vraiment à le lire. J'ai toujours une appréhension concernant Proust même par l'intermédiaire d'autres écrivains !
RépondreSupprimer@ jelisjeblogue : tu vois le sujet, il n'est pas question d'hagiographie, mais d'un aperçu de l'époque aussi.
SupprimerIl restitue bien l'époque. Beaucoup de noms de littérateurs oubliés, mais il nous remet dans le bain. (oui je l'ai lu, les gens m'offrent des livres sur Proust, je ne sais pas pourquoi)
RépondreSupprimer@ nathalie : on se demande bien pourquoi, tssst!
SupprimerJe vais essayer de trouver ton avis.
Beaucoup apprécié : j'aime bien ce genre d'opus sur la vie littéraire.
RépondreSupprimer@ Sandrine : pareil qu'à nathalie, je vais essayer de trouver ton avis.
SupprimerOui, ça se lit bien, toute une époque, mais une ambiance encore actuelle par certains détails. ^_^
J'aime beaucoup les avis de l'époque, on ne faisait pas dans le fade et la demi-mesure !
RépondreSupprimer@ kathel : on pouvait avoir un style mordant, mais du style!
SupprimerMerci pour le lien ici et celui sur Daudet. Cette famille m'intéresse beaucoup, notamment Léon (et son fils Philippe assassiné). J'ai un bouquin sur cette famille parce que j'espère travailler dessus... j'en parlerai peut-être...
RépondreSupprimer@ Sandrine : j'avoue mélanger les deux, et ignorer cette histoire de fils assassiné.
SupprimerC'est quand même drôle, le prix vie heureuse pour les croix de bois ! Je viens de lire un titre sur Proust pour participer à l'activité ( et pour mon propre intérêt) qui ne m'a pas convaincue du tout ... Mais j'ai noté d'autres titres, je verrai pour celui-ci.
RépondreSupprimer@ Athalie : un nom un peu gnangnan à mon goût, ce prix!
SupprimerJe verrai ton choix! ^_^
J'aime bien Thierry Laget donc j'ai lu mais bon cela m'a un peu lassée
RépondreSupprimer@ dominique : je ne connaissais pas l'auteur! Oui, il y a beaucoup de citations.
SupprimerCertainement intéressant mais je pense que les nombreuses notes qu'on trouve dans l'édition Pléiade de Proust que je possède en disent assez ???
RépondreSupprimer@ Le bouquineur : heu, je ne lis pas ces notes, je ne peux répondre. ^_^ Mais je doute que cette histoire de prix Goncourt y soit décortiquée.
SupprimerEncore un livre sur Proust et qui évidemment m'intéresse mais j'en ai encore trois sur ma pile (Proust qui fait rire, Proust vu par les auteurs étrangers, La jeunesse de Proust) je dois avancer dans mes lectures en retard.
RépondreSupprimer@ luocine : Oh là, ces trois titres semblent bien intéressants aussi, Proust, c'est sans fin!
SupprimerDès que j'ai fini la Recherche (j'en ai encore beaucoup à lire) je passe aux commentaires. Mais je me suis donné cette consigne. Bien sûr le lien vers ce livre à la prochaine récapitulation
RépondreSupprimerMerci de quitter brièvement tes plages (ou autres) corses. Oui, lire Proust d'abord, avant les commentaires qui vont trop en dire ou ne pas laisser le plaisir de la totale découverte... Quoique ce livre se penche sur ce prix Goncourt, pas sur le contenu de l'œuvre.
SupprimerAh mais oui, bonne idée pour le challenge Proust, une participation sans passer par la lecture des épais volumes.^^ Je l'avais déjà repéré sur les blogs, mais oublié entre-temps. C'est re-noté !
RépondreSupprimer,@ Fanja : Regarde ma réponse à Myriam, pour ce livre ci, ça va, mais sinon tu risques soit d'en apprendre trop et trop tôt (dommage) soit de ne pas comprendre les références.
SupprimerIncroyables ces avis de l'époque et finalement amusants...on allait droit au but et tant pis pour ceux qui n'aimaient pas...Voilà un livre encore une fois intéressant pour mieux connaitre Proust, qu'il faudrait que je relise évidemment...J'ai lu "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" il y a une éternité me semble-t-il !
RépondreSupprimer@ Manou : Je me suis fait plaisir en donnant des avis anti Proust, bien sûr. De nos jours je me demande si on est aussi incisif dans les avis? Plus rarement, j'ai l'impression.
SupprimerOn a tous lu Proust jamais, ou il y a longtemps...
Je ne savais pas que Proust avait eu le Goncourt, mais il faut dire que je connais très peu l'auteur (pour ne pas dire "pas du tout") et je ne m'intéresse pas trop au Goncourt...
RépondreSupprimer@ philippe : pour une fois c'était un bon Goncourt ^_^qui a duré dans le temps!
SupprimerInteressant pour l'époque, et tentant sans doute pour le cynisme ! je note.
RépondreSupprimer@ géraldine : ah ça oui on savait bien écrire tout en descendant l'autre côté!
SupprimerAh sympa... je note ce livre pour lorsque j'aurai fini La Recherche (lu 2/7 et j'espère le 3 cet été) ; j'avais bien aimé celui de Pierre Assouline sur les coulisses du Goncourt depuis sa création.
RépondreSupprimer@nicole : bravo pour tes lectures proustiennes, on y arrive!!!Le livre de Pierre Assouline devrait être intéressant aussi.
Supprimertrès enthousiasmant ! Je me répète : je veux d'abord (re)lire Proust puis tout ce qui tourne autour... mais je me demande quand je vais pouvoir faire tout ça!!?...
RépondreSupprimer@Violette : alors là ... ^_^ De toute façon, la vie du lecteur est pleine de choix, et les journées trop courtes.
SupprimerIntéressant cette façon de redécouvrir un auteur. Finalement il faudrait peut-être que je le relise longtemps après après avoir lu ce livre là ! Sans doute moins long 🤣
RépondreSupprimer@ Thaïs : Un livre court, qui ne nécessite pas en fait d'avoir lu celui de Proust, et ne divulgâche pas le contenu.
SupprimerHonte à moi! Ton article est passé sous mes radars mais je vais y remédier et mettre le lien dans le bilan 2
RépondreSupprimerMais si, tu l'avais vu, il a juste échappé à la récapitulation, je ne l'avais peut-être pas signalé.
SupprimerMoi aussi j'ai laissé passer ton billet. Merci pour ta participation.
RépondreSupprimerVie heureuse pour Les croix de bois qui raconte l'horreur des combats dans les tranchées, cela sonne effectivement comme ironique J'avais d'ailleurs aimé de livre quand je l'ai lu il y a quelques décennies et le film aussi avec Pierre Blanchard.
Là je lis Du côté de Guermantes. 1088 pages et j'en ai marre des Guermantes, de l'esprit Guermantes, leur méchanceté, leur prétendue supériorité, leur snobisme, de leur vie factice, leur inutilité sociale, leur manque d'intérêt... J'ai compris le tableau général. 500 pages auraient suffi pour dire la même chose ! Heureusement, je suis presque à la fin mais je n'en peux plus. Pardon à la Proustolâtre ! Mais ce troisième volume a failli avoir ma peau ! Alors que j'avais beaucoup aimé certains passages des tomes 1 et 2.
@ claudialucia : en fait je ne sais pas trop où signaler mes (rares) billets sur le sujet.
SupprimerTu n'as pas à t'excuser, bien sûr Proust est parfois fatigant et longuet, c'est la raison pour laquelle je n'enchaine pas ces romans là. Le tout en une décennie, c'est parfait.