Mon vrai nom est Elisabeth
Adèle Yon
Editions du sous-sol, 2025
Un livre vu de nombreuses fois sur les blogs, par exemple, Mon biblioblog, luocine, Sandrine, Inganmic, Aifelle, cathulu,
J'ai hésité à écrire un billet, n'ayant finalement pas grand chose à ajouter à ces excellents avis. L'auteure, née en 1994 , s'interroge sur sa propre santé mentale et craint de suivre les traces, si l'on peut dire, de son arrière grand mère Betsy (Elisabeth, au départ), née en 1916, qui fut internée à diverses reprises, la dernière fois très longtemps, et fut la première femme lobotomisée en France.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la famille est dans le silence et le déni. L'enquête de l'auteure est longue, elle se heurte à des silences tenaces. Finalement elle continue, interroge, se renseigne sur la psychiatrie des années 40 et 50. L'histoire d'Elisabeth est révoltante, on doute de son consentement à ces traitements, on doute de sa folie aussi. Elle a été internée à la demande de son mari, qui d'ailleurs a refusé de la 'récupérer' à sa sortie définitive, l'envoyant, à 50 ans! chez ses parents. Auparavant elle se remettait mal de ses accouchements (six bébés en sept ans, on peut comprendre...)(bébés qui semble-t-il étaient sous la responsabilité de sœurs, tantes, que sais-je.
Parlons de la forme du livre : j'ai bien aimé, on a des documents sur les internements, un gros dossier lobotomie, des lettres entre Elisabeth et son fiancé, des conversations avec des membres de la (nombreuse) famille.
D'ailleurs dans les lettres avec son fiancé, on sent qu'il y a et aura de l'eau dans le gaz. Particulièrement la lettre du 27 juillet 1940, où elle parle d'elle-même clairement.
Ce qui m'a intéressée, ce sont ces souvenirs imprécis, y compris de l'auteure, par exemple cet incendie, on évoque des causes différentes au fil de l'enquête, chacun y va aussi de son opinion sur les causes de sa 'schizophrénie' (à regarder wikipedia, je doute du diagnostic). A la fin on a les souvenirs d'une cousine, éclairants peut-être? Je reste cependant avec l'impression qu'elle n'avait rien à faire dans un asile et que cette jeune femme vivante et gaie aurait du vivre une autre vie.
Mais la lobotomie, ça casse.
J'étais déjà au courant grâce à Bill Bryson, qui avait parlé des affreuses pratiques du docteur Freeman. Je passe les détails. Aux Etats-Unis, cela se pratiquait sans souci (sauf que le patient -en général la patiente, tiens tiens) pouvait décéder ou en tout cas rester plus qu'amoindri (Bryson qui a travaillé en hôpital psy au début des années 70 parle de 'coquilles vides'..) Dans le cas d'Elisabeth, comme souvent, on n'avait plus aucun souci de comportement, on rentrait dans le rang si on en était sorti. Cathulu et Bryson rappellent le cas (affreux) d'une soeur de John Kennedy, Rosemary. Je me demande comment il se fait que cette pratique a conquis l'Europe alors qu'on en connaissait les conséquences graves?
Avis babelio, bibliosurf,
Les femmes (et les enfants) ont toujours fait les frais , quelles que soient les conséquences, de ces techniques destinées à les contenir... Le patriarcat !
RépondreSupprimer@ cathulu : ces années, ce milieu, n'aidaient pas trop non plus.
SupprimerC'est sans doute que les conséquences n'étaient pas si graves au regard de la tranquillité que cette pratique procurait... Autre auteur américain à lire au sujet de Freeman : Jon Bassof avec "Les incurables".
RépondreSupprimer@ Sandrine : Je suis allée me renseigner! En effet c'est le départ du roman.
Supprimeret que d'histoires du même genre il y a eu hélas...
RépondreSupprimer@ eimelle : éloigné maintenant dans le temps, mais c'est bien d'être au courant.
SupprimerUne amie l'a lu récemment et comme toi, elle souligne l'originalité de la forme. Les biographies familiales constituent à présent un genre bien identifié, mais ce texte l'a intéressée aussi par tous les éléments qu'il contient.
RépondreSupprimer@ nathalie : oui, j'ai bien aimé la forme, et ce n'est pas du tout romancé.
SupprimerEncore un avis qui donne envie de lire ce livre... malheureusement l'attente à la bibli est très longue
RépondreSupprimer@ jelisjeblogue : pour ma part, j'ai plusieurs biblis, ça aide!
SupprimerJe n'ai pas adhéré à la forme de ce roman. Les entretiens retranscrits tels quels, les documents, ce n'est pas de la littérature, pour moi : pourquoi le vendre comme un roman ?
RépondreSupprimerSinon, je suis horrifiée aussi par ces pratiques qui ont perduré jusque très tard dans le vingtième siècle : que n'aurait-on fait (les hommes) pour que les jeunes filles ou les femmes qui ne rentraient pas dans le moule deviennent de parfaites mères de famille ?
@ kathel : le mot roman n'est pas écrit sur le livre, mais c'est sûr que cela se vendrait et lirait moins bien si c'était dans la catégorie non roman? La forme ne m'a pas gênée.
SupprimerJ'ai détesté cette lecture, je n'ai même pas fait de billet. Mon plus fort reproche : l'auteure ne s'interroge même pas sur le mari d'Elisabeth dont les lettres ne sont pas piquées des vers.
RépondreSupprimer@ Alex : elle a choisi de ne pas inventer ou trop imaginer? C'est sûr que les lettres entre les deux fiancés , c'est toute une époque, tout un milieu social!
SupprimerJ'ai dû lire des avis positifs car je l'ai déjà noté ! En tous les cas tu me confortes dans l'envie de le lire...si j'arrive à l'emprunter parce qu'il est toujours sorti pour l'instant.
RépondreSupprimer@ Manou : patience, manou! ^_^ Oui, fais toi ton propre avis.
SupprimerCe livre est vraiment la révélation de cette rentrée d'hiver, je n'en ai entendu que du bien. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le lire mais son thème m'a fait penser à celui de Stéphanie Dupays "Un puma dans le coeur" paru il y a un ou deux ans, une enquête familiale aussi, une aïeule dont on avait tu la destinée, même parcours... Plus fréquent qu'on ne le pense, c'est dingue.
RépondreSupprimer@ Nicole : je suis allée voir, tiens oui encore une drôle de destinée. Mais pas à lire tout de suite, tu comprendras!
SupprimerJe ne sais pas si je me lancerai. Le sujet m'intéresse mais la forme moins...
RépondreSupprimer@ Sacha : justement la forme m'a plu, sinon...
SupprimerJ'ai déjà vu passer ce livre et je dois dire que je suis assez intéressé... On verra si je le rencontre, mais vu ma PAL, je ne vais pas courir après...
RépondreSupprimer@ Philippe : mais oui, laisse faire, tu verras bien!
SupprimerJe le vois un peu trop partout ce livre en ce moment donc ça a plutôt tendance à m'en éloigner. D'autant plus que je ne l'aurais pas nécessairement classé dans mes urgences, même sans le buzz.:)
RépondreSupprimer@ Fanja : je te comprends, d'ailleurs dans mon billet je parle de mon hésitation à l'écrire (pff, un de plus). Mais le côté non fiction, finalement, m'a emportée, et ça se lit bien.
SupprimerComme toi j'ai justement aimé la forme, variée et sans doute un peu foutraque, ce qui ne m'a pas gênée, cela reflète parfaitement la manière dont l'enquête se déroule.
RépondreSupprimer@ Inganmic : oui j'ai été frappée des souvenirs, variant au fil du livre (très réaliste même si troublant)
Supprimerj'ai lu beaucoup d'écrits sur la schizophrénie et évidemment ce texte m'intéresse, mais les commentaires me troublent un peu . Pour la lobotomie, j'ai vu un long documentaire sur la jeune Kennedy... à voir si je peux mettre la main dessus un jour par contre presque 400 pages
RépondreSupprimer@ Electra : le diagnostic n'est pas très clair dans ce livre, et j'ignore si tu apprendrais grand chose sur le sujet. Mais la recherche et l'ambiance familiale sont bien rendues, et puis, si, ce n'est pas si long.
SupprimerCe livre me tente un jour sur deux, je n'arrive pas à me décider... ça m'effraie un peu, sans doute.
RépondreSupprimer@ Violette : cela m'effrayait un peu, mais la narration ne cherche pas à faire peur...
SupprimerDéjà repéré chez quelques blogueuses que tu as citées dans ton billet, c'est sûr ce roman m'intéresse par son sujet !
RépondreSupprimer@ Géraldine : exact, le sujet devrait t'intéresser.
SupprimerLa forme, le fond, tout m'a plu. Anne-yes
RépondreSupprimer@ Anne-yes : Merci pour ton avis!
SupprimerMême ressenti que Violette. Attraction/répulsion. On verra...
Supprimer@ La petite liste : j'ai aussi hésité, et puis, la curiosité... Mais c'est bien intéressant ce livre.
SupprimerBonjour Keisha, un livre sur un sujet dur mais passionnant. J'attends de le trouver en bibliothèque, les très nombreux exemplaires ont été empruntés. Merci pour ce billet. Bon dimanche à toi.
RépondreSupprimer@ dasola : allons bon, on dirait que même là-bas c'est compliqué! Bah, ça va se calmer...
SupprimerCe genre de récits me file des angoisses terribles ! C'est un passé qui ne paraît jamais loin, d'autant que j'ai connu une femme qui a subi un internement de plusieurs mois sans raison valable (pour que sa famille se débarrasse d'elle) et il avait été très difficile pour elle d'en sortir ! Ça paraît fou...
RépondreSupprimer@ Javenelle Laclos : hier encore je lisais un résumé de l'expérience de Nellie Bly en immersion dans un asile, pas de lobotomie à l'époque, mais ça fait froid dans le dos.
SupprimerExact, on peut être interné sur demande de la famille, et ensuite, comment prouver qu'on n'est pas fou? On a tous je suppose un petit grain d'originalité parfois?
Voir aussi Camille Claudel!
Pas envie de me plonger dans cette terrible histoire pour l'instant. Elle me rappelle, même si c'est une lecture lointaine, le choc d'Un ange à ma table, le formidable film de Jane Campion d'après le récit autobiographique de Janet Frame, traitée aux électrochocs.
RépondreSupprimer@ Tania : j'avoue ne même pas savoir de quoi parlait ce film, mais oui, en effet, ça doit laisser un souvenir prégnant.
SupprimerJe l'ai terminé il y a quelque chose. C'est en effet vraiment le livre du silence (de la silenciation même). Déni oui mais aussi formatage : le patriarcat est si bien ancré en chacun de nous, hommes comme femmes.
RépondreSupprimerJe me laisse un peu de temps avant d'écrire une chronique.
@ Virginie Vertigo: étonnants ce mutisme et cette surdité...
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