La marchande d'oublies
Pierre Jourde
Gallimard, 2025
Avec Pierre Jourde en général, on fait dans le pavé (miam), l'écriture travaillée (sans trop exagérer non plus, mais enfin, un auteur qui a du vocabulaire et de la tournure de phrase, ne pas s'en priver), et, une fois passés le registre plus autobiographique et plus bref de ses opus passés, l'imagination fertile! (hé oui, il ne va parler ni de son père ni de sa mère)
Cette fois il nous plonge dans la seconde partie du 19èsiècle, en Angleterre et en France, à la découverte d'une famille de 'clowns' anglais, les Helquin. Le bandeau du roman est une photographie (de Nadar!) des frères Hanlon Lees dans 'le voyage en Suisse'. Si l'on suit les Helquin (la mère, quatre fils dont Alastair le plus jeune et une fille, Thalia), on a l'impression de clowns, bien sûr, avec des spectacles de pantomime, des acrobates, plus forcément au goût d'aujourd'hui, à lire les descriptions de Pierre Jourde, mais réellement mises en scène à l'époque par les Hanlon Lees.
Si l'on se tient à l'histoire, on a quand même une drôle de famille, avec Alastair accidenté lors d'un numéro, remis mais un peu fêlé dans sa tête, ce qui n'a rien arrangé, et Thalia, tombée en catalepsie en voyant son frère, récupérée par Charles, un médecin aliéniste, et sortie du sommeil. Le couple Charles/Thalia va se cacher dans une maison bourgeoise d'un village isolé, craignant d'être retrouvés par les Helquin, et surtout Alastair.
Je fais simple. Mais il faut absolument se plonger dans ce roman complètement 'baroque' parfois, à l'atmosphère sombre, mystérieuse, parfois malaisante, où s'entremêlent les narrations (on s'y retrouve très bien!). Par exemple le couple s'amuse à inventer des histoires où ils jouent un rôle, lors de discussions étendus dans leur chambre, sur le principe des récits enchâssés... Par ailleurs la médecine aliéniste fin 19è, et la 'présentations' des malades en amphi devant le public, c'est carrément fou.
Et ...La marchande d'oublies, c'est quoi? Je ne peux rien révéler, mais c'est du costaud!
Il est dommage que ce roman impressionnant (et long) n'aie pas grand chance dans la course aux prix, mais on ne sait jamais. Un jury pas trop frileux?
Avis Babelio,

il me tentait déjà, tu confirmes!
RépondreSupprimer@ eimelle : il n'écrit pas tant que cela, en fait.
SupprimerJe l'ai chez moi (on me l'a donné) mais je ne n'étais pas sûre de l'ouvrir. Ton billet me fait changer d'avis même si le roman ne semble pas hyper accessible.
RépondreSupprimer@ Alexandra : il n'y a pas de difficultés particulières, tu sais. C'est de la littérature de qualité.
SupprimerBien tentant en effet vu ce que tu en dis. Je ne connais pas cet auteur et j'aimerai le découvrir mais ce sera pour plus tard car en ce moment les pavés ce n'est pas pour moi, je lis de manière trop décousue pour m'y plonger...
RépondreSupprimer@ manou : il en a écrit des biens plus courts, si tu veux le découvrir. Pays perdu par exemple?
SupprimerPavé et baroque : je passe !
RépondreSupprimer@ Sacha : tu es bien frileuse on dirait! ^_^Mais je reconnais que mieux vaut prévoir quelques jours tranquilles pour s'y lancer.
SupprimerJ'ai lu récemment "Le Tibet sans peine" de Pierre Jourde et j'ai adoré son humour et son auto-dérision. Je le connaissais depuis longtemps grâce à ses pastiches littéraires savoureux... Pas sûre que je me lance dans celui-là, à voir...;-)
RépondreSupprimer@ cathe : grâce à toi je viens de réaliser qu'il m'en reste à lire de cet auteur, et sans doute plus drôles!
SupprimerJe n'ai jamais lu cet auteur... Mieux vaut piocher dans ses derniers ouvrages, donc ?
RépondreSupprimer@ Cath L : ses plus connus je pense sont Pays perdu et La première pierre, hautement recommandables et autobiographiques.
SupprimerJe ne crois pas lire ce roman (question de temps ), mais j'ai aimé ce que tu en dis.
RépondreSupprimer@ luocine : je reconnais qu'il faut un peu de disponibilité...
SupprimerEncore un roman sur ce sujet des aliénistes au XIXe....
RépondreSupprimer@ Alex : juste en passant, à peine 10% du roman! Mais tu en sauras plus sur les clowns anglais du 19è.
SupprimerDe l'auteur, j'avais aimé Le voyage du canapé-lit. C'est le seul roman de cet auteur que j'ai lu.
RépondreSupprimer@ Alex : ah oui celui ci est quasiment barré, à mon grand étonnement. ^_^
SupprimerCe titre fait partie des rares repérés en cette rentrée. Mais je n'ai pas encore trouvé le temps de lire un tel pavé. Une version audio serait la bienvenue...
RépondreSupprimer@ Sandrine : j'en avais entendu parler dès avril ou mai, je l'attendais! En audio, bon courage au lecteur!
SupprimerEncore un auteur que je ne connais pas !
RépondreSupprimer@ Philippe : peu présent sur les blogs, c'est un fait.
SupprimerJe dois le confondre avec quelqu'un d'autre, je le pensais mort depuis longtemps ! Tu m'intrigues, là...
RépondreSupprimer@ Inganmic : bien vivant semble-t-il, et en pleine possession de son art!
SupprimerArf, tu sais appâter, mais j'avoue que le mot pavé me freine pour le moment, mais peut-être pour plus tard. Tu n'en fais pas un coup de coeur mais ça y ressemble.
RépondreSupprimer@ Fabja : pas loin, ou alors je n'ai pas voulu insister. Quand même, on n'a pas souvent l'occasion de lire un bouquin aussi 'ample'.
SupprimerJ'en ai lu un ou deux de cet auteur, mais ça fait longtemps. Le côté pavé, pour l'instant, ça m'effraie (je suis dans un Russo de 700 pages, j'ai besoin de respirer).
RépondreSupprimer@ Aifelle : Ah le Russo, je vois! ^_^
SupprimerIl m'en reste à lire de P Jourde, dans d'autres genres d'ailleurs. Chic!
Plus de 600 pages... Ce n'est vraiment pas pour moi ! Désolée !
RépondreSupprimer@ Géraldine : je n'essaie même pas! ^_^ Il y en a d'autres à lire.
SupprimerMe voilà intriguée ! À caser durant des vacances où je lis plus facilement des gros livres.
RépondreSupprimer@ Audrey : mieux vaut avoir l'esprit libre pour s'y lancer!
SupprimerBien trop épais et ambitieux pour les jurés des prix d'automne, tu penses... Ils ont déjà 750 pages de Mauvignier, un pavé de Carrère... Je plaisante à peine. J'ai entendu Pierre Jourde parler de son roman en faisant tout pour éviter d'en parler et c'était savoureux, je l'ai noté, la taille ne me rebute pas, c'est le temps qui manque...
RépondreSupprimer@ Nicole : Pourtant c'est le type de bouquin pour une lectrice tout terrain comme toi? ^_^
SupprimerCette année les pavés s'accumulent, je suis dans le Céline Minard, et ceux que tu cites m'intéressent aussi...
Quant à Jourde, il me semble avoir lu dans le Lire récent (???) que ses traits à l'égard de certains auteurs devenus jurés Goncourt lui barrent le chemin? Bon, il est dans la liste Renaudot (pour l'instant)
Dommage quand même, on a là un auteur costaud.