Conquest

 

Conquest

Nina Allan

Tristram, 2023

Traduit par Bernard Sigaud

Au départ, mon souvenir de l'auteure était celui de textes à la marge du bizarre, alors classement imaginaire science fiction challenge, pourquoi pas? Mais non, honnêtement. Nina Allan est une conteuse hors pair, troublante, on se demande toujours de quel côté du filet la balle va tomber, mais je ne vais pas chercher à caser ce roman.

Frank est informaticien, dingue de la musique de Bach, traîne sur le forum en ligne LAvventura, lieu de rencontre des 'obsédés des OVNI, des théoriciens du complot extraterrestre et autres penseurs dits alternatifs.' Il se rend à la rencontre de certains membres à Paris, et disparait. Sa petite amie Rachel ne lâche rien, engage Robin, une ex-policière pour mener l'enquête.

Donc on a déjà un mystère, qui ne sera pas le seul car Robin se retrouve sur les traces de ses propres origines, et découvre un décès (suspect?) de journaliste à un congrès d'ufologues.

"Il y a des tas de gens qui sont convaincus que nous avons déjà été infiltrés, que la plupart des gouvernements sont dirigés par des extraterrestres, toutes les multinationales, le système bancaire, les fournisseurs d'énergie, tout."(...) "La réalité fait peur, surtout avec le changement climatique, surtout depuis la pandémie." 

Un des personnages est "convaincu que la prochaine guerre sera menée contre les extraterrestres (...) des organismes unicellulaires et des virus pathogènes, des contaminants qui ont été introduits à notre insu dans l'écosystème terrestre. Accidentellement ou délibérément- on ne le sait pas encore." 

Le roman contient aussi une longue nouvelle ayant impressionné notre groupe de complotistes, à savoir La tour. Où une tour est construite avec du matériau extraterrestre, à la suite d'une guerre (gagnée) avec les planète Gliese. La tour Conquest.

Jusqu'au bout j'ai espéré des réponses (j'en ai eu quand même) mais Nina Allan reste dans un flou frustrant. Je retiendrai une écriture remarquable, une construction maîtrisée, des questionnements et surtout surtout une façon de parler de la musique, particulièrement celle de Bach, qui est formidable et m'a conduite à m'écouter quelques BWV, en particulier Ich habe genug... (c'est le 82, ne me remerciez pas). Elle parle d'un tableau de Jehan Fouquet, elle le décrit, mais hélas il semble être de pure imagination.

Avis babelio, motspourmots, 

Même si l'auteure est une femme et qu'on est dans l'inclassable, je ne le mets pas dans le challenge SF (mais j'en ai sous le coude)

Sur ce blog,  Complications  La course, sans billet La fracture, et récemment une parution, Les bons voisins, je guette (billet de Le Bouquineur)