Lire Lolita à Téhéran



Azar Nafisi
Lire Lolita à Téhéran



10/18 Domaine étranger


"A l'automne 1995, après avoir démissionné de l'université, j'ai décidé de me faire plaisir et de réaliser un rêve. j'ai choisi sept de mes étudiantes, parmi les meilleures et les plus impliquées, et je les ai invitées à venir chez moi tous les jeudis matin pour parler littérature."

Ainsi débute cet ouvrage inclassable, pas vraiment un roman, qui nous parle de "lire, discuter des oeuvres de fiction et y réagir" ; au cours de ce séminaire de deux ans sont abordées de grandes oeuvres d'auteurs classiques (Nabokov, Fitzgerald, James, Austen,...). Ces étudiantes et leur professeur discutent aussi de leurs expériences quotidiennes. Tout cela se passe en Iran, et Azar Nafisi relate "de l'intérieur"  l'histoire de ce pays entre 1979 et maintenant : le départ du Shah, la révolution islamique, l'instauration de nouvelles lois et l'évolution de la pression, bouleversant la vie des différents protagonistes.
"Il ne fallut pas longtemps au gouvernement pour faire instaurer une nouvelle réglementation qui limitait la liberté des femmes en matière d'habillement et les obligeait à porter le tchador ou la longue robe et le foulard."
Et puis :
"Je pris l'habitude de rentrer mes mains à l'intérieur de ces manches et de faire comme si je n'en avais pas. Au bout du compte, j'imaginais que sous la longue robe mon corps disparaissait petit à petit, que bras, poitrine, ventre et jambes fondaient, s'enfonçaient dans le sol, et qu'il ne restait plus qu'un morceau de tissu qui prenait le forme de mon corps et allait d'un endroit à un autre, guidé par une force invisible."Dans ce monde là, l'"évasion" dans les oeuvres de fiction a permis à ces femmes et jeunes filles d'affronter et comprendre la réalité et aussi de se remettre en question et se connaître . Lire Lolita à téhéran devient un hymne merveilleux à l'importance de la littérature.

J'ai été "scotchée" par de nombreux passages de ce livre extrêmement riche quant aux thèmes abordés, qui peut faire réfléchir, sourire, s'émouvoir, frissonner. A lire absolument.


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la nymphette Il y a 4 ans
J'adore le passage que tu as cité... Il me fait tristement penser à certaines remarques de femmes violées qui disent vouloir faire disparaitre leurs corps... ce livre est superbe!
keisha Il y a 4 ans


Tu as raison ! Et je crains que la situation ne se soit guère améliorée pour les femmes et leur habillement à l'extérieur. Ce pays m'attire mais j'hésite à l'idée de
devoir m'habiller selon ces critères. Quoique cela permettrait de mieux comprendre ce que ressentent ces femmes.


Oui, c'est un livre exceptionnel, je crois aussi que c'est Emjy sur un forum qui me l'a fait connaître.



A_girl_from_earth Il y a 4 ans
Ce passage que tu cites m'avait marquée aussi, on sent le désespoir dans cette résignation. J'ai vu une fois une femme portant le tchador dans le métro, c'est une vision assez effrayante et étouffante, je n'ose imaginer ce que c'est d'être sous cet habit...
Bon du coup j'attends avec impatience ton compte-rendu de voyage en Iran, je suis sûre que ça va être une expérience de voyage extraordinaire!
keisha Il y a 4 ans


@ A girl from earth
Peut être en dessous sont-elles en jean et maquillées...? Etouffant dans tous les sens du terme, oui.
Porter tel ou tel vêtement doit avoir une influence : je me souviens avoir essayé de superbes chaussures à haut talons, et là franchement je ne me tenais pas pareil, je me sentais "star"!



A_girl_from_earth Il y a 4 ans
:)Ouh la moi en haut talons c'est une vraie cata, zéro grâce, mais c'est vrai que l'habit fait quand même le moine dans une certaine mesure.
keisha Il y a 4 ans


@ A girl from earthTu m'as vue, moins d'un mètre soixante, talons de 3 cm maxi bien assumés.



Tiphanya Il y a 4 ans
Je me doutais bien qu'il y avait de bonnes chances de le trouver ici.
Concernant le tchador j'ai vu beaucoup de femmes le portant en Malaisie, qui n'hésitait pas à être très sexy en dessous (vive les toilettes publiques où toutes les femmes se refond une beauté).
keisha Il y a 4 ans


@ Tiphanya
Dans les toilettes il y a de quoi suspendre le voile, en effet, et ça y allait fort avec le maquillage...



Anis Il y a 2 ans


Ton article est passionnant. J'ai très envie de lire ce livre. J'en avais déjà entendu parler. Comme quoi la littérature est toujours un brin subversive...



keisha Il y a 2 ans


@ Anis


Je l'avais acheté en poche, et j'ai offert mon exemplaire. Dommage, car je pourrais le relire, étant donné que je suis allée en Iran depuis... et que le voile, j'ai testé!



jeneen Il y a 1 an


J"ai adoré comme toi (je l'ai gardé par contre, mais j'ai le grand modèle !) et je me relis des passages parfois...



keisha Il y a 1 an


@ jeneen


Moralité : il ne faut jamais donner les livres qu'on a aimé, on pourrait avoir envie de les relire... Je crois que
l'auteur a un autre livre paru depuis?



jeneen Il y a 1 an


Je suis retournée en iran, en 2002, en voyage avec amis et famille, et j'ai aimé ses habitants, les paysages, le patrimoine culturel...Les discussions avec les étudauntes de Shiraz...J'ai
vraiment été bluffée par ce pays dans lequel je suis née et je peux te confirmer que chez elles, les iraniennes sont habillées plus sympa (voire sexy). Cela dit, depuis, il y a eu ce nouveau
président...Et c'est beaucoup plus difficile (dixit amis vivant là-bas). Je suis contente de lire des billets comme le tien...



keisha Il y a 1 an


@ jeneen


Va voir mes billets "voyage", tu verras que les contacts avec les gens étaient chaleureux, à leur propre initiative , et nous étions juste après les élections de 2009. On ressentait le besoin de
communiquer avec les (rares) touristes.


Côté patrimoine, c'est fabuleux! Quant à la cuisine, un festival de saveurs... Et je confirme que les femmes savent très bien contourner la loi quand il s'agit d'être élégante et sexy!



Jeneen Il y a 1 an


J'irai voir ! je te dirai ! (oui tu as raison, ils ont très envie de communiquer, et les touristes étant rares, ils sont avides de ces rencontres et discussions) Bonne journée.



keisha Il y a 1 an


@ Jeneen


Les femmes et jeunes filles pratiquant un peu l'anglais n'hésitaient pas à engager à conversation avec les femmes du groupe, à parler d'elles et donner leur avis sur les derniers événements...
Une grande confiance de leur part (bien fondée évidemment). A quoi reconnaissaient-elles qu'on étaient étrangères? Quand on parlait, mais pas toujours, et je crains que notre vêture islamique de
bric et de broc manquait franchement d'élégance par rapport à la leur...

Commentaires