mercredi 31 mai 2023

La Supplication


 La Supplication

Svetlana Alexievitch

Thesaurus, Actes Sud, 2015

Traduit par Galia Ackerman et Pierre Lorrain



L'auteure, née en Ukraine, de nationalité biélorusse, a obtenu le prix Nobel en 2015 (et des dents ont du grincer par là-bas). 

Une brève introduction rappelle les événements du 26 avril 1986 en Ukraine et ses conséquences pour la Biélorussie; car oui, la centrale de Tchernobyl est en fait au plus près de Pripiat, à 130 km au nord de Kiev, et 20 km au sud de la frontière avec la Biélorussie, pays qui a reçu 70 % des nucléides propulsés dans l'atmosphère, actuellement un biélorusse sur 5 vit dans une région contaminée. 

"Je ne cherche pas à produire un document mais à sculpter l'image d'une époque. C'est pourquoi je mets entre cinq et dix ans pour rédiger chaque livre. J'enregistre des centaines de personnes. Je reviens voir la même personne plusieurs fois. Il faut d'abord, en effet, la libérer de la banalité qu'elle a en elle. (...) Peu à peu, on va vers le fond de soi-même et on prononce des phrases tirées de notre expérience vivante et singulière."

Ce qui donne pour l'essentiel des monologues dont le poids est certain. Ne le sachant pas avant ma lecture, j'ai pris un bon coup. Parlent les anciens habitants des zones touchées, des intervenants tels les ingénieurs, médecins, liquidateurs, familles de militaires décédés etc. Cela fait froid dans le dos, quand on réalise le manque de réactivité, le manque de précautions, l'horreur des situations.

On croit peut-être tout savoir sur la sujet, mais non, "Il s'est produit un événement pour lequel nous n'avons ni système de représentation, ni analogies, ni expérience."

Le verger était en fleurs, mais il ne sentait rien! Plus tard, j'ai appris que l'organisme réagit aux fortes radiations en bloquant certains organes."

A lire absolument.

Lecture commune de l'auteur, mais on comprendra que je me réserverai un peu de temps avant de lire La guerre n'a pas un visage de femmes ou Derniers témoins.

Avis Lilly,

Avis babelio

samedi 27 mai 2023

Bruges

 ... ou Brugge, sur place!

Beaucoup beaucoup de monde, ce qui explique peut-être un manque d'enthousiasme de ma part (et puis j'aime bien Gant)

Le béguinage bien tranquille (les dizaines de touristes sont contenus). Admirez la météo!



Vous connaissez le principe : un musée! Groeningue.
La madone au chanoine Joris van der Paele de Jan van Eyck, 1436 

Saint Luc dessinant la Madone, de Rogier van der Weyden, env 1500

Portrait de Marguerite van Eyck , de Jan van Eyck,1439
Oui, son épouse

Crucifixion de Jan Provoost, 1501-1505

En bas à droite on se partage les vêtements!


Brughel II, La prédication de saint Jean-Baptiste, 1601-1620
et plein d'autres tableaux, dont
La Lys à Astene, Emile Claus, 1885
Visite de l'église Notre Dame, aperçue dans la deuxième photo.

Madone de Michel Ange
La position des mains est belle

La vocation de Saint Matthieu
œuvre basée sur un Caravage que Jacob Van Oost avait vu à Rome
Pour terminer, quelques vues de Bruges, où chaleur et foule ont un peu gâté la journée, tant pis.


Il aurait fallu attendre trop longtemps pour pouvoir monter dans le beffroi


Dès qu'on s'écarte un peu ... pas un chat!

Sinon, il faut se frayer un chemin

Au revoir, Bruges

jeudi 25 mai 2023

Les contemplées


 Les contemplées

Pauline Hillier

La manufacture de livres, 2003


Sans trop savoir de ce livre, sauf l'enthousiasme de Delphine Olympe, je me suis lancée, pour d'emblée me retrouver à la Manouba, dans la prison pour femmes de Tunis. Pauline Hillier a manifesté pour une tunisienne emprisonnée, et tout a suivi très vite. Les conditions sont difficiles, et la voilà avec 27 autres dans une cellule de 20 mètres carrés, surchauffée et malodorante. Elle ne connaît pas l'arabe, ni les habitudes du lieu. Les gardiennes sont brutales, son procès (si on peut utiliser ce mot) est une mascarade.

Petit à petit elle découvre ses codétenues, de tous âges, de tous passés, leurs vies aussi. Sa vie et sa vision vont changer radicalement. 

"Si même les "gentilles" comme Warda et Chafia sont jetées en prison et si même les "méchantes" comme Fazia et Orti Latiffa se révèlent sensibles, touchantes, inspirantes même, je suis perdue. (...) Les cartes de la vie sont rebattues, tout est à revoir. Je me défais peu à peu des préjugés moraux que je brandissais jadis avec l'arrogance d'un petit prêtre. Je désapprends."

"D'un bande de tueuses, de voleuses et de petites délinquantes, j'ai reçu la plus magistrale des leçons d'humanité. Moi qui venais en féministe expérimentée (je le croyais), j'ai découvert là-bas ce que la violence patriarcale pouvait produire de plus abjecte, de plus sournois et de plus sombre. "

Un livre qu'on ne lâche pas, époustouflant.

Avis babelio

Le billet de Delphine Olympe, découvert juste au moment de mon emprunt de Le Décaméron des femmes, où elle écrivait

"Ce roman m’a rappelé un livre qui ne dira sans doute pas grand chose à grand monde, mais qui m’avait fortement impressionnée à la fin de mon adolescence et dont je conserve un souvenir vif et déchirant : celui de la Russe Julia Voznesenskaya, Le Décaméron des femmes, dans lequel une dizaine de jeunes accouchées réunies dans un hôpital de Leningrad se racontaient à tour de rôle les événements marquants de leur existence. A travers leurs récits personnels, c’est la manière dont la société soviétique pesait sur la condition féminine que l’auteure révélait. Pauline Hillier procède de la même manière, et de son livre se dégagent la même émotion, le même élan de solidarité, la même force, faisant naître chez le lecteur le même sentiment de révolte. Un sentiment accru lorsqu'on sait que ce livre est inspiré de ce qu'a réellement vécu l'auteure. Quelque chose me dit que ces Contemplées me marqueront d’une empreinte aussi durable. Et je souhaite à toutes les lectrices - et aux lecteurs aussi - de connaître le même saisissement que celui qui m'a étreinte en lisant ces deux livres.  "

Ensuite je n'avais plus qu'à emprunter et lire Les contemplées!

lundi 22 mai 2023

Ce que Majella n'aimait pas


 Ce que Majella n'aimait pas

Big Girl, Small Town

Michelle Gallen

Joelle Losfeld éditions, 2022

Traduit par Carine Chichereau


" Parfois Majella pensait qu'elle devrait condenser la liste complète des trucs qu'elle n'aimait pas trop en la réduisant à un seul : - les autres."

Mais dans ce qu'elle aime, il y a Papa (hélas parti il y a dix ans), Mémé (qui vient d'être tabassée à mort), les antidouleurs, nettoyer, les sexe, Dallas, etc.

A vingt-sept ans, Majella habite depuis toujours dans une petite ville d'Irlande du nord proche de la frontière et travaille chez Salé, Pané, Frit!- Fast food traditionnel, avec son collègue Marty. De 17 h à 1 h du matin. A demander aux habitués ou non ce qu'ils désirent manger. 

Quand elle rentre à son domicile, elle ignore ce qu'elle va trouver. Au mieux, sa mère n'a pas trop bu. 

Cependant ... inutile de sortir les mouchoirs, ce roman a priori désespérant réussit à être drôle, avec ces personnages hauts en couleurs et son héroïne atypique. Majella traverse cette vie en se débrouillant du mieux possible, fidèle au poste avec cette mère là, et ces clients là. Parfois un peu de tendresse ressort. Une lueur d'espoir et de changement?

Un roman surprenant que je recommande.

Avis babelio, motspourmots, bibliosurf

samedi 20 mai 2023

Gand

 Gand ou plutôt Gent (merci à Miss Sunalee), on a abordé la zone flamande. Une bien jolie ville, universitaire (ce qui donne une belle ambiance), des canaux, un beffroi ( on en reparlera) , de beaux bâtiments et ... un musée des Beaux-Arts!

La madone à l'œillet de Rogier van der Weyden, vers 1480
Un peintre que (honte à moi) je ne connaissais pas, mais qui est derechef entré dans ma liste de chouchous.
Un artiste que je me réjouissais de voir (en vrai) c'est Bosch.

Le portement de croix -1510-1516)
Un Christ paisible, le bon larron en haut à droite, le mauvais en bas à droite (les deux emberlificotés dans des liens), Véronique en bas à gauche, et plein de visages malveillants, tout est bien resserré

Saint Jérôme 1485- 1495 (Jérôme Bosch, justement)
L'animal sur la gauche est censé être un lion, animal peu courant pour Bosch, on va dire

Frans I Pourbus (il y a aussi son fils) Portrait de jeune femme, 1581

Les mal voyants peuvent 'toucher' l'œuvre et la découvrir grâce à ce dispositif

Tiens Brueghel II, avec Le repas de noces dans la grange, après 1616. Un détail puis le tableau.



Toujours Brughel II, avec La danse de noces en plein air (détail). On a envie de s'y lancer soi-même!



Gaspar de Crayer, Etude de la tête d'un jeune Maure, 1631
Rubens avait aussi peint des têtes de jeunes Maures (pas pris de photo), tableau intitulé autrement auparavant (le n-word a disparu). Aux Beaux-arts de Rennes, on peut voir un tableau de de Crayer, avec un jeune Maure, dans l'Erection de la croix (merci internet)
 
Rubens : La flagellation du Christ, vers 1614
Une esquisse pour un tableau plus grand, mais remarquable, non?

Et on termine avec le Portrait d'un cleptomane, de Géricault, vers 1820-1824
puis des artistes que j'ai découverts lors du voyage, et que j'aime beaucoup!

Emile Claus, Les patineurs, 1890

Anders Zorn, Avec sa mère, 1895

Corot, La carrière de Chaise-Marie, à Fontainebleau, 1831

Le tram, et hop, retour au centre ville. 
Trois vitrines pour présenter les sortes de bière!

Le château des Comtes

Vue d'en haut du château

On remarquera la météo idéale
Je laisse admirer les maisons


On se souvient peut-être du beffroi halle aux draps? Après le château et ses marches, quoi de mieux que de continuer? Surprise, il y a un ascenseur pour la montée d'une partie... 

On croise des cloches

Vue d'en haut

Idem
Sonneries tous les quarts d'heure, il s'agissait de ne pas rater le moment. Enregistré ... mais gros fichier! Le cylindre se met en route on a des crochets genre boîte à musique, les cordes bougent, etc.


Une place bien paisible...
Au revoir Gand.