Le cartographe des Indes boréales
Olivier Truc
Métailié, 2019
Cette fois Olivier Truc délaisse ses polars chez les samis, et propose un gros roman d'aventures courant tout le long du 17ème siècle. Ah quelle époque sympathique! Si tu es pauvre, tu crèves de faim, tu es sous le joug des puissants, si tu es riche tu dois te méfier aussi. De l'inquisition espagnole et ses tortures inventives aux pasteurs luthériens suédois qui ne rigolent pas pour contrer le catholicisme et le paganisme sans cracher sur des méthodes cruelles et expéditives, on n'est jamais tranquille pour penser. Fanatisme religieux, conversions forcées, procès en sorcellerie, emprisonnements, compromissions, coups fourrés, ah de nos jours c'est mieux, non? (euh pas forcément, ah bon)
Il faut un héros, que l'on suit sur des décennies, avec parfois des ellipses que l'on apprend à remplir. Pas besoin de trop connaître l'historie suédoise, des détails suffisants éclairent le lecteur. Izko, fils d'un chasseur de baleine basque, rêve de suivre les traces de son père jusqu'au Spitzberg, mais il deviendra cartographe (et un poil espion). Le voilà donc fréquentant (un peu) la reine Christine et plongeant dans le grand nord suédois où les lapons (samis de nos jours) tâchent de survivre en évitant les suédois désireux de les convertir/coloniser/spolier de leurs terres. Izko apprendra à un peu les connaître.
Inutile de tout raconter, c'est le genre qui veut qu'il se passe toujours quelque chose! Izko semble ne pas toujours avoir la main sur son destin, en dépit de ses efforts. 600 pages d'aventures et de voyages.
L'avis de viduité, Yv,
Merci à l'éditrice! L'auteur sera au festival Quai des polars.
jeudi 28 mars 2019
lundi 25 mars 2019
Kiosque
Kiosque
Jean Rouaud
Grasset, 2019
Un auteur inconnu (jusqu'ici), un éditeur pas souvent choisi, mais quel plaisir qu'après des décennies de vie de lectrice et une décennie de blog j'aie encore des surprises! Et ce coup-ci, une bonne. Encore une fois, on n'est pas dans le roman, mais dans l'évocation vagabonde des années 80 vécues par Jean Rouaud, qui ayant quitté sa région d'origine, s'en fut à Paris, où, à défaut que les éditeurs lui déroulent le tapis rouge (notre homme veut devenir écrivain!) dût bien manger, et après une petite librairie (qui n'existe plus) devant Beaubourg, tint un kiosque (disparu aussi) dans le 19ème arrondissement.
Si le paragraphe précédent ne vous a pas perdu, vous êtes prêt à affronter la prose de Jean Rouaud, meilleure bien sûr dans le vocabulaire, l'ironie et l'intérêt! Des personnages hauts en couleur fréquentent son kiosque, pas forcément pour acheter des journaux d'ailleurs; son collègue patron, P. est une vraie figure. Tout part d'ailleurs d'un article sur lui dans un journal...
Pieds noirs, boat people, juifs survivants de la tempête des années 30-40, yougoslaves avant la guerre, tous sont là : "Ce sont les gens qui parlent le mieux d'eux-mêmes".
"Saint-Eustache et Beaubourg sont construits en miroirs." Le livre fourmille de ces idées auxquelles on n'avait pas pensé. Les grandes discussions autour de la pyramide du Louvre paraissent si loin, aussi.
Et puis vers la fin, s'explique peut-être la genèse de son destin de kiosquier, puis d'écrivain?
Beaucoup aimé, c'est vif, drôle et émouvant.
Un passage parmi de nombreux que j'aurais pu citer
"Nous avions bien remarqué que les journaux de Zagreb et Belgrade n'usaient pas des mêmes caractères, latins pour les uns, cyrilliques pour les autres, mais ils avaient en commun d'avoir un papier de mauvaise qualité, une impression baveuse et des photos d'un pointillisme gris sale sur lequel on avait toujours du mal à distinguer l'activiste pro-serbe se jetant sur l'archiduc à Sarajevo ou n'était-ce pas plutôt un usager tendant son billet au contrôleur avant de monter dans le bus, ce qui nous renforçait dans l'idée convenue de la médiocrité de toute production venant de l'Est, hormis les Choeurs de l'Armée rouge et les nageuses est-allemandes."
Jean Rouaud
Grasset, 2019
Un auteur inconnu (jusqu'ici), un éditeur pas souvent choisi, mais quel plaisir qu'après des décennies de vie de lectrice et une décennie de blog j'aie encore des surprises! Et ce coup-ci, une bonne. Encore une fois, on n'est pas dans le roman, mais dans l'évocation vagabonde des années 80 vécues par Jean Rouaud, qui ayant quitté sa région d'origine, s'en fut à Paris, où, à défaut que les éditeurs lui déroulent le tapis rouge (notre homme veut devenir écrivain!) dût bien manger, et après une petite librairie (qui n'existe plus) devant Beaubourg, tint un kiosque (disparu aussi) dans le 19ème arrondissement.
Si le paragraphe précédent ne vous a pas perdu, vous êtes prêt à affronter la prose de Jean Rouaud, meilleure bien sûr dans le vocabulaire, l'ironie et l'intérêt! Des personnages hauts en couleur fréquentent son kiosque, pas forcément pour acheter des journaux d'ailleurs; son collègue patron, P. est une vraie figure. Tout part d'ailleurs d'un article sur lui dans un journal...
Pieds noirs, boat people, juifs survivants de la tempête des années 30-40, yougoslaves avant la guerre, tous sont là : "Ce sont les gens qui parlent le mieux d'eux-mêmes".
"Saint-Eustache et Beaubourg sont construits en miroirs." Le livre fourmille de ces idées auxquelles on n'avait pas pensé. Les grandes discussions autour de la pyramide du Louvre paraissent si loin, aussi.
Et puis vers la fin, s'explique peut-être la genèse de son destin de kiosquier, puis d'écrivain?
Beaucoup aimé, c'est vif, drôle et émouvant.
Un passage parmi de nombreux que j'aurais pu citer
"Nous avions bien remarqué que les journaux de Zagreb et Belgrade n'usaient pas des mêmes caractères, latins pour les uns, cyrilliques pour les autres, mais ils avaient en commun d'avoir un papier de mauvaise qualité, une impression baveuse et des photos d'un pointillisme gris sale sur lequel on avait toujours du mal à distinguer l'activiste pro-serbe se jetant sur l'archiduc à Sarajevo ou n'était-ce pas plutôt un usager tendant son billet au contrôleur avant de monter dans le bus, ce qui nous renforçait dans l'idée convenue de la médiocrité de toute production venant de l'Est, hormis les Choeurs de l'Armée rouge et les nageuses est-allemandes."
jeudi 21 mars 2019
Eleanor Oliphant is completely fine
Eleanor Oliphant is completely fine
Gail Honeyman
Harper Collins, 2018
Existe en français et en poche!
A la fin du roman, son auteur précise qu'ayant lu un article sur la solitude, avec l'interview d’une jeune femme racontant qu’elle ne parlait à personne de tout le week end, l'idée lui est venue d'imaginer une héroïne vivant ces circonstances.
Et puis j'ai eu en tête une chanson avec des solitaires et aussi une Eleanor. Curieux, non?
"All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?"
Gail Honeyman
Harper Collins, 2018
Existe en français et en poche!
A la fin du roman, son auteur précise qu'ayant lu un article sur la solitude, avec l'interview d’une jeune femme racontant qu’elle ne parlait à personne de tout le week end, l'idée lui est venue d'imaginer une héroïne vivant ces circonstances.
Et puis j'ai eu en tête une chanson avec des solitaires et aussi une Eleanor. Curieux, non?
"All the lonely people
Where do they all come from?
All the lonely people
Where do they all belong?"
(ceux qui ne connaissent pas Eleanor Rigby ratent quelque chose!)
Bref, et Eleanor Oliphant? Elle travaille dans un bureau, et tous les mercredi soir mène une conversation téléphonique avec sa mère (et ça fait parfois froid dans le dos). Le week end c'est pizza et vodka. Elle parle avec sa plante. Jamais de visites, sauf employés relevant un compteur ou alors un service social.
Ses collègues la trouvent bizarre. Il faut dire qu'il lui manque quelques 'codes' et que son humour est plutôt involontaire. Mais ses réflexions sur son environnement sont souvent fort sensées.
Non, Eleanor Oliphant ne va pas très bien.
Petti à petit des détails s'insinuent, le lecteur se pose des questions. Pourquoi Eleanor vit-elle ainsi? Que s'est-il passé? Sa carapace va-t-elle se fissurer, et si oui, comment l'auteur va-t-elle le montrer? Ma réponse : avec talent!
Pas besoin d'en dire plus, à vous de découvrir, après moult billets de tentatrices, ce chouette roman qui peut vous bousculer. Mais qui réussit à être drôle! Je l'ai dévoré en VO, puisque les biblis ne proposaient rien d'autre!
Et il paraît qu'il y aura un film!
lundi 18 mars 2019
La vie secrète des animaux
La vie secrète des animaux
Amour, deuil, compassion
un monde caché s'ouvre à nous
Peter Wohlleben
Les Arènes, 2018
Après La vie secrète des arbres (lu mais pas chroniqué), le forestier allemand le plus connu actuellement récidive avec les animaux, et, disons-le, pour notre plus grand plaisir. Il s'appuie sur une grands liste (bibliographie à la fin) de documents, qu'il a lus et disséqués pour nous, présentant ainsi plein de données sur différentes bestioles, parfois peu ragoûtantes, mais qu'il réussit à nous faire sinon aimer mais comprendre (la tique, franchement...). Hé oui, le hérisson est plein de mignonnitude, mais ce n'est pas le cas de tous.
Il a recours pour ses assertions et ses questionnements à des anecdotes tirées de sa vie personnelle avec les animaux sauvages de ses forêts, ainsi que de ses chevaux, chèvres, chiens et chats.
En résumé : plaisant à lire, instructif, donnant une autre vision des animaux (si on ne l'avait pas déjà!) et menant à s'interroger sur leurs facultés bien réelles et notre attitude à leur égard.
L'horloge de la nature
Prévoir le temps, comprendre les saisons, les animaux et les plantes
Peter Wohlleben
Le fil vert, Macro, 2017
Traduit par Laurent Palet
Pourquoi s'en priver? J'ai continué avec ce titre plus généraliste, et j'adore ces bouquins proposant en deuxième titre un catalogue des thèmes abordés.
Finalement, existent très peu de répétitions par rapport au livre précédent, on est plus dans les Sciences de la vie et de la terre, avec la météorologie, l'astronomie, les saisons, le changement climatique, différentes bestioles, et des conseils pour le jardin, et redécouvrir qu'on peut mieux observer la nature et ce faisant en apprendre pas mal.
Tout public, y compris jeunesse intéressée, à partir de 12/15 ans?!
Amour, deuil, compassion
un monde caché s'ouvre à nous
Peter Wohlleben
Les Arènes, 2018
Après La vie secrète des arbres (lu mais pas chroniqué), le forestier allemand le plus connu actuellement récidive avec les animaux, et, disons-le, pour notre plus grand plaisir. Il s'appuie sur une grands liste (bibliographie à la fin) de documents, qu'il a lus et disséqués pour nous, présentant ainsi plein de données sur différentes bestioles, parfois peu ragoûtantes, mais qu'il réussit à nous faire sinon aimer mais comprendre (la tique, franchement...). Hé oui, le hérisson est plein de mignonnitude, mais ce n'est pas le cas de tous.
Il a recours pour ses assertions et ses questionnements à des anecdotes tirées de sa vie personnelle avec les animaux sauvages de ses forêts, ainsi que de ses chevaux, chèvres, chiens et chats.
En résumé : plaisant à lire, instructif, donnant une autre vision des animaux (si on ne l'avait pas déjà!) et menant à s'interroger sur leurs facultés bien réelles et notre attitude à leur égard.
L'horloge de la nature
Prévoir le temps, comprendre les saisons, les animaux et les plantes
Peter Wohlleben
Le fil vert, Macro, 2017
Traduit par Laurent Palet
Pourquoi s'en priver? J'ai continué avec ce titre plus généraliste, et j'adore ces bouquins proposant en deuxième titre un catalogue des thèmes abordés.
Finalement, existent très peu de répétitions par rapport au livre précédent, on est plus dans les Sciences de la vie et de la terre, avec la météorologie, l'astronomie, les saisons, le changement climatique, différentes bestioles, et des conseils pour le jardin, et redécouvrir qu'on peut mieux observer la nature et ce faisant en apprendre pas mal.
Tout public, y compris jeunesse intéressée, à partir de 12/15 ans?!
jeudi 14 mars 2019
Le voyage du canapé-lit
Le voyage du canapé-lit
Pierre Jourde
Gallimard, 2018
Cela va finir par se savoir : j'aime beaucoup l'auteur, enfin, heu, ses livres, seule rencontre à l'heure actuelle. Après Le Maréchal absolu Pays perdu La première pierre Winter is coming, ces trois derniers évoquant des épisodes de sa vie, genre que d'ordinaire je fuis, voici une histoire de canapé-lit; mais son talent doit être incontournable puisque même sur la maladie (et le décès) de son fils, j'ai dévoré le texte.
Cette fois, à une époque non précisée, Jourde faisant fi de la chronologie et mélangeant allègrement passé, présent et même futur, ainsi que la géographie, peu importe, sa grand-mère maternelle est décédée, une grand-mère affreuse en particulier à l'égard de sa fille, la mère de l'auteur (vous suivez?), et le voilà, accompagné de son frère Bernard et son épouse Martine, à transbahuter un canapé vieillot jusqu'à la demeure familiale au fin fond de l'Auvergne.
Cette équipée permet de découvrir le trajet en France profonde (respect à la France profonde, hein!), des dialogues fous (inventés, mais psychanalysants parfois, il y a de la névrose familiale dixit la quatrième)(de toute façon, il y a déjà le canapé) et des voyages jourdesques, avec ou sans Bernard, dont ils s'est tiré vivant, mais après moult péripéties.
Avouons-le, parfois les blagues sont scato, Jourde raconte sa vie, mais fichtre je me suis bien amusée. Et j'en avais besoin. Je sais, ce n'est pas franchement un compte-rendu objectif mais tant pis. De toute façon Jourde a déjà désamorcé les critiques qu'on pouvait lui faire, alors...
Intervention d'un lecteur déçu de trouver tels passages sous la couverture blanche de Gallimard (mais où-va-t-on, quoi!)
"-Je revenais faire un tour, mais je vois que ça ne s'est pas arrangé, je vais revendre ce bouquin chez Gibert fissa, fait le lecteur.
-C'était qui? turlute Martine.
-Notre lecteur. Il s'en va.
- C'est le seul?
- J'en sais rien.
- Mais si personne ne nous lit, on va continuer à exister?
- Un livre existe sans lecteur.
- Tu es sûr?"
Page 170 allusion aux lecteurs de Chevillard, un pote de Jourde, d'où
Détartre et désinfecte
Eric Chevillard
Fata Morgana, 2017
De courts textes qui m'ont intéressée de façon inégale (désolée). La soupe et La chaise sont excellents, Nets progrès, génial (pour moi ça parle d'un chat, donc) et Rapport parlementaire, original et parlant, cause animale et extinction des espèces.
Pierre Jourde
Gallimard, 2018
Cela va finir par se savoir : j'aime beaucoup l'auteur, enfin, heu, ses livres, seule rencontre à l'heure actuelle. Après Le Maréchal absolu Pays perdu La première pierre Winter is coming, ces trois derniers évoquant des épisodes de sa vie, genre que d'ordinaire je fuis, voici une histoire de canapé-lit; mais son talent doit être incontournable puisque même sur la maladie (et le décès) de son fils, j'ai dévoré le texte.
Cette fois, à une époque non précisée, Jourde faisant fi de la chronologie et mélangeant allègrement passé, présent et même futur, ainsi que la géographie, peu importe, sa grand-mère maternelle est décédée, une grand-mère affreuse en particulier à l'égard de sa fille, la mère de l'auteur (vous suivez?), et le voilà, accompagné de son frère Bernard et son épouse Martine, à transbahuter un canapé vieillot jusqu'à la demeure familiale au fin fond de l'Auvergne.
Cette équipée permet de découvrir le trajet en France profonde (respect à la France profonde, hein!), des dialogues fous (inventés, mais psychanalysants parfois, il y a de la névrose familiale dixit la quatrième)(de toute façon, il y a déjà le canapé) et des voyages jourdesques, avec ou sans Bernard, dont ils s'est tiré vivant, mais après moult péripéties.
Avouons-le, parfois les blagues sont scato, Jourde raconte sa vie, mais fichtre je me suis bien amusée. Et j'en avais besoin. Je sais, ce n'est pas franchement un compte-rendu objectif mais tant pis. De toute façon Jourde a déjà désamorcé les critiques qu'on pouvait lui faire, alors...
Intervention d'un lecteur déçu de trouver tels passages sous la couverture blanche de Gallimard (mais où-va-t-on, quoi!)
"-Je revenais faire un tour, mais je vois que ça ne s'est pas arrangé, je vais revendre ce bouquin chez Gibert fissa, fait le lecteur.
-C'était qui? turlute Martine.
-Notre lecteur. Il s'en va.
- C'est le seul?
- J'en sais rien.
- Mais si personne ne nous lit, on va continuer à exister?
- Un livre existe sans lecteur.
- Tu es sûr?"
Page 170 allusion aux lecteurs de Chevillard, un pote de Jourde, d'où
Détartre et désinfecte
Eric Chevillard
Fata Morgana, 2017
De courts textes qui m'ont intéressée de façon inégale (désolée). La soupe et La chaise sont excellents, Nets progrès, génial (pour moi ça parle d'un chat, donc) et Rapport parlementaire, original et parlant, cause animale et extinction des espèces.
lundi 11 mars 2019
Oyana
Oyana
Eric Plamondon
Quidam, 2019
Quels rapports entre les Basques et les Québecois? (vous avez quatre heures)
Eléments de réponse : les baleines (chasseurs basques partis vers Terre Neuve et baleines au Saint Laurent) et la lutte pour l'indépendance (et la langue?). Et Oyana, mais là c'est le roman.
Depuis plus de 20 ans Oyana vit au Québec, partageant la vie de Xavier. Elle s'apprête à partir pour la France, retrouver le pays basque qu’elle a quitté dans des circonstances dramatiques. Le déclencheur? L'annonce le 3 mai 2018 que l'ETA a décidé de se dissoudre, 'la lutte est terminée', 'les armes et la violence ne sont plus une solution.'
Oyana se remémore sa vie, celle des ses parents, de son pays. Comme pour Taqawan, Eric Plamondon use d'un récit éclaté, nerveux, efficace. Du suspense, des retournements, des révélations, assez pour maintenir l'intérêt. Une héroïne écorchée, dans la douleur.
Merci à l'éditeur et à sa confiance. Toujours de superbes couvertures de Hugues Vollant.
Les avis de mots pour mots,
Eric Plamondon
Quidam, 2019
Quels rapports entre les Basques et les Québecois? (vous avez quatre heures)
Eléments de réponse : les baleines (chasseurs basques partis vers Terre Neuve et baleines au Saint Laurent) et la lutte pour l'indépendance (et la langue?). Et Oyana, mais là c'est le roman.
Depuis plus de 20 ans Oyana vit au Québec, partageant la vie de Xavier. Elle s'apprête à partir pour la France, retrouver le pays basque qu’elle a quitté dans des circonstances dramatiques. Le déclencheur? L'annonce le 3 mai 2018 que l'ETA a décidé de se dissoudre, 'la lutte est terminée', 'les armes et la violence ne sont plus une solution.'
Oyana se remémore sa vie, celle des ses parents, de son pays. Comme pour Taqawan, Eric Plamondon use d'un récit éclaté, nerveux, efficace. Du suspense, des retournements, des révélations, assez pour maintenir l'intérêt. Une héroïne écorchée, dans la douleur.
Merci à l'éditeur et à sa confiance. Toujours de superbes couvertures de Hugues Vollant.
Les avis de mots pour mots,
jeudi 7 mars 2019
Cachée sous mon turban
Cachée sous mon turban
Nadia Ghulam avec Agnès Rotger
L'archipel, 2019
Traduit (du catalan) par Martine Desoile
Forcément j'ai été attirée par le thème et l'occasion d'en savoir plus sur le pays. Née en 1985 à Kaboul, Nadia raconte son enfance auprès de ses parents, son frère aîné et ses petites sœurs. La guerre les oblige à fuir de maison en cave, tentant de se protéger des bombes. Un jour elle est gravement blessée, puis soignée et opérée dans ce qui sert d'hôpital. Son père ne peut travailler, son frère a disparu, alors elle endosse son identité et à partir de 11 ans, comme bien des gamins, effectue toutes sortes de petits boulots, particulièrement dans les fermes autour de la ville.
Durant dix ans environ, elle est 'cachée sous mon turban', tremblant d'être découverte, rêvant d'aller à l'école (y parvenant); repérée par une association, elle raconte ses expériences et part en Espagne pour être vraiment opérée.
Je raconte les grandes lignes; bien sûr ce genre de livre ne vaut pas pour ses qualités littéraires (quoique ce soit bien fait, en courts chapitres), mais s'est révélé passionnant. Nadia ne cherche pas à être plainte, c'est une gamine déterminée et courageuse. J'ai particulièrement aimé de comprendre de l'intérieur la vie des gens durant une bonne quinzaine d'années à Kaboul (pour ce que j'en sais, ce n'est pas le top encore maintenant) et particulièrement la vie des jeunes en général.
Une video
Merci à l'éditeur (Mylène P) et Patricia de LP Conseils
Nadia Ghulam avec Agnès Rotger
L'archipel, 2019
Traduit (du catalan) par Martine Desoile
Forcément j'ai été attirée par le thème et l'occasion d'en savoir plus sur le pays. Née en 1985 à Kaboul, Nadia raconte son enfance auprès de ses parents, son frère aîné et ses petites sœurs. La guerre les oblige à fuir de maison en cave, tentant de se protéger des bombes. Un jour elle est gravement blessée, puis soignée et opérée dans ce qui sert d'hôpital. Son père ne peut travailler, son frère a disparu, alors elle endosse son identité et à partir de 11 ans, comme bien des gamins, effectue toutes sortes de petits boulots, particulièrement dans les fermes autour de la ville.
Durant dix ans environ, elle est 'cachée sous mon turban', tremblant d'être découverte, rêvant d'aller à l'école (y parvenant); repérée par une association, elle raconte ses expériences et part en Espagne pour être vraiment opérée.
Je raconte les grandes lignes; bien sûr ce genre de livre ne vaut pas pour ses qualités littéraires (quoique ce soit bien fait, en courts chapitres), mais s'est révélé passionnant. Nadia ne cherche pas à être plainte, c'est une gamine déterminée et courageuse. J'ai particulièrement aimé de comprendre de l'intérieur la vie des gens durant une bonne quinzaine d'années à Kaboul (pour ce que j'en sais, ce n'est pas le top encore maintenant) et particulièrement la vie des jeunes en général.
Merci à l'éditeur (Mylène P) et Patricia de LP Conseils
lundi 4 mars 2019
Oiseau de malheur
Oiseau de malheur
Linnunaivot
Johanna Sinisalo
Actes sud, 2011
traduit par Paula et Christian Nabais
Cet oiseau serait-il le perroquet kéa, malin et adaptable? Deux randonneurs finlandais, Heidi et Jyrki pourraient se le demander, au cours d'une randonnée en Tasmanie. Ces deux là ne se connaissaient guère auparavant; Jirki est efficace et aguerri, a tendance à allonger les étapes ("allez, que douze kilomètres, on les fait!"), et est un quasi maniaque du respect de la nature (zéro déchet sur place). Elle est plus petite, moins costaud, mais déterminée, surtout qu’elle a des comptes à régler avec un père riche et étouffant. Drôle de couple, leurs narrations alternent en courts chapitres, lui la nomme 'elle', elle l’appelle Jirky.
Après un décrassage en Australie et nouvelle-Zélande, les voilà sur le South Coast Track dans le sud de la Tasmanie, et là ce n'est pas pour les mauviettes! Le lecteur confortablement installé les suit dans les kilomètres de grimpées et descentes, sous le soleil, la pluie, dans les broussailles et la boue. Pas mon truc, mais j'ai été passionnée. Et puis Jirky en connaît un rayon en écologie.
En même temps, sont proposés des extraits d'Au coeur des ténèbres de Conrad, et les 'exploits' d'un type plutôt nuisible (le frère de Heidi?), des objets disparaissent et réapparaissent (coupable, un kéa?), par exemple un briquet orange, mais le roman m'a absolument passionnée sans recours à ces trucs là.
"La nouvelle-Zélande était une carte postale bluffante et sans fin, comme si un designer italien à la mode avait élaboré des paysages sur ordinateur en jouant à fond sur le côté esthétique. Ici, tout est primitif, rugueux, d’une beauté si différente de tout ce que j'ai pu connaître qu'il est difficile d'employer ce terme au premier abord. La côte sud de la Tasmanie est belle à la manière d'un coteau rocheux en Laponie, je dirais. Elle n'a rien d'attrayant, ni d'aguichant, c'est un paysage conscient de sa propre valeur qui n'a besoin de plaire à personne, qui peut se permettre d'être revêche. Comme une star masculine de Hollywood sur le retour, un paulnewman, un clinteastwood, avec tant de strates imprimées sur ses traits par le temps que personne ne pourrait désormais qualifier son visage de beau, encore moins de gracieux, mais dont l'indéniable charisme viril coupe le souffle."
Un lien vers le South Coast track (avec photos) (et c'est bluffant!)
Les avis de Mark et Marcel,
Linnunaivot
Johanna Sinisalo
Actes sud, 2011
traduit par Paula et Christian Nabais
Cet oiseau serait-il le perroquet kéa, malin et adaptable? Deux randonneurs finlandais, Heidi et Jyrki pourraient se le demander, au cours d'une randonnée en Tasmanie. Ces deux là ne se connaissaient guère auparavant; Jirki est efficace et aguerri, a tendance à allonger les étapes ("allez, que douze kilomètres, on les fait!"), et est un quasi maniaque du respect de la nature (zéro déchet sur place). Elle est plus petite, moins costaud, mais déterminée, surtout qu’elle a des comptes à régler avec un père riche et étouffant. Drôle de couple, leurs narrations alternent en courts chapitres, lui la nomme 'elle', elle l’appelle Jirky.
Après un décrassage en Australie et nouvelle-Zélande, les voilà sur le South Coast Track dans le sud de la Tasmanie, et là ce n'est pas pour les mauviettes! Le lecteur confortablement installé les suit dans les kilomètres de grimpées et descentes, sous le soleil, la pluie, dans les broussailles et la boue. Pas mon truc, mais j'ai été passionnée. Et puis Jirky en connaît un rayon en écologie.
En même temps, sont proposés des extraits d'Au coeur des ténèbres de Conrad, et les 'exploits' d'un type plutôt nuisible (le frère de Heidi?), des objets disparaissent et réapparaissent (coupable, un kéa?), par exemple un briquet orange, mais le roman m'a absolument passionnée sans recours à ces trucs là.
"La nouvelle-Zélande était une carte postale bluffante et sans fin, comme si un designer italien à la mode avait élaboré des paysages sur ordinateur en jouant à fond sur le côté esthétique. Ici, tout est primitif, rugueux, d’une beauté si différente de tout ce que j'ai pu connaître qu'il est difficile d'employer ce terme au premier abord. La côte sud de la Tasmanie est belle à la manière d'un coteau rocheux en Laponie, je dirais. Elle n'a rien d'attrayant, ni d'aguichant, c'est un paysage conscient de sa propre valeur qui n'a besoin de plaire à personne, qui peut se permettre d'être revêche. Comme une star masculine de Hollywood sur le retour, un paulnewman, un clinteastwood, avec tant de strates imprimées sur ses traits par le temps que personne ne pourrait désormais qualifier son visage de beau, encore moins de gracieux, mais dont l'indéniable charisme viril coupe le souffle."
![]() |
Perroquet kéa |
Les avis de Mark et Marcel,
Inscription à :
Articles (Atom)