Le veau d'orIlf et Petrov
Ginkgo éditeur, 2021
Traduit par Alain Préchac
Paru en 1931, ce bon gros roman reprend le personnage de Les douze chaises. Mais ne pas l'avoir lu n'était pas gênant, et je dois dire qu'ensuite j'ai eu envie de découvrir Les douze chaises.
Grand Combinateur, Ostap Bender est finalement un escroc fort inventif, rêvant de s'installer à Rio de Janeiro, une fois qu'il aura dépouillé d'un million un millionnaire discret. Pour ce faire, le voilà acoquiné à Choura Balaganov, Mikhaël Panikovsky, et se déplaçant dans l'Antilope, taxi bien vieillot de Adam Kozlewicz, mécanicien hors pair avec sa guimbarde.
Et c'est parti! Dans une ville ressemblant à Odessa, vit Alexandre Koreïko, dont les détournements et autres ficelles l'ont conduit à amasser un joli paquet. Acceptera-t-il de se délester d'un million?
Allez, je me suis bien amusée à découvrir ces aventures contées avec ironie et causticité, tout le monde en prend pour son grade, les allusions à la situation soviétique sont nombreuses. Un plan quinquennal à terminer en quatre ans, des entreprises dont les employés n'en fichent pas une rame, des appartements communautaires, tout y passe ou presque.
Le tout paru quand Staline était au pouvoir.
Avis babelio,
Le début (voir site de l'éditeur , éditeur que je remercie chaudement)
On doit aimer les piétons. Les piétons représentent la plus grande partie de l’humanité. Et non seulement la plus grande, mais la meilleure. Ce sont les piétons qui ont créé l’univers. Ce sont eux qui ont construit les villes, édifié des immeubles à plusieurs étages ; qui ont posé des canalisations et des conduites d’eau ; eux qui ont pavé les rues et les ont éclairées au moyen d’ampoules. Ce sont eux qui ont implanté la civilisation dans les cinq parties du monde, qui ont inventé l’imprimerie, imaginé la poudre ; qui ont jeté des ponts au-dessus des fleuves, déchiffré les hiéroglyphes, lancé le rasoir de sûreté, mis fin à la traite des nègres et établi qu’on pouvait préparer à partir des graines de soja cent quatorze plats savoureux et nourrissants. Et quand tout fut prêt et que notre planète-mère eut pris un aspect plus ou moins décent, alors les automobilistes firent leur apparition. Il convient de noter que l’automobile a elle aussi été inventée par les piétons. Mais il semblerait que les automobilistes l’aient oublié, car ils ont aussitôt entrepris d’écraser les piétons, êtres dociles et policés. Créées par les piétons, les rues ont été accaparées par les automobilistes. Les chaussées ont doublé de largeur, tandis que les trottoirs se rétrécissaient aux dimensions d’un paquet de cigarettes. Et les piétons effrayés se sont mis à raser les murs.
Mais que découvris-je dans ma bibli : Les douze chaises, dont je m'emparai sur le champ.
Les douze chaises
Ilf et PetrovGinkgo, 2020
Traduit par Alain Préchac
Paru en 1928, époque pas encore sous la coupe stalinienne, et ça se sent. Comme pour Le veau d''or, les deux auteurs s'en donnent à coeur joie dans la critique, mais l'ambiance du peuple est plus détendue, et les personnages beaucoup plus déchaînés. Comme dans le second roman, le Grand Combinateur Ostap Bender est aux manettes; c'est un homme de moins de trente ans, au baratin enchanteur, escroc toujours, ayant tâté de la prison.
Cette fois il est associé à Vorobianinov, fonctionnaire tranquille dont la belle-mère récemment décédée lui a appris l'existence d'un trésor en bijoux caché dans une chaise faisant partie d'un lot de douze. Voilà le duo à la poursuite des chaises, jusqu'à Moscou, le long de la Volga, en Crimée, etc. Leur quête est aussi celle d'un prêtre moins chanceux.
Je me suis follement amusée à suivre leurs aventures, à découvrir une multitude de personnages bien campés, souvent loufoques. Les dialogues sont souvent un poil barrés, disons, fantaisistes, pleins de vivacité. Un grand don aussi pour les descriptions précises (et marrantes dans les détails).
Sans oublier les coups de griffe à la société et au pouvoir (les notes sont nombreuses si on veut s'instruire).
A découvrir!
Sur le site de l'éditeur j'apprends que :"llf et Petrov n’étaient pas d’accord sur la fin à donner à l’histoire . Ils tirèrent à pile ou face..."