vendredi 30 juin 2017

Le grand livre

Le grand livre
Doomsday Book, 1992
Connie Willis
J'ai Lu, 2016
Traduit par Jean-Pierre Pugi


Sans parler du chien, Black Out et All Clear sont parus après ce Grand Livre, mais quelle importance de maltraiter la chronologie dans mes lectures quand l'idée de départ est celle du voyage dans le temps?
A Oxford en 2054 ce type de voyage en est à ses débuts, raison pour laquelle Dunworthy est inquiet, la jeune Kivrin qui désirait tant se rendre au 14ème siècle est-elle parvenue en 1320 comme prévu? Impossible de le vérifier, le technicien responsable est victime d'une épidémie de grippe, le chef des services est parti à la pêche et demeure injoignable. L'épidémie d'origine inconnue s'étend en dépit de la quarantaine, et le responsable du labo refuse de donner accès à la machine à voyager dans le temps.

Le lecteur, lui, sait qu Kivrin est bien arrivée à destination, mais malade, et après sa guérison elle découvrira un Moyen-Age un peu différent de ce qu'elle prévoyait, pour le meilleur et pour le pire. Comme elle est arrivée quasi inconsciente à cause de la fièvre, elle ignore où on l'a trouvée, donc le point de retour au 21ème siècle.

Les 700 pages se lisent sans encombre, entre d'une part Dunworthy, le jeune Colin (celui de Black Out), et plein de personnages secondaires contribuant à détendre l'atmosphère (William, sa mère, les américaines) dans une ambiance de grave épidémie, et d'autre part Kivrin et la famille où elle a été recueillie, dans une ambiance d'épidémie de peste. Et là c'est absolument effrayant parce que le lecteur sait que cette épidémie a réellement existé! Les détails sont véridiques et l'on réalise pleinement combien c'était épouvantable.

Mon seul bémol c'est l'agacement à retrouver l'habitude de Connie Willis d'enchaîner les rendez-vous ratés. Le téléphone fonctionne une fois puis plus, le chef est injoignable, même son épouse ignore où il se trouve; Badri réclame Dunwothy, qui arrive, et Badri va plus mal, Kivrin veut voir Gawyn, elle sort le chercher, pile poil quand lui va la voir (et elle n'y est pas bien sûr). Une fois ça passe mais là c'est un peu trop systématique pour mes nerfs. Quelques longueurs donc. Cependant je reste sur une note positive parce que c'est bien ficelé, et rien que les quelques dizaines de dernières pages au 14ème siècle serrent le coeur.

Lecture commune avec Fanja.

Mois anglais chez Lou et Cryssilda

mercredi 28 juin 2017

j'aime le natto

j'aime le natto
Une aventure au Japon
Julie Blanchin Fujita
Hikari Editions, 2017




Le natto, quézaco? Sur Facebook Fanja évoquait à ce propos le Maroilles et le gombo, donc vous voyez l'idée, ça passe ou ça casse.

Julie Blanchin Fujita a passé des années au Japon, et est tombée amoureuse du pays (et pas que, son nom est un spoiler, bien sûr). Alors croyez-moi, ce bouquin est à mon avis le meilleur pour présenter le Japon du quotidien ET donner envie de s'y installer! Beaucoup d'informations pratiques, de détails bien observés ET de l'humour. On se demande comment on peut vivre sans ofuro...

Au hasard ou presque, quelques pages réveillant la hyène hilare (copyright Fanja) :
-  les mascottes p 108 et 109 (oh purée je découvre un concours ici, et Japan expo du 6 au 9 juillet 2017, allez-y)

Fukkachan, mascotte de la ville de Fukaya
- la police (qui a aussi sa mascotte)vraiment de proximité, qui pourra regonfler la roue de votre vélo

Ou bien réveillant une envie de vivre là-bas
- les transports en commun
personne ne fraude, on fait la queue sur le quai, les retards sont extrêmement rares, dans chaque station on trouve des employés présents et des toilettes propres et gratuites (comme les gares en France il y a quelques années, quoi)
- les masques sur le visage, destinés non à lutter contre la pollution, mais à ne pas partager vos propres microbes.
- les futons, tatamis, et autres dans les appartements
- les quartiers de Tokyo paraissant tout de même à taille humaine
- certains plats

Note : ce roman graphique est bilingue!!!

Les avis Chez Mo, Jérôme,

La bd de la semaine chez Mo

lundi 26 juin 2017

A glass of blessings (oui, Pym, encore)

A glass of blessings
Une corne d'abondance
Barbara Pym
Virago Press, 2009
Paru en 1958

Au départ pour ce mois anglais je voulais, comme l'année dernière, livrer deux Pym dans un billet et voilà. Mais c'est teeeeeeeellement bien (et bientôt je n'en aurai plus à lire) que je me permets d'insister. J'essaie de les lire dans l'ordre, et ainsi je découvre qu'elle s'amuse à glisser au détour d'une phrase des nouvelles d'un de ses personnages, par exemple Napier d'Excellent Women (les deux amies de A glass of blessings, à l'époque où elles étaient Wrens en Italie, étaient tombées sous son charme), Prudence de Jane et Prudence et surtout Catherine de Less than angels.

"  'I wonder why it is that one can never reade a serious book at the hairdresser's?' I asked. 'Does the actual haircutting and shampooing do something to one's brain - shrivel in some way?'
'You mean you'd like to think of yourself reading Proust or a book about archeology? 'Rowena asked. 'Yes, it's a strange thing. Here we seat capable only of turning the pages of these magazines, reaing snippets about the Royal Family or looking at pictures of clothes and society goings-on - not even reading the stories. Sunday Evening, by Catherine Oliphant', she read out. 'It begins rather well with a young man and girl holding hands in a Greek restaurant, watched by the man's former mistress -unknown to them, of course.'
'But what a far-fetched situation', I protested. 'As if it would happen like that! Still, it must be dreadful to have to write fiction. Do you suppose Catherine Oluphant drew it from her own experience of life?'
Rowena laughed. 'Ishould hardly think so! She's probably an elderly sponster living in a boarding-house in Eastbourne -or she may even be a man. One never knows.' "

Mais passons au roman, même si le passage précédent est un excellent exemple de ce qui fait entre autres  le charme de Barbara Pym, à savoir ces petites remarques au coin d'un paragraphe. Sans tout traduire, il s'agit de réfléchir aux lectures chez le coiffeur... Pas Proust, mais des magazines people...

Pour changer, Pym a choisi une narratrice, Wilmet Forsyth, la trentaine, ex Wren en Italie donc, où elle a rencontré son mari Rodney. Un mariage semblant assez plan plan, avec petite bonne, et la mère de Rodney propriétaire de leur maison. Ne rien imaginer, cette belle-mère est sympathique, moderne et a son franc parler.

Comment s'occuper? Un pied dans la paroisse mais pas trop, du shopping et des sorties, des papotages avec Rowena, une amie à laquelle la lie une amitié sincère et résistante, mais Rowena a trois enfants et habite un peu loin; prendre le thé ou un repas avec le mari de Rowena (en tout bien tout honneur!), ou s'intéresser à Piers, le frère célibataire de Rowena (juste pour être utile, hein!), ainsi qu'au au groupe de prêtres (anglo-catholiques) de sa paroisse (et là on s'amuse bien)

Wilmet n'est pas antipathique, même si elle se sent un peu supérieure à ces pauvres autres femmes. Parfois cependant le vernis craque, par exemple quand elle contemple ses mains nettes et celles des autres, usées par le mille tâches quotidiennes, ou quand elle aide Mary à choisir une robe seyante, Mary qui, reconnaît-elle, utilise le peu d'argent qu'elle possède de façon moins égocentrique qu'elle-même ("the contrast was an unconfortable one and I didn't wish to dwell on it")(elle voit le contraste mais ne veut pas s'y appesantir) ou quand elle observe Miss Limpsett, une collègue de son mari.

Tout ce petit monde évolue sous nos yeux, pour notre plus grand plaisir, c'est vif, bien croqué, absolument sans longueur; j'avoue avoir pris aussi du plaisir à voir quelques attentes de Wilmet un peu déçues (ah Piers!!!) et  mon petit coeur a aimé le happy end pour Mary.

On boit pas mal d'alcool là-dedans, pour changer, mais tea first!
"I have often noticed that preoccupation with teapots is a good way of covering embarrassement." (s'occuper des théières est un bon moyen de camoufler l'embarras)

"Do you know, Wilmet -the dark eyes looked so seriously into mine that I wondered what horror was going to be revealed next - he hadn't even got a teapot?
Goodness! How did he make tea, then?
He didn't - he never make tea! Juste fancy!"
(l'horreur suprême, Piers ne possédait pas de théière)(et Pym est drôlement maligne et moderne, le bouquin date de 1958 -non, je ne parle pas de théière, là -lisez le roman)

Mois anglais chez lou et cryssilda
Pour les fans, voici une liste (merci wikipedia)
  • Comme une gazelle apprivoisée (Some Tame Gazelle) (1950)
  • Des femmes remarquables (Excellent Women) (1952)
  • Jane et Prudence (Jane and Prudence) (1953)
  • Moins que les anges (Less than Angels) (1955)
  • Une corne d'abondance (A Glass of Blessings) (1958)
  • Les ingratitudes de l'amour (No Fond Return Of Love) (1961)
  • Quatuor d'automne (Quartet in Autumn) (1977)
  • La Douce colombe est morte (The Sweet Dove Died) (1978)
  • Un brin de verdure (A Few Green Leaves) (1980)
  • Adam et Cassandra (Civil To Strangers) (écrit en 1936, publication posthume en 1987)
  • Crampton Hodnet [Id.] (roman écrit vers 1940, publication posthume en 1985)
  • Une demoiselle comme il faut (An Unsuitable Attachment) (écrit en 1963, publication posthume en 1982)
  • Une question purement académique (An Academic Question) (écrit en 1970-1972, publication posthume en 1986)

vendredi 23 juin 2017

L'invitation à la vie conjugale

L'invitation à la vie conjugale
Invitation to the Maried Life
Angela Huth
Quai voltaire, 1998
Traduit par Christine Armandet et Anne Bruneau



J'avais sur cet auteur un a priori plein de neutralité calme, genre c'est sympa sans plus. Mais, mois anglais, oblige, c'était le moment de tester. Alors?

Toby Farthingoe passe ses journées à créer des programmes dans son bureau en haut de sa vaste demeure, et ses nuits à guetter les blaireaux dans le jardin, ce qui laisse son épouse Frances esseulée. Il va falloir aussi qu’elle saisisse que Ralph, dont elle est éprise, ne l'aime plus depuis longtemps. Ralph, lui, est éperdument amoureux d'Ursula, qui avec Martin Knox forme un beau couple heureux. Les parents d'Ursula, Mary et Bill, mariés de puis des décennies, forment un couple attachant et soudé. Rachel et Thomas Arkwright , ne s'entendent plus trop, Thomas ayant des aventures de ci delà.
Tous ce monde (et bien d'autres), vont se retrouver quelques mois plus tard dans la propriété de Farthingoe pour une magnifique réception!

On peut avoir l'impression d'avoir déjà lu cent fois de telles histoires, mais croyez-moi, il y a la touche Angela Huth qui transforme tout. Quelle idée fabuleuse de donner à Rachel l'envie et la possibilité de dormir des heures dans sa chambre l'après-midi, son petit plaisir secret! (le bonheur) Ses personnages ne sont pas forcément aimables, mais elle les rend ainsi, avec leurs faiblesses, leurs remords. Mille petits détails montrent l'amour entre mari et femme (s'il est vivace) ou bien les petites étincelles vivotant encore, même s'il ne s'agit peut-être que d'affection sans passion aucune, juste être gentil. Il y a l'ironie de la vie, avec les rencontres ou les retrouvailles de tous, pas de méchanceté, et cela se lit avec un immense plaisir.

Les avis d'Antigone, sur Lecture Ecriture,

Dans le mois anglais chez Lou et Cryssilda

mercredi 21 juin 2017

Les exilés du Paradis

Les exilés du Paradis
Brigitte Adès
Portaparole, 2017 (13 juin)



L'auteur est journaliste (pour faire court, et voir le site), et connaît bien les thèmes présents dans ce roman.

A 24 ans, Farhad, issu d'une famille iranienne aisée ayant dû s'exiler, termine de brillantes études aux Etats-Unis, pour lesquelles il mène des recherches en Iran et en Angleterre. En Iran et particulièrement à Téhéran et Ispahan, il renoue avec ses racines, ramenant un vieux manuscrit familial sur l'histoire de la secte des Assassins, dont les agissements peuvent rappeler celui des terroristes actuels. En Angleterre, il va retrouver Réza, son ami d'enfance, engagé par une fondation finançant discrètement des mouvements intégristes. Réza en est-il conscient?
Par ailleurs Farhad organise des groupes de réflexion pour les musulmans d'Angleterre ignorant le contenu du Coran, espérant que la connaissance sera le rempart des dérives.

Au travers du roman se dessinent les problèmes posés aux exilés ("désormais il avait le choix entre n'être jamais à l'aise nulle part ou s'efforcer d'être bien partout") et les réponses différents données aux communautarismes, en Angleterre et en France notamment. Des réflexions  tout à fait d'actualité, particulièrement au vu des événements récents en Angleterre.

Un roman utile donc pour prendre conscience des difficultés des immigrants en Angleterre (Pakistanais, etc.). La lutte de Farhad serait-elle réalisable en réalité? Existe-t-elle déjà? Je l'ignore, c'est peut-être une piste. Voilà pour le fond, très intéressant.

La forme romanesque est sans doute un bon moyen de présenter des idées, mais j'ai eu du mal à saisir Farhad, pour lequel tout se déroule trop bien et trop vite. Rencontres, rendez-vous, cela va vite, cela réussit. En peu de temps. Même les trois 'terroristes' pressentis abandonnent bien vite leur place.
L'objet livre lui-même est très soigné, avec les rabats, le papier crème et une jolie couverture évoquant la mythologie perse; c'est donc dommage qu'il y ait quelques imperfections, virgules un poil aléatoires parfois et un 'il se rongeait le sang' qui m'a étonnée.

"Le mot 'paradis' venait de 'pairidaeza', un ancien mot perse qui signifiait jardin."


lundi 19 juin 2017

Where Angels Fear to Tread

Where Angels Fear to Tread
Monteriano
E.M. Forster
Penguin Book 1976
Paru en 1905


Premier roman paru de Forster, Monteriano a en fait grillé la politesse à Vue sur l'Arno, commencé avant et laissé de côté (pour un temps). Pour ce mois anglais, j'ai replongé chez Forster, avec plaisir, et, cette fois encore, étonnement.

Bien sûr l'on retrouve l'Italie chère à l'auteur, et au moins trois des personnages tombent sous le charme du pays, charme puissant et agissant insidieusement, au point de les transformer. Philip a tellement vanté ce pays que sa belle-soeur Lilia, récemment veuve avec une petite fille, y est partie pour un court séjour, dûment chaperonnée par Miss Abbott (plus jeune qu'elle d'ailleurs, mais plus fiable).
Mais las! shoking! elle s'amourache d'un italien plus jeune qu’elle de douze ans, fils de dentiste, sans occupation bien définie...
Après quelques événements que je ne raconterai pas, l'on retrouve Philip, Miss Abbott et Harriett, soeur de Philip, chargés de régler à Monteriano quelques grosses conséquences du mariage Gino-Lilia. Ces italiens ne sont sûrement pas à la hauteur des anglais, n'est-ce-pas? D'où, action!

Quand Forster égratigne les anglais bien pensants et campés sur leur supériorité (comme Harriett qui résistera jusqu'au bout à l'influence délétère de l'Italie) c'est franchement amusant, mais l'affaire prend tout au long du roman un tour plus tragique pour se terminer par un extraordinaire dialogue entre Philippe et Miss Abbott (je l'imagine en ange, d'ailleurs), ces deux-là ne cessant d'être transformés par leur incursion en Italie.

Je recommande chaudement cette lecture épatante et inattendue, que j'espère n'avoir pas divulgâchée, et garde un souvenir réjoui du passage où les trois anglais assistent à une représentation pas franchement guindée de Lucia di Lamermoor.
Vue des tours de San Giminiano https://fr.wikipedia.org/wiki/San_Gimignano

Les avis de Dominique (oui, Dominique, il faut lire ce roman sans rien en savoir, pour écrire mon billet j'ai lu certaines présentations, et franchement, on se moque du lecteur en racontant absolument tout! La tienne est parfaite) et sur Lecture/Ecriture (celle de Mango aussi)

"Oh, the English! They are always thinking of tea."

vendredi 16 juin 2017

La longue terre / La longue guerre/ La longue Mars

La longue terre
The long earth
Terry Pratchett et Stephen Baxter
L'Atalante, 2013
Traduit par Mikael Cabon


Munissez-vous d'une pomme de terre et de différents composants électroniques, d'un commutateur et de parois, et vous obtenez un Passeur. Qui vous permettra de passer à l'est ou à l'ouest dans une infinité de terres parallèles.
Sinon, peut-être êtes-vous un passeur né, comme Josué et d'autres, qui d'ailleurs évitent de trop le dévoiler.
 Josué Valienté et Lobsang parcourent ces mondes dans un dirigeable, de plus en plus loin, de découvertes en découvertes.

Lobsang :
 " - Qui est Lobsang?
- Moi, répondit le distributeur de boissons."
Mais Lobsang était autrefois un réparateur de motocyclettes tibétain. Alors, humain ou Intelligence artificielle seulement?

 Josué:
"De ce fait, il est différent. Et sa différence fait de lui un Problème. C'est un désagrément qu'il est impossible d'oublier, même dans le bureau de soeur Agnès. Parce qu'au-dessus des images de Sacré Coeur et de Meat Loaf trône la statuette d'un homme crucifié pour avoir été un Problème."

L'on suit le long voyage de Josué et Lobsang (et de Shimi, le chat robot chargé de se débarrasser des souris sans leur nuire -ça j'ai adoré), en alternance avec celui d'un groupe de pionniers qui fondera la ville de Regain, en 2026, sur la Terre Ouest 101 754. Une version moderne de la conquête de l'ouest, quoi. Ils trouveront Sally, un coin un poil trop parfait nommé Belle-Escale, mais je ne vais pas tout dévoiler. Les 400 pages se lisent très agréablement, l'idée de départ est excellente et bien utilisée. On a même l'explication de l'existence de trolls et d'elfes surtout dans les siècles passés, le notre étant bien trop peuplé pour leur goût.

Sauf que :

Mais purée existe-t-il une lecture SF qui ne soit pas en série? En empruntant cette longue terre j'étais contente de 1) découvrir Pratchett 2 ) ajouter un titre pour le mois anglais et 3 ) échapper à la malédiction du truc en n volumes. Hé bien, au moment d'écrire mon billet, je m'aperçois que 4 volumes existent. D'un autre côté, cela explique la fin brutale et moyennement satisfaisante (certains diraient bâclée). Même si on ne reste pas sur un cliffhanger et qu'on peut aller dormir tranquille.

D'un autre côté on comprend mieux l'impression ressentie d'effleurer juste certains événements. Quid du père de Josué? De celui de Sally? De Belle Escale? Du village en ruines? De la possibilité de voyager dans l'espace? De l'étrange créature loin à l'ouest? Du danger ressenti par les Trolls? Du futur de Madison après la catastrophe? Des autres créatures rencontrées? Des mouvements anti Passeurs?
Les réponses devraient être apportées dans les tomes suivants...

noosfere en dévoile un peu et ça donne bien envie. Les 2 et 3 sont à la bibli, donc...

La longue guerre
Terry Pratchett et Stephen Baxter
L'Atalante, 2014
Traduit par Mikael Cabon


"Les trolls adoraient les fauteuils, surtout s'ils pivotaient."

Autant lire ce deuxième tome, donc. La longue guerre... Mais quelle guerre? On a bien un dirigeable se rendant sur les mondes où l'on n'aime pas trop les trolls, dirigeable dont le capitaine arrive à pacifier l'atmosphère, mais c'est bien tout.

Pourquoi les trolls fuient-ils et où? Pareil, on arrive à le savoir, mais là aussi ça tourne en eau de boudin, de plus la communication humains/trolls devenue possible n'est pas explorée.

Madison est détruite? On en construit une autre. Pas de nouvelles du frère d'Helen, non plus du dirigeant de Primeterre. Lobsang apparaît tardivement et peu, semblable à lui même.

En revanche, de même que dans le 1 on avait droit à un long  défilé de terres parallèles vers l'ouest, là, pareil, mais vers l'est. Et après on fait demi-tour.

Donc, à part une jolie imagination pour penser différents mondes, rien de bien intéressant.
Un peu d'action avec les beagles et les kobolds, vers la fin, et une bonne idée de faire exploser la caldeira de Yellowstone (événement qui d'ailleurs nous pend réellement au nez) mais sinon, tome très décevant.
Je sens que le 3 sera semblable...


La longue Mars
Terry Pratchett et Stepehen Baxter
L'Atalante, 2015
Traduit par Mikael Cabon


On retrouve Josué (sa femme et son fils sont sans doute revenus chez eux) et Paul, un jeune un peu différent qu'il connait depuis longtemps. Ce groupe dont Paul fait partie est-il une menace pour le monde?
Maggie repart vers l'ouest, à la recherche d'un dirigeable perdu, et un record de traversées (à 250 000 000 on s'arrête). De temps en temps, une Terre à découvrir.
Histoire de varier, Sally et son père se rendent sur Mars, et là, pareil, on va de Mars en Mars.

Un poil longuet et répétitif, un suspense assez moyen, en règle générale quand il y a une petite tension narrative, ça fait vite flop, on passe à autre chose. Des références SF sans doute que je n'ai pas toujours, en revanche des explications plus 'culture générale' dont je me passerais. Etais-je le public cible de ces bouquins?

Pour être positif : excellente description de l'explosion du Yellowstone et des conséquences planétaires, une discussion intéressante à la fin sur une décision vitale à prendre, et quelques trucs plus rigolos de ci de là
"C'en était trop pour Franck.
'Je n'y crois pas. Des dragons terrestres? Des crustacés baleiniers à bord de pirogues des sables? Et des menhirs, maintenant?' "

Les avis (plus positifs) de cafardsathome, ici aussi, et là,
noosfere permet de découvrir les quatre volumes (il semble qu'il y aurait un cinquième?)
Mois anglais chez lou et cryssilda
Donc, lecture pour le Mois anglais, et aussi le challenge "séries" chez Phil

mercredi 14 juin 2017

Les enfants d'Achille et de Nike

Les enfants d'Achille et de Nike
Éloge de la course à pied ordinaire
Martine Segalen
Métailié Traversées, 2017
Avec la collaboration de Claude Frère-Michelat



Autant l'avouer, je cours depuis des années (certains qui me lisent étaient tout p'tiots quand j'ai démarré), j'en ai usé des chaussures ... Pour le plaisir d'abord, les sensations après quelques kilomètres (c'est médicalement avéré, on est shooté) et la convivialité (parfois mais pas toujours, car trouver coureur à son rythme n'est pas toujours facile). J'ai couru à moins cinq degrés (une folie, ça piquait les rares centimètres carrés de peau non protégée), à plus de trente degrés, dans les parcs, les rues, les stades, pour terminer maintenant tranquillou sur un chemin de halage, plat et herbeux donc élastique (deux claquages, oui, j'ai compris). J'ai couru avec des compatriotes, une biélorusse, des africains. J'ai couru autour de la basilique de Yamoussoukro (plus original, j'aimerais savoir). J'ai participé à un semi marathon, à un dix kilomètres, à un cinq kilomètres, déjà arriver j'étais contente. J'ai repoussé mes limites en courant avec d'autres, j'ai progressé, puis l'âge venant je suis devenue un peu plus raisonnable. Je cours donc sur du plat, dans la nature, écoutant les oiseaux, guettant les hérons, parfois surprenant un écureuil, papotant avec un pêcheur ou un promeneur de chien, circulant au milieu des papillons voletant, bref le bonheur et pas la recherche de l'exploit.
Mais ça me prendrait bien de participer encore à des courses, hélas en général sur bitume et -horreur- dénivelés.

Autant dire que ce bouquin était fait pour moi!

Après un avant-propos daté de janvier 2017 où l'auteur remet un peu les pendules à l'heure, le texte lui-même date de 1994, ce qui a ou non son importance, au lecteur de voir. En tout cas, quand il s'agit d'étudier les courses 'ailleurs', dans le monde entier ou presque, puis passer de l'étude 'géographique' à celle 'historique', cela n'en a guère, et c'est instructif et intéressant.
Ensuite l'on plonge encore plus dans le vif du sujet, interrogeant les motivations des coureurs et le renouveau des courses. Courir mais où? En ville, principalement, car coureurs et spectateurs sont liés.
Pour arriver à la compétition reine, le marathon, et leur multiplication dans les grandes villes du monde entier. Avec parfois les dérives financières. Certains courent pour une cause. Les choses évoluent... Petites guéguerres entre la Fédération Française d'Athlétisme et les coureurs ordinaires.

Un tour complet du sujet. J'ignorais même qu'Achille était une marque de chaussures (Nike, oui, ça va, même si avec Niké déesse de la victoire, on reste dans le sujet quelque part
Bas-relief à Ephèse
Alors vous attendez quoi? (allez-y doucement au départ, mais sachez que vous ne pouvez que progresser!)

lundi 12 juin 2017

Testament à l'anglaise

Testament à l'anglaise
What a carve up! (A chacun son dû)
Jonathan Coe
Gallimard, 1995
Traduit par Jean Pavans




Voici sans doute le plus célèbre des romans de Jonathn Coe, ayant durablement inscrit l'auteur dans la liste des auteurs anglais incontournables. Ensuite certains de ses romans étaient peut-être moins grandioses, mais le mal était fait, on était fans!

La famille Winshaw ferait passer les méchants de Dallas (la série) pour une bande de gentils humanitaires. Journalisme au vitriol, plagiat et retournement de veste, vente d'armes à Saddam Hussein, menées politiques souterraines, destruction du service de santé, empoisonnement de ses concitoyens avec de la mauvaise bouffe, bref l'idée est de ramasser le plus d'argent possible, sans vergogne.

Michael Owen, écrivain assez confidentiel, se voit chargé d'écrire un livre sur la famille. Il faut bien vivre, et c'est très bien payé. Mais à la suite de problèmes familiaux et personnels, il traîne, quasi reclus dans son appartement (payé avec les à valoir).

Que ceux qui ont déjà lu ce roman sachent qu'une relecture apporte tout autant de plaisir, surtout si comme moi ils sont dotés d'une mémoire paresseuse (même si la fameuse scène avec les raisins, ça, on n'oublie pas!). Que ceux qui ne l'ont jamais lu se jettent dessus!

Pourquoi me fatiguer à parler plus de ce roman, alors qu'il s'en charge très bien?

"Ce livre est plein de passion. Plein de colère, en tout cas. S'il communique quoi que ce soit, c'est ma haine pour ces gens, pour leur diabolisme, pour le mal qu'ils font partout, avec leurs calculs, leurs intérêts, leur influence, leurs privilèges, leur mainmise sur tous les centres de pouvoir; pour nous avoir tous coincés, pour avoir dépecé dans les règles ce foutu pays pour se la partager, en croyant prendre chacun son dû."

"J'imaginais... un livre terrible, un livre sans précédent... moitié souvenirs personnels, moitié commentaires sociaux, concoctés dans une mixture assassine et dévastatrice!
-C'est merveilleux, dit Michael. Je devrais vous engager pour écrire la quatrième de couverture."

En prime l'auteur s'amuse à s'inspirer (il le reconnaît à la fin) de certains romans où l'on peut lire
"- Nous sommes coincés dans une maison isolée, en plein orage, avec un meurtrier maniaque. Tous les téléphones sont coupés, nous n'avons aucun moyen de nous échapper, deux d'entre nous ont été tués et un autre est introuvable. Que pourrait-il y avoir de pire?
A ce moment précis, l'électricité sauta, et la maison fut plongée dans les ténèbres."

J'adore, forcément.

Mois anglais chez Lou et Cryssilda

vendredi 9 juin 2017

Neuf ans plus un jour

Le 8 juin 2008, j'ouvrais boutique chez overblog, avec déjà l'intitulé gracquien En lisant en voyageant. Après quelques démêlés avec overblog, j'ai tout rapatrié chez blogger, 'à la main'. Voilà pour celles et ceux qui ne me connaissaient pas avant 2012 (hé oui, ça fait ancien combattant)
(chez wordpress j'ai deux blogs)(mais pour wordpress un seul, d'où mon agacement certain à l'idée de ne plus pouvoir accéder au premier, y compris pour le supprimer)

Pour continuer dans cette veine réunion d'anciens, figurez-vous que je suis encore un petit paquet de blogs déjà là en 2008, et ça fait plaisir. Certains autres ont disparu mais au détour de babelio, goodreads ou facebook il m'arrive de retrouver les personnes derrière ces blogs, toujours aussi voraces lecteurs.

Forcément en 9 ans la blogosphère a évolué, à ma connaissance il n'y a plus trop de swaps, les challenges sont toujours là mais on a vu apparaître des mois thématiques (je me contente du mois belge en avril et du mois anglais en juin) et rayon challenge je ne peux abandonner Lire sous la contrainte, vraiment trop amusant (et tueur de PAL). J'essaie aussi d'être fidèle à L'éditeur du mois chez Tête de lecture. Pour L'auteur du mois chez lecture/écriture, c'est moins une réussite de mon côté.

Au départ ce blog était destiné à parler de mes lectures (et des voyages) d'où la question 'est-ce que je parle de toutes mes lectures?' Hé bien non, et heureusement Goodreads permet de tenir les comptes à jour (oui, je lis vraiment beaucoup)

Mais vraiment là où l'histoire devient étonnante, c'est que ce temps passé devant un écran d'ordinateur (y compris sur les réseaux sociaux) a permis des sorties dans la vraie vie, en salon ou festival, et de rencontrer d'autres blogueurs, pour plus ou moins de gros délires et de craquages.

Côté blogs, je trouve que c'est plus mou qu'il y a quelque temps, sans doute certains ont-ils moins de temps disponible ou moins d'envies? Je ne m'étendrai pas sur le sujet, la règle c'est que le blog demeure un loisir et que chacun mène sa petite boutique à son gré.

Un autre sujet parfois chaud, c'est celui des SP. Là encore en ces 9 années j'ai vu pas mal de choses (qui se souvient de Chez les filles ?). J'avoue en recevoir de moins en moins (et en demander de moins en moins), pareil pour les lectures communes et les livres voyageurs, c'est devenu rare, pour moi en tout cas. Mais deux médiathèque bien fournies et réactives, ça aide! Et puis rassurez-vous, j'ai toujours une PAL proche de la préhistoire...


mercredi 7 juin 2017

Less than angels (Barbara Pym forcément)

Un mois anglais sans Barbara Pym, est-ce vraiment un mois anglais pour moi? No, definitively no! Et en VO, encore meilleur.

Less than angels
(Moins que les anges -paru en 1955)
Barbara Pym
virago, entre 2010 et 2014

Coup de coeur Auteur chouchou

"What was the point of living in a suburb if one couldn't show a healthy curiosity about one's neighbours?"
Et comme Papillon a remarqué le même passage, voici la traduction officielle
« A quoi bon vivre dans une banlieue si l’on ne pouvait manifester une saine curiosité vis-à-vis de ses voisins ? »

Après un démarrage virtuose mais peuplé de quasiment tous les personnages, l'affaire s'est décantée, et cette histoire où les anthropologues jouent bien des rôles principaux ou secondaires s'est révélée épatante et, tiens, touchante. En toute ironie british, bien sûr.

De retour de terre africaine, Tom retrouve ses amis Mark et Digby, eux en attente de moyens de partir aussi, et surtout son amie Catherine, pas anthropologue mais écrivant des romans légers, auquel le lie une solide affection. Il trouve pratique de vivre avec elle quand il se trouve en Angleterre, elle n'est pas aveuglée par l'amour réel qu'il lui inspire. Tom possède déjà un amour de jeunesse et va bientôt se laisser charmer par la jeune Deirdre, elle-même étudiante en première année.
Ajoutons les professeurs, et les inévitables dames célibataires, petites mains indispensables de l'Université, un anthropologue plus mûr, justement voisin des mère et tante de Deirdre dans la banlieue londonienne, et on a en gros tout le monde.

C'est un vrai bonheur de les voir évoluer, de temps en temps cela est vu sous l'angle de l'anthropologie, des petites touches permettent d'approfondir des différences sociales, le manque d'agent de Mark et Digby, la différence entre la mère et la tante de Deirdre, celle entre Mark et Digby, la vie calme de la banlieue anglaise de cette époque, avec une incursion dans la campagne et sa gentry. Tous sont vivants, attachants. Barbara Pym donne à connaître souvent leurs pensées, leurs espoirs, leurs chagrins, mais fort souvent mille petits détails parlent d'eux-mêmes. Encore une belle réussite!

Petit plus pour moi : Barbara Pym donne (page 59) des nouvelles des héros de Excellent Women . Laquelle Barbara Pym a travaillé à L'African Institut de Londres et connaît bien l'univers servant de cadre à son roman.
"And how much more confortable it sometimes was to observe it from a distance, to look down from an upper window, as it were, as the anthropologists did." La tante de Deidre observe justement l'anthropologue dans le jardin voisin, comme font les anthropologues...
Mois anglais chez lou et cryssilda


Pour les fans, voici une liste (merci wikipedia)
  • Comme une gazelle apprivoisée (Some Tame Gazelle) (1950)
  • Des femmes remarquables (Excellent Women) (1952)
  • Jane et Prudence (Jane and Prudence) (1953)
  • Moins que les anges (Less than Angels) (1955)
  • Une corne d'abondance (A Glass of Blessings) (1958)
  • Les ingratitudes de l'amour (No Fond Return Of Love) (1961)
  • Quatuor d'automne (Quartet in Autumn) (1977)
  • La Douce colombe est morte (The Sweet Dove Died) (1978)
  • Un brin de verdure (A Few Green Leaves) (1980)
  • Adam et Cassandra (Civil To Strangers) (écrit en 1936, publication posthume en 1987)
  • Crampton Hodnet [Id.] (roman écrit vers 1940, publication posthume en 1985)
  • Une demoiselle comme il faut (An Unsuitable Attachment) (écrit en 1963, publication posthume en 1982)
  • Une question purement académique (An Academic Question) (écrit en 1970-1972, publication posthume en 1986)

Les avis de Papillon, Mango

lundi 5 juin 2017

Martha ou la plus grande joie

Martha ou la plus grande joie
Francis Dannemark
Le castor astral, 2017

Ouvrir ce (court) roman de Francis Dannemark, c'est savoir d'avance que l'on plongera dans une belle histoire plutôt douce (même si quelques drames ont atteint les personnages), que justement ces personnages seront attachants et souvent originaux, et qu'il suffira de se laisser porter, tranquillement, au fil de la découverte. Très agréable.

Deux quinquagénaires sur les routes de l'Yonne, dans une voiture pas toute jeune et pas très fiable, qui leur permettra de rencontrer Septime, un garagiste peu doué pour les réparations (son ouvrier, lui, l'est) et Jeanne, qui les a invités à lui rendre visite car elle a bien connu leur père et a un document à leur remettre.
Le passé reviendra bien sûr en devant de scène, belles histoires d'amour, rendez-vous ratés, au présent Martin devra s'occuper d'un problème avec l'un des auteurs qu'il traduit, et quand au futur, le lecteur va bien l'imaginer, des pistes lui sont fournies.

Les avis de Cosy corner,

vendredi 2 juin 2017

La mélancolie de la résistance

La mélancolie de la résistance
Az ellenálás melankóliája
László Krasznahorkai
Gallimard, 2006
Traduit par Joëlle Dufeuilly




Vraiment pas de chance ! Un instinct très sûr me conduit vers les livres moyennement épais - mais ce n'est pas le problème-, d'auteurs pas trop connus -toujours pas de problème, j'aime défricher-, denses (très très) et à longues phrases emberlificotées qui vous happent une fois dedans -là j'en entends qui disent 'longues phrases, adieu', mais des livres dont on ressort un poil assommé en se disant 'wahou c'est génial, je dois absolument convaincre la terre entière, un truc pareil, on en rencontre peu dans la vie d'un lecteur'.
Sauf que les billets sur ces livres là sont très très coton à écrire. Citer un passage relativement court, même pas en rêve. Par chance j'ai trouvé des courageux qui s'y sont lancés, voir les liens à la fin.

Il fait extrêmement froid quand Mme Pflaum s'installe dans un train bondé devant la ramener chez elle, une petite ville de Hongrie. Bien sûr ce n'est pas le train prévu, il est en retard, et la pauvre dame doit subir une promiscuité haïssable, elle, bourgeoise tranquille habituée au doux confort de son appartement étouffant sous les plantes vertes et les bibelots.
Arrivée enfin en ville saine et sauve, plus d'éclairage public, les tas d'ordures gelés bloquent les rues, rues et places sont vides, sauf parfois des hommes patibulaires rodant en groupes.
Mais que se passe-t-il dans le coin?
Et ce gros camion sur la place, un cirque montrant une baleine empaillée? Et tous ces badauds, attendent-ils de visiter ou quel est leur projet? Violent?

En fait peu de personnages nommés, à chaque chapitre c'est l'un d'eux sur qui tout se focalise, à hauteur d'homme (ou de femme). Par l'un on connaît mieux l'autre, l'histoire se déroule, implacable en dépit de digressions apparentes. Le mystère, le malaise, la peur rodent, toujours l'impression d'obscurité, de nuages. Et ça va péter, forcément.

Des moments grandioses. Valuska, quelque part l'innocent du roman, fait mimer une éclipse de soleil dans un café, par des types déjà bien imbibés. Eszter apprend sur le tas à planter des clous avec un marteau. Mme Eszter tombe vraiment amoureuse. Et ce dernier chapitre, la biologie de la décomposition!

Il faut accepter de se jeter dans le torrent, pour à la fin s'apercevoir de la construction maîtrisée.

"Avant-hier, l'énorme château d'eau situé au fond du parc Göndöcs s'était mis dangereusement - et pendant plusieurs minutes, - à vaciller au-dessus des petites maisons, phénomène qui -selon les dires d'un expert, le professeur de mathématiques et physique du lycée, responsable du laboratoire d'astronomie installé au sommet de la tout, lequel, interrompant une longue partie d'échecs solitaire, avait dévalé l'escalier, respiration coupée, pour propager la nouvelle - était totalement 'incompréhensible'.  Hier, l'horloge du clocher de l'église de la grand-place du centre-ville, muette depuis des décennies, avait fait tressaillir  les gens (galvanisant Mme Eszter), car trois des mécanismes rouillés, alors qu’autrefois les aiguilles avaient même été démontées, s'étaient soudain remis en marche et signalaient, depuis, l'écoulement du temps par de sourds battements, de plus en plus rapprochés."
(citation, pour l'ambiance)

Les avis de Charybde, le bruit des livres, stalker,  (et plein de passages)

Ce roman a inspiré un film, Les Harmonies Werckmeister, oui, en noir et blanc...
Valuska dans le café

La bande annonce

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