L'île de la tentation
et autres naufrages amoureux
Stephen Leacock
Le dilettante, 2003
Traduit par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Le nonsense, ça passe ou ça casse, et je craignais un peu de devoir abandonner froidement ce petit volume de six histoires. Cependant le canadien Stephen Leacock (récemment Bienvenue à Mariposa a enchanté quelques blogueurs, et je possède dans ma bibliothèque personnelle un Ne perdez pas le fil que je garde précieusement) sait raconter des histoires et manier un humour fin, sans que l'absurde ne rebute le lecteur.
Ici il s'amuse à parodier des romans...
"Grâce à une épingle tordue fixée au bout d'une rame, je n'eus aucun mal à établir notre latitude." Un homme et une femme naufragés se retrouvent sur une île, sera-t-elle celle de la tentation? Loufoquerie au rendez-vous, en tout cas.
John et moi ou Comment j'ai failli perdre mon mari est un petit bijou de non dit à la britannique. L'épouse narratrice est franchement épouvantable d'égoïsme et de bêtise...
"Je me demandais si j'avais tout fait pour garder l'amour de mon mari. Je l'avais retenu à la maison le soir, je lui avais interdit de fumer, j'avais mis un terme à ses parties de cartes. Qu'est-ce que je pouvais faire de plus?"
Où se situe le Wazuchistan? L'heure est grave! Crise au cabinet ou Le destin de l'Angleterre fera la lumière sur cette situation de crise très british. Sous le sérieux, la loufoquerie.
Les amateurs d'histoires 100 % écossaises trouveront leur bonheur avec Hannah des Highlands ou le Laird du Loch Aucherlocherty, où ne manque aucun cliché.
Amusant pastiche de Journal de jeune fille russe, Les souffrances d'une âme supérieure ou Les mémoires de Marie Mushenoff, fille d'Ivan Ivanovitch et de Katoucha Katouchevitch, soeur de Dimiti Dimitrievitch (etc) dans lequel une jeune fille s'éveille à l'amour.
"Pour terminer, une histoire de preux chevaliers et de bel amour! Guido la Broche de Gand ou Une idylle chevaleresque :
"Il projeta de retourner à Gand et d'escalader de nuit la falaise du château. Il prouverait son amour à Iseult en tuant son père et en précipitant sa belle-mère du haut des remparts. Puis il brûlerait le château et l'enlèverait."
La couverture étant une illustration de Glen Baxter, dont l'univers colle parfaitement à celui de Leacock ici, voici donc une illustration de Glen Baxter
samedi 28 février 2015
jeudi 26 février 2015
Presque la mer / Pagaille monstre
J'ai l'habitude de juste croiser l'auteur à divers salons, mais là j'étais avec une bande de fans et comme j'avais beaucoup aimé Le voyage près de chez moi, je suis repartie avec deux romans!
Presque la mer
Jérôme Attal
Stéphane Million, 2014
Patelin, c'est un village au bout du monde, au fin fond du fin fond, mais ma foi, il semble qu'il y fait bon vivre... Stan y a installé des chambres bulles dans un petit bois, le maire ne joue pas les dictateurs, Paco le facteur est une crème d'homme (qui parfois attend un peu avant de distribuer mauvaises nouvelles et factures) dont le tour de taille subit l'influence des bonnes tartes au pommes de son épouse Elisabeth.
Attirée par les feux de la rampe, Louise se rend à Paris pour chanter devant un jury de stars; refoulée, elle échappe à un prédateur et revient à Patelin, le moral dans les chaussettes.
Entre temps, pour attirer un médecin à Patelin, la population entière a décidé de faire croire qu'il y a la mer! Frédéric arrive donc...
Curieusement, pour moi, le roman a vraiment décollé (assez tôt, je précise) quand Patelin s'est retrouvé au bord de la mer (presque), grâce à des subterfuges délirants et poétiques (à découvrir). Bien sûr rien n'est crédible, mais on s'en moque, et l'on se laisse bercer par les vagues de la fantaisie et de la poésie, un peu de tendresse, ça fait un bien fou.
En parlent (bien mieux!) Le petit carré jaune, blablablamia,
Pagaille monstre
La seule histoire d'amour dont vous serez (peut-être) le héros
Jérôme Attal
Pocket, 2013
Pagaille monstre est de ces romans "à choix multiples" qui vous envoient lire le roman dans le désordre. Très déstabilisant, car impossible de vraiment savoir où on va, combien il reste de pages, que choisir, aussi!, et ne rien rater... J'ai donc bariolé les pages, utilisé des codes, pour suivre les aventures amoureuses, estudiantines et professionnelles d'un jeune étudiant en fac de cinéma, écrivant un scénario de film de zombies, et particulièrement cinéphile. Suivra-t-il le fil d'Ariane, de Clémence, de Mai ou d'autres jeunes personnes? Bien évidemment le tout est très ludique, mais à la réflexion, notre propre vie ne dépend-elle pas aussi de décisions anodines sur le moment? Rester ou partir? Discuter avec l'une ou l'autre? Dire oui ou non? Selon les décisions, notre narrateur verra passer telle jeune fille du statut de femme de sa vie ou simple connaissance (et vice versa). Fascinant.
J'avoue ne pas avoir maîtrisé tout à 100%, il me restait des chapitres sans lien, mais tant pis, je garantis que l'affaire est bien ficelée.
Dans ce roman j'ai retrouvé avec plaisir les réflexions de l'auteur qui vous attrapent sans crier gare. J'ai aimé les références cinématographiques (aaah Soledad Miranda!), le personnage d'Odilon, quelques petits mystères, une larme qui coule et tombe, quelques chutes terminant une des histoires...
"Les espaces verts dans les villes sont-ils entretenus par des filles en larmes qui se relaient sur les balcons?"
"Vous envisagez maintenant les rapports amoureux sous l'angle de grandes expéditions pour de petits instants." (la métaphore est ensuite filée pages 90 et 91)
"Il aura fallu la pluie pour qu'elle coure à ma rencontre, pensez-vous. C'est bien l'un des avantages du mauvais temps."
lundi 23 février 2015
Où je vous montre ma bibliothèque
Récemment Cachou nous montrait sa bibliothèque (bien se préparer moralement, c'est incroyable!) et je me suis souvenue qu'il y a longtemps j'avais fait de même (photos disparues avec le vieil ordinateur). Suite à des travaux de rénovation dans ma maison, tous les livres sont passés deux fois entre mes mains (mon dos leur dit merci): déménager, trier, donner, jeter, entreposer, et le moment venu, replacer sur les étagères. Il fallait que tout tienne, et ça a tenu!
Il était plus simple et moins fatiguant de garder mes vieilles étagères de chez B. et celles achetées il y a longtemps à la Maison des bibliothèques (très solides, cela dit), disparates, donc je n'ai pas fait de 'mur de livres'.
Quant au classement... un peu bâtard, c'est par auteur, ou par thème, ou par éditeur, ou par tout ce qu'on veut, un joyeux fouillis où seule moi peut m'y retrouver (et encore!)
A gauche, 1ère étagère du haut : les Totem, Stegner, et les recueils de nouvelles
2ème étagère : Les David Lodge en français, le Castor astral, Denoël
3ème étagère : Romans sympathiques, pour la détente. Peut-être pas à relire, mais à prêter.
4ème étagère : Lot 49 du cherche midi, Toussaint Louverture, Feux croisés de Plon. Du solide, du sûr.
5ème étagère : Les autres du cherche midi et Les deux terres
A droite, étagère du bas : Métailié, quelques poches
2ème étagère en remontant : Ginkgo, Albin Michel, Erwan Larher (auteur), Le serpent à plumes et Au diable vauvert
Les quatre étagères du haut : la non fiction! Histoire, voyages, humour, langues, et ce n'est pas fini, on passe à
En haut : le rayon mathématiques (les manuels sont dans l'arrière cuisine)
En dessous : un rayon VO (anglais)
Les trois suivantes : autour du religieux (Bible, Confessions de Saint Augustin, Ben Hur, c'est varié)
En bas, le rayon musique, avec 'Tout Mozart', quelques CD et DVD, et bien sûr le Dictionnaire amoureux de l'opéra et le Kobbé.
Le rayon BD qui a subi des coupes drastiques lors de la dernière bourse aux livres. En haut, des incontournables, Gaston Lagaffe (manque le tome 10, je m'interroge), Valérian, Blake et Mortimer, une série, Comanche (ça se passe dans l'ouest, je dois la relire), Les Dingodossiers et la Rubrique à brac (ouahou!) et un gros Pilote (mâtin!). En bas, les vinyles rescapés de la déchetterie et différents gros bouquins placés là surtout à cause de leur format.
Gare, ce sont les classiques, les français sur deux étagères et demi, les étrangers en dessous. En gros jusqu'au début 20ème. A peu près chronologiquement. En VO ou pas. Proust est sur la deuxième étagère à droite, Jane Austen sur la quatrième à gauche. Le jaune pétant, c'est Don Quichotte.
Si cela vous dit, montrez vos bibliothèques!
Justement Didi vient de le faire (et grâce à elle je réalise que j'ai oublié les guides de voyage (relégués dans l'arrière cuisine)
Il était plus simple et moins fatiguant de garder mes vieilles étagères de chez B. et celles achetées il y a longtemps à la Maison des bibliothèques (très solides, cela dit), disparates, donc je n'ai pas fait de 'mur de livres'.
Quant au classement... un peu bâtard, c'est par auteur, ou par thème, ou par éditeur, ou par tout ce qu'on veut, un joyeux fouillis où seule moi peut m'y retrouver (et encore!)
A gauche, 1ère étagère du haut : les Totem, Stegner, et les recueils de nouvelles
2ème étagère : Les David Lodge en français, le Castor astral, Denoël
3ème étagère : Romans sympathiques, pour la détente. Peut-être pas à relire, mais à prêter.
4ème étagère : Lot 49 du cherche midi, Toussaint Louverture, Feux croisés de Plon. Du solide, du sûr.
5ème étagère : Les autres du cherche midi et Les deux terres
A droite, étagère du bas : Métailié, quelques poches
2ème étagère en remontant : Ginkgo, Albin Michel, Erwan Larher (auteur), Le serpent à plumes et Au diable vauvert
Les quatre étagères du haut : la non fiction! Histoire, voyages, humour, langues, et ce n'est pas fini, on passe à
En haut : le rayon mathématiques (les manuels sont dans l'arrière cuisine)
En dessous : un rayon VO (anglais)
Les trois suivantes : autour du religieux (Bible, Confessions de Saint Augustin, Ben Hur, c'est varié)
En bas, le rayon musique, avec 'Tout Mozart', quelques CD et DVD, et bien sûr le Dictionnaire amoureux de l'opéra et le Kobbé.
Le rayon BD qui a subi des coupes drastiques lors de la dernière bourse aux livres. En haut, des incontournables, Gaston Lagaffe (manque le tome 10, je m'interroge), Valérian, Blake et Mortimer, une série, Comanche (ça se passe dans l'ouest, je dois la relire), Les Dingodossiers et la Rubrique à brac (ouahou!) et un gros Pilote (mâtin!). En bas, les vinyles rescapés de la déchetterie et différents gros bouquins placés là surtout à cause de leur format.
Gare, ce sont les classiques, les français sur deux étagères et demi, les étrangers en dessous. En gros jusqu'au début 20ème. A peu près chronologiquement. En VO ou pas. Proust est sur la deuxième étagère à droite, Jane Austen sur la quatrième à gauche. Le jaune pétant, c'est Don Quichotte.
Là, forcément, des poches. En haut, une partie des Rougon-Macquart et des Dorothy Sayers (policiers)
Ensuite plein d'Asimov et un peu d'autres auteurs SF.
Vient le rayon Agatha Christie en VO (j'ai tous les AC en poche et français dans l'arrière cuisine, avec plein de Snoopy en poche VO), Waugh et Maugham en poche.
Enfin en bas, les Wodehouse, et quelques Mitford.
A la question capitale 'tu les as tous lus?' je répondrais, globalement à 95%. Parce que les autres non lus (ze PAL) sont ici.
Des achats, quelques SP mais pas trop. Au dessus à droite les deux piles correspondent aux emprunts dans mes deux médiathèques.
Qu'ai-je oublié? Les livres de cuisine, dans la cuisine bien sûr, et une encyclopédie, dans un carton au garage.
Et comme ce type de billet se doit de montrer des félins, voici:
Niouga, alias La louloute, qui m'a aidée (moralement)
et Squatty, alias P'tit loulou, qui n'a pas résisté à jouer dans la cagette vide (les autres sont pleines d'Agatha Christie)
Justement Didi vient de le faire (et grâce à elle je réalise que j'ai oublié les guides de voyage (relégués dans l'arrière cuisine)
jeudi 19 février 2015
Ceux qui tombent
Ceux qui tombent
The drop
Michael Connelly
Calmann-Lévy, 2014
Traduction de Robert Pépin
Chic, chic, enfin un opus de Connelly avec Henry Bosch à 100%! Et un bon, en plus!
Pour les amateurs, pas besoin d'en dire plus.
Pour les autres, une idée de l'intrigue :
Harry Bosch est près de la retraite, ne veut pas décrocher avant le délai légal et travaille en équipe avec David Chu à l'unité des affaires non résolues de Los Angeles. Un cold case datant de 1989 amènerait à penser qu'un gamin de huit ans est impliqué dans un viol plus meurtre d'une jeune fille, reste à savoir ce qui coince. Une goutte (drop) de sang du gamin est sur le corps de la victime.
Pour Bosch, tout le monde compte, tout le monde ou personne. Il va donc se lancer avec la même ténacité aux trousses d'un immonde prédateur sexuel et tenter de résoudre le mystère de la mort du fils d'un conseiller aux mains longues, de plus ex chef de la police (et de Bosch). George Irving est mort d'une chute (drop) du septième étage d'un hôtel...
Deux enquêtes difficiles pour diverses raisons, se plonger dans la tête d'un criminel détraqué et retors n'est pas de tout repos, non plus que marcher sur des oeufs dans des méandres politiciens... Mais Harry Bosch est un héros comme on les aime, avec sa rigueur, ses doutes, ses faiblesses. J'apprécie aussi la connaissance fine du fonctionnement de la police.
Ce roman peut se lire sans connaître les autres, Connelly n'est pas du genre à spoiler ses précédents écrits.
Les avis de cathe,
The drop
Michael Connelly
Calmann-Lévy, 2014
Traduction de Robert Pépin
Chic, chic, enfin un opus de Connelly avec Henry Bosch à 100%! Et un bon, en plus!
Pour les amateurs, pas besoin d'en dire plus.
Pour les autres, une idée de l'intrigue :
Harry Bosch est près de la retraite, ne veut pas décrocher avant le délai légal et travaille en équipe avec David Chu à l'unité des affaires non résolues de Los Angeles. Un cold case datant de 1989 amènerait à penser qu'un gamin de huit ans est impliqué dans un viol plus meurtre d'une jeune fille, reste à savoir ce qui coince. Une goutte (drop) de sang du gamin est sur le corps de la victime.
Pour Bosch, tout le monde compte, tout le monde ou personne. Il va donc se lancer avec la même ténacité aux trousses d'un immonde prédateur sexuel et tenter de résoudre le mystère de la mort du fils d'un conseiller aux mains longues, de plus ex chef de la police (et de Bosch). George Irving est mort d'une chute (drop) du septième étage d'un hôtel...
Deux enquêtes difficiles pour diverses raisons, se plonger dans la tête d'un criminel détraqué et retors n'est pas de tout repos, non plus que marcher sur des oeufs dans des méandres politiciens... Mais Harry Bosch est un héros comme on les aime, avec sa rigueur, ses doutes, ses faiblesses. J'apprécie aussi la connaissance fine du fonctionnement de la police.
Ce roman peut se lire sans connaître les autres, Connelly n'est pas du genre à spoiler ses précédents écrits.
Les avis de cathe,
lundi 16 février 2015
Journal de lecture légère (1)(oui, j'ai de la réserve!)
Lors de la dernière bourse aux livres une personne proposait des romans en parfait état à cinquante centimes! J'ai donc acquis, en prévision de moments où un seul neurone fonctionne, une palanquée de lecture légère - chick lit, quoi. Les trois que je présente se passent à Londres, tiens tiens...
Nuits blanches à Manhattan
Perfect strangers
Robyn Sisman
piment, France Loisirs 2000
Belfond 1999
Traduction Christiane et David Ellis
Suzy est dessinatrice de publicité à Londres. Célibataire, appartement un peu bordélique. Lloyd, rédacteur en publicité, vit en couple avec Betsy à New York. Leur boîte organise un échange de travail (et d'appartement) pour quatre semaines. Durée au cours de laquelle Lloyd sera viré, mais Suzy va l'aider à prouver qu'on n'a rien à lui reprocher.
Pas mal du tout ce roman, avec des personnages secondaires bien présents. L'on peut être en empathie avec tous - ou presque. Du suspense, un bon timing, correct.
Je me demande juste pourquoi ce changement de titre éloigné du titre original proche de la réalité, et Suzy a commencé à m'agacer avec sa manie de passer chaque nouvelle rencontre à New York selon le crible "gay ou pas?" (mais elle s'est calmée).
Enchaînons avec
Les vertiges de l'amour
The importance of being married
Gemma Townley
piment, France Loisirs, 2013
City éditions, 2008
Traduction Jocelyne Barsse
Jessica Wild (pas très Wild dans la vie, en fait) hérite de quatre millions de livres sous le nom de Jessica Milton, car elle a fait croire qu'elle était mariée à son patron Anthony Milton. Il lui faut donc épouser (et vite!) ledit Anthony (beau, riche, intelligent, ceci dit)
Marrante idée de départ (même si j'ai vite flairé un ou deux trucs) pour une histoire pétillante. Mais un peu longue, j'ai réussi à m'ennuyer. Jessica est amoureuse d'un autre (même elle le sait) et ne veut pas forcément de l'argent, mais elle se laisse complètement influencer par son amie Helen. Cela frôle parfois l'invraisemblable, surtout dans son boulot (tiens donc, encore une agence de publicité...)
Encore une fois, le titre anglais était bien meilleur...
Les avis chez babelio
Un voyage en train, et
Que la meilleure gagne
Fair Game
Elisabeth Young
Piment, France Loisirs, 2005
Plon, 2004
Traduction Claudine Richetin
Harriet est la fille sympa qu'on aimerait avoir comme amie, le cœur sur la main. Elle partage une grande maison londonienne assez vétuste avec Sally (et le bébé Tom) et provisoirement Jacko (et sa jambe dans le plâtre). Côté coeur, calme plat, jusqu'à ce qu'elle rencontre John... Seul problème, John est le copain de de Nina, une ex amie de lycée, pestissime, mais quand même, Harriet a une conscience...
Une histoire tourbillonnante, où cette fois on ne s'ennuie pas, pleine d'humour, avec des personnages intéressants de générations différentes qui auront eu aussi droit à un happy end! La meilleure pioche des trois.
Les avis chez babelio
Nuits blanches à Manhattan
Perfect strangers
Robyn Sisman
piment, France Loisirs 2000
Belfond 1999
Traduction Christiane et David Ellis
Suzy est dessinatrice de publicité à Londres. Célibataire, appartement un peu bordélique. Lloyd, rédacteur en publicité, vit en couple avec Betsy à New York. Leur boîte organise un échange de travail (et d'appartement) pour quatre semaines. Durée au cours de laquelle Lloyd sera viré, mais Suzy va l'aider à prouver qu'on n'a rien à lui reprocher.
Pas mal du tout ce roman, avec des personnages secondaires bien présents. L'on peut être en empathie avec tous - ou presque. Du suspense, un bon timing, correct.
Je me demande juste pourquoi ce changement de titre éloigné du titre original proche de la réalité, et Suzy a commencé à m'agacer avec sa manie de passer chaque nouvelle rencontre à New York selon le crible "gay ou pas?" (mais elle s'est calmée).
Enchaînons avec
Les vertiges de l'amour
The importance of being married
Gemma Townley
piment, France Loisirs, 2013
City éditions, 2008
Traduction Jocelyne Barsse
Jessica Wild (pas très Wild dans la vie, en fait) hérite de quatre millions de livres sous le nom de Jessica Milton, car elle a fait croire qu'elle était mariée à son patron Anthony Milton. Il lui faut donc épouser (et vite!) ledit Anthony (beau, riche, intelligent, ceci dit)
Marrante idée de départ (même si j'ai vite flairé un ou deux trucs) pour une histoire pétillante. Mais un peu longue, j'ai réussi à m'ennuyer. Jessica est amoureuse d'un autre (même elle le sait) et ne veut pas forcément de l'argent, mais elle se laisse complètement influencer par son amie Helen. Cela frôle parfois l'invraisemblable, surtout dans son boulot (tiens donc, encore une agence de publicité...)
Encore une fois, le titre anglais était bien meilleur...
Les avis chez babelio
Un voyage en train, et
Que la meilleure gagne
Fair Game
Elisabeth Young
Piment, France Loisirs, 2005
Plon, 2004
Traduction Claudine Richetin
Harriet est la fille sympa qu'on aimerait avoir comme amie, le cœur sur la main. Elle partage une grande maison londonienne assez vétuste avec Sally (et le bébé Tom) et provisoirement Jacko (et sa jambe dans le plâtre). Côté coeur, calme plat, jusqu'à ce qu'elle rencontre John... Seul problème, John est le copain de de Nina, une ex amie de lycée, pestissime, mais quand même, Harriet a une conscience...
Une histoire tourbillonnante, où cette fois on ne s'ennuie pas, pleine d'humour, avec des personnages intéressants de générations différentes qui auront eu aussi droit à un happy end! La meilleure pioche des trois.
Les avis chez babelio
vendredi 13 février 2015
L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir
L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir
La ridicula idea de no volver a verte
Rosa Montero
Métailié, 2015
Traduction de Myriam Chirousse
Je pourrais dire, "c'est Rosa Montero, donc il faut le lire", mais ça serait un peu court. Pourtant, cela m'a suffi pour choisir ce livre... Et dès les premières pages, on est foudroyé par des passages lumineux:
"L'art est une blessure qui devient lumière, disait George Braque. Nous avons besoin de cette lumière, pas seulement nous qui écrivons ou peignons ou composons de la musique, mais également nous qui lisons et contemplons des tableaux et écoutons un concert. Nous avons tous besoin de beauté pour que la vie soit supportable. Fernado Pessoa l'a très bien exprimé:'La littérature, comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas.' Elle ne suffit pas, non. C'est pour ça que je suis en train d'écrire ce livre. C'est pour ça que vous êtes en train de le lire."
En novembre 2011, Rosa Montero écrivait un autre roman, qui fonctionnait bien ("Le paysage que vous entrevoyez quand vous commencez une oeuvre de fiction est pareil à un long collier d'obscurité éclairé de temps à autre par une grosse perle iridescente."), lorsqu'on lui proposa d'écrire une préface pour le Journal de Marie Curie, rédigé dans les mois ayant suivi la mort accidentelle de son mari.
Entre mes mains, voici donc une biographie -fort personnelle! - de Marie Curie, des réflexions sur le deuil, la douleur de la perte (Rosa Montero vient de perdre son mari après quelques mois de maladie), la fiction, la place de la femme, en particulier la femme scientifique. Pas de pathos, non, et même si l'auteur laisse souvent son imagination travailler et ses remarques personnelles survenir, c'est d'une grande fluidité. La vie de Marie Curie est revisitée (mais les détails sont vrais, elle cite ses sources) avec intelligence et empathie. C'est absolument passionnant, ça fait réfléchir, Rosa Montero a l'art des éclairages sur des faits pourtant connus. Je l'aime!
Encore une fois, Rosa Montero se révèle un auteur selon mon coeur, originale, fine. A découvrir absolument!
Au détour d'un chapitre : la majorité des hommes ont l'annulaire plus grand que l'index, et la majorité des femmes ont l'index plus long que l'annulaire (Marie Curie avait une main masculine). Bien sûr j'ai tout de suite regardé mes mains... Et vous?
L'avis de Cuné,
Merci à Anne Charlotte et à l'éditeur.
La ridicula idea de no volver a verte
Rosa Montero
Métailié, 2015
Traduction de Myriam Chirousse
Je pourrais dire, "c'est Rosa Montero, donc il faut le lire", mais ça serait un peu court. Pourtant, cela m'a suffi pour choisir ce livre... Et dès les premières pages, on est foudroyé par des passages lumineux:
"L'art est une blessure qui devient lumière, disait George Braque. Nous avons besoin de cette lumière, pas seulement nous qui écrivons ou peignons ou composons de la musique, mais également nous qui lisons et contemplons des tableaux et écoutons un concert. Nous avons tous besoin de beauté pour que la vie soit supportable. Fernado Pessoa l'a très bien exprimé:'La littérature, comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas.' Elle ne suffit pas, non. C'est pour ça que je suis en train d'écrire ce livre. C'est pour ça que vous êtes en train de le lire."
En novembre 2011, Rosa Montero écrivait un autre roman, qui fonctionnait bien ("Le paysage que vous entrevoyez quand vous commencez une oeuvre de fiction est pareil à un long collier d'obscurité éclairé de temps à autre par une grosse perle iridescente."), lorsqu'on lui proposa d'écrire une préface pour le Journal de Marie Curie, rédigé dans les mois ayant suivi la mort accidentelle de son mari.
Entre mes mains, voici donc une biographie -fort personnelle! - de Marie Curie, des réflexions sur le deuil, la douleur de la perte (Rosa Montero vient de perdre son mari après quelques mois de maladie), la fiction, la place de la femme, en particulier la femme scientifique. Pas de pathos, non, et même si l'auteur laisse souvent son imagination travailler et ses remarques personnelles survenir, c'est d'une grande fluidité. La vie de Marie Curie est revisitée (mais les détails sont vrais, elle cite ses sources) avec intelligence et empathie. C'est absolument passionnant, ça fait réfléchir, Rosa Montero a l'art des éclairages sur des faits pourtant connus. Je l'aime!
Encore une fois, Rosa Montero se révèle un auteur selon mon coeur, originale, fine. A découvrir absolument!
Photo de mariage de Pierre et Marie Curie, 1895 |
Au détour d'un chapitre : la majorité des hommes ont l'annulaire plus grand que l'index, et la majorité des femmes ont l'index plus long que l'annulaire (Marie Curie avait une main masculine). Bien sûr j'ai tout de suite regardé mes mains... Et vous?
L'avis de Cuné,
Merci à Anne Charlotte et à l'éditeur.
mercredi 11 février 2015
Simon, Anna, les lunes et les soleils / On aurait dit une femme couchée sur le dos
Simon, Anna, les lunes et les soleils
Verena Hanf
Escales des lettres, Le castor Astral, 2014
"Par principe, la déserteuse n'achète jamais de sandwiches sur les aires d'autoroute.
'C'est infect, comment peux-tu avaler ça?' La voix était dédaigneuse, sa bouche une ligne qui tire vers le bas. Était, elle était - la voilà à l'imparfait, la déserteuse, qu'elle y reste vu qu'elle a quitté mon présent garni de sandwiches made in China. J'en ai pris deux et je les mangerai jusqu'à la dernière miette. Je bois un Red Bull en même temps, il faut aller jusqu'au bout des mauvaises choses. J'ai envie de fumer, je n'ai jamais fumé, elle n'aimait pas la fumée. La voiture sent encore son parfum, la boîte à gants contient sa crème pour les mains. Partout des traces d'elle, même les CD sont contaminés. J'allume la radio, les voix astiquées diffusent une fausse gaieté, je change de poste. Je veux écouter du sport, rien que ça. De la boxe de préférence, un sport d'abrutis, juste bien pour mon état général. Mais il n'y a même pas de foot à la radio. Pour finir, je trouve un poste de musique classique, une musique que j'écoutais avec mes parents, à l'époque où je ne savais pas que les douleurs intérieures peuvent être bien plus fortes qu'un genou ensanglanté après une chute de vélo. J'écoute les violons, je regarde le ciel bleu, l'année est nouvelle, la route reste déserte."
Après onze ans de vie commune, la déserteuse a quitté Simon. Celui-ci prend une semaine de vacances et retrouve le petit hôtel du village alsacien où il a passé de beaux séjours avec ses parents. Là il fait connaissance d'Anna, ils échangent des confidences, Anna dévoile sa vie.
Voilà, tout est doux, délicat, non dénué d'un humour fin et d'un joli sens de l'observation. Des personnages attachants, Simon surtout commence à se remettre en question. Je n'en dirai pas plus, surtout pas sur la surprise finale que je n'ai pas vue venir (OK, je suis bon public). Une lecture sans tralalas, qui fait mouche et touche au cœur.
Les avis de blablablamia,
On aurait dit une femme couchée sur le dos
Corine Jamar
Escales des lettres, Le castor astral, 2014
Samira est arrivée en Crète avec ses amis Claudie et Fred et ils y sont restés. Par jalousie (entre autres raisons), Samira s'est séparée d'eux et s'occupe avec son mari Eleftheris d'une cantine située sur la plage de l'Akrotiri, fréquentée par divers touristes et amis, dont le chef opérateur du film Zorba le Grec. Le frère aîné d'Eleftheris est une ombre sur sa vie...
C'est le fils (à naître) de Samira qui raconte, expliquant ce qui l'empêchait d'être présent avant. Ce roman fait la part belle à la Crète, ses traditions, son histoire, ses anciens dieux, et même son actualité récente, rien ne manque, mais parfois entre l'histoire imaginée et la réalité se glissaient des décalages à la lecture. J'ai vérifié, les détails sur Walter sont exacts, on a aussi Moebius dans ce roman, et j'ai du mal quand fiction et réalité se mélangent.
Les avis de Culturelle, Yv,
Ces deux romans sont arrivés en même temps, je pense les devoir à Francis Dannemark, directeur de la collection, que je remercie!, et même si j'ai attendu un peu, je savais que je les lirais. Une écriture de qualité, un titre assez long, une histoire prenante, voilà qui les unit.
Verena Hanf
Escales des lettres, Le castor Astral, 2014
"Par principe, la déserteuse n'achète jamais de sandwiches sur les aires d'autoroute.
'C'est infect, comment peux-tu avaler ça?' La voix était dédaigneuse, sa bouche une ligne qui tire vers le bas. Était, elle était - la voilà à l'imparfait, la déserteuse, qu'elle y reste vu qu'elle a quitté mon présent garni de sandwiches made in China. J'en ai pris deux et je les mangerai jusqu'à la dernière miette. Je bois un Red Bull en même temps, il faut aller jusqu'au bout des mauvaises choses. J'ai envie de fumer, je n'ai jamais fumé, elle n'aimait pas la fumée. La voiture sent encore son parfum, la boîte à gants contient sa crème pour les mains. Partout des traces d'elle, même les CD sont contaminés. J'allume la radio, les voix astiquées diffusent une fausse gaieté, je change de poste. Je veux écouter du sport, rien que ça. De la boxe de préférence, un sport d'abrutis, juste bien pour mon état général. Mais il n'y a même pas de foot à la radio. Pour finir, je trouve un poste de musique classique, une musique que j'écoutais avec mes parents, à l'époque où je ne savais pas que les douleurs intérieures peuvent être bien plus fortes qu'un genou ensanglanté après une chute de vélo. J'écoute les violons, je regarde le ciel bleu, l'année est nouvelle, la route reste déserte."
Après onze ans de vie commune, la déserteuse a quitté Simon. Celui-ci prend une semaine de vacances et retrouve le petit hôtel du village alsacien où il a passé de beaux séjours avec ses parents. Là il fait connaissance d'Anna, ils échangent des confidences, Anna dévoile sa vie.
Voilà, tout est doux, délicat, non dénué d'un humour fin et d'un joli sens de l'observation. Des personnages attachants, Simon surtout commence à se remettre en question. Je n'en dirai pas plus, surtout pas sur la surprise finale que je n'ai pas vue venir (OK, je suis bon public). Une lecture sans tralalas, qui fait mouche et touche au cœur.
Les avis de blablablamia,
On aurait dit une femme couchée sur le dos
Corine Jamar
Escales des lettres, Le castor astral, 2014
Samira est arrivée en Crète avec ses amis Claudie et Fred et ils y sont restés. Par jalousie (entre autres raisons), Samira s'est séparée d'eux et s'occupe avec son mari Eleftheris d'une cantine située sur la plage de l'Akrotiri, fréquentée par divers touristes et amis, dont le chef opérateur du film Zorba le Grec. Le frère aîné d'Eleftheris est une ombre sur sa vie...
C'est le fils (à naître) de Samira qui raconte, expliquant ce qui l'empêchait d'être présent avant. Ce roman fait la part belle à la Crète, ses traditions, son histoire, ses anciens dieux, et même son actualité récente, rien ne manque, mais parfois entre l'histoire imaginée et la réalité se glissaient des décalages à la lecture. J'ai vérifié, les détails sur Walter sont exacts, on a aussi Moebius dans ce roman, et j'ai du mal quand fiction et réalité se mélangent.
Les avis de Culturelle, Yv,
Une idée du coin où se déroule le roman... |
Ces deux romans sont arrivés en même temps, je pense les devoir à Francis Dannemark, directeur de la collection, que je remercie!, et même si j'ai attendu un peu, je savais que je les lirais. Une écriture de qualité, un titre assez long, une histoire prenante, voilà qui les unit.
lundi 9 février 2015
Dictionnaire amoureux de l'opéra
Dictionnaire amoureux de l'opéra
Alain Duault
Plon, 2012
1060 pages...
"Le grand cinéaste Billy Wilder racontait un jour : 'Hier soir je suis allé voir Les Maîtres chanteurs de Wagner. Le spectacle commençait à six heures. Trois heures après j'ai regardé ma montre : il était six heures et quart...!"
Aimer l'opéra n'est pas exempt de surprises. Lire "Début du spectacle 14 h 30, fin du spectacle 18 h 45", par exemple. Là c'est un de mes records, d'ordinaire cela ne dure "que" trois heures en moyenne. Trois heures de bonheur la plupart du temps (je choisis mes spectacles; pas de Wagner)
Alain Duault est bien connu sur Radio classique et j'ai découvert qu'il était au départ de la retransmission d'opéras du Met au cinéma. Mais ce qui compte est qu'il est un passionné d'opéra, et qu'il en parle avec un enthousiasme dévastateur. Dans cet opus, il privilégie ce qu'il aime, ce n'est donc pas exhaustif, car il préfère donner envie plutôt de critiquer défavorablement. Il a eu la chance d'assister à des spectacles d'anthologie, de rencontrer interprètes et chef d'orchestre, de fréquenter des salles mythiques, au cours des dernières décennies. Le veinard!
Les entrées de ce Dictionnaire font la part belle à des interprètes (Callas, Maria Malibran), ou des compositeurs (Rossini, Verdi) dont la vie est déjà un roman, sans oublier des œuvres ou des auteurs plus confidentiels mais qui ont su parler à son cœur.
Parmi tant d'autres...
Servir
A un dîner où quelqu'un lança 'Mais à quoi sert l'opéra?' il répondit :'à rien'.
"C'est évident : l'opéra ne sert à rien. Comme la poésie ne sert à rien, comme le théâtre ne sert à rien, comme regarder le ciel qui se referme telle une main sur l'horizon ne sert à rien, comme ... On pourrait en aligner, des gestes qui ne servent à rien. Sinon qu'ils sont le nœud de nos existences. (... deux pages, trop long... l'amour ... la beauté...) Oui, sans doute, l'opéra ne sert à rien - mais il nous aide à vivre."
Casta diva
Dès le prélude, avec cet accompagnement tout en élégiaques arpèges de cordes sur lesquels la flûte fait entendre un chant mélancolique, une de ces mélodies dont Bellini avait le secret et qui devait tant émouvoir Chopin, on se sent happé, comme en apesanteur. Et la vois s'élève comme un lent envol, une manière d'abord de contemplation sereine qui peu à peu monte, s'exalte, déploie son tissu. Le chœur vient tisser derrière cette voix une vague sur laquelle elle s'appuie pour continuer de dérouler un long ruban argenté, cette lumière de lune qu'elle incarne. Et ce qui fascine, c'est la continuité quasi hypnotique des arpèges sur lesquels la voix s'incurve, à partir desquels elle s'élance pour sculpter une sorte de statuaire mélodique où l'intimité troublée semble faire palpiter la majesté sereine de la prêtresse. On est comme suspendu, soulevé dans une sorte de lévitation inouïe, emporté dans la forêt obscure où cet hymne lunaire préfigure la 'perfection de la tragédie' que représente Norma selon le philosophe Schopenhauer."
Il s'exprime bien, n'est-ce pas? J'en serais bien incapable... Pour lui, la meilleure dans cet air, c'est Callas, je vous mets le lien où elle est filmée (http://www.ina.fr/video/I08016689)
Rien ne me destinait à tomber dans la marmite opéra, a priori. Mais une fois fait, impossible de s'en passer. Il était donc fatal que je présente ce pavé incontournable. D'autres existent sans doute sur le même sujet. Mais je conseillerais plutôt d'assister à une représentation en vrai, c'est complètement différent de l'écoute d'un disque - ou même à la télévision ou au cinéma (que je ne dédaigne pas non plus, évidemment)
L'opéra, réservé à certaines personnes? Pffff!
S'habiller? Pas besoin d'être en tenue de soirée, j'y vais d'ailleurs en 'tous les jours'. Et ceux qui me connaissent savent que c'est vraiment sans chichis.
Le coût? Pas besoin de casser obligatoirement sa tirelire, il y a plein de bons plans. Et puis, s'offrir un concert de Johnny Halliday (pour citer un chanteur qui à mon goût a une voix intéressante) peut être plus cher. Ramené à trois heures de spectacle, c'est correct.
La langue? Oh la la, si vous saviez, il y a quelque temps les surtitrages n'existaient pas! Maintenant, même quand c'est en français, on peut lire les paroles et suivre au fur et à mesure. Même si je me souviens d'une représentation de Iolanta, en plein air en juillet dernier (et il a plu tout autour sauf au lieu même), en russe sans traduction... Par bonheur j'avais potassé mon Kobbé juste avant (autre bouquin incontournable)
C'est long. Il faut s'y préparer un peu sinon on peut s'ennuyer! OK, il y a des codes, il faut accepter que la dame proche de la mort aie encore la force de chanter vingt minutes d'adieux... Mais il n'y a pas que le chant, il y a l'histoire, souvent prenante, même si on la connaît par cœur, la mise en scène, les décors, les costumes. Complet, vous dis-je! Il y a les entractes aussi, avec boissons au foyer (avec modération). Fort souvent les théâtres sont des lieux absolument magnifiques!
C'est triste voire déprimant. OK, on meurt pas mal sur scène, les barytons empêchent l'amour des ténors et des sopranos de bien se terminer, mais il existe des compositeurs dont les œuvres devraient être remboursées par la sécu. Entre mi décembre et mi janvier, j'ai assisté à deux Chauve Souris (Strauss), un Barbier de Séville (Rossini), et un Barbe Bleue (Offenbach) et ça pétille!
Pourquoi ne pas en parler sur ce blog? Manque de temps, paresse? Et puis Eimelle le fait déjà très bien pour Tours...
Alors, vous y allez quand?
Alain Duault
Plon, 2012
1060 pages...
"Le grand cinéaste Billy Wilder racontait un jour : 'Hier soir je suis allé voir Les Maîtres chanteurs de Wagner. Le spectacle commençait à six heures. Trois heures après j'ai regardé ma montre : il était six heures et quart...!"
Aimer l'opéra n'est pas exempt de surprises. Lire "Début du spectacle 14 h 30, fin du spectacle 18 h 45", par exemple. Là c'est un de mes records, d'ordinaire cela ne dure "que" trois heures en moyenne. Trois heures de bonheur la plupart du temps (je choisis mes spectacles; pas de Wagner)
Alain Duault est bien connu sur Radio classique et j'ai découvert qu'il était au départ de la retransmission d'opéras du Met au cinéma. Mais ce qui compte est qu'il est un passionné d'opéra, et qu'il en parle avec un enthousiasme dévastateur. Dans cet opus, il privilégie ce qu'il aime, ce n'est donc pas exhaustif, car il préfère donner envie plutôt de critiquer défavorablement. Il a eu la chance d'assister à des spectacles d'anthologie, de rencontrer interprètes et chef d'orchestre, de fréquenter des salles mythiques, au cours des dernières décennies. Le veinard!
Les entrées de ce Dictionnaire font la part belle à des interprètes (Callas, Maria Malibran), ou des compositeurs (Rossini, Verdi) dont la vie est déjà un roman, sans oublier des œuvres ou des auteurs plus confidentiels mais qui ont su parler à son cœur.
Parmi tant d'autres...
Servir
A un dîner où quelqu'un lança 'Mais à quoi sert l'opéra?' il répondit :'à rien'.
"C'est évident : l'opéra ne sert à rien. Comme la poésie ne sert à rien, comme le théâtre ne sert à rien, comme regarder le ciel qui se referme telle une main sur l'horizon ne sert à rien, comme ... On pourrait en aligner, des gestes qui ne servent à rien. Sinon qu'ils sont le nœud de nos existences. (... deux pages, trop long... l'amour ... la beauté...) Oui, sans doute, l'opéra ne sert à rien - mais il nous aide à vivre."
Casta diva
Dès le prélude, avec cet accompagnement tout en élégiaques arpèges de cordes sur lesquels la flûte fait entendre un chant mélancolique, une de ces mélodies dont Bellini avait le secret et qui devait tant émouvoir Chopin, on se sent happé, comme en apesanteur. Et la vois s'élève comme un lent envol, une manière d'abord de contemplation sereine qui peu à peu monte, s'exalte, déploie son tissu. Le chœur vient tisser derrière cette voix une vague sur laquelle elle s'appuie pour continuer de dérouler un long ruban argenté, cette lumière de lune qu'elle incarne. Et ce qui fascine, c'est la continuité quasi hypnotique des arpèges sur lesquels la voix s'incurve, à partir desquels elle s'élance pour sculpter une sorte de statuaire mélodique où l'intimité troublée semble faire palpiter la majesté sereine de la prêtresse. On est comme suspendu, soulevé dans une sorte de lévitation inouïe, emporté dans la forêt obscure où cet hymne lunaire préfigure la 'perfection de la tragédie' que représente Norma selon le philosophe Schopenhauer."
Il s'exprime bien, n'est-ce pas? J'en serais bien incapable... Pour lui, la meilleure dans cet air, c'est Callas, je vous mets le lien où elle est filmée (http://www.ina.fr/video/I08016689)
Rien ne me destinait à tomber dans la marmite opéra, a priori. Mais une fois fait, impossible de s'en passer. Il était donc fatal que je présente ce pavé incontournable. D'autres existent sans doute sur le même sujet. Mais je conseillerais plutôt d'assister à une représentation en vrai, c'est complètement différent de l'écoute d'un disque - ou même à la télévision ou au cinéma (que je ne dédaigne pas non plus, évidemment)
L'opéra, réservé à certaines personnes? Pffff!
S'habiller? Pas besoin d'être en tenue de soirée, j'y vais d'ailleurs en 'tous les jours'. Et ceux qui me connaissent savent que c'est vraiment sans chichis.
Le coût? Pas besoin de casser obligatoirement sa tirelire, il y a plein de bons plans. Et puis, s'offrir un concert de Johnny Halliday (pour citer un chanteur qui à mon goût a une voix intéressante) peut être plus cher. Ramené à trois heures de spectacle, c'est correct.
La langue? Oh la la, si vous saviez, il y a quelque temps les surtitrages n'existaient pas! Maintenant, même quand c'est en français, on peut lire les paroles et suivre au fur et à mesure. Même si je me souviens d'une représentation de Iolanta, en plein air en juillet dernier (et il a plu tout autour sauf au lieu même), en russe sans traduction... Par bonheur j'avais potassé mon Kobbé juste avant (autre bouquin incontournable)
C'est long. Il faut s'y préparer un peu sinon on peut s'ennuyer! OK, il y a des codes, il faut accepter que la dame proche de la mort aie encore la force de chanter vingt minutes d'adieux... Mais il n'y a pas que le chant, il y a l'histoire, souvent prenante, même si on la connaît par cœur, la mise en scène, les décors, les costumes. Complet, vous dis-je! Il y a les entractes aussi, avec boissons au foyer (avec modération). Fort souvent les théâtres sont des lieux absolument magnifiques!
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Grand escalier du grand théâtre de Tours |
Pourquoi ne pas en parler sur ce blog? Manque de temps, paresse? Et puis Eimelle le fait déjà très bien pour Tours...
Alors, vous y allez quand?
vendredi 6 février 2015
Une plage au pôle nord
Une plage au pôle nord
Arnaud Dudek
Alma éditeur, 2015
"Drôle de duo, hein? Le jour et la nuit. Le pôle Nord et la plage de sable..."
Non mais quoi? Il n'y a pas de plage et pas de pôle Nord? En plus c'est trop court! ('quoi c'est fini' me suis-je dit in petto à la page 160 sur 161). C'est que je m'attachais sérieusement à Françoise et Jean-Claude, aux Moreno, à Pierre et même à Fanny...
Françoise est veuve, trouve un appareil photo, prévient Pierre, en fait il appartient à Jean-Claude. Et voilà il suffit de suivre le fil de la pelote qui se défait, et qu'on ne lâche pas! Humour, tendresse, fantaisie, amour et amitié sont au rendez-vous.
"Tout est éteint dans la maison, rien ne bouge, mais comme l'histoire est bien conçue il y a quelqu'un à l'intérieur. Il suffirait de sonner pour en avoir la confirmation.
Justement jean-Claude sonne."
"Parfois (...)elle arrive [la mort], nous emporte, sans symptômes, sans signes avant-coureurs, sans qu'on ait été placé une seule fois sur la listes des personnes à risques. Si on avait su cela plus tôt on n'aurait pas mené une vie aussi calme qu'une cabane construite au fin fond du Wyoming. Si on avait su cela avant on aurait commencé à fumer, et on aurait repris plus souvent des frites."
Les avis de cathulu , jostein , le petit carré jaune et blablablamia
Merci à l'éditeur, j'ai découvert un nouvel auteur (français)
Arnaud Dudek
Alma éditeur, 2015
"Drôle de duo, hein? Le jour et la nuit. Le pôle Nord et la plage de sable..."
Non mais quoi? Il n'y a pas de plage et pas de pôle Nord? En plus c'est trop court! ('quoi c'est fini' me suis-je dit in petto à la page 160 sur 161). C'est que je m'attachais sérieusement à Françoise et Jean-Claude, aux Moreno, à Pierre et même à Fanny...
Françoise est veuve, trouve un appareil photo, prévient Pierre, en fait il appartient à Jean-Claude. Et voilà il suffit de suivre le fil de la pelote qui se défait, et qu'on ne lâche pas! Humour, tendresse, fantaisie, amour et amitié sont au rendez-vous.
"Tout est éteint dans la maison, rien ne bouge, mais comme l'histoire est bien conçue il y a quelqu'un à l'intérieur. Il suffirait de sonner pour en avoir la confirmation.
Justement jean-Claude sonne."
"Parfois (...)elle arrive [la mort], nous emporte, sans symptômes, sans signes avant-coureurs, sans qu'on ait été placé une seule fois sur la listes des personnes à risques. Si on avait su cela plus tôt on n'aurait pas mené une vie aussi calme qu'une cabane construite au fin fond du Wyoming. Si on avait su cela avant on aurait commencé à fumer, et on aurait repris plus souvent des frites."
Les avis de cathulu , jostein , le petit carré jaune et blablablamia
Merci à l'éditeur, j'ai découvert un nouvel auteur (français)
mardi 3 février 2015
La bibliothèque des coeurs cabossés
La bibliothèque des coeurs cabossés
Läsarna i Broken Wheel rekommenderar
Katarina Bivald
Denoël, janvier 2015
Traduit par Carine Bruy
"Ce que Sara recherchait au fond, c'étaient ces livres qu'on peut lire comme un roman-feuilleton en sirotant un verre de vin le vendredi soir, ou un Coca citron glaçons et un bol de chips un dimanche désœuvré. L'équivalent en livre d'un film avec Meg Ryan. Des histoires légères et sympathiques avec fin heureuse garantie afin de laisser le cerveau en repos. Des romans où l'héroïne était toujours amusante et le héros mignon, ou l'inverse s'il s'agissait d'un texte écrit par un auteur masculin, et évidemment adapté avec John Cusak dans le rôle principal."
Après un échange épistolaire de deux ans avec Amis Harris, gentille dame habitant Broken Wheel, au fin fond de l'Iowa, Sara Lindquist, plus intéressée à lire qu'à vivre (et ex employée de librairie) se décide à quitter la Suède pour rendre une visite de quelques semaines à son amie. Las! (A Girl, je l'ai fait exprès) quand elle arrive à Broken Wheel, Amy vient de décéder. Broken Wheel se révèle vraiment un coin paumé, où vivotent les quelques rares boutiques encore ouvertes, le tout noyé ou presque dans un océan de champs de maïs. Une petite ville où s'échangent plus de services que d'argent, où elle commence à s'intégrer, surtout quand elle ouvre une librairie avec les milliers de livres que possédait Amy.
Je n'ai pas besoin de raconter les premiers moments de cette librairie et de ses rangements étonnants, de signaler que la ville regorge de personnages originaux et bien évidemment que tout se termine dans l'amour et la fantaisie. Je me demande juste pourquoi il fallait une librairie, pourquoi pas une bibliothèque?
Oui, un roman feelgood, et alors? Dès le départ je le savais, tout comme serait imparable une héroïne lectrice "jamais sans mon livre" et libraire. Bien sympathique, avec un brin de fantaisie, justement comme les livres que recherchait Sara dans la citation de début.
Merci à Célia G. et à l'éditeur.
Läsarna i Broken Wheel rekommenderar
Katarina Bivald
Denoël, janvier 2015
Traduit par Carine Bruy
"Ce que Sara recherchait au fond, c'étaient ces livres qu'on peut lire comme un roman-feuilleton en sirotant un verre de vin le vendredi soir, ou un Coca citron glaçons et un bol de chips un dimanche désœuvré. L'équivalent en livre d'un film avec Meg Ryan. Des histoires légères et sympathiques avec fin heureuse garantie afin de laisser le cerveau en repos. Des romans où l'héroïne était toujours amusante et le héros mignon, ou l'inverse s'il s'agissait d'un texte écrit par un auteur masculin, et évidemment adapté avec John Cusak dans le rôle principal."
Après un échange épistolaire de deux ans avec Amis Harris, gentille dame habitant Broken Wheel, au fin fond de l'Iowa, Sara Lindquist, plus intéressée à lire qu'à vivre (et ex employée de librairie) se décide à quitter la Suède pour rendre une visite de quelques semaines à son amie. Las! (A Girl, je l'ai fait exprès) quand elle arrive à Broken Wheel, Amy vient de décéder. Broken Wheel se révèle vraiment un coin paumé, où vivotent les quelques rares boutiques encore ouvertes, le tout noyé ou presque dans un océan de champs de maïs. Une petite ville où s'échangent plus de services que d'argent, où elle commence à s'intégrer, surtout quand elle ouvre une librairie avec les milliers de livres que possédait Amy.
Je n'ai pas besoin de raconter les premiers moments de cette librairie et de ses rangements étonnants, de signaler que la ville regorge de personnages originaux et bien évidemment que tout se termine dans l'amour et la fantaisie. Je me demande juste pourquoi il fallait une librairie, pourquoi pas une bibliothèque?
Oui, un roman feelgood, et alors? Dès le départ je le savais, tout comme serait imparable une héroïne lectrice "jamais sans mon livre" et libraire. Bien sympathique, avec un brin de fantaisie, justement comme les livres que recherchait Sara dans la citation de début.
Les gens (...) pouvaient ne vous porter aucune attention, mais à la seconde où vous sortiez un livre, vous étiez considéré comme impoli.
Les livres sont fantastiques et prennent sans doute toute leur valeur dans un chalet au fond de la forêt, mais quel plaisir y a-t-il à lire un livre merveilleux, si on ne peut pas le signaler à d'autres personnes, en parler et le citer à tout bout de champ?
Merci à Célia G. et à l'éditeur.
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