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Affichage des articles du novembre, 2015

Les temps sauvages

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Les temps sauvages Yeruldelgger Ian Manook Albin Michel, 2015 Yeruldelgger, le retour. Toujours aussi attaché à sa Mongolie, traînant les mêmes casseroles affectives (en dépit de la sécurité amoureuse auprès de Solongo ) avec sa fille, son ex beau-père, etc., intraitable, cavalier seul, de plus en plus, violent et parfois cruel. Bon flic, oui, mais on aimerait qu'il sorte moins vite son arme (OK, faut survivre, mais quand même) Cette fois on l'accuse d'un meurtre, un yack atterrit, des incendies se déclenchent inopinément, Oyun tombe raide amoureuse, et l'enquête se déplace en Sibérie et ... au Havre! (oui, chez nous). C'est l'occasion de constater que les plats traditionnels mongols paraissent moins attractifs (la tête de chèvre!) que les recettes normandes, roboratives, oui, mais miam! Parfois l'on a du mal à suivre, pas de longueurs ça non, on ne souffle pas! A la fin c'est Yeruldelgger qui gagne, mais pas sans casse. Ian Manook s'a

Boussole

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Boussole Mathias Enard Actes sud, 2015 Oui, difficile d'éviter le bandeau, mais je désirais lire ce roman bien avant, d'autant plus que des avis divergent sur le sujet (voir plus bas). Pour une fois, je ne serai pas à l'ouest, mais à l'est! A Vienne, lors d'une longue nuit d'insomnie, le musicologue/ chercheur/ enseignant Franz Ritter laisse filer ses souvenirs. Son amour pour Sarah , elle aussi orientaliste, pour l'orient , le fascinant orient, aux portes de Vienne il y a quelques siècles, et que depuis écrivains, peintres, compositeurs, aventuriers (et aventurières) ont cherché à connaître et explorer. Les évocations de ses propres séjours à Istanbul, en Syrie, en Iran , se mêlent à celles de ses prédécesseurs, formant un tout extrêmement érudit et complet, fluctuant, vagabond et captivant. Alors, digeste ou pas? Si l'on prend le parti de se laisser entraîner au rythme choisi par l'auteur, sans trop vouloir vérifier si tout est vrai,

Que voit-on quand on lit?

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Que voit-on quand on lit? What  we see when we read, 2014 Une phénoménologie avec illustrations Peter Mendelsund Robert laffont, 2015 Traduit par Odile Demange L'auteur est directeur artistique chez Albert A. Knopf et Pantheon Books, également pianiste classique, et vit à New York. " La mémoire est faite d'imaginaire; l'imaginaire fait de mémoire. " Nous lisons des romans, nous lisons (peut-être) Anna Karénine, Moby Dick, Voyage au phare, Jane Eyre, Madame Bovary, Le bruit et la fureur, Ulysse, A la recherche du temps perdu (mais point n'est besoin ici de les avoir lus); nous avons conscience que quelque chose se passe dans notre tête, mais quoi? Nous nous représentons Anna Karénine, mais Tolstoï en dit peu, alors ce que nous voyons d'elle est-il semblable à ce que voit un autre lecteur? L'abondance de détails permet-elle de mieux 'voir'? Quelle est la part de l'imagination? De la mémoire? Représentation d'Anna Karénine

Le puits de solitude

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Le puits de solitude The well of loneliness, 1928 Marguerite Radclyffe Hall L'imaginaire, Gallimard, 2007 Traduction de Léo Lack (1932) Je ne me souviens plus pourquoi il y a des mois déjà A Girl m'a raconté qu'une de ses collègues lui avait parlé avec enthousiasme de sa lecture du puits de solitude (pas envie de fouiner sur Facebook). Ce roman étant présent à la bibli, en dépit de quelques ronchonnements sur l'écriture qui avait l'air a priori 'pas mon truc' et la taille de la bête (572 pages), j'ai cédé pour une lecture commune 'à condition que j'accroche'. La curiosité me perdra. Curiosité parce que ce roman de 1928 fit à l'époque scandale en Grande Bretagne (et obtint un joli succès au Etats-Unis)  à cause de son sujet. Radclyffe Hall (1880-1943) était une romancière anglaise née dans une famille aisée, vivant en couple avec des femmes et portant des habits masculins, tout comme- sans trop en dévoiler- son héroïne de roman (

Aborigènes

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Aborigènes avec les derniers nomades d'Australie Eddie Mittelette Transboreal, 2015 La présentation de l'auteur sur le site de l'éditeur est parfaite (je la découvre après avoir terminé ce récit...) car elle montre bien qu'Eddie Mittelette en a sous la pédale question Australie et ne s'est pas lancé comme ça en 2010 puis 2013 à vélo dans l'ouest australien pour rencontrer les Martu et vivre quelques mois avec eux . Fasciné par le récit de l'expédition Peasley en 1977 destinée à récupérer un couple d'Aborigènes en plein désert (les derniers à vivre ainsi?) et champion de boomerang (j'ignorais qu'il existait des compétitions internationales), il désire passer du temps avec certains des habitants du désert et séjourne avec la tribu Martu, dont il nous fait découvrir la vie, entre modernisme et tradition. L'on sent parfaitement son respect lucide à l'égard des personnes rencontrées. Il ne nous impose pas des pages et des pages aride

Khomeini, Sade et moi

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Khomeini, Sade et moi Abnousse Shalmani Grasset, 2014 Abnousse Shalmani est née en 1977 à Téhéran. Toute jeune elle a choisi de lutter à sa façon contre les "corbeaux" et les "barbus", jusqu'à l'exil de sa famille à Paris en 1985. Mais les corbeaux et les barbus ne sont hélas pas tous en Iran... "J'ai trouvé dans l'étude du passé la meilleure voie pour comprendre mon enfance et partager une mémoire commune avec le pays qui m'a recueillie après l'exil. Je suis née plusieurs fois. Une fois un jour d'avril, une autre fois en retirant mon voile et en imposant ma nudité, une troisième fois en foulant le sol français, une autre fois enfin en ouvrant un livre de Zola et en découvrant la littérature libertine du XVIIIème siècle français. " Autobiographie, pamphlet, cri, plaidoyer, ce récit enthousiasmant, dont j'ai démarré la lecture un certain vendredi 13 novembre au soir dans la sécurité confortable de mon lit et terminé

Les animaux en bord de chemin

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Les animaux en bord de chemin Marc Giraud delachaux niestlé, 2015 Difficile de poster après ce vendredi, que choisir? Alors comme France Musique qui diffusait de la douceur dimanche vers midi, je propose un livre qui fait du bien... Après La nature en bord de chemin , comment résister à Les animaux en bord de chemin? Oui, les animaux bien de chez nous, pas réservés aux campagnards d'ailleurs, et les citadins attentifs sauront eux aussi les repérer et les observer! Les photos sont toujours aussi magnifiques (et sans doute le résultat d'heures d'affût respectueux), la mise en page et le découpage en chapitres et rubriques dynamisent la lecture (décodez les comportements, les animaux se nourrissent, s'expriment, s'aiment, élèvent leurs petits, etc.), les textes accompagnent les photos, ils informent et surtout ne sont pas dénués d'humour. Accessible à tous, recommandé à tous! Un peu au hasard de ce (chouette) bouquin : Le cochon : "La boue rafraî

Il n'y a pas de grandes personnes

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Il n'y a pas de grandes personnes Alix de Saint-André Gallimard, 2007 En 1940 Malraux interroge sur la confession l'aumônier du Vercors, qui termine ainsi "Et puis, le fond de tout, c'est qu' il n'y a pas de grandes personnes ." Jusqu'ici, Alix de Saint-André, c'était En avant, route! et le voyage à Compostelle (son tour viendra) mais une fois le nez dans ce récit je ne l'ai guère lâché. Le fil conducteur en est Malraux ( pour moi, depuis l'étude de La condition humaine au lycée nos chemins ne se sont plus croisés, autant dire qu'Alix de Saint-André allait devoir être convaincante ), avec lequel elle est tombée en amour grâce à une de ses professeurs en lycée privé bien catholique. Ses années d'étudiante sont narrées avec un tel allant, un tel humour, la famille de son amie parisienne Pia est tellement pittoresque (et fan de Proust) que je me suis royalement amusée dès le départ . Comme j'ignorais tout d'Alix de

Éloge du chat

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Existe une multitude de livres autour du chat, en voici deux. Le premier résulte d'un craquage en salon du livre... Éloge du chat Stéphanie Hochet Editions Léo Scheer, 2014 Stéphanie Hochet aborde le sujet par le biais des auteurs et de leurs œuvres (abondante bibliographie non exhaustive de l'aveu de l'auteur), sans dédaigner le cinéma. Bien vu, original, assez approfondi (en dépit de la minceur du volume) mais pas abscons; bref, fort intéressant. Ecrit d'une jolie plume, ce qui ne gâte rien. "On a accusé les sorcières et les chats de propager la peste noire au milieu du XIV siècle.(...) Le destin est souvent ironique.La peste noire fit vingt-cinq millions de morts en Europe au XIVème siècle. Le massacre des chats contribua à la prolifération des rats, vecteurs d'une maladie qu'ils transmettaient à l'homme par l'intermédiaire des puces infectées." L'un des chapitres les plus inattendus concerne le "chat replet", oui

Ceux de July

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Ceux de July July's people, 1981 Nadine Gordimer Albin Michel, 1983 Traduit par Annie Saumont C'est curieux, les auteurs sud africains après lecture donnent souvent l'impression de grand roman, d'incontournable, de fort, de 'qui va rester dans la mémoire' et au moment d'en parler c'est tellement difficile à cerner pourquoi. Précédée par A girl et Zarline , voici donc Ceux de July (oui, LC en décalage). Pour en savoir plus sur l'auteur, voir ce billet paru lors de sa disparition en 2014, se terminant par À propos de  Ceux de July  (Albin Michel), paru en 1983, Nadine Gordimer déclarait à  La Croix  : «  Le racisme pourrait être le péché originel, l’inévitable tache qui marque tout être humain, de quelque race qu’il soit. Il faut savoir qu’il est là, en chacun de nous, comme le virus de la peste.  Parlons de l'histoire: La famille Smales , le père, architecte, la mère, Maureen, et leurs trois jeunes enfants ont fui leur belle

Plage de Manaccora, 16 h 30

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Plage de Manaccora, 16 h 30 Philippe Jaenada Points, 2010 " Les deux premiers jours, tout s'est bien passé. Le troisième, non. " En vacances dans les Pouilles, lors d'un été sec et caniculaire, Voltaire (si! c'est son prénom), Oum et leurs jeune fils Géo se voient contraints de fuir un gigantesque incendie , jusqu'à se retrouver acculés sur un plage sans issue , coincés entre les flammes et la mer... Brûlés ou asphyxiés, voilà le sort qui les menace, eux et une foule d'estivants. Tout au long de leur fuite, des choix se présentent, il s'agit de survie, autant ne pas se tromper! Attention : on ne lâche pas ce roman! Par bonheur Jaenada place son histoire dans un passé récent - et l'on sait que la famille a survécu- mais reste à connaître comment, et quel fut le sort de leurs compagnons de fuite. Réactions parfaitement plausibles de tous (ignorance, incompréhension puis fuite et interrogation, finalement pas vraiment de panique). Note spéc

Et si on sortait?

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Depuis quelque temps je ressens l'envie de parler de mes diverses sorties, sans être bien sûre que ce rendez vous sera pérenne... Après une saison 2014/2015 un peu gloutonne (et fatigante) je suis revenue là aussi à une consommation locavore (aidée en cela par les travaux au Châtelet et Salle Favart, les tarifs d'autres opéras de la région parisienne, la rareté des matinées et finalement la certitude de chouettes spectacles près de chez moi). De plus certaines salles du coin offrent des catalogues moins tentants et cela laisse la place à des 'au dernier moment'. Baroque un jour, baroque toujours , démarrage début septembre avec Cantates à l'italienne (Frescobaldi, Scarlatti, Haendel, etc.)(soprano, contralto, basse, clavecin) puis mi septembre avec l' ensemble Consonance (Cantate des paysans de JS Bach et Apollo e Daphne de GF Haendel)(pour la modique somme de ... euh on donne ce qu'on veut, c'est pour participer à la réfection de l'orgue de l&#

La patience des buffles sous la pluie

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La patience des buffles sous la pluie David Thomas Poche, 2011 151 pages Mais pourquoi Hélène aime-t-elle tant ce livre? La curiosité n'étant pas trop un défaut chez un lecteur, j'ai emprunté d'un seul geste les trois livres de l'auteur m'attendant sur le rayon de la bibliothèque (et en ai lu deux). Des textes, d'une ou deux pages pour la majorité, écrits à la première personne, soit des soliloques, soit s'adressant à d'autres. Des hommes et des femmes, on va dire comme tout le monde (quoique parfois un poil décalés). C'est souvent drôle, gare à la chute parfois, cela touche juste. Tragi-comique et tendresse, second degré. Le mieux est de reproduire quelques textes Recommandé "Quand je l'ai rencontrée, j'étais tellement heureux que je me suis écrit une longue lettre dans laquelle j'ai raconté tout mon bonheur dans les moindres détails, je n'ai rien oublié, tout ce qu'on a vécu, tout ce que j'éprouvais, t

Ma liste de blogs (en cours d'amaigrissement)