mercredi 27 février 2013

Des pépites rayon jeunesse (2)

Moi, Ambrose, roi du scrabble
Susin Nielsen
hélium, 2012
Traduit de l'anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec


Après l'excellent Dear Georges Clooney, tu veux pas épouser ma mère?, pas question de laisser passer l'occasion d'une bonne lecture jeunesse. Non à la mièvrerie, oui à l'humour. Pour ce que j'en sais, ce roman devrait enchanter les ados. En tout cas même pour adulte je confirme que ça passe bien.

 Le héros Ambrose est allergique aux cacahuètes et surcouvé par sa mère. Enceinte d'Ambrose, celle-ci a dû affronter le décès subit de son époux et craint vraiment tout ("ne traverse pas n'importe où, ne parle pas aux inconnus, etc...") Ce qu’elle ignore c'est qu'Ambrose est vraiment malheureux et sans amis, et subit le harcèlement de trois camarades d'école. Bon, il faut dire qu'au départ Ambrose n'est pas toujours un cadeau non plus.
Mais tout va changer! Ambrose fait la connaissance de Cosmo, fraichement sorti de prison (la mère : "je t'interdis de lui parler!") et les deux participent à un club de Scrabble (la mère : "pas question!").Cosmo d'ailleurs est plus motivé par Amanda.
("Ils se sont souri, cette fois longuement, langoureusement, beurk, si bien que j'ai décidé de changer de sujet.")

Ambrose va vraiment changer sa vision de l'amitié et sortir du cocon maternel, la mère aussi va un peu se calmer, Cosmo va ... eh bien non je ne vais pas tout raconter! Il faut découvrir ce joli roman vu "dans la tête du jeune " mais où les adultes ne font pas que de la figuration idiote.

Quand j'étais soldate
Valérie Zenatti
Medium, l'école des loisirs, 2002


Si Valérie était restée dans le sud de la France, elle aurait ans nul doute eu aussi un premier amour, de bonnes copines avec lesquelles se disputer, des amis, la même famille attentive, un petit boulot pour l'argent de poche, le stress du baccalauréat, la joie des vacances ensuite.
Mais sa famille étant partie en Israël lorsqu'elle avait 12 ans, pas de rentrée universitaire tout de suite, pas de voyage autour du monde, non, rien de cela, mais le service militaire, et durant deux ans!

Valérie Zenatti relate donc l'expérience ordinaire de tout jeune israélien durant ces deux années où elle passe de l'adolescence à l'âge adulte. Avec de l'humour, de l'émotion. Elle fait part de sa fierté d'être citoyenne du pays et de passer par l'armée, même si elle réfléchit à la situation du pays, justement, et aimerait plus de paix et de justice.

C'est autobiographique, intéressant et attachant. Valérie est du genre "jamais sans mon livre" et rencontrer le libraire original de Tel Aviv est une belle expérience pour elle et son lecteur.

Valérie Zenatti écrit des livres jeunesse, des romans "tout court" et traduit Aharon Apelfeld. Une jolie carte de visite.

lundi 25 février 2013

Un bonheur insoutenable / Blade Runner

Un bonheur insoutenable
This perfect day , 1970
Ira Levin
J'ai lu, 1984
Traduit par Frank Straschitz


Impossible de retrouver la raison pour laquelle A girl from earth (son billet) et moi avons décidé de nous lancer dans cette lecture commune (à laquelle Loo (son billet) participe aussi!). Sans doute pour moi l'occasion de "traiter" un exemplaire de ma PAL historique, et de découvrir ce qui passe pour un classique de la SF.
Alors?

Un monde géré par Uni, un gigantesque ordinateur, uniformisé (le nombre de prénoms est restreint, par exemple) où chaque mois chacun reçoit un traitement, mélange de vaccins, hormones, contraceptif, tranquillisant. Plus d'agressivité, plus d'émotions violentes.
Cependant certains, dont Copeau, sont un peu différents et se posent des questions, effacées en général par la prochaine dose reçue. Les déviants sont vite repérés et "traités".
Copeau découvrira qu'il existe sur Terre des endroits où Uni n'est plus maître, et son objectif sera de le rejoindre, avec la femme dont il est amoureux.

Une sorte de Meilleur des mondes, bien sûr, mâtinée d'évocations totalitaires (nous sommes en pleine guerre froide, en 1970), et un côté daté quand même. Ce "monde parfait" est bien brossé, avec sa froideur imparable, sa gentillesse dégoulinante, ses délations déguisées en "c'est pour son bien", les conseillers personnels connaissant tout de vous, les lecteurs où l'on doit montrer son bracelet (on est pisté!). L'ordinateur décide si l'on peut engendrer, si l'on doit continuer à vivre.
Le premier groupe que rejoint Coupeau profite d'instants de liberté volée pour quoi principalement? Discuter dans un Musée, fumer et b...er. Coupeau va tout de même aller plus loin, et le roman aussi, heureusement.

La narration est classique, linéaire, un peu plan plan (tout à fait l'ambiance de ce monde sous tranquillisants) mais l'histoire ménage quelques rebondissements intéressants.Il manque tout de même un petit quelque chose pour s'intéresser à Coupeau, le héros principal et être satisfait de la fin.

L'occasion cependant de se demander si l'on choisirait le confort sans angoisses ou la liberté avec souffrances? Et de penser à tous ces traitements donnés un peu vite à certains enfants ou adultes.

Les avis de noosfere (merci pour la couverture de mon exemplaire), naufragés volontaires, mes imaginaires,

vendredi 22 février 2013

Bernadette a disparu

Bernadette a disparu
Maria Semple
Plon, feux croisés, 2013
Traduit par Carine Chichereau




Ils se sont ligués pour que je ne résiste pas : l'éditeur et sa collection feux croisés, babelio qui le proposait, et surtout surtout cathulu et clara , les chevilles ouvrières d'une organisation œuvrant à l'allongement de nos LAL.

Bernadette a la cinquantaine, un mari travaillant chez Microsoft (Seatle), une fille de quinze ans plutôt douée et futée fréquentant une école privée originale, et semble n'être qu'une femme au foyer un peu folle fuyant les autres et bossant dans une caravane (nommée Le Petit Trianon) établie dans la cour de sa maison humide (où les ronces poussent sous le plancher). Mais le mal être de Bernadette a des racines anciennes et à la suite de diverses péripéties, elle disparaît dans l'Antarctique.

Il faut absolument découvrir Bernadette, sa voisine Audrey Griffin, d'autres parents d'élèves, bref, tout le petit monde qui gravite autour d'elle, à son grand dam. Ce roman est drôle, pétillant, formé (on saura pourquoi) de lettres, mails, rapports formant un tout qu'on ne lâche pas. Bonne lecture!!!

"Plus tôt vous apprendrez que c'est à vous de rendre votre vie intéressante, mieux vous vous porterez."
"Je crois que vous me confondez avec quelqu'un qui souhaiterait vous connaître."
"Quand nos yeux fixent l'horizon sans bouger pendant une longue période, ton cerveau secrète des endorphines. C'est comme le bien-être qu'on ressent quand on court. De nos jours, on passe nos vies à scruter des écrans situés à trente centimètres devant nous."

Les avis d'Essaipat (tout aussi enthousiaste)

Merci à babelio
tous les livres sur Babelio.com

mercredi 20 février 2013

L'auteur et moi

L'auteur et moi
Eric Chevillard
Les éditions de Minuit, 2012


Le narrateur n'aime pas le gratin de chou-fleur. Il le hait, il l'exècre, et devient méchant (jusqu'au meurtre?) quand on lui en propose. En revanche il adore la truite aux amandes.  Quel drame alors quand au lieu de truite on lui sert du chou-fleur -en gratin? Voilà ce que dans un monologue fou il tente d'expliquer à une jeune femme en terrasse d'un café, alors qu'autour d'eux les passants vaquent à leurs occupations.

Dès le début, le lecteur est prévenu que l'auteur veut se démarquer du narrateur et qu'il interviendra! D'où de longs bas de page s'étalant sans ambages sous le texte principal. Et patatras, alors que le lecteur (moi en l'occurrence) commençait un peu à fatiguer du gratin de chou-fleur (sa vie, ses œuvres), arrive carrément un bas de page prenant le pouvoir sur une bonne centaine de pages, ("Pourquoi, en effet, serait-il interdit d'écrire un roman en bas de page?") narrant l'aventure de l'auteur à la poursuite (non échevelée) d'une fourmi, bientôt suivi par une jeune femme, un tamanoir, un enfant, etc...

Puis la fourmi disparaît, laissant le lecteur abasourdi par la fin, et revient le chou-fleur, avec force et rage.

Mon avis
Une expérience de lecture, ça c'est sûr! Qui peut bien sûr paraître totalement artificielle, sans queue ni tête, et laisser sur sa faim côté histoire (quoique, la fourmi, c'est pas mal du tout). Mais quelle maestria! Le délire chou-fleuresque atteint encore des sommets vers la fin, emportant tout sur son passage.

"Les livres de l'auteur (...) suivent un cours digressif et déconcertant. Le lecteur n'en peut sauter un mot sans en perdre le fil mais il ne lui est pas recommandé non plus de s'attarder trop, car alors il s'y emberlificote. (...) Toute lecture bien comprise est d'ailleurs affaire de vitesse.Il s'agit de trouver la bonne. Il en est une adaptée pour chaque écrivain qui sera fatale au lecteur s'il n'en change pas en s'engageant dans le livre d'un autre. Aussi est-il malavisé, selon l'auteur, de prétendre traverser toute la littérature dans une voiturette de golfeur."

Les interventions de l'auteur déconcertent. C'est un jeu? C'est à prendre à quel degré de folie? L'auteur est-il en fait un type imbuvable? Allez savoir... Mais il a une écriture incroyable, c'est évident.

"Or il n'est pire douleur que celle que l'on vous dénie. Elle augmente de ce désaveu. Puis il est encore ceux que réjouissent les conditions de votre malheur, qui y trouvent quant à eux celles de leur bonheur et de leur volupté, tant il est vrai que le ver de terre et le renard ne se font pas la même idée de la poule."

"L'instinct infaillible tout à fait remarquable des bêtes précipite ainsi les escargots par équipes de douze dans les alvéoles de l'assiette conçue pour les recevoir."

Après quelques lectures plus traditionnelles, je reprendrais bien une part de gratin de chou-fleur Chevillard, un jour ou l'autre. Vos suggestions?

Un grand merci à christw pour ses conseils. Son avis ici et un passage ici.
D'autres avis chez babelio
Le blog de l'auteur,

lundi 18 février 2013

Quinze minutes

Quinze minutes
A Shortcut in Time
Charles Dickinson
Editions Joelle Losfeld, 2006
Traduit par Isabelle Maillet



Un bouquin totalement inconnu pris à la bibli sur la foi de la quatrième de couverture parlant de voyage dans le temps. A l'arrivée, une chouette lecture qui m'aura fait oublier un week end fort maussade... Chacun son voyage hors du présent.

Prologue en 1964, digne d'un excellent thriller, qui laisse un gamin mort et un autre qui ne s'en remettra jamais.
De nos jours Josh Winckler est un artiste plutôt sans succès, vivant toujours à Euclid Heights, Illinois. Petite bourgade apparemment sans histoires, où l'on peut circuler entre les maisons à l'aide de "parallées" permettant d'éviter les détours par les rues bitumées. Josh y vit une expérience de retard de quinze minutes dans le temps, et  rencontre aussi Constance, une jeune fille égarée de l'année 1908. Flo, l'épouse de Josh, reste fort sceptique, d'autres habitants s'amusent à vouloir renouveler l'expérience.
Josh se lance dans une enquête sur la vie de Constance, restant cependant fort réticent à l'idée qu'elle connaisse trop de son avenir.

Le voyage dans le temps est un grand thème de la SF qui a donné des œuvres classiques, et dans ce roman se retrouvent fort joliment les paradoxes habituels.  Peut-on jouer avec sa connaissance du futur, avec le risque de transformer ce futur? Charles Dickinson se révèle fort habile et bien malin qui peut imaginer sur quels rails l'histoire se dirige...

De plus ce livre est aussi un roman plus classique, avec l'histoire d'une famille et d'une petite ville américaine tout ordinaire au cours du 20ème siècle. Les personnages sont attachants, le suspense sans faille. Bonne pioche!

Des avis sur babeliole cafard cosmique noosfere,brize,

samedi 16 février 2013

Un train peut en cacher bien d'autres

Un train peut en cacher bien d'autres
Alain Laurent
Les belles lettres, 2004
Couverture : Le Desert Express en Namibie



Alain Laurent revendique l'appartenance à la confrérie des ferroviphiles, une passion prenant dans son cas ses racines dans l'enfance, qu'il assume totalement et ne cherche pas à soigner, mais plutôt à entretenir. Tout ce qui a trait au train l'intéresse, et particulièrement les locomotives à vapeur, et les lignes qui leur permettent de rouler, avec leurs ouvrages d'art. Sans oublier les gares. Même ce qui n'est plus en service l'intéresse et l'émeut parfois. Il peut rêver des heures sur les catalogues horaires...

Trains de fret, trains de luxe, trains régionaux, TGV, trains touristiques, tout lui plait! Il va même jusqu'à prévoir ses déplacements en train plutôt qu'en avion si c'est possible, et à se rendre sur les autres continents pour découvrir trains et paysages. Transsibérien, bien sûr, le plus connu, mais États Unis et Australie, Mauritanie et Éthiopie, lui ont valu des souvenirs indélébiles. Sa liste de trains à prendre est encore longue...

Même si je n'avais pas déjà l'amour des trains (mais pas vraiment des machines) , l'enthousiasme communicatif d'Alain Laurent m'aurait terrassée. A lire son parcours historique et géographique vraiment complet, on n'a qu'une envie, sauter dans un train!!!

Petits souvenirs personnels de trains inoubliables:
*Le BA des années 80 à travers la Sologne (les connaisseurs apprécieront)
*Le Cotonou-Parakou des années 90 et ses arrêts programmés ou pas. Pris de nuit et de jour.
Tout ou presque sur la ligne Cotonou -Parakou (Bénin) hélas jusqu'en 2007
* Le Transsibérien en 2007. Pour ceux qui ne veulent ou peuvent bouger, voir A bord du Transsiberien (en faisant une avance rapide vers les vidéos suivantes, on peut découvrir le paysage sibérien)(mettre le son pour l'ambiance)
* Le suivant?

jeudi 14 février 2013

Les gens sont les gens

Les gens sont les gens
Stéphane Carlier
le cherche midi, 2013



Mignon, le porcelet, non? Sauf que Nicole Ravadavia, psychanalyste  complètement épuisée, va, de façon totalement imprévue, en kidnapper un dans la campagne et le ramener dans son appartement parisien... Pas vraiment l'endroit idéal. Mais cette décision aura des conséquences dans la vie de bien des êtres humains. Le cochon comme animal antidépresseur, eh oui...

Un court roman, léger léger quand même, qui fonce à 100 à l'heure, et déconcertant. J'ai eu du mal à saisir l'évolution des personnages humains, et même à m'y attacher. Le cochon, lui, va bien.
Mon esprit rationnel accepte totalement que le cochon apporte un bienfait quand il est de compagnie, mais en appartement? Promené dans un parc parisien? Guère probable sur le long terme.

L'avis de ma co équipière sur ce coup là, clara, déçue aussi (sans concertation)
Les avis de Totally Brune (Taylor), L'irrégulière,

Mais je conseille fortement d'aller fouiner (comme un cochon heureux ), sur le site groingroin.org, une mine d'informations sur le cochon, et si ça vous dit d'en adopter un, vous prendrez la décision en connaissance de cause.On en apprend tous les jours...!

"L’appartement n’est pas un lieu de vie adéquat pour un cochon ! … Ce qu’ils aiment, c’est s’étendre au soleil, faire des trous, brouter de l’herbe, et explorer le sol toute la journée… une vie de cochon quoi !!"
"Hum, la cohabitation m'a l'air possible..."
En conclusion : un roman qui m'a laissée perplexe, et le site "tout sur les cochons" extrêmement bien fait et qui m'a enthousiasmée.

Merci Solène. Pourtant j'avais aimé Grand amour du même auteur.

mercredi 13 février 2013

Wilderness

Wilderness
Lance Weller
Gallmeister, 2012
Traduit par François Happe


Coup de cœur
Coup de cœur, donc, même si on est loin du monde paisible et sécurisé de ce chaton kitchissime (et assumé).

Dans sa maison de retraite où elle vit paisiblement, Jane Dao-ming Poole évoque les figures de son enfance. En 1899, Ellen et Glenn Makers, le noir et la blanche, ne demandaient qu'à vivre tranquillement dans leur ferme de l'état de Washington, mais leur entourage allait leur faire payer chèrement leur choix de s'aimer. Abel Truman, lui, après des décennies à vivre de rien ou presque au bord du Pacifique, devenu vieux et malade, allait se remettre en route; son chemin va croiser celui de deux types violents qui commettront l'erreur de lui voler son chien.
Abel était soldat durant la guerre de Sécession et se trouva plongé dans la bataille de la Wilderness, les 5 et 6 mai 1864. Une bataille fratricide, 27 000 morts et blessés.

Une écriture impeccable, dense, maîtrisée, riche et belle. Pas de recherches d'effet, une totale efficacité.
Une construction assez classique alternant les époques, dévoilant un détail qui sera développé bien plus loin, sans nuire à l'intérêt.
D'excellents personnages secondaires inoubliables.
Une incroyable intensité, particulièrement la description de la bataille vue au niveau d'un soldat, parmi les cris, les tirs, la fumée, les odeurs diverses. On y est, réellement, et l'horreur nous saisit.

A découvrir absolument.

Les billets (enthousiastes) de clara, Dominique, Jérôme,

lundi 11 février 2013

Le poil et la plume

Le poil et la plume
Anny Duperey
Seuil, 2011



Cette fois pas d'anglo-saxon relatant ses aventures en terre lointaine (Bryson, Durrell et Cook) face à face avec des bestioles exotiques, mais une française et des poules, le tout au fin fond de la Creuse. C'est dire! Il y aura bien quelques paons, mais en seconds rôles.

Avec humour et sensibilité, Anny Duperey nous apprend tout (ou presque) sur l'élevage des poules, ou plutôt elle nous raconte son apprentissage. (Saviez-vous que La Poste peut faire acheminer des animaux vivants? Que certaines poules ne savent plus couver?)

C'est absolument un vrai bonheur de la suivre pas à pas! Surtout qu’il n'y a pas que cela, elle sait aussi faire part de remarques de bon sens et gentiment philosopher grâce à ses pensionnaires à plume. L'émotion point lorsqu'elle aborde avec pudeur la mort prématurée de ses parents et ses conséquences; son amour des poules avait des racines plongeant dans l'enfance, on le découvrira.

Sans cathulu j'aurais oublié de lire ce chouette livre, et je n'aurais pas fait connaissance avec Robert, le sage voisin d'Anny Duperey. Allez, lisez ce livre, il vous fera du bien!

Les avis chez Babelio, mimipinson,

vendredi 8 février 2013

La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet

La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet
Marcel Rouff
Editions Sillage, 2010
Paru en 1924


Dédié à Brillat-Savarin et Curnonsky, ce petit roman est une ode à la cuisine française et aux gourmets qui savent l'apprécier de façon parfois pointilleuse. Mais avec tant d'enthousiasme dans leur gourmandise sans fin...

Dodin est un ex-magistrat coulant des jours heureux dans la région du Jura. Ce bourgeois est bien ancré dans son 19ème siècle, et n'a qu'une passion (en dehors de quelques jupons joliment portés, mais sans se détourner de son assiette, tout de même), la cuisine! Mais attention, à ce niveau là, c'est un art!

Dodin perd sa cuisinière et doit la remplacer, il sert à une Altesse un pot-au feu d'anthologie, il est tenté par la chair (en plus de la chère), et patatras, une crise de goutte le contraint à prendre les eaux à Baden Baden, où il souffre puissamment, car son esprit déjà fort chauvin n'apprécie pas ce qu'on lui sert.

Tout du long du roman, ce sont repas mirifiques, menus inventifs obéissants à des règles magnifiant les produits de qualité, mais curieusement mon appétit n'a subi aucune attaque, affolée que j'étais par l'abondance de ces repas. Nous sommes au 19ème siècle, bien sûr, et même quand le roman a été écrit les grands repas étaient la norme lors des occasions spéciales.

Cependant ce roman assez unique mérite amplement d'être connu, pour la présentation d'une conception haut de gamme de la cuisine et la délicate ironie de la narration.

L'auteur (wikipedia) :
Marcel Rouff, né à Genève en 1887 et  mort à Paris en 1936, est un poète, romancier et gastronome français d'origine suisse.
Compagnon de Curnonsky, il est l'un des fondateurs de l'Académie des gastronomes. Il est principalement connu pour son livre La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, qui raconte sous une forme humoristique la vie d'un passionné de gastronomie, fortement inspiré de Curnonsky. Une adaptation télévisée (on disait « dramatique » et non téléfilm) en fut tirée vers 1965 mais jamais rediffusée.
Un avis ici

mercredi 6 février 2013

Froid mortel

Froid mortel
Sankta Psycho
Johan Theorin
Albin Michel, 2013
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne


Mamma mia! Après le danois Jussi Adler Olsen , voilà le suédois Johan Theorin que je viens de découvrir. Catégorie "thriller haletant". Je ne suis pas sortie de l'auberge question allongement des listes à lire...

Jan Hauger est engagé à l'école maternelle destinée aux enfants dont les parents sont internés à l'Hôpital psychiatrique Sainte-Barbe. Aimant les enfants, calme, désirant leur bien-être, Jan se révèle excellent. Mais dans le passé il a laissé se perdre un enfant confié à sa garde. Il aimerait aussi retrouver et contacter son amour d'adolescence enfermé à Sainte -Barbe. Seulement il n'est pas question pour lui de se promener à sa guise dans l'établissement. Pourtant, par les sous sols, il semble bien que ce soit possible...

Au fur et à mesure de l'avancée dans la lecture, où les informations sont distillées soigneusement et habilement, avec retours dans le passé, la tension monte, le malaise diffus s'installe. Pas de détails gore, mais le souffle court quand on explore les recoins déserts (ou presque) des sous sols. Chacun semble avoir des secrets à cacher.
Jusqu'au dénouement qui m'a laissée sur le flan, frustrée par tant d'ironie tragique.

Les avis de totaly brune, jacques chez un polar-collectif,

Challenge Polars et Thrillers chez liliba
 Défi Scandinavie noire, chez Lystig (grouille toi, c'est du bon!)

Merci à Carol et à Albin Michel. Bonne pioche!!!

lundi 4 février 2013

Des larmes sous la pluie

Des larmes sous la pluie
Lagrimas en la lluvia
Rosa Montero
Métailié, 2013
Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse


"Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir." Voilà comment mourait le rep de Blade Runner. Voilà aussi l'explication du titre du roman de Rosa Montero, et le passage de Blade Runner de ma PAL "historique" à ma PAL "futur moins lointain".

A propos de futur, nous sommes en 2109, sur Terre, où vivent les humains, mais aussi quelques bestioles (extra-terrestres), mutants, et les réplicants (techno-humains si on est politiquement correct).
La détective Bruna Husky est une réplicante, faite pour le combat, et se trouve mêlée à une enquête sur la mort violente d'autres réplicants. Qui a intérêt à relancer la haine entre espèces?

Je voulais lire ce roman parce qu'il est de Rosa Montero. Un peu de SF ne peut pas non plus faire de mal. Mais aucun problème pour les rétifs, ce monde de 2109 est tellement la conséquence du nôtre qu'on s'y coule facilement, emporté par une histoire bien menée au suspense constant. Les personnages sont humains (même ceux qui ne le sont pas, en fait). Confrontés au deuil, aux souvenirs... "S'il n'était pas capable de se souvenir de lui-même dans une pleine continuité, qu'est-ce qui différenciait son passé d'un rêve? Cesser de se rappeler détruit le monde." Certains pourtant choisissent d'effacer les souvenirs trop douloureux, à l'aide d'une machine.

Bruna, comme toute réplicante, sait que sa vie ne durera que dix ans, de vingt-cinq à trente-cinq ans, et dans sa tête tous les jours un décompte se fait... Elles sait aussi que ses souvenirs sont artificiels, introduits dans son cerveau quand elle fut fabriquée. Elle préfère donc garder son vrai souvenir de Merlin, avec qui elle a vécu une intense histoire d'amour.

Encore un fort beau roman de Rosa Montero. J'ai retrouvé son écriture sensible, son imagination, son talent  à rendre ses personnages vivants et profonds. (Je me demande si Myriam Chi, la leader du mouvement réplicant, a été nommée ainsi en clin d’œil à sa traductrice habituelle?).

Les avis de Cachou, chez babelio, et Mes imaginaires (SBM)
Merci aux éditions Métailié et à Anne-Laure de LP conseils

vendredi 1 février 2013

Les confessions de Mr Harrison

Les confessions de Mr Harrison
Elisabeth Gaskell
Grands romans points, 2012
Paru en feuilleton en 1851
Traduit par Béatrice Vierne


Dès le début du roman, Harrison, jeune médecin d'une petite ville provinciale, nage dans le bonheur conjugal, et il s'agit pour le lecteur de découvrir les péripéties qui l'y ont conduit. Pas de suspense donc, y compris sur l'identité de la bien-aimée, deviné assez rapidement. Mais de nombreux personnages (surtout des femmes!) apparaissent dans ce court roman, prétexte à brosser un portrait plein d'humour et d'ironie sous-jacente de ce milieu bourgeois où les messieurs sont des "gentlemen". Occasion aussi d'avoir un aperçu des méthodes médicales de l'époque. Harrison, qui peut paraître parfois nigaud, doit se tirer de situations épineuses mêlées de quiproquos: pas toujours facile d'être un jeune célibataire à marier!

Elisabeth Gaskell est de nos jours plus connue et lue qu'à l'époque où je devais lire ses pavés en VO, faute de rien trouver en français. Les confessions de Mr Harrison rappellent - pour le milieu social- l'excellent Cranford, mais en moins grave. On sait que cela va bien se terminer pour le héros, et l'esprit est libre pour s'amuser de ses aventures professionnelles et sentimentales. L'auteur est assez talentueuse pour que le lecteur échappe à une impression "monde de Bisounours", mais on est là évidemment très loin des problématiques abordées dans Nord et Sud.

Avis chez babelio
Voir le site des éditions de l'HERNE
Merci aux éditions points et à Titine de Plaisirs à cultiver qui m'a permis de recevoir ce livre.