Funny girl
Nick Hornby
Stock, 2015
Traduit par Christine Barbaste
Barbara, Miss Blackpool durant cinq minutes, est une jolie fille à la répartie fulgurante qui désire échapper à un sort de vendeuse courtisée par des messieurs mariés. Montée (descendue?) à Londres dans les années 60, elle tourne dans une Comedy Playhouse, sorte de pilote d'une peut-être future série, enregistrée en direct et en public. Rebaptisée Sophie, elle joue le rôle de Barbara de Blackpool (hé oui) que tout oppose au londonien Jim (joué par Clive). Leur couple à l'écran TV deviendra aussi pour un temps un couple à la ville, d'ailleurs réalité et fiction font un joli chassé croisé, par exemple quand il s'agit de devenir parents (à l'écran) Clive s'insurge violemment car il n'est pas prêt. "Mais, Clive, c'est juste ton personnage...".
La fine équipe du feuilleton Barbara (et Jim) comprend aussi Dennis, amoureux de Sophie, et les scénaristes Bill et Tony.
Durant ces années 60 parfaitement reconstituées, avec quelques photos d'époque, les émissions télé se terminaient tôt et il n'y avait pas pléthore de chaînes, mais déjà existait le débat sur la distraction offerte aux téléspectateurs. On sait maintenant vers quoi le tout divertissement s'est dirigé...
"Tout tenait en fait à la forme, au principe du feuilleton : il portait en lui la promesse d'un lendemain, d'un prochain épisode, d'une nouvelle saison; il offrait de l'espoir à ses personnages, et à tous ceux qui s’identifiaient à eux. Tony ne pensait pas désirer écrire un jour autre chose que des comédies d'une demi-heure. Elles détenaient la clé de la santé, de la prospérité et du bonheur."
"Mon interlocuteur (...) a qualifié le public de Barbara (et Jim) de bande de hyènes hilares." (A Girl, tu as soufflé l'idée à Hornby?)
"Le divertissement avait pris le contrôle du monde, et Sophie n'était pas certaine que le monde fut devenu meilleur pour autant. Parfois, tout laissait à penser que tous les habitants de ce pays, sans exception, voulaient écrire pour la télévision, pousser la chansonnette, apparaître dans des films. Plus personne ne voulait prendre un rouleau de peinture, concevoir des moteurs, ni même trouver un remède au cancer."
Partie pour une lecture de "comédie british comme je les aime", je n'ai pas été déçue, c'est drôle, en effet, mais pointe pas mal de nostalgie, ces swinging sixties comme l'on dit voyaient encore l'arrestation des homosexuels dragueurs. Cerise sur le gâteau, les dialogues sont un vrai régal de sous-entendus que les interlocuteurs doivent souvent décoder, pour le plus grand plaisir des lecteurs. J'ai adoré cette plongée dans ces années là, on s'y croit vraiment!
Les avis de Lewerentz, Le bouquineur, audouchoc, tête de lecture, albertine,
Je viens juste de m'apercevoir que ça va dans
vendredi 30 octobre 2015
mercredi 28 octobre 2015
Fables
Fables tome 1
Légendes en exil
Bill Willingham et Ian Medina
Vertigo Urban Comics, 2012
Blanche Neige, le grand méchant loup, les trois petits cochons, le Prince Charmant, et tous ces personnages de contes, vous pensiez tout connaître d'eux?
Hé bien non.
Chassés de leurs royaumes par un Adversaire, ils se sont réfugiés à New York -du moins pour ceux pouvant passer inaperçus parmi les Communs - dans la communauté de Fableville. Jack (celui du haricot magique) , le petit ami de Rose Rouge, prévient Blanche Neige (soeur de Rose Rouge, oui, il y a une autre fable, là) de la disparition de Rose Rouge, laissant un appartement presque repeint par son propre sang... Blanche Neige et Bigby Wolf, le shérif de Fableville (d'apparence humaine, genre mal rasé à imper défraîchi) mènent l'enquête.
Oh que je me suis amusée à découvrir à la fois un monde original mais logique, délirant mais sérieux, dans une histoire policière qui tient la route, retrouvant à chaque tournant un Fable, tel, le Prince charmant, Barbe Bleue et j'en passe.
Cerise sur le gâteau, les dessins sont dans la ligne des comics américains, avec jeunes femmes plutôt pin up et mots en gras dans les dialogues...
Blanche Neige, maire adjointe, tente d'expliquer à La Belle et la Bête qu'elle ne peut régler leurs problèmes |
La ferme des animaux
Bill Willingham et Marc Buckingham
Vertigo Urban Comics, 2012
Fableville, sis à New York, ne pouvant pour des raisons évidentes de discrétion accueillir les géants, dragons, petits cochons, souris et autres personnages de fables, les voilà parqués dans une immense ferme, et la révolte gronde! Boucle d'Or, l'une des meneuses, n'a rien à envier à ses consœurs révolutionnaires.
Un deuxième tome tout aussi épatant, qui me laisse définitivement accro à la série...
Neige et sa soeur Rose se dirigent vers la Ferme |
Exemples:
Wolf propose des oeufs au bacon pour le petit déjeuner à l'un des petits cochons.
Blanche Neige(en grosse colère) à Wolf: "Vous êtes un putain de fils de chienne" se voit répondre "Au sens propre, dans mon cas. Mais elle m'a aimé et nourri. C'était la meilleure mère du monde."
(je suis actuellement en pourparlers avec la bibli, qu'elle m'envoie la suite fissa!)
Le tome 3 est arrivé, j'en parle rapidement. Deux épisodes un peu à part, mais le gros du livre est comme les 1 et 2, une histoire à New York, palpitante, qui prend la suite des autres. Toujours aussi bien! Boucle d'Or et Barbe Bleue, les méchants associés, Blanche Neige et son annonce finale (oups), les lilliputiens (oui!), le Prince Charmant pas charmant du tout, et l'utilisation de la Belle au bois dormant ...
lundi 26 octobre 2015
Les amis du paradis
Les amis du paradis
Caroline Vermalle
Belfond, 2015
Quand un éditeur me propose un nouveau roman, d'ordinaire je lis attentivement deux fois, je réfléchis et surtout je ne réponds pas tout de suite (à tête reposée, c'est le plus souvent 'non' et suppression de la tentation)
Mais là c'est Caroline Vermalle, à qui je fais totale confiance depuis le début pour des romans où on se sent calé à l'aise, qui font du bien, ne prennent pas la tête tout en n'étant pas nunuche non plus, avec des personnages différents entre eux mais souvent soudés par un objectif.
Cette fois il s'agit de sauver un vieux cinéma promis à la démolition (un parking est bien utile...), vieux cinéma où passent de bons vieux classiques genre Capra. Mais las (A Girl, c'est pour toi), Camille, le projectionniste, vient de décéder. Antoine a beau le remplacer, trop tard, le maire veut vendre! Un comité se monte, avec crowfunding et tout et tout, mais qui va s'intéresser au cinéma d'une petite station balnéaire vide l'hiver?
Le cinéma Le Paradis, moi je le vois comme ça : http://www.theatremonsabre.com/
Antoine, c'est le jeune du village, bricoleur génial, toujours amoureux de Rose avec laquelle il jouait quand elle venait en vacances chez son grand père. Rose, devenue depuis violoncelliste, en a assez de sa vie de concertiste et revient en Vendée.
Bon, le petit cœur tendre des lectrices le désire, Antoine et Rose doivent concrétiser leur amour d'enfance! Le cinéma ne doit pas finir sous les gravats! A Caroline Vermalle de jouer, et il faut dire que durant le dernier tiers du roman, ce n'était pas gagné et je tremblais pour mes nouveaux amis!
Je signale une petite incursion, avec Camille, dans un univers inattendu, qui d'ordinaire me laisse de côté, mais là les dialogues entre Antoine et Camille sont tellement amusants que j'ai tout accepté. J'ai aussi aimé Personne, le petit Jack Russell (séquence émotion) et détesté le méchant de l'histoire. Bref, je suis toujours bon public!
Mais la cerise sur le gâteau, c'est le violoncelle dont joue Rose! Je dois avouer que je suis fascinée par les beaux instruments quand j'en vois en concert, et en plus du nom de l'interprète, il me faut celui du luthier!
Récemment il s'agissait de suites de Bach au violoncelle, avec Jean-Guihen Queyras : une chaise, un violoncelle (Gioffredo Cappa 1696) et pas de partition. Pour une soirée hors du temps.
Caroline Vermalle
Belfond, 2015
Quand un éditeur me propose un nouveau roman, d'ordinaire je lis attentivement deux fois, je réfléchis et surtout je ne réponds pas tout de suite (à tête reposée, c'est le plus souvent 'non' et suppression de la tentation)
Mais là c'est Caroline Vermalle, à qui je fais totale confiance depuis le début pour des romans où on se sent calé à l'aise, qui font du bien, ne prennent pas la tête tout en n'étant pas nunuche non plus, avec des personnages différents entre eux mais souvent soudés par un objectif.
Cette fois il s'agit de sauver un vieux cinéma promis à la démolition (un parking est bien utile...), vieux cinéma où passent de bons vieux classiques genre Capra. Mais las (A Girl, c'est pour toi), Camille, le projectionniste, vient de décéder. Antoine a beau le remplacer, trop tard, le maire veut vendre! Un comité se monte, avec crowfunding et tout et tout, mais qui va s'intéresser au cinéma d'une petite station balnéaire vide l'hiver?
Le cinéma Le Paradis, moi je le vois comme ça : http://www.theatremonsabre.com/
Antoine, c'est le jeune du village, bricoleur génial, toujours amoureux de Rose avec laquelle il jouait quand elle venait en vacances chez son grand père. Rose, devenue depuis violoncelliste, en a assez de sa vie de concertiste et revient en Vendée.
Bon, le petit cœur tendre des lectrices le désire, Antoine et Rose doivent concrétiser leur amour d'enfance! Le cinéma ne doit pas finir sous les gravats! A Caroline Vermalle de jouer, et il faut dire que durant le dernier tiers du roman, ce n'était pas gagné et je tremblais pour mes nouveaux amis!
Je signale une petite incursion, avec Camille, dans un univers inattendu, qui d'ordinaire me laisse de côté, mais là les dialogues entre Antoine et Camille sont tellement amusants que j'ai tout accepté. J'ai aussi aimé Personne, le petit Jack Russell (séquence émotion) et détesté le méchant de l'histoire. Bref, je suis toujours bon public!
Mais la cerise sur le gâteau, c'est le violoncelle dont joue Rose! Je dois avouer que je suis fascinée par les beaux instruments quand j'en vois en concert, et en plus du nom de l'interprète, il me faut celui du luthier!
Violoncelle - Carlo Giuseppe Testore http://www.netinstruments.com/cellos/cello/cello-approx-300-model-carlo-giuseppe-testore/image/39499.jpg/ |
vendredi 23 octobre 2015
Vernon Subutex (et 1, et 2...)
Vernon Subutex 1
Virginie Despentes
Grasset, 2015
Un nom de héros improbable (même dans le roman, à deux reprises on s'étonne, c'est dire)(Vernon cela m'évoque Vian bien sûr, et Subutex, euh, un médicament?), un auteur que j'associais à des romans plus trash, bref, rien ne me destinait à cette lecture, jusqu'au moment où des blogs ont commencé à présenter ce livre de façon fort tentante, et surtout en fournissant des passages attirants par leur style.
Bon, ce tome 1 n'a pas fait long feu, et comme le 2 est à la bibliothèque, je suis sûre de ne pas tomber en manque (mais on annonce un 3...).
Vernon Subutex était disquaire, autant dire qu'après un temps de chômage il s'est retrouvé fort dépourvu, mis à la porte de son appartement parisien et obligé d'éplucher la liste de ses contacts pour squatter chez eux une ou plusieurs nuits. Chez l'une de ces personnes accueillantes il laisse les cassettes enregistrées filmées chez lui par Alex Bleach, star de la musique récemment décédée, cassettes qui pourraient se révéler intéressantes.
Utilisant ces différents hôtes, l'auteur dessine un portrait pas très flatteur, mais réaliste de la population parisienne. Producteur, scénariste, ex hardeuse, bourgeois de gauche ou de droite, riche, pauvre, rentier, ouvrier, employé, SDF, fêtard, facho. Avec plongée en direct dans leurs têtes et leurs opinions, pas toujours franchement politiquement correctes.
L'on arrive finalement et logiquement avec le plus frappant : l'écriture! Qui permet de dévorer ce roman! Ah on n'est pas dans le poussiéreux, ça dézingue pas mal.
Tiens, Xavier :
"Au bout de cinq minutes chez Monoprix, Xavier a envie de tout péter. Le Monoprix de son quartier est géré par des demeurés. C'est systématique : ils attendent que le magasin soit plein pour demander aux employés de remplir les rayons. Ils s'organisent pour être sûrs que ça gêne au maximum le passage des chariots. Ils pourraient faire ça le matin, quand c'est fermé, ils pourraient faire ça pendant les heures creuses. Non, ils préfèrent l'heure de pointe : tu me mettras trois palettes en travers des rayons, il faut que ces connards de consommateurs peinent pour faire leurs courses."
Les digressions de ce genre, qui d'ailleurs permettent de bien cibler Xavier, j'en raffole.
Et Lydia :
"Elle voudrait retrouver l'imbécile qui a décidé que tous les titres d'article de la page d'accueil Yahoo! seraient des devinettes : 'incroyable découverte à l'aéroport de Chicago' - un psychopathe qui a trouvé la formule la plus agaçante qu'on puisse imaginer pour arracher les clics d'internautes en ne leur disant jamais ce qui est contenu dans l'article."
"C'est le principe même d'avoir un chien : on parle avec des gens à qui on n'adresserait pas la parole, dans la vie normale."
Une seule remarque : "Si seulement les consignes des gares existaient encore." Ben si, Madame Despentes, elles existent encore!!!! Sinon, chapeau pour vos personnages crédibles et pris sur le vif, chacun pas si antipathique dans son genre. Chapeau pour la construction du roman aussi.
Les avis de Le bouquineur, qui en parle mieux que moi, et avec qui je suis vraiment d'accord!, mon petit chapitre, citant aussi Véronique, Canel, MicMélo, céline, quilirasaura, didi,
Vernon Subutex 2
Virginie Despentes
Grasset, 2015
Quelques semaines plus tard, le tome 2 était libre! Il démarre avec un Index des personnages apparus dans le premier tome, bien pratique pour s'y remettre, mais ne pas espérer pouvoir faire l'impasse du 1, ce serait vraiment dommage... (et difficile)
De chapitre en chapitre un personnage prend la parole, même principe, à prendre tel quel. Vernon Subutex a changé, "ça rappelle à Sylvie le tube des années 80 'il est libre Max, il y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler'." Oui, c'est tout à fait ça et sans trop en dévoiler je peux dire qu'il est toujours le roi des DJ pour les soirées...
Saura-t-on ce que révèlent les cassettes d'Alex Bleach? Allez, oui, mais avec quelles conséquences?
Pour moi ce deuxième tome a tenu toutes ses promesses, quelques surprises en plus. Le style est toujours vaillant "Je savais que c'était sandwich land, là-bas - mais j'ignorais que la nuit tout le monde mutait concombres masqués.", se découvrent toujours de jolis morceaux de bravoure, sur, par exemple, les bars actuels vus par Charles qui a une belle descente, la tristesse de Selim se remémorant comment il a été un père exemplaire, les réactions face au voile d'Aïcha, les mères démoralisantes - celles dont l'enfant est surdoué en moult domaines ... C'est drôle bien sûr, mais souvent perce un mal être rendant les personnages les plus improbables jamais antipathiques.
Les billets de Le bouquineur, qui en dit plus et bien, Papillon, clara,
A quand le tome 3?
Virginie Despentes
Grasset, 2015
Un nom de héros improbable (même dans le roman, à deux reprises on s'étonne, c'est dire)(Vernon cela m'évoque Vian bien sûr, et Subutex, euh, un médicament?), un auteur que j'associais à des romans plus trash, bref, rien ne me destinait à cette lecture, jusqu'au moment où des blogs ont commencé à présenter ce livre de façon fort tentante, et surtout en fournissant des passages attirants par leur style.
Bon, ce tome 1 n'a pas fait long feu, et comme le 2 est à la bibliothèque, je suis sûre de ne pas tomber en manque (mais on annonce un 3...).
Vernon Subutex était disquaire, autant dire qu'après un temps de chômage il s'est retrouvé fort dépourvu, mis à la porte de son appartement parisien et obligé d'éplucher la liste de ses contacts pour squatter chez eux une ou plusieurs nuits. Chez l'une de ces personnes accueillantes il laisse les cassettes enregistrées filmées chez lui par Alex Bleach, star de la musique récemment décédée, cassettes qui pourraient se révéler intéressantes.
Utilisant ces différents hôtes, l'auteur dessine un portrait pas très flatteur, mais réaliste de la population parisienne. Producteur, scénariste, ex hardeuse, bourgeois de gauche ou de droite, riche, pauvre, rentier, ouvrier, employé, SDF, fêtard, facho. Avec plongée en direct dans leurs têtes et leurs opinions, pas toujours franchement politiquement correctes.
L'on arrive finalement et logiquement avec le plus frappant : l'écriture! Qui permet de dévorer ce roman! Ah on n'est pas dans le poussiéreux, ça dézingue pas mal.
Tiens, Xavier :
"Au bout de cinq minutes chez Monoprix, Xavier a envie de tout péter. Le Monoprix de son quartier est géré par des demeurés. C'est systématique : ils attendent que le magasin soit plein pour demander aux employés de remplir les rayons. Ils s'organisent pour être sûrs que ça gêne au maximum le passage des chariots. Ils pourraient faire ça le matin, quand c'est fermé, ils pourraient faire ça pendant les heures creuses. Non, ils préfèrent l'heure de pointe : tu me mettras trois palettes en travers des rayons, il faut que ces connards de consommateurs peinent pour faire leurs courses."
Les digressions de ce genre, qui d'ailleurs permettent de bien cibler Xavier, j'en raffole.
Et Lydia :
"Elle voudrait retrouver l'imbécile qui a décidé que tous les titres d'article de la page d'accueil Yahoo! seraient des devinettes : 'incroyable découverte à l'aéroport de Chicago' - un psychopathe qui a trouvé la formule la plus agaçante qu'on puisse imaginer pour arracher les clics d'internautes en ne leur disant jamais ce qui est contenu dans l'article."
"C'est le principe même d'avoir un chien : on parle avec des gens à qui on n'adresserait pas la parole, dans la vie normale."
Une seule remarque : "Si seulement les consignes des gares existaient encore." Ben si, Madame Despentes, elles existent encore!!!! Sinon, chapeau pour vos personnages crédibles et pris sur le vif, chacun pas si antipathique dans son genre. Chapeau pour la construction du roman aussi.
Les avis de Le bouquineur, qui en parle mieux que moi, et avec qui je suis vraiment d'accord!, mon petit chapitre, citant aussi Véronique, Canel, MicMélo, céline, quilirasaura, didi,
Vernon Subutex 2
Virginie Despentes
Grasset, 2015
Quelques semaines plus tard, le tome 2 était libre! Il démarre avec un Index des personnages apparus dans le premier tome, bien pratique pour s'y remettre, mais ne pas espérer pouvoir faire l'impasse du 1, ce serait vraiment dommage... (et difficile)
De chapitre en chapitre un personnage prend la parole, même principe, à prendre tel quel. Vernon Subutex a changé, "ça rappelle à Sylvie le tube des années 80 'il est libre Max, il y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler'." Oui, c'est tout à fait ça et sans trop en dévoiler je peux dire qu'il est toujours le roi des DJ pour les soirées...
Saura-t-on ce que révèlent les cassettes d'Alex Bleach? Allez, oui, mais avec quelles conséquences?
Pour moi ce deuxième tome a tenu toutes ses promesses, quelques surprises en plus. Le style est toujours vaillant "Je savais que c'était sandwich land, là-bas - mais j'ignorais que la nuit tout le monde mutait concombres masqués.", se découvrent toujours de jolis morceaux de bravoure, sur, par exemple, les bars actuels vus par Charles qui a une belle descente, la tristesse de Selim se remémorant comment il a été un père exemplaire, les réactions face au voile d'Aïcha, les mères démoralisantes - celles dont l'enfant est surdoué en moult domaines ... C'est drôle bien sûr, mais souvent perce un mal être rendant les personnages les plus improbables jamais antipathiques.
Les billets de Le bouquineur, qui en dit plus et bien, Papillon, clara,
A quand le tome 3?
mercredi 21 octobre 2015
Le piéton de Rome
Le piéton de Rome
Portrait souvenir
Dominique Fernandez
Philippe Rey, 2015
Photogrphies de Ferrante Ferranti
A lire sa bibliographie en fin de volume, qui mieux que Dominique Fernandez pouvait proposer cette promenade romaine?
Dans le premier chapitre que je juge parfaitement introductif, Dominique Fernandez expose bien les difficultés de l'exercice:
"Bêtifier sur les monuments célèbres n'est pas plus sot que ricaner des éloges hyperboliques dont une dévotion de plusieurs siècles les a enturbannés. Il faut conserver la tête froide et l'esprit non prévenu; se garder aussi bien de dénigrer les splendeurs prônées par tant de renommés thuriféraires (...), que de se faire le énième commis-voyageur d'un prêt-à-porter culturel pour touristes nigauds. Je réduirai donc Rome aux quelques impressions fortes, et personnelles, que j'en ai reçues au cours de mes nombreux séjours.
Certains lieux, pourtant illustres, paraîtront négligés, parce que l'auteur les a visités par devoir, sans y éprouver d'émotion. Une telle pompe entoure certains des monuments les plus fameux (...) qu'elle décourage d'y ressentir quelque chose qui ne soit pas convenu. C'est là un des malheurs du voyage à Rome : un excès de faste et de puissance gâche par endroits ce qu'on voudrait trouver beau, si l'on n'était rebuté par tant de morgue et de grandiloquence.(...)
Autre obstacle : comment penser par soi-même, devant des œuvres commentées cent fois par les meilleures plumes?"
Un long passage que j'ai aussi destiné à montrer combien la plume de l'auteur est élégante, et croyez-moi, lorsqu'il décrit et détaille elle est tout aussi agréable et précise.
Parcourant et visitant Rome depuis une cinquantaine d'années, Dominique Fernandez est un guide idéal; certains chapitres pourraient d'ailleurs servir de 'vrai' guide, ne manquent même pas le nom des rues à suivre. Bien évidemment ses choix de préférences et de détestations sont personnels mais fort variés, à chacun d'approuver ou non.
Le palais de Néron, restauré et ouvert en 2000 (enfin, ce qu'il en reste) mais ça devait être superbe!
Cette basilique San Clemente est "le quatrième étage d'autres édifices enfouis sous terre."
"Je ne connais pas en Europe d'édifice plus hideux."
Dominique Fernandez n'oublie pas la culture ("Rome est devenue un désert culturel, où même l'opéra vient de se déclarer en faillite")(Sa description de la soirée à l'opéra du 12 mars 2011, avec Ricardo Muti, m'a fortement impressionnée) mais il évoque les écrivains et cinéastes qui ont fait la grandeur de l'Italie, tout en n'étant pas originaires de Rome! Fernandez en a connu et fréquenté un bon nombre, Pasolini, Moravia, ...
Un livre assez court (230 pages) que j'ai pris plaisir à parcourir, en dépit de certaines énumérations parfois longues si on n'est pas in loco et d'évocations d'éphèbes peints ou sculptés qui auraient pu être plus rares... (mais bon, l'art est ce qu'il est!)(et Caravage et Michel Ange des p'tits malins)
Je viens juste de voir que Delphine Olympe en parle (on ne s'est pas du tout concertées!)
Le mois italien chez Eimelle
Portrait souvenir
Dominique Fernandez
Philippe Rey, 2015
Photogrphies de Ferrante Ferranti
A lire sa bibliographie en fin de volume, qui mieux que Dominique Fernandez pouvait proposer cette promenade romaine?
Dans le premier chapitre que je juge parfaitement introductif, Dominique Fernandez expose bien les difficultés de l'exercice:
"Bêtifier sur les monuments célèbres n'est pas plus sot que ricaner des éloges hyperboliques dont une dévotion de plusieurs siècles les a enturbannés. Il faut conserver la tête froide et l'esprit non prévenu; se garder aussi bien de dénigrer les splendeurs prônées par tant de renommés thuriféraires (...), que de se faire le énième commis-voyageur d'un prêt-à-porter culturel pour touristes nigauds. Je réduirai donc Rome aux quelques impressions fortes, et personnelles, que j'en ai reçues au cours de mes nombreux séjours.
Certains lieux, pourtant illustres, paraîtront négligés, parce que l'auteur les a visités par devoir, sans y éprouver d'émotion. Une telle pompe entoure certains des monuments les plus fameux (...) qu'elle décourage d'y ressentir quelque chose qui ne soit pas convenu. C'est là un des malheurs du voyage à Rome : un excès de faste et de puissance gâche par endroits ce qu'on voudrait trouver beau, si l'on n'était rebuté par tant de morgue et de grandiloquence.(...)
Autre obstacle : comment penser par soi-même, devant des œuvres commentées cent fois par les meilleures plumes?"
Un long passage que j'ai aussi destiné à montrer combien la plume de l'auteur est élégante, et croyez-moi, lorsqu'il décrit et détaille elle est tout aussi agréable et précise.
Parcourant et visitant Rome depuis une cinquantaine d'années, Dominique Fernandez est un guide idéal; certains chapitres pourraient d'ailleurs servir de 'vrai' guide, ne manquent même pas le nom des rues à suivre. Bien évidemment ses choix de préférences et de détestations sont personnels mais fort variés, à chacun d'approuver ou non.
Le palais de Néron, restauré et ouvert en 2000 (enfin, ce qu'il en reste) mais ça devait être superbe!
Fresques de la Domus Aurea de Néron qui inspirèrent les artistes du 16ème siècle |
http://www.centreaccueilrome.com/basiliques/saint-clement |
Monument à Victor Emmanuel |
Un livre assez court (230 pages) que j'ai pris plaisir à parcourir, en dépit de certaines énumérations parfois longues si on n'est pas in loco et d'évocations d'éphèbes peints ou sculptés qui auraient pu être plus rares... (mais bon, l'art est ce qu'il est!)(et Caravage et Michel Ange des p'tits malins)
Je viens juste de voir que Delphine Olympe en parle (on ne s'est pas du tout concertées!)
Le mois italien chez Eimelle
lundi 19 octobre 2015
Hors jeu
Hors jeu
Bertrand Guillot
J'ai lu, 2010
Alors voilà. Je ne possède pas la télévision, coche avec délectation chaque année la petite case de ma déclaration d'impôts (sur internet, faut pas pousser quand même mon refus du progrès) et ne connaissais même pas de nom le jeu La cible ( édit : jeu télé de 2003 à 2007). Vous, si, je parie.
Bref, le héros de hors-jeu, en pleine période de chômage mais en 'recherche active d'emploi' comme on dit, se considère toujours comme un Dominant, statut que ses études à l'Ecole (de commerce?) n'ont pas contribué à l'en décider de sortir. Soirées entre potes, dragues plus ou moins couronnées de succès, il s'occupe. Un de ses amis, justement, le convainc de s'inscrire à La Cible, et le voilà qui se prend bien au jeu. Dictionnaire, Quid, fiches de révision, lutte contre le stress, y compris par un stage de deux jours, on ne rigole plus, on ne se refuse rien.
Le monde des jeux télés, des jeunes loups aux dents longues, des frimeurs de tout poil est décrit de façon détachée et acerbe. Notre héros, Jean-Victor, décrochera-t-il la cagnotte (et le cœur de sa belle?) Vous le saurez en lisant ce chouette et original roman.
Edit pour Sandrine : bien sûr qu'il y a de l'humour, avec le narrateur et son autodérision, les situations, etc.
Maintenant, après b.a.~ba la vie sans savoir lire , Sous les couvertures, et Le métro est un sport collectif , Bertrand Guillot est entré dans le club fermé des auteurs dont j'ai tout lu. A sa place, cela me motiverait pour bosser sur l'écriture d'un nouvel opus, non?
Les avis de Sophielit (qui a participé au jeu, elle le dit), et interview de l'auteur par mandor qui mènera à d'autres liens
Le blog de l'auteur, rencontré en salon du livre
Bertrand Guillot
J'ai lu, 2010
Alors voilà. Je ne possède pas la télévision, coche avec délectation chaque année la petite case de ma déclaration d'impôts (sur internet, faut pas pousser quand même mon refus du progrès) et ne connaissais même pas de nom le jeu La cible ( édit : jeu télé de 2003 à 2007). Vous, si, je parie.
Bref, le héros de hors-jeu, en pleine période de chômage mais en 'recherche active d'emploi' comme on dit, se considère toujours comme un Dominant, statut que ses études à l'Ecole (de commerce?) n'ont pas contribué à l'en décider de sortir. Soirées entre potes, dragues plus ou moins couronnées de succès, il s'occupe. Un de ses amis, justement, le convainc de s'inscrire à La Cible, et le voilà qui se prend bien au jeu. Dictionnaire, Quid, fiches de révision, lutte contre le stress, y compris par un stage de deux jours, on ne rigole plus, on ne se refuse rien.
Le monde des jeux télés, des jeunes loups aux dents longues, des frimeurs de tout poil est décrit de façon détachée et acerbe. Notre héros, Jean-Victor, décrochera-t-il la cagnotte (et le cœur de sa belle?) Vous le saurez en lisant ce chouette et original roman.
Edit pour Sandrine : bien sûr qu'il y a de l'humour, avec le narrateur et son autodérision, les situations, etc.
Maintenant, après b.a.~ba la vie sans savoir lire , Sous les couvertures, et Le métro est un sport collectif , Bertrand Guillot est entré dans le club fermé des auteurs dont j'ai tout lu. A sa place, cela me motiverait pour bosser sur l'écriture d'un nouvel opus, non?
Les avis de Sophielit (qui a participé au jeu, elle le dit), et interview de l'auteur par mandor qui mènera à d'autres liens
Le blog de l'auteur, rencontré en salon du livre
vendredi 16 octobre 2015
Opération Napoléon
Opération Napoléon
Napoleonsskjölin, 1999
Arnaldur Indridason
Métailié, 2015
Traduit à la demande de l'auteur à partir de l'édition anglaise, 2010
par David Fauquemberg
Ecrit bien avant les aventures du commissaire Erlendur, ce thriller avait déjà toutes les qualités de la série policière d'Indridason. Avec cette fois deux personnages dont les frères ont disparu dans les glaces, le froid et tout ça. Un thème cher à l'auteur, il faut croire.
Bon, soyons sérieux.
En 1945, avant la fin de la guerre, un avion allemand s'écrase sur le Vatnajökull, immense glacier qui avale et rejette ses proies. Un officier allemand survivant cherche à gagner une ferme proche, emmenant avec lui une mallette de documents.
Dès cette époque, les américains recherchent cet avion disparu, surveillant la zone par des survols puis par des satellites, jusqu'à ce qu'en janvier 1999 enfin une tache sombre apparaisse sur les écrans. Aussitôt leurs services (très très) secrets envoient des troupes et du matériel sur le site. Deux randonneurs tombent sur eux, l'un prévient sa soeur Kristin, puis ils sont rapidement et cruellement mis hors d'état de bavarder par le chef de l'expédition, un pur sadique.
Kristin, désormais avec deux tueurs à ses basques, cherche à retrouver son frère, et à découvrir ce que cache cette opération Napoléon.
Ah quel suspense! Que contiennent donc ces fameux documents et cet avion pour que les Américains surveillent le coin durant des décennies et soient prêts à tout pour les récupérer et réduire au silence tout témoin? Pour qu'ils montent une opération spéciale consistant entre autres à virer de leur ambassade pour une courte durée le personnel habituel?
On l'aura compris, dans ce roman, les Américains sont les 'méchants', et c'est passionnant de découvrir aussi comment à l'époque du roman est ressentie par la population islandaise la présence des forces de l'OTAN sur la base de Keflavik (pour des informations plus actuelles, voir ici).
L'héroïne principale, Kristin, est une femme, cela ne vous aura pas échappé, elle est tenace et courageuse, survit à quasiment tout, et le lecteur la suit la boule au ventre.
En résumé, thriller efficace, bien ficelé, des personnages (les islandais, et une américain) attachants et bien campés, une intrigue bien découpée et originale. Ambiance bien glaciale et nocturne (nous sommes en janvier) parfaitement bien rendue et ressentie.
Juste une remarque qui m'a trotté dans la tête au cours de la lecture
"Il n'y a déjà pas beaucoup d'Islandais, sur cette planète. Évitons d'en réduire le nombre inutilement."
Était-il vraiment nécessaire de vouloir éliminer certains témoins? (oui, le type est sadique, mais quand même). Il aurait suffi de les garder prisonniers jusqu'à la fin de l'opération. Puisque, comme on le dit clairement dans le roman, même s'ils parlent ensuite, "je doute que quelqu'un vous croie." Aucune preuve, quoi!
Napoleonsskjölin, 1999
Arnaldur Indridason
Métailié, 2015
Traduit à la demande de l'auteur à partir de l'édition anglaise, 2010
par David Fauquemberg
Ecrit bien avant les aventures du commissaire Erlendur, ce thriller avait déjà toutes les qualités de la série policière d'Indridason. Avec cette fois deux personnages dont les frères ont disparu dans les glaces, le froid et tout ça. Un thème cher à l'auteur, il faut croire.
Bon, soyons sérieux.
En 1945, avant la fin de la guerre, un avion allemand s'écrase sur le Vatnajökull, immense glacier qui avale et rejette ses proies. Un officier allemand survivant cherche à gagner une ferme proche, emmenant avec lui une mallette de documents.
Dès cette époque, les américains recherchent cet avion disparu, surveillant la zone par des survols puis par des satellites, jusqu'à ce qu'en janvier 1999 enfin une tache sombre apparaisse sur les écrans. Aussitôt leurs services (très très) secrets envoient des troupes et du matériel sur le site. Deux randonneurs tombent sur eux, l'un prévient sa soeur Kristin, puis ils sont rapidement et cruellement mis hors d'état de bavarder par le chef de l'expédition, un pur sadique.
Kristin, désormais avec deux tueurs à ses basques, cherche à retrouver son frère, et à découvrir ce que cache cette opération Napoléon.
![]() |
Vue de la surface du Vatnajökull |
On l'aura compris, dans ce roman, les Américains sont les 'méchants', et c'est passionnant de découvrir aussi comment à l'époque du roman est ressentie par la population islandaise la présence des forces de l'OTAN sur la base de Keflavik (pour des informations plus actuelles, voir ici).
L'héroïne principale, Kristin, est une femme, cela ne vous aura pas échappé, elle est tenace et courageuse, survit à quasiment tout, et le lecteur la suit la boule au ventre.
En résumé, thriller efficace, bien ficelé, des personnages (les islandais, et une américain) attachants et bien campés, une intrigue bien découpée et originale. Ambiance bien glaciale et nocturne (nous sommes en janvier) parfaitement bien rendue et ressentie.
Juste une remarque qui m'a trotté dans la tête au cours de la lecture
"Il n'y a déjà pas beaucoup d'Islandais, sur cette planète. Évitons d'en réduire le nombre inutilement."
Était-il vraiment nécessaire de vouloir éliminer certains témoins? (oui, le type est sadique, mais quand même). Il aurait suffi de les garder prisonniers jusqu'à la fin de l'opération. Puisque, comme on le dit clairement dans le roman, même s'ils parlent ensuite, "je doute que quelqu'un vous croie." Aucune preuve, quoi!
mercredi 14 octobre 2015
Tous les lointains sont bleus
Tous les lointains sont bleus
Daniel de Roulet
Phebus, 2015
Sur la route Milan Rome où chemine l'auteur:
"Au nord, les montagnes étaient vertes, celles de Toscane sont bleues à l'infini. Léonard de Vinci les avait déjà décrites, notant dans son carnet de croquis : 'Tous les lointains sont bleus.' "
L'auteur, présenté sur le site de l'éditeur:
"Né à Genève en 1944, Daniel de Roulet a suivi des études d’architecte, programmé d’énormes ordinateurs, couru le marathon de New York et réalisé ses rêves avant d’inventer des personnages de fiction qui les vivent à sa place. Il est l’auteur chez Buchet/Chastel d’une saga nucléaire forte de dix romans, mais aussi d’un essai, Tu n’as rien vu à Fukushima."
Daniel de Roulet a beaucoup voyagé, parcourant tous les continents, prenant des notes pour lui, et ces chroniques de quelques pages à plus d'une trentaine s'étalent de 1975 à 2011, présentées chronologiquement et non géographiquement.
Dès les premiers voyages que l'on devine un poil routard, sac à dos, hôtels crades et peu sûrs, pour évoluer vers le confort aseptisé et universel des hôtels internationaux, l'auteur promène un regard paraissant détaché où ses idées affleurent seulement. Un regard suisse, mais pas neutre.
Une longue lettre à destination de ses parents parle sans gants de l'Asie du sud est, des ordures de Manille où vivent des familles, des immigrés philippins en Irak (2003), ironise sur le cadeau de l'attaché culturel à Bangkok, un livre sur la chienne de sa Majesté, réfléchit à la francophonie.
"Tant que nos amis de l'Hexagone ne séparereront pas culture et langue, ils seront incapables de comprendre ce que représente le français. Reste que, sur la cinquantaine de pays qui ont 'le français en partage', la Suisse et une partie de la Belgique sont les seuls où le français n'a pas le goût des colonies. Un jour on comprendra que le français peut s'apprendre sans égrainer au préalable tous les clichés de l'histoire de France. Dès lors, la francophonie sera, comme l'anglophonie, un réseau sans fondamentalisme culturel."
Il m'est impossible de décrire toutes les richesses de ce livre de 250 pages, plaisant à découvrir, jamais lourd, dressant finalement un portrait des maux de notre monde depuis quelques décennies. Au hasard des destinations, Nicaragua, 1979, Auschwitz, 1990, Sarajevo, 1998, Belfast, 1998, Pondichéry, 2000, New York, 2001, Beyrouth, 2005, Nouveau-Mexique, 2006, Saint-Etienne, 2006, Venice, 2007 et Kolyma, 2011.
Lu dans le cadre de Masse critique.
Daniel de Roulet
Phebus, 2015
Sur la route Milan Rome où chemine l'auteur:
"Au nord, les montagnes étaient vertes, celles de Toscane sont bleues à l'infini. Léonard de Vinci les avait déjà décrites, notant dans son carnet de croquis : 'Tous les lointains sont bleus.' "
L'auteur, présenté sur le site de l'éditeur:
"Né à Genève en 1944, Daniel de Roulet a suivi des études d’architecte, programmé d’énormes ordinateurs, couru le marathon de New York et réalisé ses rêves avant d’inventer des personnages de fiction qui les vivent à sa place. Il est l’auteur chez Buchet/Chastel d’une saga nucléaire forte de dix romans, mais aussi d’un essai, Tu n’as rien vu à Fukushima."
Daniel de Roulet a beaucoup voyagé, parcourant tous les continents, prenant des notes pour lui, et ces chroniques de quelques pages à plus d'une trentaine s'étalent de 1975 à 2011, présentées chronologiquement et non géographiquement.
Dès les premiers voyages que l'on devine un poil routard, sac à dos, hôtels crades et peu sûrs, pour évoluer vers le confort aseptisé et universel des hôtels internationaux, l'auteur promène un regard paraissant détaché où ses idées affleurent seulement. Un regard suisse, mais pas neutre.
Une longue lettre à destination de ses parents parle sans gants de l'Asie du sud est, des ordures de Manille où vivent des familles, des immigrés philippins en Irak (2003), ironise sur le cadeau de l'attaché culturel à Bangkok, un livre sur la chienne de sa Majesté, réfléchit à la francophonie.
"Tant que nos amis de l'Hexagone ne séparereront pas culture et langue, ils seront incapables de comprendre ce que représente le français. Reste que, sur la cinquantaine de pays qui ont 'le français en partage', la Suisse et une partie de la Belgique sont les seuls où le français n'a pas le goût des colonies. Un jour on comprendra que le français peut s'apprendre sans égrainer au préalable tous les clichés de l'histoire de France. Dès lors, la francophonie sera, comme l'anglophonie, un réseau sans fondamentalisme culturel."
Il m'est impossible de décrire toutes les richesses de ce livre de 250 pages, plaisant à découvrir, jamais lourd, dressant finalement un portrait des maux de notre monde depuis quelques décennies. Au hasard des destinations, Nicaragua, 1979, Auschwitz, 1990, Sarajevo, 1998, Belfast, 1998, Pondichéry, 2000, New York, 2001, Beyrouth, 2005, Nouveau-Mexique, 2006, Saint-Etienne, 2006, Venice, 2007 et Kolyma, 2011.
Lu dans le cadre de Masse critique.
tous les livres sur Babelio.com
lundi 12 octobre 2015
The tenant of Wildfell Hall
La recluse de Wildfell Hall
Anne Brontë
Penguin Classics, 1985
Première parution, 1848
Après Les Hauts de Hurlevent (Emily Brontë) il me restait une des soeurs Brontë à découvrir, mais sans que cela presse, tant d'autres lectures avant, bref vous connaissez le problème, mais grâce au récent billet d'Electra j'ai sauté le pas et dévoré, oui, ce roman, et en VO qui plus est (sans difficulté notable, ce qui n'est pas toujours le cas pour d'autres classiques)
Electra avait dévoilé quelques éléments de l'intrigue mais sachez que cela n'a absolument pas enlevé le plaisir de la lecture, et quelques surprises demeuraient à découvrir!
Quelques éléments de l'histoire:
Lors d'une saison à Londres la jeune Helen rencontre Arthur Huntingdon et tombe amoureuse. N'écoutant pas les conseils de sa tante, elle accepte la demande en mariage. Pourtant elle avait déjà repéré quelques défauts chez lui, mais pensait être capable d'amender son caractère.
Elle découvre vite que son mari aime passer du temps à Londres à boire et s'amuser avec une bande d'amis, en la laissant dans leur demeure campagnarde, mais elle pardonne cet abandon et la réconciliation a lieu entre les amoureux. Mais quand ladite bande d'amis séjourne plusieurs semaines chez elle à la saison de la chasse et que son mari courtise la femme de l'un d'eux, elle finit par bannir son mari de ses appartements. Patience, amour, rien n'y fait, et lorsque Arthur ne respecte même plus le jeune âge de leur fils, elle décide de fuir avec l'enfant. Dans les années 1820 l'épouse ne pouvait pas divorcer et le mari avait tous les droits...
Réfugiée dans un coin de la campagne anglaise, elle commence à fréquenter la petite société locale et Gilbert Markham, un jeune fermier aisé la croyant veuve, tombe amoureux d'elle.
Mes impressions de lecture:
Je me suis lancée sans trop d'a priori et ce fut une heureuse surprise. Dès le départ, avec Gilbert Markham comme narrateur, la découverte des habitants du petit village pétille d'humour, tout en évoluant vers une ambiance plus sombre lorsque les mauvaises langues s'activent.
A cette vie villageoise de fermiers, pasteurs et commerçants, succède celle de bourgeois aisés, vivant de leurs revenus, qui est celle des Huntingdon et leurs relations. L'on imagine très bien comment s'écoulent les journées.
Mais le roman étant écrit à la première personne, soit Gilbert soit Helen, au travers de lettres ou journaux, ce sont leurs états d'âme, leurs luttes, leurs évolutions qui sont décrits finement, principalement ceux d'Helen, devant hélas faire le deuil de son profond amour pour son époux, face à son attitude épouvantable et inadmissible. Et cela ne se fait pas en un jour, le roman rend bien le passage des saisons; la patience est une des vertus d'Helen et deviendra aussi celle de Gilbert, plus bouillant au départ.
Une bonne histoire bien racontée, des personnages principaux qui évoluent et n'écoutent pas uniquement leur propre intérêt sans se préoccuper des autres (et cela change bien des Hauts de Hurlevent), des personnages secondaires intéressants dont on connaît l'avenir réservé par l'auteur, tout un microcosme vivant, que voilà un chouette roman!
Electra signale le rôle prégnant de la religion surtout chez Helen, je l'ai senti surtout à partir du moment où sa situation devient pitoyable, mais je ne fais pas la fine bouche quand un personnage fait preuve d'altruisme et met en accord ses croyances et ses actes; de plus cela contrebalance les descriptions d'Arthur Huntingdon et permet de souffler un peu.
J'ai aussi apprécié quelques (courts) passages de description de la nature, et l'un des plus beaux passages (et fichtrement romantique, je préviens) est celui de la rose de Noël, vers la fin...
En résumé :
Un beau roman qui mérite d'être (re)découvert.
Autre avis sur lecture/écriture
Et parfait pour le challenge A year in England chez Titine
vendredi 9 octobre 2015
Les voies du bonheur sont imprévisibles
Les voies du bonheur sont imprévisibles
The Novel Habits of Happiness
Alexander McCall Smith
Les deux terres, 2015
Traduit par Martine Skopan
Même si je sais que l'intrigue en elle même sera ténue, impossible pour moi de résister au charme d'Isabel Dalhousie et de ses enquêtes. Cette fois, elle vient au secours d'une maman dont le jeune fils affirme avoir vécu dans une autre maison et une autre famille, avec des détails précis et troublants. Bien sûr Isabel ne va pas résister à cet appel à l'aide!
Cette série a de plus en plus pour moi un côté feuilleton et c'est un véritable plaisir de retrouver Isabel et ses interrogations philosophiques, ses questionnements, son empathie. Certains pourraient la trouver antipathique, avec son côté qui se mêle de tout et ses opinions parfois tranchées et a priori, mais elle est la première à se reprendre et faire preuve de lucidité.
Sa nièce Cat démarre une n-ième histoire d'amour avec un jeune homme qui se révèle absolument convenable à ses yeux. Son mari Jamie et son fils Charlie vont bien, merci. Parfois elle se sent complexée d'être si gâtée par la vie, aisée et s'occupant de sa revue d'éthique, mais qu'y faire? La vie coule pour elle calme et heureuse, mais curieusement cela donne un roman irrésistible qu'on ne lâche pas...
En conclusion : si vous aimez les balades dans et hors d'Edimbourg, les petits problèmes concrets se posant à tout un chacun, les retrouvailles de livre en livre avec des personnages, le finalement ni tout blanc ni tout noir, la vie, quoi, cette lecture (et les précédentes) est pour vous! Pas de suspense insoutenable, pas de violence, de courses poursuites, de bagarres, non, l'atmosphère est feutrée, paisible, courtoise et souriante. Personnellement, je me sens bien dans ces romans, et souvent impliquée dans les remue-méninges d'Isabel.
J'ai quand même deux remarques sur la série : la différence d'âge entre Jamie et Isabel ne me gêne pas, c'est plutôt inhabituel dans un roman (d'ordinaire c'est plutôt dans l'autre sens, et sans limites, quasiment) mais elle se révèle difficile à quantifier et fluctuante. Jamie a l'âge de Cat, et Isabel dès le départ de la série est dans ses "early forties", un début de quarantaine. Soit. On va dire une quinzaine d'années de différence. J'ai fouiné dans les résumés de la série, pour découvrir qu'elle tombe enceinte bien rapidement de Charlie (bon, pourquoi pas), mais là ledit Charlie a près de quatre ans, donc Isabel, eh bien, n'est plus tout à fait au début de la quarantaine, et (détail spoiler?) semble tout aussi capable d'avoir des enfants rapidement... Cela me semble un poil invraisemblable.
Dans le tome 1 (voir plus bas)page 148, Jamie déclare "j'ai les yeux affreusement sensibles à l'oignon. Je ne peux pas m'en approcher!"
Dernier tome, Jamie fait la cuisine (cet homme est parfait!), il a visiblement préparé des oignons, et les cuisine...
Les avis de Cosy Corner,
Edit : Moi et les challenges, c'est pas gagné! Je réalise que ce titre entre dans le challenge Lire sous la contrainte, avec bonheur dans le titre!
Merci à l'éditeur pour son envoi!
Le club des philosophes amateurs
The Sunday Philosophy Club
Alexander McCall Smith
Les deux terres, 2005
Traduit par François Rosso
Juste avant la lecture de Les voies du bonheur sont imprévisibles, j'ai vite sorti de ma PAL Le Club des philosophes amateurs, premier de la série, où l'on fait connaissance d'Isabel Dalhousie, animatrice de ce fameux Club dont on ne saura guère plus dans le volume, et dirigeant une publication, La revue d'Ethique appliquée, connaissance aussi de sa nièce Cat, fiancée à Toby après avoir rompu avec Jamie. Isabel découvre l'infidélité de Toby à l'égard de Cat, et voilà une des nombreuses interrogations posées dans ce livre, doit-on ou non en parler aux personnes concernées? Isabel, toujours un peu agaçante à fouiner dans les vies des gens, mais sans désirer leur nuire, se pose (et nous pose) des tas de questions sur les problèmes disons éthiques intervenant concrètement dans la vie de tous les jours.
On la suit donc avec amusement et intérêt dans sa bonne ville d'Edinbourgh, cherchant cette fois à déterminer pourquoi un jeune homme est tombé d'un balcon lors d'une soirée musicale à laquelle elle assistait. Meurtre? Suicide? Accident?
Apparaît aussi Grace, sa fidèle gouvernante.
Pour l'instant, dans ce premier volume, Isabel aimerait fort que Jamie et Cat renouent ensemble.
Mais comme j'ai lu les 7 et 8 de la série, je sais qu'on y retrouve Isabel et Jamie fiancés et heureux parents du petit Charlie.
Un billet sur lecture/écriture, qui me confirme que c'est bien le premier de la série, et je lui copie la liste des titres parus
1. Le club des philosophes amateurs, The Sunday Philosophy Club
2. Amis, Amants, Chocolat, Friends, Lovers, Chocolate
3. Une question d'attitude, The Right Attitude to Rain
4. Le bon usage des compliments, The Careful Use of Compliments
5. La douce tranquillité des samedis, The Comfort of Saturdays
6. L’importance d’être reconnaissant, The Lost Art of Gratitude
7. Les charmants travers de nos semblables, The Charming Quirks of Others (déjà lu)
8. Les lointains tourments de la jeunesse, The Forgotten Affairs of Youth (déjà lu)
en ajoutant le 9. L'air d'été est rempli de promesses, 2013, The Uncommon Appeal of Clouds, 2012
et donc le 10. Les voies du bonheur sont imprévisibles, 2015
The Novel Habits of Happiness
Alexander McCall Smith
Les deux terres, 2015
Traduit par Martine Skopan
Même si je sais que l'intrigue en elle même sera ténue, impossible pour moi de résister au charme d'Isabel Dalhousie et de ses enquêtes. Cette fois, elle vient au secours d'une maman dont le jeune fils affirme avoir vécu dans une autre maison et une autre famille, avec des détails précis et troublants. Bien sûr Isabel ne va pas résister à cet appel à l'aide!
Cette série a de plus en plus pour moi un côté feuilleton et c'est un véritable plaisir de retrouver Isabel et ses interrogations philosophiques, ses questionnements, son empathie. Certains pourraient la trouver antipathique, avec son côté qui se mêle de tout et ses opinions parfois tranchées et a priori, mais elle est la première à se reprendre et faire preuve de lucidité.
Sa nièce Cat démarre une n-ième histoire d'amour avec un jeune homme qui se révèle absolument convenable à ses yeux. Son mari Jamie et son fils Charlie vont bien, merci. Parfois elle se sent complexée d'être si gâtée par la vie, aisée et s'occupant de sa revue d'éthique, mais qu'y faire? La vie coule pour elle calme et heureuse, mais curieusement cela donne un roman irrésistible qu'on ne lâche pas...
En conclusion : si vous aimez les balades dans et hors d'Edimbourg, les petits problèmes concrets se posant à tout un chacun, les retrouvailles de livre en livre avec des personnages, le finalement ni tout blanc ni tout noir, la vie, quoi, cette lecture (et les précédentes) est pour vous! Pas de suspense insoutenable, pas de violence, de courses poursuites, de bagarres, non, l'atmosphère est feutrée, paisible, courtoise et souriante. Personnellement, je me sens bien dans ces romans, et souvent impliquée dans les remue-méninges d'Isabel.
J'ai quand même deux remarques sur la série : la différence d'âge entre Jamie et Isabel ne me gêne pas, c'est plutôt inhabituel dans un roman (d'ordinaire c'est plutôt dans l'autre sens, et sans limites, quasiment) mais elle se révèle difficile à quantifier et fluctuante. Jamie a l'âge de Cat, et Isabel dès le départ de la série est dans ses "early forties", un début de quarantaine. Soit. On va dire une quinzaine d'années de différence. J'ai fouiné dans les résumés de la série, pour découvrir qu'elle tombe enceinte bien rapidement de Charlie (bon, pourquoi pas), mais là ledit Charlie a près de quatre ans, donc Isabel, eh bien, n'est plus tout à fait au début de la quarantaine, et (détail spoiler?) semble tout aussi capable d'avoir des enfants rapidement... Cela me semble un poil invraisemblable.
Dans le tome 1 (voir plus bas)page 148, Jamie déclare "j'ai les yeux affreusement sensibles à l'oignon. Je ne peux pas m'en approcher!"
Dernier tome, Jamie fait la cuisine (cet homme est parfait!), il a visiblement préparé des oignons, et les cuisine...
Les avis de Cosy Corner,
Edit : Moi et les challenges, c'est pas gagné! Je réalise que ce titre entre dans le challenge Lire sous la contrainte, avec bonheur dans le titre!
Merci à l'éditeur pour son envoi!
Le club des philosophes amateurs
The Sunday Philosophy Club
Alexander McCall Smith
Les deux terres, 2005
Traduit par François Rosso
Juste avant la lecture de Les voies du bonheur sont imprévisibles, j'ai vite sorti de ma PAL Le Club des philosophes amateurs, premier de la série, où l'on fait connaissance d'Isabel Dalhousie, animatrice de ce fameux Club dont on ne saura guère plus dans le volume, et dirigeant une publication, La revue d'Ethique appliquée, connaissance aussi de sa nièce Cat, fiancée à Toby après avoir rompu avec Jamie. Isabel découvre l'infidélité de Toby à l'égard de Cat, et voilà une des nombreuses interrogations posées dans ce livre, doit-on ou non en parler aux personnes concernées? Isabel, toujours un peu agaçante à fouiner dans les vies des gens, mais sans désirer leur nuire, se pose (et nous pose) des tas de questions sur les problèmes disons éthiques intervenant concrètement dans la vie de tous les jours.
On la suit donc avec amusement et intérêt dans sa bonne ville d'Edinbourgh, cherchant cette fois à déterminer pourquoi un jeune homme est tombé d'un balcon lors d'une soirée musicale à laquelle elle assistait. Meurtre? Suicide? Accident?
Apparaît aussi Grace, sa fidèle gouvernante.
Pour l'instant, dans ce premier volume, Isabel aimerait fort que Jamie et Cat renouent ensemble.
Mais comme j'ai lu les 7 et 8 de la série, je sais qu'on y retrouve Isabel et Jamie fiancés et heureux parents du petit Charlie.
Un billet sur lecture/écriture, qui me confirme que c'est bien le premier de la série, et je lui copie la liste des titres parus
1. Le club des philosophes amateurs, The Sunday Philosophy Club
2. Amis, Amants, Chocolat, Friends, Lovers, Chocolate
3. Une question d'attitude, The Right Attitude to Rain
4. Le bon usage des compliments, The Careful Use of Compliments
5. La douce tranquillité des samedis, The Comfort of Saturdays
6. L’importance d’être reconnaissant, The Lost Art of Gratitude
7. Les charmants travers de nos semblables, The Charming Quirks of Others (déjà lu)
8. Les lointains tourments de la jeunesse, The Forgotten Affairs of Youth (déjà lu)
en ajoutant le 9. L'air d'été est rempli de promesses, 2013, The Uncommon Appeal of Clouds, 2012
et donc le 10. Les voies du bonheur sont imprévisibles, 2015
mercredi 7 octobre 2015
Yokozuna
Yokozuna (deux tomes)
Jérôme Hamon et Marc Van Straceele
kana, 2015
Cela me démange, je vais tout de suite dire que cette BD, c'est du lourd, là c'est fait, maintenant on peut continuer.
Yokozuna est un chouette roman graphique sur un sujet improbable pour moi, à savoir le sumo. Le héros, Chad Rowan, existe réellement, et sa vie est le prétexte à mieux connaître cet univers fascinant.
A 18 ans, le hawaïen Chad Rowan mesure près de deux mètres pour cent vingt kilos (pour le moment), il ne connaît rien au sumo, mais débarque au Japon avec un objectif, devenir yokozuna, le rang le plus élevé chez les sumos. Les premiers mois, il va en baver. Les nouveaux doivent accepter les corvées lessive et cuisine, en plus des entraînements sévères.
"En règle générale, les sumos ne prennent que deux repas par jour, 12 h et 19 h) , chacun suivi d'une période de sommeil afin de favoriser la prise de poids. En moyenne, un sumo consomme entre 8 000 et 10 000 calories par jour."
Les combats sont très codés, il ne suffit pas d'être costaud. D'ailleurs sa grande taille le handicape, puisque son centre de gravité est trop haut.
Dans cette BD fort bien faite, l'on suit les luttes de Chad face au découragement, sa fierté et celle de son père quand il gagne, et le vocabulaire technique n'est pas lourd, puisque assez dilué dans l'histoire.
Par exemple, le yotsu sumo, sumo d'éjection, le plus noble, consiste à faire tomber l'adversaire au sol, tandis que le oshi sumo, sumo de poussée, consiste à pousser l'adversaire hors du dohyo (le cercle où tout se passe)
Quant au kawaigari, "tendre preuve d'amour", il s'agit d'une punition collective assez rude, dans la confrérie à laquelle il appartient. On ne badine pas avec la discipline!
Souvent on lui rappelle son statut de gaijin, mais il réussit à devenir le 64ème yokozuna de l'histoire, le premier non japonais.
Les auteurs en parlent ici.
Jérôme Hamon et Marc Van Straceele
kana, 2015
Cela me démange, je vais tout de suite dire que cette BD, c'est du lourd, là c'est fait, maintenant on peut continuer.
Yokozuna est un chouette roman graphique sur un sujet improbable pour moi, à savoir le sumo. Le héros, Chad Rowan, existe réellement, et sa vie est le prétexte à mieux connaître cet univers fascinant.
A 18 ans, le hawaïen Chad Rowan mesure près de deux mètres pour cent vingt kilos (pour le moment), il ne connaît rien au sumo, mais débarque au Japon avec un objectif, devenir yokozuna, le rang le plus élevé chez les sumos. Les premiers mois, il va en baver. Les nouveaux doivent accepter les corvées lessive et cuisine, en plus des entraînements sévères.
"En règle générale, les sumos ne prennent que deux repas par jour, 12 h et 19 h) , chacun suivi d'une période de sommeil afin de favoriser la prise de poids. En moyenne, un sumo consomme entre 8 000 et 10 000 calories par jour."
Les combats sont très codés, il ne suffit pas d'être costaud. D'ailleurs sa grande taille le handicape, puisque son centre de gravité est trop haut.
Dans cette BD fort bien faite, l'on suit les luttes de Chad face au découragement, sa fierté et celle de son père quand il gagne, et le vocabulaire technique n'est pas lourd, puisque assez dilué dans l'histoire.
Par exemple, le yotsu sumo, sumo d'éjection, le plus noble, consiste à faire tomber l'adversaire au sol, tandis que le oshi sumo, sumo de poussée, consiste à pousser l'adversaire hors du dohyo (le cercle où tout se passe)
Quant au kawaigari, "tendre preuve d'amour", il s'agit d'une punition collective assez rude, dans la confrérie à laquelle il appartient. On ne badine pas avec la discipline!
Souvent on lui rappelle son statut de gaijin, mais il réussit à devenir le 64ème yokozuna de l'histoire, le premier non japonais.
Une planche pour voir le graphisme |
Les auteurs en parlent ici.
lundi 5 octobre 2015
Yparkho / Compagnies tactiles
Yparkho
Michel Jullien
Verdier, 2014
Ah Yparkho, c'est parfois raide!
"Une douzaine de chats égyptiens se partagent le pas de la maison basse (ils ont cette façon haut placée des figurants qui auraient tous le rôle principal), de ces chats à tête d'épingle, le paleron hâve, les oreilles en pyramide, pointues comme sont les dents de poisson dans leur gueule. Géniteurs familiers du jardin marin, mâles, femelles, ils disparaissent d'eux mêmes, et quant aux nouveaux nés, Ilias les tue, la plupart." (je vous évite la suite, âmes sensibles)
Bon, je suis malhonnête, ce roman parle de bien autre chose (quoique les chats sont décrits avec un talent dénotant un talent d'observation extraordinaire). Deux personnages principaux, Ilias, pêcheur et génie de la mécanique dans un garage crétois bien pourri, et sa mère. Les deux, sourds et muets. Ilias possède un vieux phonographe sur lequel il écoute (à fond)(mais qui gêne-t-il?) les deux mêmes vinyles et une barque pour pêcher sa nourriture (et celle des chats, par conséquence). Un jour sur une falaise balayée par le vent, c'est la grande découverte: entendrait-il le mugissement des éléments?
Si vous avez déjà lu Michel Jullien, vous saurez que ce n'est pas l'histoire qui compte, mais sa façon de sculpter les phrases, d'insérer les mots les uns dans les autres à leur juste place, obtenant ainsi un texte assimilable à de la mécanique de précision, ciselé, absolument évocateur.
Du même auteur : Esquisse d'un pendu Au bout des comédies
Merci à Jérôme qui m'a permis de découvrir ce roman!
Pour terminer ma découverte de l'auteur chez Verdier, restait son premier paru, Compagnies tactiles.
Compagnies tactiles
Michel Jullien
Verdier, 2009
Né en 1962, Michel Jullien évoque magnifiquement ces moments d'observation de menus objets le fascinant, proposant une description quasi cinématographique de ces instants, où, par exemple, l'on explore les possibilités d'un aimant ou d'une machine à écrire. Ouvrir à la clé une boîte de sardines devient une épopée minutieusement détaillée. Examiner une bicyclette ouvre des horizons historiques et scientifiques. Une bougie d'automobile aussi. Des figues, des algues. Pour terminer avec les mains...
"Mon appétit tactile en restait coi: pourquoi mêler faïence et fer, pourquoi ce cierge par-dessus cette quille d'acier union de deux matières antagoniques destinées à être enfouies ensemble dans le centre névralgique d'un moteur?"
"En bas, une fosse d'orchestre à six rangs gradués, chiffres en haut.(...) En haut, comme sur une estrade, le chœur des tiges de frappe -la cage thoracique de la machine-, dessinant la courbe d'un gradin de stade."
Faut-il avoir connu ces objets pour les voir et les sentir quand on lit ces textes? Je l'ignore, mais je peux certifier que par exemple mes mains sentaient encore les aimants se repousser, et puis...
"Leurs contorsions prenaient soudain un tour imprévu et, contre toute vigilance, profitant d'une seconde de moindre résistance, les parallélépipèdes pirouettaient entre mes doigts pour se retrouver tête-bêche dans le bon équilibre de leurs champs magnétiques, me pinçant la peau au passage."
J'espère que les p'tiots de maintenant ont l'occasion -passé l'époque du berceau- de toucher/tripoter divers objets de leur environnement, visser/dévisser, monter/remonter, et pas seulement utiliser leurs pouces sur un écran...
Le petit plus
Dimanche 27 septembre, dans le cadre d’Écrivains à Chambord, l'invité était Michel Jullien qui a (bien) lu durant une bonne trentaine de minutes quelques passages d'Yparkho, se prêtant ensuite au jeu des questions réponses. Puis des dédicaces, un libraire de la grande ville proche ayant largement prévu. La rencontre a eu lieu dans une des salles du château, sous le regard indifférent de Louis XIII et du jeune Louis XIV (entre autres) mais champagne et petits gâteaux étaient offerts... Je pense revenir.
Michel Jullien
Verdier, 2014
Ah Yparkho, c'est parfois raide!
"Une douzaine de chats égyptiens se partagent le pas de la maison basse (ils ont cette façon haut placée des figurants qui auraient tous le rôle principal), de ces chats à tête d'épingle, le paleron hâve, les oreilles en pyramide, pointues comme sont les dents de poisson dans leur gueule. Géniteurs familiers du jardin marin, mâles, femelles, ils disparaissent d'eux mêmes, et quant aux nouveaux nés, Ilias les tue, la plupart." (je vous évite la suite, âmes sensibles)
Bon, je suis malhonnête, ce roman parle de bien autre chose (quoique les chats sont décrits avec un talent dénotant un talent d'observation extraordinaire). Deux personnages principaux, Ilias, pêcheur et génie de la mécanique dans un garage crétois bien pourri, et sa mère. Les deux, sourds et muets. Ilias possède un vieux phonographe sur lequel il écoute (à fond)(mais qui gêne-t-il?) les deux mêmes vinyles et une barque pour pêcher sa nourriture (et celle des chats, par conséquence). Un jour sur une falaise balayée par le vent, c'est la grande découverte: entendrait-il le mugissement des éléments?
Si vous avez déjà lu Michel Jullien, vous saurez que ce n'est pas l'histoire qui compte, mais sa façon de sculpter les phrases, d'insérer les mots les uns dans les autres à leur juste place, obtenant ainsi un texte assimilable à de la mécanique de précision, ciselé, absolument évocateur.
Du même auteur : Esquisse d'un pendu Au bout des comédies
Merci à Jérôme qui m'a permis de découvrir ce roman!
Pour terminer ma découverte de l'auteur chez Verdier, restait son premier paru, Compagnies tactiles.
Compagnies tactiles
Michel Jullien
Verdier, 2009
Né en 1962, Michel Jullien évoque magnifiquement ces moments d'observation de menus objets le fascinant, proposant une description quasi cinématographique de ces instants, où, par exemple, l'on explore les possibilités d'un aimant ou d'une machine à écrire. Ouvrir à la clé une boîte de sardines devient une épopée minutieusement détaillée. Examiner une bicyclette ouvre des horizons historiques et scientifiques. Une bougie d'automobile aussi. Des figues, des algues. Pour terminer avec les mains...
"Mon appétit tactile en restait coi: pourquoi mêler faïence et fer, pourquoi ce cierge par-dessus cette quille d'acier union de deux matières antagoniques destinées à être enfouies ensemble dans le centre névralgique d'un moteur?"
"En bas, une fosse d'orchestre à six rangs gradués, chiffres en haut.(...) En haut, comme sur une estrade, le chœur des tiges de frappe -la cage thoracique de la machine-, dessinant la courbe d'un gradin de stade."
Faut-il avoir connu ces objets pour les voir et les sentir quand on lit ces textes? Je l'ignore, mais je peux certifier que par exemple mes mains sentaient encore les aimants se repousser, et puis...
"Leurs contorsions prenaient soudain un tour imprévu et, contre toute vigilance, profitant d'une seconde de moindre résistance, les parallélépipèdes pirouettaient entre mes doigts pour se retrouver tête-bêche dans le bon équilibre de leurs champs magnétiques, me pinçant la peau au passage."
J'espère que les p'tiots de maintenant ont l'occasion -passé l'époque du berceau- de toucher/tripoter divers objets de leur environnement, visser/dévisser, monter/remonter, et pas seulement utiliser leurs pouces sur un écran...
Le petit plus
Dimanche 27 septembre, dans le cadre d’Écrivains à Chambord, l'invité était Michel Jullien qui a (bien) lu durant une bonne trentaine de minutes quelques passages d'Yparkho, se prêtant ensuite au jeu des questions réponses. Puis des dédicaces, un libraire de la grande ville proche ayant largement prévu. La rencontre a eu lieu dans une des salles du château, sous le regard indifférent de Louis XIII et du jeune Louis XIV (entre autres) mais champagne et petits gâteaux étaient offerts... Je pense revenir.
vendredi 2 octobre 2015
Si une nuit d'hiver un voyageur
Si une nuit d'hiver un voyageur
Se una notte d'inverno un viaggiatore
Italo Calvino
Folio, 2015
Nouvelle traduction par Martin Rueff
Dans son journal (un chapitre du roman), l'écrivain Silas Flannery écrit:
"L'idée m'est venue d'écrire un roman fait seulement de débuts de roman. Le personnage principal pourrait en être un Lecteur qui se trouve constamment interrompu. Le Lecteur acquiert un nouveau roman A de l'auteur Z. Mais il s'agit d'un exemplaire défectueux, et il ne parvient pas à dépasser le début... Il retourne en librairie pour qu'on lui donne un nouveau volume...
Je pourrais l'écrire entièrement à la deuxième personne : toi Lecteur... Je pourrais aussi y faire entrer une Lectrice, un traducteur faussaire, un vieil écrivain qui tient son journal, comme ce journal... [page 277]"
Déjà perdu, Lecteur? Il fallait bien une mise en abyme dans ce roman, et en plus c'est un parfait résumé.
Mais foin de toute paresse. Argumentons pourquoi ce roman est incontournable si tu te prétends Lecteur.
Le début : "Tu es sur le point de commencer le nouveau roman d'Italo Calvino. Détends-toi. Recueille-toi.(...) Prends la position la plus confortable qui soit."
"Tu es allé dans une librairie et tu as acheté le volume. Tu as bien fait." [note : 7.60 en poche, ne pas s'en priver] "Tu t'es frayé un chemin dans le magasin à travers le tir de barrage nourri de ces Livres Que Tu N'As Pas Lus et qui te regardent en faisant les gros yeux depuis les tables et les étagères pour essayer de t'intimider. [pages 12 et 13, continuant avec ces catégories, c'est absolument génial, vrai et jubilatoire!] Après achat, "Tu as jeté un regard navré sur les livres autour de toi (ou mieux : ce sont les livres qui te regardaient avec cet air navré qu'ont les chiens quand ils voient du fond des cages d'un chenil municipal un de leurs anciens compagnons s'éloigner, tenu en laisse par un maître venu le reprendre)."
La fin (si! J'ose)
"Encore un instant. Je suis sur le point de finir 'Si une nuit d'hiver un voyageur' d'Italo Calvino."
Bref, c'est LE livre dont tu rêvais, Lecteur. Qui parle de lecture, de Lecteur (et de Lectrice), de romancier, de traducteur. Qui pourrait devenir frustrant, avec ces morceaux de romans dont jamais on ne connaîtra la suite (mais à Toi de terminer, et puis cela forme à chaque fois quand même une sorte de tout satisfaisant). Qui pourrait tourner à la redite, si l'auteur n'avait pas varié les raisons pour lesquelles cette lecture s'interrompt. Qui pourrait lasser, s'il ne s'agissait à chaque fois d'un nouvel univers, d'un nouveau genre. Qui pourrait manquer d'histoire (un comble!) s'il n'y avait celle du Lecteur et de la Lectrice. Qui pourrait devenir vertigineux (et ça le devient quand même, mais baste).
Dans la postface, Calvino, membre de l'Oulipo (pas étonnant!) révèle qu'il a choisi le schéma suivant : "Dans un récit à la première personne un personnage masculin se retrouve obligé d'assumer un rôle qui n'est pas le sien, dans une situation où l'attraction exercée par un personnage féminin et la menace obscure venue d'une collectivité d'ennemis pèsent toujours davantage sur lui."
Il précise aussi que "Dans chaque chapitre le type de roman qui suit est indiqué par la bouche de la Lectrice."
Mais c'est bien sûr!(a posteriori). Voilà donc qu'il me faut relire Si une nuit d'hiver un voyageur pour vérifier tout cela, car je n'ai rien remarqué, prise dans ma lecture...
Et voilà une envie de lire ce "roman qui raconte une journée quelconque d'un type de Dublin en dix-huit chapitres dont chacun a un cadre stylistique différent."!!!
Dure vie que la tienne, ô Lecteur, ô Lectrice.
Mois italien chez Eimelle
Se una notte d'inverno un viaggiatore
Italo Calvino
Folio, 2015
Nouvelle traduction par Martin Rueff
Dans son journal (un chapitre du roman), l'écrivain Silas Flannery écrit:
"L'idée m'est venue d'écrire un roman fait seulement de débuts de roman. Le personnage principal pourrait en être un Lecteur qui se trouve constamment interrompu. Le Lecteur acquiert un nouveau roman A de l'auteur Z. Mais il s'agit d'un exemplaire défectueux, et il ne parvient pas à dépasser le début... Il retourne en librairie pour qu'on lui donne un nouveau volume...
Je pourrais l'écrire entièrement à la deuxième personne : toi Lecteur... Je pourrais aussi y faire entrer une Lectrice, un traducteur faussaire, un vieil écrivain qui tient son journal, comme ce journal... [page 277]"
Déjà perdu, Lecteur? Il fallait bien une mise en abyme dans ce roman, et en plus c'est un parfait résumé.
Mais foin de toute paresse. Argumentons pourquoi ce roman est incontournable si tu te prétends Lecteur.
Le début : "Tu es sur le point de commencer le nouveau roman d'Italo Calvino. Détends-toi. Recueille-toi.(...) Prends la position la plus confortable qui soit."
"Tu es allé dans une librairie et tu as acheté le volume. Tu as bien fait." [note : 7.60 en poche, ne pas s'en priver] "Tu t'es frayé un chemin dans le magasin à travers le tir de barrage nourri de ces Livres Que Tu N'As Pas Lus et qui te regardent en faisant les gros yeux depuis les tables et les étagères pour essayer de t'intimider. [pages 12 et 13, continuant avec ces catégories, c'est absolument génial, vrai et jubilatoire!] Après achat, "Tu as jeté un regard navré sur les livres autour de toi (ou mieux : ce sont les livres qui te regardaient avec cet air navré qu'ont les chiens quand ils voient du fond des cages d'un chenil municipal un de leurs anciens compagnons s'éloigner, tenu en laisse par un maître venu le reprendre)."
La fin (si! J'ose)
"Encore un instant. Je suis sur le point de finir 'Si une nuit d'hiver un voyageur' d'Italo Calvino."
Bref, c'est LE livre dont tu rêvais, Lecteur. Qui parle de lecture, de Lecteur (et de Lectrice), de romancier, de traducteur. Qui pourrait devenir frustrant, avec ces morceaux de romans dont jamais on ne connaîtra la suite (mais à Toi de terminer, et puis cela forme à chaque fois quand même une sorte de tout satisfaisant). Qui pourrait tourner à la redite, si l'auteur n'avait pas varié les raisons pour lesquelles cette lecture s'interrompt. Qui pourrait lasser, s'il ne s'agissait à chaque fois d'un nouvel univers, d'un nouveau genre. Qui pourrait manquer d'histoire (un comble!) s'il n'y avait celle du Lecteur et de la Lectrice. Qui pourrait devenir vertigineux (et ça le devient quand même, mais baste).
Dans la postface, Calvino, membre de l'Oulipo (pas étonnant!) révèle qu'il a choisi le schéma suivant : "Dans un récit à la première personne un personnage masculin se retrouve obligé d'assumer un rôle qui n'est pas le sien, dans une situation où l'attraction exercée par un personnage féminin et la menace obscure venue d'une collectivité d'ennemis pèsent toujours davantage sur lui."
Il précise aussi que "Dans chaque chapitre le type de roman qui suit est indiqué par la bouche de la Lectrice."
Mais c'est bien sûr!(a posteriori). Voilà donc qu'il me faut relire Si une nuit d'hiver un voyageur pour vérifier tout cela, car je n'ai rien remarqué, prise dans ma lecture...
Et voilà une envie de lire ce "roman qui raconte une journée quelconque d'un type de Dublin en dix-huit chapitres dont chacun a un cadre stylistique différent."!!!
Dure vie que la tienne, ô Lecteur, ô Lectrice.
Mois italien chez Eimelle
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