mardi 29 avril 2014

Il faut tuer Lewis Winter

Il faut tuer Lewis Winter
The necessary death of Lewis Winter
Malcolm Mackay
Livre de poche, 2014
Traduction de Fanchita Gonzalez battle


Calum MacLean est tueur à gages free-lance. Ses employeurs dans le milieu de Glasgow savent que c'est un bon professionnel. Sa mission cette fois : tuer Lewis Winter, petit dealer de drogue.
"Le premier pas est facile. On trouve ou habite la cible et on suit chacun de ses mouvements. Si on la connaît bien, alors on peut sauter une bonne partie de cette étape. Beaucoup finissent par tuer ceux qu'ils connaissent le mieux. Avec qui ils ont travaillé, qu'ils ont côtoyé souvent dans le métier,. Ils ont pu partager des soirées avec eux. Ils peuvent même être amis. Mais ils le font parce que c'est leur travail. Les victimes le savent, tout comme les agresseurs. Si vous ne faites pas ce métier les yeux grands ouverts, quelqu'un ou quelque chose vous les ouvrira bientôt. On apprend vite comment ça marche. On file sa cible pour connaître ses habitudes. Tout le monde en a. Parfois désordonnées, parfois minimes dans une vie chaotique. Mais c'est grâce à elles qu'on atteint son but."
Dans ce petit roman plutôt soufflant à la froideur clinique, pas de sentimentalisme, mais des faits, et les pensées des différents personnages (pas seulement Calum, et ce d'un paragraphe à l'autre parfois). Un découpage et une concision efficaces, pour un aperçu crédible de ce monde (sans pitié) avec ses truands, ses policiers ripoux ou non, ses enjeux souterrains. Vraiment pas mal du tout. Une suite existe...

Merci kathel.
 En parlent : BMR et MAM, Val,

dimanche 27 avril 2014

Au fin fond du Limousin...

Il y a ces paysages

ou


mais aussi le château de La Borie (tout près de Limoges)


et ses jardins sonores

avant une soirée exceptionnelle (voir vidéo de présentation) avec Sabine Devieilhe et Anne Le Bozec proposant des mélodies de Ravel, Roussel ou Zemlinsky.

en répétition
Vendredi soir 25 avril la salle (d'environ 200 places!) était pleine pour se régaler d'une heure et demie de mélodies intimistes interprétées dans une grande complicité par les deux artistes en résidence. Pas d'airs acrobatiques comme pour Lakmé ou La reine de la nuit, mais une voix juste, cristalline, à l'aise dans les aigus comme les plus graves, une diction parfaite, et émotion (ou humour) passant sans problème.

Pour réentendre Sabine, il va falloir jouer un peu plus des coudes et monter à la ville, je le sens... C'est prévu. Après Versailles (La folie dans Platée de Rameau en 2013) ce sera je l'espère La chauve souris à l'Opéra Comique fin 2014 (quand on aime...)

Allez, une petite vidéo pour la route

vendredi 25 avril 2014

Petit dictionnaire énervé de Facebook

Petit dictionnaire énervé de Facebook
Eliane Girard
Les éditions de l'Opportun, 2011



Vous n'êtes pas inscrit sur Facebook? Pas de souci, ce livre peut tout de même être pour vous et vous conforter dans votre décision.
Vous êtes inscrit? Ce livre est encore plus pour vous!

De Accueil à Zuckerberg Mark (évidemment!) vous saurez tout -ou presque- sur Facebook.
En tout cas, grâce à ce livre j'ai compris la différence entre les affichages "à la une" et "les plus récentes", pourquoi je n'entendais plus de nouvelles de certains et à quelle catégorie d'utilisateurs j'appartiens (il y a un petit test fort parlant...)
Je signale d'ailleurs que ça fait trois six fois que je coche "les plus récentes" car Facebook remet tout seul l'option "à la une". Je vais m'énerver aussi!

Allez, soyez honnêtes, quand vous vous êtes inscrits, vous avez lu les conditions d'utilisation? Il n'est pas trop tard pour méditer où vous avez mis les pieds.

Comme vous êtes inscrits, vous découvrirez qu'il est extrêmement difficile de quitter Facebook (voir entrée Se désinscrire). Même les morts...(voir Décès)
Donc le mal est fait, alors suivez les quelques conseils de prudence de ce petit livre. Ne vous faites pas piéger comme, par exemple, les jeunes israéliennes voulant éviter le service militaire, et ayant eu une activité Facebook le samedi!

mercredi 23 avril 2014

Jane Austen : Essais critiques

Jane Austen
A collection of Critical Essays
Edited by Ian Watt
Prentice Hall, 1963


Je serai claire : Mon propos n'est pas de vous convaincre de lire ce recueil d'essais sur les oeuvres de Jane Austen.
Paru en 1963, il est peut-être encore disponible (pour ma part c'est une pioche chez Emmaüs) mais je doute qu'il soit traduit.
Donc, pas en librairie, pas en français. Mauvais départ, vraiment.
De plus il semble indispensable d'avoir déjà lu toute l'oeuvre de Jane Austen (et plusieurs fois ne nuira pas) sinon, soit on ne comprendra pas trop, soit on sera hélas spoilé. Cela ne s'arrange donc pas.

Pourquoi alors parler de ce livre?

D'abord je sais qu'il existe parmi les blogueurs (euh, disons plutôt les blogueuses) des fans absolus de Jane Austen ravis d'une nouvelle  lecture sur cet auteur incontournable.

Ensuite parce que cela me donne l'occasion d'enfoncer le clou : lisez-la! Maintenant ses romans se trouvent facilement en poche sous de superbes couvertures.

Et puis tout bêtement j'ai pris un grand plaisir à lire ces essais sur une de mes auteurs préférées, et,(étonnant non?), à encore découvrir des détails et des éclairages sur son oeuvre.

Dans l'introduction
Jane Austen's works have certainly provoked those who have written about them to reveal as much about themselves as about the novels; but besides the satisfaction of our insatiable appetites for ironic contemplation, there are other reasons for reading the critics. Once we are interested in anything, we want to talk about it and compare our private sense of it with other people's. If we find ourselves agreeing, the discovery that others see the object as we do is fortifying; our faith in our personal vision needs continual strengthening; we're never quite certain we've actually seen something until we know that someone else has seen it too. If, on the other hand, we find ourselves disagreeing, forced reconsideration of our notions may be salutary; and there is always the possibility of learning something new. If we're genuinely interested in a book we can even bring ourselves to be grateful when others draw our attention to things in it we've missed or misunderstood.

Traduction Google translate révisée un peu par mes soins (pas parfait, traduire est un métier!)
Les œuvres de Jane Austen ont certainement provoqué chez ceux qui ont écrit à leur sujet de révéler autant sur ​​eux-mêmes que sur les romans; mais, outre la satisfaction de nos appétits insatiables pour la contemplation ironique, il y a d'autres raisons de lire les critiques. Une fois que nous sommes intéressés par quelque chose, nous voulons parler et comparer notre idée personnelle de celui-ci avec celle des des autres. Si nous nous trouvons d'accord, la découverte que d'autres voient comme nous nous fortifie; notre foi dans notre vision personnelle a besoin continuellement de renforcement ; nous ne sommes jamais tout à fait certains que nous avons effectivement vu quelque chose jusqu'à ce que nous sachions que quelqu'un d'autre l'a vu aussi. Si, d'autre part, nous nous trouvons en désaccord, le réexamen forcé de nos notions peut être salutaire; et il y a toujours la possibilité d'apprendre quelque chose de nouveau. Si nous sommes vraiment intéressés par un livre, nous pouvons même être amenés à être reconnaissants quand d'autres attirent notre attention sur des choses que nous avons ratées ou mal comprises.

Un passage un peu long expliquant pourquoi l'on peut trouver son miel dans la lecture de critiques, et qui, ma foi, toutes proportions gardées, explique pourquoi nous aimons lire les billets des autres blogs.

Revenons au recueil proprement dit. Tous les romans de Jane Austen sont évoqués, avec souvent des angles inattendus, et des avis différents sur Emma et Mansfield Park particulièrement.
J'adore ce "To invite Mr. and Mrs. Edmund Bertram round for the evening would not be lightly undertaken." (non, Kingsley Amis n'aime pas Mansfield Park!)

La table des matières: 
  • Jane Austen /​ Virginia Woolf
  • A note on Jane Austen /​ C.S. Lewis
  • A long talk about Jane Austen /​ Edmund Wilson
  • On Sense and sensibility /​ Ian Watt
  • Critical realism in Northanger Abbey /​ Alan D. McKillop
  • Light and bright and sparkling : irony and fiction in Pride and prejudice /​ Reuben A. Brower
  • Irony as discrimination : Pride and prejudice /​ Marvin Mudrick
  • The humiliation of Emma Woodhouse /​ Mark Schorer
  • Emma /​ Arnold Kettle
  • Mansfield Park /​ Lionel Trilling
  • What become of Jane Austen? (Mansfield Park) /​ Kingsley Amis
  • Persuasion /​ Andrew H. Wright
  • Jane Austen and the peerage /​ Donald J. Greene
  • Regulated hatred : an aspect of the work of Jane Austen /​ D.W. Harding.

lundi 21 avril 2014

Demain dans la bataille pense à moi

Demain dans la bataille pense à moi
Manana en la batalla pensa en mi
Javier Marias
Rivages, 1996
Traduit par Alain Keruzoré

Le billet de Violette m'a utilement rappelé ma décision de lire d'autres romans de Javier Marias (que j'aime très fort!). Comme les amours m'avait embarquée dans une histoire inattendue, et là aussi ça démarre très fort. En l'absence de son mari Dean, Marta a invité Victor à dîner, et une fois son enfant endormi, les deux se retrouvent dans le lit de Marta, où, prise d'un malaise, elle meurt dans les bras de Victor. Une situation périlleuse, accordons-le. Que faire? Prévenir le mari? La famille? Partir en laissant l'enfant (très jeune) seul? Victor choisit cette dernière solution mais ne peut s'empêcher de vouloir connaître la suite, de se rapprocher de la famille de Marta, pour qui il n'est "personne", et non pas l'homme présent quand Marta est décédée.

"Demain dans la bataille pense à moi, et que ton épée tombe émoussée! Demain dans la bataille pense à moi, quand j'étais mortel, et que ta lance tombe en poussière. Que je pèse demain sur ton âme, que je sois un plomb dans ton sein et que finissent tes jours dans une sanglante bataille. Demain dans la bataille, pense à moi, désespère et meurs."

Utilisant plusieurs fois cette citation de Richard III (souvent incomplète), et d'autres remarques ou expressions en écho de façon incantatoire, Javier Marias déroule à son habitude de longues phrases, entraînant le lecteur toujours plus loin dans son raisonnement et ses explications... Des passages virtuoses non dénués d'humour captent l'attention, jusqu'à la rencontre finale entre Dean Victor et les dernières révélations.

"Par sa façon de marcher il était clair que dès qu’elle était sortie de la boutique elle savait où elle allait, on le sait toujours quand on ne trace pas deux lignes droites et perpendiculaires alors que c'est possible mais que l'on zigzague, une façon de rendre plus agréable le trajet connu." A la réflexion, oui, c'est exact et bien vu.

Le billet de Sybilline, chez lecture/écriture,

vendredi 18 avril 2014

Ed McBain et son 87ème district

87ème district tome 1
EdMcBain
Omnibus, 2005


Ed McBain? Jamais lu? Ma mission aujourd'hui sera de vous convaincre de découvrir la crème de la crème, l'incontournable, le roman policier qui plaira aux récalcitrants (et j'ai des noms). En mourant en 2005, l'homme laissait derrière lui des fans attristés et aussi heureusement une multitude de romans, dont les fameux présentant le 87ème district, de 1956 à 2005. Plus de cinquante romans, de quoi calmer une addiction parfaitement légale.

L'idée géniale était de raconter le quotidien d'une brigade d'inspecteurs sur leur lieu de travail, au coeur d'un quartier d'Isola, ville imaginaire ressemblant fort à New York. La figure principale est celle de Carella, entouré de Kling, Meyer Meyer, Hawes, Brown et leur chef Byrnes. Ce petit groupe attachant vit sous les yeux du lecteur, avec l'intervention occasionnelle de leurs familles, en particulier Teddy, l'épouse de Carella.

Avec McBain, pas de détails sanglants, pas de longueurs : droit au but! Un sens du découpage et du suspense, des dialogues tirés au cordeau, de l'humour, de l'émotion, on est dans le très haut de gamme.

Bien évidemment chaque roman de l'ensemble peut se lire indépendamment, mais au bout d'un certain temps on tombe dans la marmite* et on fait comme moi : on attaque la lecture au début, histoire de bien sentir l'évolution des personnages et de la ville. Omnibus propose 9 tomes pour l'intégrale, en gros 900 pages pour 7 enquêtes chaque fois, que du bonheur. (oui, ça va faire dans les 8000 pages, mais chaque enquête n'en fait qu'une bonne centaine, ça se lit tout seulJ'avais déjà proposé les trois premières ici, voici cette fois les quatre dernières du tome 1.

Faites moi confiance : "La loi trouve la poursuite du dollar tout à fait légitime. Mais elle trouve parfois à redire aux méthodes que l'on emploie." Deux escrocs sévissent en ville , mais aussi un assassin.
Victime au choix : "La mauvaise plaisanterie, c'était la rouquine gisant sur le plancher de la boutique. (..) Carella aimait la vie. Son métier lui faisait côtoyer la mort à chaque instant, mais il n'avait jamais pu s'y habituer tout à fait."
Crédit illimité : "On aurait pu être un soir de juin, avec la fine pluie qui lavait les trottoirs, l'asphalte lisse et moiré où se reflétaient les néons rouges et noirs. Malgré la bruine, on aurait senti dans l'air le doux parfum de l'été qui approchait, l'arôme délicat de la nature qui renaît. Et ce senteurs se seraient mêlées au parfum des passantes, à l'odeur des sons et des voitures, à l'omniprésente odeur de ville au crépuscule."
Une intrigue dont la solution est particulièrement originale...
Souffler n'est pas tuer : "L'expérience lui avait appris que des commentaires sur la température changeaient rarement le temps qu'il faisait."
Bref, la chaleur plombe la ville. Arrive un message anonyme "Je tuerai La Dame ce soir à 8 heures. Qu'est-ce que vous pouvez faire?"
Et c'est le début d'une course poursuite avec un probable futur assassin, et un compte à rebours bien mené.

Vous pouvez vous priver de Ed McBain, mais franchement, ce serait dommage.

*C'est le cas de cléanthe ( aussi, et) ,

mercredi 16 avril 2014

Un été avec Montaigne

Un été avec Montaigne
Antoine Compagnon
Equateurs Parallèles, 2013



Un été avec Montaigne, ce fut en 2012 sur France Inter, où Antoine Compagnon, à une heure de grande écoute, proposa une quarantaine de brefs passages des Essais et des explications et commentaires, devenus dans ce recueil des chapitres de trois pages environ. La majorité des passages proviennent du Livre III (le seul que j'aie lu)(le livre I en est au dixième chapitre, gardons espoir).
Bref, rien d'insurmontable pour le novice.

Pour un novice, justement, je conseille cette agréable balade dans l'univers de Montaigne, pas exhaustive évidemment, et demandant cependant quelque concentration. Chaque passage choisi des Essais (Livre de Poche, La pochothèque, 2001) est présenté sans fards (il eût été dommage de se priver de la langue de l'auteur), puis ensuite "traduit" pour faciliter les choses. Sans oublier un aperçu de la vie de l'auteur, et parfois une application personnelle.

Bien sûr je ne vais pas me plaindre que Montaigne soit ainsi rendu accessible, j'espère de tout cœur que ce petit volume sera lu, et surtout qu'il conduira à la découverte de l'oeuvre complète. Après ma lecture de Comment vivre? de Susan Bakewell, il s'est agi de "fiches révisions" plutôt que de découvertes proprement dites.

Une réflexion ô combien d'actualité:
"Quand un homme public ment une fois, il n'est plus jamais cru; il a choisi un expédient contre la durée; il a donc fait un mauvais calcul.
Selon Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter."

Où j'apprends que negotium, le négoce, est la négation de l'otium, le loisir;

Au lecteur :"C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée : je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein."(...) Si c'eût été pour rechercher les faveurs du monde, je me fusse paré de beautés empruntés. je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c'est moi que je peins."

"Ces deux commerces [l'amour et l'amitié] sont fortuits, et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge: ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième; est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers, les autres avantage : mais il a pour sa part la constance et facilité de son service." (III, 3)

Le billet de claudialucia (forcément! ^_^) qui présente aussi par ailleurs le château de Montaigne.
Dominique en parle aussi (bien sûr!)
Lire et merveilles
encore chez BMR-MAM!

lundi 14 avril 2014

Je n'étais qu'un fou

Je n'étais qu'un fou
Thierry Cohen
Flammarion, 2014


"A la fin de ce roman je serai mort."
Pourquoi démarrer ainsi cette confession?
Samuel Sanderson écrit des romans appliquant la règle des trois S , Sentiments, Suspense et Sexe. Auteur à succès, il est lié à son éditeur et se voit contraint à écrire chaque année le même genre de roman qui va bien se vendre. Mais il aspire à travailler à un autre texte, sous un pseudo peut-être?
Sa vie personnelle est un échec, sa femme et sa fille se sont éloignées de lui, il enchaîne les rencontres féminines (en particulier grâce à Facebook) et les soirées arrosées.
Un jour il reçoit sur Facebook un message :  "Je suis toi dans vingt ans. Et je viens t'avertir des drames à venir." Le mystérieux correspondant le connaît fort bien, a accès a des photos de lui et de sa famille. Et si c'était vrai? Ou un ordinateur piraté?

Voilà voilà, j'ai honnêtement résumé assez de l'histoire pour donner une idée du pitch sans trop en dévoiler. Si vous voulez le lire, pas de souci, je ne pas spoilé.

Hélas si vous pensez "mais on dirait du Marc L., du Guillaume G, voire du Douglas K.", votre intuition est bonne. C'est bien ficelé, il y a une histoire après tout, une mise en abyme un poil risquée, l'écriture n'est pas relâchée.
Mais je me suis globalement bien ennuyée, je n'ai pas accroché à l'histoire, les personnages m'ont paru creux, je ne me suis pas intéressée à ce qui pouvait bien leur arriver, les phrases étaient parfois alambiquées. L'enquête policière m'a paru maladroite. Quelques passages ont bien fonctionné mais je suis arrivée à la fin soulagée. Désolée, ce genre de roman ne m'attire pas.

Un SP non demandé. Par pitié, écrivez-moi avant tout envoi!

vendredi 11 avril 2014

Aux anges

Aux anges
Francis Dannemark
Robert Laffont, 2014
(tableau de couverture : Véronique Biefnot)



Comme dans Histoire d'Alice qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un), le lecteur fera connaissance d'une délicieuse vieille dame, Emiliana, et de plus d'une grande demeure accueillante aux bêtes et gens. Pierre et Florian tomberont sous le charme, Pierre oubliera un peu ses rendez-vous professionnels. A la fin de l'histoire leur vie aura pris un nouveau tournant, avec de l'amouuuuuuuuur!

Ce court roman fourmille de belles histoires d'amour et d'amitié (le genre qui fait du bien) ; une fois entré (facilement) dans ce monde fantaisiste où tout se déroule (presque) comme dans un rêve, on n'en sort pas avant la dernière page.

"Il [Pierre] venait de voir, à vingt mètres d'eux, un très jeune éléphant poursuivant des canards. Emiliana lui dit de ne pas s'inquiéter, qu'il ne leur ferait aucun mal, c'était juste pour jouer.
- Vous avez aussi des éléphants? ajouta-t-il, complètement interloqué.
- Juste un. Un tout petit, dit la comtesse. Il est adorable, n'est-ce pas?"

Les avis de lire et relire, Yv,

Un grand merci à l'auteur.

Mois belge chez Anne et Mina

mercredi 9 avril 2014

Davodeau (et hop, trois!)

J'aime tellement Davodeau que je le relis!
J'ai lu quelque part que les romans graphiques, ce sont des BD dont la lecture nécessite un marque-pages...

Les mauvaises gens
Une histoire de militants
Etienne Davodeau
Delcourt, 2005

Eglise. Usine. Pas moyen de passer à côté, dans ces Mauges (49) d'où Davodeau est originaire. Avec sensibilité, passion, humour, il relate l'histoire particulière d'un homme et d'une femme (ses parents, Marie-Jo et Maurice)(réticents au début, faut le dire...*) des années 40 à 80, en pleine émergence des luttes syndicales.
Instructif, étonnant. A lire. J'ai adoré.

* Pas question. De toute façon y'a rien à raconter. On n'a rien fait de plus que les autres.
Tu mettrais nos vrais noms? (Bien sûr) Ha non non non! et puis quoi encore? Non!
(...)
Ce serait ton prochain livre?  Oui... je crois...Sinon tu ferais quoi? Je sais pas encore. Hé là! N'acceptez pas juste pour que j'aie du travail, hein!


Chute de vélo
Etienne Davodeau
Aire libre Dupuis, 2004


Une relecture qui me laisse plus emballée que la première fois!
Une famille ordinaire (un frère garagiste, une soeur fonctionnaire, mariée à un enseignant, un frère perdu de vue) se rend dans la maison de leur mère, en établissement pour Alzheimer, en tout cas en dépit d'éclairs de mémoire, elle n'est plus trop là.
Trois enfants, dont le fils du couple, qui apprend à faire du vélo (d'où les chutes, mais il y en aura d'autres, de chutes, dans cet album) jouent, explorent, et s'intéressent fortement à la maison voisine, où un ouvrier brutalise un arpète pas bien doué visiblement.
N'oublions pas Toussaint, ami de tous, dont le rôle s'éclaircira peu à peu.

Moments de douceur, d'émotion, de l'humour, des controverses. Davodeau ne prend pas parti, nul n'est 100% méchant ou irrécupérable, y compris l'ouvrier et le frère garagiste un peu lourd. Chouette histoire, bien racontée, toute en subtilité.

Terminons avec Rural!, qui à l'époque m'a permis de découvrir l'auteur, et serait presque mon préféré (et Les ignorants, alors? ah oui, Les ignorants). Bref, je crois que je préfère le Davodeau enquêteur, présent dans ses DB, la non fiction, quoi.

Rural!
Chronique d'une collision politique
Etienne Davodeau
Delcourt, 2001

Durant un an, Davodeau a suivi trois exploitants agricoles du Maine-et-Loire, producteurs de lait bio, avec les contraintes que cela suppose, mais aussi la satisfaction de pratiquer l'agriculture qu'ils aiment.C'est évidemment présenté sans lourdeur et prêchi-prêcha, et de façon convaincante.

En plus de ce reportage sur le terrain, et là c'est beaucoup moins amusant, est présentée l'A87 et ses courbes un peu étranges. Elle coupe l'exploitation en deux, détruit une maison. Pourquoi ce tracé? Sera-t-elle rentable? La politique s'en est pas mal mêlée..

A découvrir absolument.

lundi 7 avril 2014

Elle marchait sur un fil

Elle marchait sur un fil
Philippe Delerm
Seuil, 2014




Entre les côtes d'Armor, maison près de la mer, et un appartement à Paris, s'écoule la vie de Marie, attachée de presse de plus en plus détachée d'ailleurs. Une séparation à la cinquantaine (classique, l'autre a vingt ans de moins), un fils en commun, Etienne, qui avec sa compagne Sarah a laissé tomber une carrière théâtrale. Ce rêve stoppé a laissé des cicatrices chez Marie et lorsque des jeunes comédiens s'installent près de chez elle en Bretagne, elle saute sur l'occasion pour monter un spectacle, ce qu'avait refusé Etienne... Ajoutons André, ex voisin breton en maison de retraite, Agnès, son amie, et sa galerie, et Léa, la fille d'Etienne  très proche d'elle, et on a le casting complet.

Marie s'engage avec ardeur, lucidité et exigence.
"Je suis sans doute folle. Mais je sens où le feu de la vie me brûle. J'ai tellement envie de brûler. Et tant pis si je quitte un peu les autres. Je n'en pouvais plus d'être quittée."

Une courte histoire, bien remplie, pour une fin que je n'ai pas vue venir. Inutile de lire la quatrième de couverture.

Seulement Ma grand mère avait les mêmes, donc peu de Delerm sur ce blog, alors que j'en ai lu tout de même. Quand ce roman (oui, cette fois c'est un roman) s'est matérialisé dans ma BAL, je me suis dit "Pourquoi pas"
Après avoir peiné durant un chapitre (curieux, j'avais la sensation qu'il y avait trop de virgules, je m’essoufflais), la lecture a été aisée et rapide. Suivre Marie dans ses pensées tout en restant extérieure donne une impression étrange de flou cotonneux, de douceur... J'en suis ressortie avec l'impression que le sable coulait de mes doigts. Des remarques qui sonnent juste, d'autres moins, des passages pleins de grâce, mais finalement il me reste une sensation un peu brumeuse.

Les avis de sylire, valérie, martine,

vendredi 4 avril 2014

Aujourd'hui pour toujours

Aujourd'hui pour toujours
Christophe Paviot
Belfond, 2014


Chronique d'une rencontre un poil ratée.
Un attachée de presse me propose le dernier roman de Caroline Vermalle (que j'aime très fort!)
J'accepte.
Hélas, mauvais nouvelle, plus d'exemplaires, suite trop de demandes, alors à la place, pourquoi ne pas découvrir Aujourd'hui pour toujours ?
Pourquoi pas en effet.
Une histoire d'amour à Martha'sVineyard, une île de la côté est, c'est tentant. (Pas loin de Cape Cod . Hopper, reviens, je t'aime!)
(et Caroline Vermalle, enfin, son roman, est arrivée plus tard chez moi)(et ça s'est bien passé, comme je le sentais)
Voyons donc cet "Aujourd'hui pour toujours":

Depuis deux ans, à la suite d'un accident, William Baker n'est plus star du cinéma et se rend à Martha's Vineyard pour y résider. On aura compris qu'il n'a pas de problèmes financiers. Il signe pour une belle maison à Edgartown, sans même la visiter en entier, en tout cas pas la salle de bains.
Il a tout de même quelques souvenirs douloureux dans sa vie.

Il rencontre Lisa Hamilton, une new yorkaise de passage pour un week end (mais qui elle aussi a un passé à cacher), dotée de pommettes hautes (c'est répété trois ou quatre fois...)(OK, ce sont des épreuves non corrigées)
C'est le coup de foudre.
Un baiser est échangé.Mais pas plus. Même pas le 06, c'est dire.
Quelque temps plus tard, Lisa accepte de tout lâcher, New York, boulot, etc, pour venir vivre avec William.
Un peu rapide. Mais elle a fort raison, William ne se révèle ni un serial killer, ni un pervers, mais un vrai gentil. Tout baigne entre les deux amoureux.
Alors il n'y a pas d'histoire? (Inquiétude)

Christophe Paviot est l'auteur de La guerre civile est déclarée et le moins que l'on puisse dire est qu"il change complètement de registre. Je n'ai absolument rien contre les romances revendiquées comme telles, et, ma foi, William et Lisa, moi ça m'allait bien, leur histoire d'amour. Surtout qu'elle se déroule dans un Martha's Vineyard que l'auteur sait rendre extrêmement réel, grâce à maints petits détails au long du roman. Les touristes en prennent pour leur grade, mais je suis prête à jurer que l'auteur y a séjourné quelque temps. Un des points forts du roman.

Hélas arrive Betty, et là le roman bascule dans du surnaturel (très soft, d'ailleurs. Même pas peur). D'ailleurs après quelques pages, tout revient sur les rails, on oublie (j'ai presque oublié en tout cas) qui est Betty, à tel point que je me demande si on n'aurait pas pu se passer d'un tel élément peu crédible. Bref. J'avoue avoir en général beaucoup de mal avec ces thèmes là. Même si ici il y a quelque originalité, puisque Betty évolue comme une petite fille normale. Cependant ce détail m'a coupée dans mon élan et je n'ai plus trop retrouvé mon plaisir de lecture, ne pouvant plus gommer les quelques invraisemblances et imperfections sur lesquelles je passais auparavant.

En résumé (rapide) : Une historie d'amour pleine de fantaisie et de rêve, un poil de suspense, et beaucoup de Martha's Vineyard (ce qui n'est pas un reproche)(voir photos ci-dessous)


Les avis de Praline, saxaoul, à propos de livres,

mercredi 2 avril 2014

Une histoire d'hommes

Une histoire d'hommes
Zep
Rue de Sèvres, 2013

Les Tricky fingers, en 1995, c'étaient les frères Sandro et Yvan, et JB et Franck. Carrière coupée court un soir, en Angleterre. Sandro, lui a fait une grande carrière tout seul.
Sandro n'a jamais revu Yvan, jusqu'à ce que, vingt ans plus tard, il invite la bande dans sa propriété de la campagne anglaise.

J'ai lu cette BD sans savoir où ça allait, aucune idée du thème, et c'est une bonne surprise. C'est souvent amusant grâce aux réparties des personnages, mais il y a eu ruptures et deuils dans les parcours. A la fin, ouf, Yvan a grandi dans sa tête!
Et les femmes, dans cette histoire d'hommes? Elles sont deux, et comptent pas mal aussi!
Bien raconté, pas de longueurs. Découvrir le passé (et le présent) de chacun s'avère passionnant.
Pour le graphisme, rien à signaler de particulier, sauf l'utilisation des couleurs permettant de séparer les séquences temporelles.

Finalement, j'ai peut être du mal avec les romans français contemporains, mais pas avec la BD.
Zep en parle ici