Articles

Affichage des articles du septembre, 2017

Toxique

Image
Toxique Samanta Schweblin Gallimard, 2017 Traduit par Aurore Touya Il a suffi des  billets mystérieux et positifs de deux blogueuses pour que je me jette sur Toxique. Comme elles, je ne vais pas trop en dire (pour un roman de 120 pages, ça vaut mieux). Amanda souffre d'une étrange maladie et raconte son histoire à un enfant nommé David , dont les propos en italique la pressent de continuer, décidant lui-même de ce qui est important ou pas. Amanda et sa petite fille Nina séjournent dans une villa d'un village isolé. Le mari de Carla, mère de David , possède un élevage de chevaux. Mais d'après Carla, David est malade, comme Amanda, comme des chevaux, des canards, et plein d'enfants du coin. Pour les soins, un hôpital, et une femme habitant une maison verte, aux méthodes étranges. Comme l'a bien souligné Sandrine de Mes imaginaires, le roman est bâti sur des dialogues, mais avec une clarté et une fluidité sans faille. Au fur et à mesure, le lecteur se po

Vers la nuit

Image
Vers la nuit Touching the rock, 1990 Un journal de John Hull Seuil, Editions du sous-sol, 2017 (Robert Laffont, 1995) Traduit par Donatella Saulnier et Paule Vincent John Hull (né en 1935 en Australie et décédé en 2015 à Birmingham, Royaume Uni) était professeur de théologie et chercheur. Vers la nuit, après un bref rappel de ses origines familiales, ses études et ses problèmes précoces de vision, propose un journal tenu entre 1983 et 1986, où il évoque sa cécité, considérée comme effective en 1980 , après la naissance d'un de son fils Thomas. C'est absolument passionnant, mon exemplaire est bourré de post it, et je vais tenter de parler le mieux possible de ce livre vraiment riche. A vous de le lire, pour compléter ce que je pourrai en dire. L'auteur ne classe pas vraiment ses notes, quelques idées générales reviennent, mais le tout est extrêmement vivant, répond à beaucoup de questions que ce posent les 'voyants', et n'omet pas quelques réflexion

Sinon j'oublie

Image
Sinon j'oublie Clémentine Mélois Grasset, 2017 Je ne me souviens plus du tout pourquoi j'ai noté ce livre dans ma liste à lire, ou plus exactement où j'en ai entendu parler. Le petit carré jaune ? Quatrième de couverture Depuis plusieurs années, Clémentine Mélois collectionne les listes de commissions trouvées dans la rue. Chaque trouvaille est pour elle prétexte à se raconter une histoire. Qui est l’auteur ? Quels sont ses rêves, ses envies ? À partir d’une sélection de 99 listes (reproduites en image et en couleur), voici un portrait drôle et tendre d’hommes et de femmes qui se confient à la première personne, parlent de leurs vies, de nos vies. Grâce à la fiction, la réalité la plus prosaïque donne lieu à l’imagination la plus poétique. Je n'ai absolument pas résisté à une telle présentation. Qui n'a pas un jour retrouvé une telle liste au fond de son chariot au supermarché? Qui n'en a pas établi une? Celles de clémentine Mélois ne sont pas forcé

Jusqu'à l'impensable

Image
Jusqu'à l'impensable The crossing Mickael Connelly Calmann Lévy, 2017 Traduit par robert Pépin Harry Bosch, notre enquêteur californien préféré, s'est vu obligé de demander la retraite, il retape une vieille Harley, mais on sent que ça ne va pas lui suffire longtemps. Justement son demi-frère Mickey Haller, avocat de la défense travaillant dans une  Lincoln, s'affirme sûr que l'un de ses clients est innocent. Ce dernier, Da Quan Foster, ex-membre de gang rangé des mécaniques, est accusé d'un meurtre violent, et son ADN est retrouvé sur les lieux (y compris le corps de la victime). Haller demande l'aide de Bosch, pour qui passer du côté de la défense après toute une vie à s'acharner côté accusation est une trahison pure et simple. Il demande à réfléchir et accepte (sinon on aurait eu du mal à obtenir ce roman), considérant que si Foster est innocent, c'est qu'un misérable assassin est dans la nature, et ça, Bosch ne le supporte pas! Bosc

L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard

Image
L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard Isabelle Duquesnoy Editions de La Martinière, 2017 Fils de Johan Renard, joueur de serpent dans les cérémonies religieuses, et de Pâqueline Renard, confectionneuse de poupées, Victor Renard a connu une enfance difficile, battu par son père, injurié par sa mère. Comme sans doute bien des gamins nés en 1784. Doté d'un physique assez ingrat, il demeure un fils respectueux et obéissant, et accepte de devenir apprenti chez Monsieur Joulia, embaumeur de son état. Présenté comme cela, l'on pressent le roman historique et/ou picaresque, ce qu'il est, et de belle façon, offrant une vision franchement parfois épouvantable du Paris de l'époque. Question langue, la narration ne néglige pas les passés simples et le subjonctif, sans lourdeur, mêlés plaisamment avec des dialogues roboratifs, drus et imagés. Confession, alors? Oui, notre héros, Victor Renard, est le narrateur, il s'adresse à ses accusateur

Quand le diable sortit de la salle de bains

Image
Quand le diable sortit de la salle de bains Roman improvisé, interruptif et pas sérieux Sophie Divry Notabilia, Noir sur blanc, 2015 Mon intérêt pour les écrits de Sophie Divry va finir par se remarquer. Quatrième opus. Voici ce qu’elle en dit "Chaque fois que je commence un livre, j'ai l'impression d'écrire le contraire du précédent. Mon premier texte, La cote 400 , est un monologue de bibliothécaire déjantée; le deuxième, Journal d'un recommencement* , une promenade phénoménologique au cœur de l'Eglise catholique en ruines; le troisième, La condition pavillonnaire , retrace une existence parmi d'autres dans un pavillon individuel. Enfin, mon quatrième roman, (...), Chômage (titre provisoire), raconte d'une manière libre et humoristique les tribulations d’une chômeuse." * Pas lu mais j'ai envie, miam! Depuis, est paru Rouvrir le roman , et si j'ai bien compris, ces réflexions sur le roman ne sortent pas de nulle part. Dans Qua

Dans le désert

Image
Dans le désert Julien Blanc-Gras Au diable vauvert, 2017 "Ecrire un livre de voyage, c'est une déclaration d'amour. On égratigne parfois, on ironise, on témoigne des saloperies ou des absurdités dont on est témoin, mais on vante surtout des charmes, on dissèque la beauté, on tente de transmettre des bouquets de sensations. On passe des mois dessus, c'est un signe d'engagement, une preuve d'affection. Si tu ne te donnes pas un minimum, petit Qatar , comment veux-tu me séduire? Tu es fermé à double tour. Montre-moi comment t'aimer. Notre histoire est partie du mauvais pied." Map Data 2017 Google C'est sûr, le Qatar résiste à notre voyageur. Petite consolation : il résiste aussi à ceux qui ont les bonnes cartes en main, comme ce diplomate français arabophone d'origine algérienne. Un pays moderne, riche, aseptisé j'en ai l'impression. Sa richesse provient surtout du pétrole et du gaz, richesse profitant à tous les Qataris. Pas

J'aime le sexe mais je préfère la pizza

Image
J'aime le sexe mais je préfère la pizza Chroniques Thomas Raphaël Flammarion, 2017 TOUT EST VRAI annonce la quatrième de couverture. Après trois romans plutôt romantiques feel good, Thomas Raphaël passe au 'je'. Que l'on se rassure, ce trentenaire semble avoir vécu sans gros traumatismes enfantins, dans une famille aimante pourvue de cousins et d'aïeux, et être passé par des émois amoureux, bref chacun peut s'y reconnaître. Mais alors, pourquoi lire ce livre? Si je dis 'plein de sensibilité et d'humour', ça ne va pas suffire. Pourtant c'est la vérité. Les histoires  racontées par l'auteur, dans un ordre pas vraiment chronologique, sont transfigurées par un humour au second degré bourré d'autodérision, dont la finesse fait mouche. Parfois aussi l'on sent un petit cœur aimant et plein de sensibilité battant sous le T shirt, et le lecteur est touché. Les amours plus ou moins à éclipses, les maladies, il connaît. Alors on s

Malentendus

Image
Malentendus Bertrand Leclair Actes Sud, 2013 Un endroit où aller "Je l'ignore, et n'en saurai jamais rien sauf à l'imaginer, moi qui sais seulement que la surdité de Julien n'a été dépistée que plusieurs mois après son premier anniversaire, qui ne sais pas même si ses parents l'ont appris ensemble ou séparément.  Tous deux étaient morts depuis des années lorsque j'ai eu vent de l'histoire de leur fils, au cours des ateliers en langue des signes que j'ai animés, l'année 2008, au sein de l' International Visual Theater, à Paris , afin d'aboutir à une pièce de théâtre bilingue qui a été créée depuis, Héritages . Et qui donc pourrait prétendre m'en dire plus? Ni celui que je nomme Julien, ni son frère ni sa soeur n'en savent davantage." Alors que la langue des signes existe en France depuis le 18ème siècle, elle a été ensuite combattue et interdite, pour devenir seulement en fin du 20ème siècle autorisée à l'écol

Canada

Image
Canada Richard Ford Editions de l'Olivier, 2013 Je poursuis ma découverte des romans de Richard Ford, délaissant à regret la série Frank Bascombe (le suivant à lire aurait dû rentrer à la bibli le 7 juillet...), avec ce roman ayant obtenu le prix Fémina étranger 2013. Début de la quatrième de couverture, et du roman: « D'abord, je vais vous raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard. » C'est Dell, un adolescent de quinze ans , qui raconte l'histoire, mais on se doute qu'avec Richard Ford il n'y aura pas de suspense insoutenable. Comment en est-on arrivé là? se demande le lecteur, ferré aussi par les minuscules informations distillées ici ou là, éclairant l'avenir. D'ailleurs l'histoire est racontée par un Dell bien adulte, cinquante ans plus tard. Cet été 1960, où Dell attend impatiemment la rentrée des classes, se passionnant pour les échecs et l'apiculture, semblant bien moin

Hillbilly Elégie

Image
Hillbilly Elégie Hillbilly Elegy  A memoir of a Family and Culture in Crisis J.D. Vance Globe, 2017 Traduit par Vincent Raynaud Au départ, je voulais en savoir plus sur ces Hillbillies (péquenots) vus par l'un d'entre eux, et puis j'aime beaucoup les éditions Globe. Né en 1984 à Middletown, Ohio , où ses grands parents se sont installés, l'auteur a gardé des racines à Jackson, Kentucky . Le seul de son lycée à avoir fréquenté une 'bonne' université (Yale dans son cas), il est avocat et habite à San Francisco. Déjà je ne suis pas d'accord avec la traduction péquenot, qui s'adresse plutôt au monde paysan, alors que l'auteur dit "se concentrer sur un groupe de gens que je connais - les Blancs de la classe ouvrière qui viennent des Appalaches. " Le grand père a obtenu un travail correct dans une usine de Jackson, la mère était infirmière, etc. Mais peu importe, il s'agit de gens d' origine irlando-écossaise, pauvres en génér

The daughter of time / La fille du temps

Image
The daughter of time (La fille du temps, existe en poche) Josephine Tey Penguin Books, 1954 Truth is the daughter of time (la vérité est la fille du temps) Francis Bacon Il y a fort longtemps j'avais lu ce roman (et même relu) et jamais oublié le plaisir que j'en avais retiré. Jusqu'à ce que Sandrine en parle récemment, et en particulier de la passionnante émission anglaise Richard III, la fin d'une énigme. A vous d'aller scruter de près son billet fort complet. Il me fallait donc le relire, et pourquoi pas en VO, tiens? Moins de 200 pages, je précise. Car entre temps Richard II, Richard III et Henri VI ont croisé mon chemin grâce à Shakespeare. Oui, tous ces rois anglais plus ou moins cousins, la guerre des deux roses, bref, cette époque. Avec dans le rôle du super méchant, du vilain plus plus plus : Richard III ! Pensez donc, il a fait assassiner ses deux jeunes neveux à la Tour de Londres! Paul Delaroche,  Les Enfants d'Édouard   (Musée

La vie sauvage

Image
La vie sauvage Thomas Gunzig Au diable vauvert, 2017 Ayant déjà lu deux romans de l'auteur, et bien aimé, j'y allais de confiance. Un avion qui survole l'Afrique, un crash, pas de survivants. Quoique, si, un bébé, Charles, recueilli et éduqué par Cul-Nu, l'amoureux des livres, qui lui inculquera une solide base de poésie et de littérature. Le tout dans un coin d'Afrique équatoriale bien pourvu en conflits et horreurs. Charles démarre une belle histoire d'amour avec Septembre, hélas interrompue car sa famille le retrouve et le voilà rejoignant la famille des ses oncle, tante, cousin cousine, fréquentant le lycée du coin, et découvrant le monde des ados européens, facebook et tout ça. Bref, au début, cela s'annonçait fort bien , au point que L'Ingénu de Voltaire m'est revenu en mémoire. Usage d'une bonne plume (un poil étonnante de la part du narrateur, mais baste, il a été nourri de Baudelaire et Verlaine entre autres) et causticité