Toxique
Samanta Schweblin
Gallimard, 2017
Traduit par Aurore Touya
Il a suffi des billets mystérieux et positifs de deux blogueuses pour que je me jette sur Toxique. Comme elles, je ne vais pas trop en dire (pour un roman de 120 pages, ça vaut mieux).
Amanda souffre d'une étrange maladie et raconte son histoire à un enfant nommé David, dont les propos en italique la pressent de continuer, décidant lui-même de ce qui est important ou pas. Amanda et sa petite fille Nina séjournent dans une villa d'un village isolé. Le mari de Carla, mère de David, possède un élevage de chevaux. Mais d'après Carla, David est malade, comme Amanda, comme des chevaux, des canards, et plein d'enfants du coin. Pour les soins, un hôpital, et une femme habitant une maison verte, aux méthodes étranges.
Comme l'a bien souligné Sandrine de Mes imaginaires, le roman est bâti sur des dialogues, mais avec une clarté et une fluidité sans faille.
Au fur et à mesure, le lecteur se pose des questions, David presse Amanda, sinon elle n'aura pas d'explications. Le lecteur est happé, mais c'est quoi cette mystérieuse maladie, qu'est-ce qui est vrai ou rêvé, que s'est-il passé, qui ment?
Le titre anglais, Fever Dream, semble avoir opté pour une sorte de délire de malade sur son lit (ce qui n'empêche pas que certains faits soient réels), le titre français, Toxique, cible un peu la cause de la maladie (les bidons?), le titre original, Distancia de rescate, fait allusion à une "distance de secours", "j'appelle ainsi cette distance variable qui me sépare de ma fille", par exemple "le temps qu'il me faudrait pour sortir de la voiture et courir jusqu'à Nina si elle s'élançait soudain vers la piscine et s'y jetait".
Alors mon avis? Heu j'avoue avoir du mal avec ces récits trop flous et nébuleux pour mon esprit cartésien. Ajoutons un changement de corps (si j'ai bien compris). J'ai lu le dernier quart en mode 'scanner de page', alors peut-être ai-je raté des informations. Je ne demande pas qu'on m'explique forcément tout, je veux bien me laisser balader sur des pistes fausses ou pas, j'accepte que polluer l'eau avec des produits toxiques ce n'est pas bien, mais quand je réussis à m'ennuyer sur plusieurs dizaines de pages, c'est mauvais signe. Désolée, Eva et Sandrine!
Les avis de Eva, Mes imaginaires,
vendredi 29 septembre 2017
mercredi 27 septembre 2017
Vers la nuit
Vers la nuit
Touching the rock, 1990
Un journal de
John Hull
Seuil, Editions du sous-sol, 2017
(Robert Laffont, 1995)
Traduit par Donatella Saulnier et Paule Vincent
John Hull (né en 1935 en Australie et décédé en 2015 à Birmingham, Royaume Uni) était professeur de théologie et chercheur. Vers la nuit, après un bref rappel de ses origines familiales, ses études et ses problèmes précoces de vision, propose un journal tenu entre 1983 et 1986, où il évoque sa cécité, considérée comme effective en 1980, après la naissance d'un de son fils Thomas. C'est absolument passionnant, mon exemplaire est bourré de post it, et je vais tenter de parler le mieux possible de ce livre vraiment riche. A vous de le lire, pour compléter ce que je pourrai en dire.
L'auteur ne classe pas vraiment ses notes, quelques idées générales reviennent, mais le tout est extrêmement vivant, répond à beaucoup de questions que ce posent les 'voyants', et n'omet pas quelques réflexions de bon aloi et attendues d'un professeur d'université, qui a su observer les changements dans sa vie, les réactions, les sensations, et proposer des considérations originales.
J'y vais en vrac, un peu comme le livre:
Quelques rêves sont relatés, oui, l'on continue à rêver en images. Juste la remarque que les visages deviennent moins précis.
Plus généralement Hull parle des visages connus, de leur évolution dans sa mémoire. Mais aussi:
"Pendant mes deux premières années de cécité, les gens pour moi se divisaient en deux groupes: ceux qui avaient un visage et ceux qui n'en avaient pas.C'était un peu comme une visite à la National Gallery. Il y a des rangées de portraits et, soudain, un vide."
"Quand on est aveugle, on se rend compte du nombre de formules faisant référence à la vue dans le langage." "Toute la structure de notre discours quotidien et ordinaire présuppose un univers voyant."
Bien sûr il utilise une canne blanche, mais possède une certaine perception des obstacles. (curieusement je comprends cela, pour lui c'est exacerbé bien sûr, mais quand je me déplace dans ma maison dans l'obscurité totale -oui, je suis bizarre- il m'arrive de m'arrêter juste avant de heurter un objet - et là j'avance les mains pour 'voir')(avec de l'habitude je pose les mains exactement où se situent les meubles).
La pluie lui permet des expériences extraordinaires." La pluie a une façon particulière de faire ressortir les contours; elle jette un voile de couleur sur des choses auparavant invisibles; une pluie régulière substitue à un monde intermittent et donc fragmenté une continuité d'expérience acoustique." La pluie fait ressortir le paysage!
Ouïe et vue
L'organe par lequel on entend (l'oreille) et ceux par lequel on se fait entendre ( le larynx et la bouche) ne sont pas les mêmes Alors que l'organe par lequel on voit et celui par lequel on est vu sont les mêmes. La vue est réciproque, tandis que l'ouïe est séquentielle."
Hull pense que l'auteur du psaume 139 était aveugle. En tout cas, il en fait une étude brillante et fascinante (pages 80 et autour)
Il a constaté que sa perception du temps a changé. "je ne peux pas me presser." "Peut-être toutes les infirmités graves provoquent-elles un rétrécissement de l'espace et un étirement du temps."
Filons, vers "Qu'est-ce qui correspond, sur le plan visuel, à la différence entre le bruit et le silence?" Après réflexions, il conclut qu'il semble que non. Puis, plus loin : "Il est considéré comme impie de regarder Dieu mais il est permis de l'entendre. Le bruit est transcendant."
Le livre cite abondamment des expériences et rencontres avec les autres, particulièrement ses enfants, avec lesquels il peut jouer, les accompagner à l'école, etc. Parfois il lui est plus facile d'être seul pour appréhender un itinéraire.
Il se considère "comme quelqu'un qui voit de tout son corps."
J'espère vous avoir fait toucher/voir/percevoir (!) la richesse de ce livre et je suis sûre qu'à votre tour vous y trouverez des points intéressants.
Un bref avis sur babelio, parfait résumé,
Touching the rock, 1990
Un journal de
John Hull
Seuil, Editions du sous-sol, 2017
(Robert Laffont, 1995)
Traduit par Donatella Saulnier et Paule Vincent
John Hull (né en 1935 en Australie et décédé en 2015 à Birmingham, Royaume Uni) était professeur de théologie et chercheur. Vers la nuit, après un bref rappel de ses origines familiales, ses études et ses problèmes précoces de vision, propose un journal tenu entre 1983 et 1986, où il évoque sa cécité, considérée comme effective en 1980, après la naissance d'un de son fils Thomas. C'est absolument passionnant, mon exemplaire est bourré de post it, et je vais tenter de parler le mieux possible de ce livre vraiment riche. A vous de le lire, pour compléter ce que je pourrai en dire.
L'auteur ne classe pas vraiment ses notes, quelques idées générales reviennent, mais le tout est extrêmement vivant, répond à beaucoup de questions que ce posent les 'voyants', et n'omet pas quelques réflexions de bon aloi et attendues d'un professeur d'université, qui a su observer les changements dans sa vie, les réactions, les sensations, et proposer des considérations originales.
J'y vais en vrac, un peu comme le livre:
Quelques rêves sont relatés, oui, l'on continue à rêver en images. Juste la remarque que les visages deviennent moins précis.
Plus généralement Hull parle des visages connus, de leur évolution dans sa mémoire. Mais aussi:
"Pendant mes deux premières années de cécité, les gens pour moi se divisaient en deux groupes: ceux qui avaient un visage et ceux qui n'en avaient pas.C'était un peu comme une visite à la National Gallery. Il y a des rangées de portraits et, soudain, un vide."
"Quand on est aveugle, on se rend compte du nombre de formules faisant référence à la vue dans le langage." "Toute la structure de notre discours quotidien et ordinaire présuppose un univers voyant."
Bien sûr il utilise une canne blanche, mais possède une certaine perception des obstacles. (curieusement je comprends cela, pour lui c'est exacerbé bien sûr, mais quand je me déplace dans ma maison dans l'obscurité totale -oui, je suis bizarre- il m'arrive de m'arrêter juste avant de heurter un objet - et là j'avance les mains pour 'voir')(avec de l'habitude je pose les mains exactement où se situent les meubles).
La pluie lui permet des expériences extraordinaires." La pluie a une façon particulière de faire ressortir les contours; elle jette un voile de couleur sur des choses auparavant invisibles; une pluie régulière substitue à un monde intermittent et donc fragmenté une continuité d'expérience acoustique." La pluie fait ressortir le paysage!
Ouïe et vue
L'organe par lequel on entend (l'oreille) et ceux par lequel on se fait entendre ( le larynx et la bouche) ne sont pas les mêmes Alors que l'organe par lequel on voit et celui par lequel on est vu sont les mêmes. La vue est réciproque, tandis que l'ouïe est séquentielle."
Hull pense que l'auteur du psaume 139 était aveugle. En tout cas, il en fait une étude brillante et fascinante (pages 80 et autour)
Il a constaté que sa perception du temps a changé. "je ne peux pas me presser." "Peut-être toutes les infirmités graves provoquent-elles un rétrécissement de l'espace et un étirement du temps."
Filons, vers "Qu'est-ce qui correspond, sur le plan visuel, à la différence entre le bruit et le silence?" Après réflexions, il conclut qu'il semble que non. Puis, plus loin : "Il est considéré comme impie de regarder Dieu mais il est permis de l'entendre. Le bruit est transcendant."
Le livre cite abondamment des expériences et rencontres avec les autres, particulièrement ses enfants, avec lesquels il peut jouer, les accompagner à l'école, etc. Parfois il lui est plus facile d'être seul pour appréhender un itinéraire.
Il se considère "comme quelqu'un qui voit de tout son corps."
J'espère vous avoir fait toucher/voir/percevoir (!) la richesse de ce livre et je suis sûre qu'à votre tour vous y trouverez des points intéressants.
Un bref avis sur babelio, parfait résumé,
lundi 25 septembre 2017
Sinon j'oublie
Sinon j'oublie
Clémentine Mélois
Grasset, 2017
Je ne me souviens plus du tout pourquoi j'ai noté ce livre dans ma liste à lire, ou plus exactement où j'en ai entendu parler. Le petit carré jaune?
Quatrième de couverture
Depuis plusieurs années, Clémentine Mélois collectionne les listes de commissions trouvées dans la rue. Chaque trouvaille est pour elle prétexte à se raconter une histoire. Qui est l’auteur ? Quels sont ses rêves, ses envies ? À partir d’une sélection de 99 listes (reproduites en image et en couleur), voici un portrait drôle et tendre d’hommes et de femmes qui se confient à la première personne, parlent de leurs vies, de nos vies. Grâce à la fiction, la réalité la plus prosaïque donne lieu à l’imagination la plus poétique.
Je n'ai absolument pas résisté à une telle présentation. Qui n'a pas un jour retrouvé une telle liste au fond de son chariot au supermarché? Qui n'en a pas établi une? Celles de clémentine Mélois ne sont pas forcément récentes (en francs!), on sent la collectionneuse.
Je m'attendais à ce que l'imagination (fertile, je confirme) de l'auteur crée une histoire en lien évident avec la liste présentée, mais non, pas forcément et peu importe. Trois lignes ou une page suffisent à entraîner le lecteur dans une histoire, quel talent! Humour, parfois poésie décalée sont au service de ces narrateurs imaginés (toutes les histoires sont en 'je') que l'on connaît, si, si, on les a tous rencontrés, ces gens là.
Quelques exemples (mais il faut toutes les lire, en grappillant éventuellement)
Christel
Ce matin, dans l'un de ces élans de bravoure qui me caractérisent parfois, prête à affronter l'effroyable vérité, je monte sur la balance. Elle dit 'Batterie faible'. Je l'ai assez bien pris.
J'ai quelques heures pour acheter des piles et perdre dix kilos."
Jérôme
"je ne suis pas le premier à le dire, mais pour draguer il n'y a rien de tel que Monsieur Bricolage. C'est gavé de femmes seules en train de galérer au rayon perceuses. Ça hésite, ça compare et ça ne sait pas quoi choisir. Alors moi, grand prince, je propose d'être leur serviteur. (...)
Enzo
Pour faire un kilo de plumes par rapport à un kilo de plomb, il doit falloir au moins dix kilos. Ou alors il faut les mouiller.
Albert
Longtemps je me suis couché de bonne heure. Mais maintenant que je suis à la retraite, c'est bien, je peux regarder les films en deuxième partie de soirée.
L'auteur
Clémentine Mélois est née en 1980. Auteur d’un recueil de pastiches de classiques de la littérature (Cent titres, Grasset 2014) et d’un traité de nihilisme pour la jeunesse (Jean-Loup fait des trucs, Les Fourmis rouges 2015). Elle est aussi l’une des « Papous » de France Culture.
(décidément, après Sophie Divry, je découvre...)
Encore! Challenge Lire sous la contrainte chez Philippe
Clémentine Mélois
Grasset, 2017
Je ne me souviens plus du tout pourquoi j'ai noté ce livre dans ma liste à lire, ou plus exactement où j'en ai entendu parler. Le petit carré jaune?
Quatrième de couverture
Depuis plusieurs années, Clémentine Mélois collectionne les listes de commissions trouvées dans la rue. Chaque trouvaille est pour elle prétexte à se raconter une histoire. Qui est l’auteur ? Quels sont ses rêves, ses envies ? À partir d’une sélection de 99 listes (reproduites en image et en couleur), voici un portrait drôle et tendre d’hommes et de femmes qui se confient à la première personne, parlent de leurs vies, de nos vies. Grâce à la fiction, la réalité la plus prosaïque donne lieu à l’imagination la plus poétique.
Je n'ai absolument pas résisté à une telle présentation. Qui n'a pas un jour retrouvé une telle liste au fond de son chariot au supermarché? Qui n'en a pas établi une? Celles de clémentine Mélois ne sont pas forcément récentes (en francs!), on sent la collectionneuse.
Je m'attendais à ce que l'imagination (fertile, je confirme) de l'auteur crée une histoire en lien évident avec la liste présentée, mais non, pas forcément et peu importe. Trois lignes ou une page suffisent à entraîner le lecteur dans une histoire, quel talent! Humour, parfois poésie décalée sont au service de ces narrateurs imaginés (toutes les histoires sont en 'je') que l'on connaît, si, si, on les a tous rencontrés, ces gens là.
Quelques exemples (mais il faut toutes les lire, en grappillant éventuellement)
Christel
Ce matin, dans l'un de ces élans de bravoure qui me caractérisent parfois, prête à affronter l'effroyable vérité, je monte sur la balance. Elle dit 'Batterie faible'. Je l'ai assez bien pris.
J'ai quelques heures pour acheter des piles et perdre dix kilos."
Jérôme
"je ne suis pas le premier à le dire, mais pour draguer il n'y a rien de tel que Monsieur Bricolage. C'est gavé de femmes seules en train de galérer au rayon perceuses. Ça hésite, ça compare et ça ne sait pas quoi choisir. Alors moi, grand prince, je propose d'être leur serviteur. (...)
Enzo
Pour faire un kilo de plumes par rapport à un kilo de plomb, il doit falloir au moins dix kilos. Ou alors il faut les mouiller.
Albert
Longtemps je me suis couché de bonne heure. Mais maintenant que je suis à la retraite, c'est bien, je peux regarder les films en deuxième partie de soirée.
L'auteur
Clémentine Mélois est née en 1980. Auteur d’un recueil de pastiches de classiques de la littérature (Cent titres, Grasset 2014) et d’un traité de nihilisme pour la jeunesse (Jean-Loup fait des trucs, Les Fourmis rouges 2015). Elle est aussi l’une des « Papous » de France Culture.
(décidément, après Sophie Divry, je découvre...)
Encore! Challenge Lire sous la contrainte chez Philippe
vendredi 22 septembre 2017
Jusqu'à l'impensable
Jusqu'à l'impensable
The crossing
Mickael Connelly
Calmann Lévy, 2017
Traduit par robert Pépin
Harry Bosch, notre enquêteur californien préféré, s'est vu obligé de demander la retraite, il retape une vieille Harley, mais on sent que ça ne va pas lui suffire longtemps. Justement son demi-frère Mickey Haller, avocat de la défense travaillant dans une Lincoln, s'affirme sûr que l'un de ses clients est innocent. Ce dernier, Da Quan Foster, ex-membre de gang rangé des mécaniques, est accusé d'un meurtre violent, et son ADN est retrouvé sur les lieux (y compris le corps de la victime). Haller demande l'aide de Bosch, pour qui passer du côté de la défense après toute une vie à s'acharner côté accusation est une trahison pure et simple. Il demande à réfléchir et accepte (sinon on aurait eu du mal à obtenir ce roman), considérant que si Foster est innocent, c'est qu'un misérable assassin est dans la nature, et ça, Bosch ne le supporte pas!
Bosch n'est plus en service officiellement, mais se débrouille tout de même; nous sommes aux Etats Unis, donc il a toujours une ou deux armes en sa possession. D'ex-collègues acceptent de l'aider 'sous le manteau', et finalement ne pas avoir de hiérarchie ou de collègues à gérer, ce n'est pas plus mal.
Voir Bosch éplucher un livre du crime (les pièces officielles) est un vrai bonheur, et il mettra la main sur un détail qui a son importance, détail qui fera tout basculer. Un bon opus, sans triche (le lecteur avance au même pas que Bosch)(et même un peu en avance puisqu'on suit deux flics ripoux en même temps); et sans fausse montée d'adrénaline, l'intellect et la réflexion du lecteur étant plus sollicités que ses nerfs. Redoutablement efficace et intelligent, moi ça me plait.
Les avis de
Double apostrophe, donc Challenge Lire sous la contrainte chez Philippe
The crossing
Mickael Connelly
Calmann Lévy, 2017
Traduit par robert Pépin
Harry Bosch, notre enquêteur californien préféré, s'est vu obligé de demander la retraite, il retape une vieille Harley, mais on sent que ça ne va pas lui suffire longtemps. Justement son demi-frère Mickey Haller, avocat de la défense travaillant dans une Lincoln, s'affirme sûr que l'un de ses clients est innocent. Ce dernier, Da Quan Foster, ex-membre de gang rangé des mécaniques, est accusé d'un meurtre violent, et son ADN est retrouvé sur les lieux (y compris le corps de la victime). Haller demande l'aide de Bosch, pour qui passer du côté de la défense après toute une vie à s'acharner côté accusation est une trahison pure et simple. Il demande à réfléchir et accepte (sinon on aurait eu du mal à obtenir ce roman), considérant que si Foster est innocent, c'est qu'un misérable assassin est dans la nature, et ça, Bosch ne le supporte pas!
Bosch n'est plus en service officiellement, mais se débrouille tout de même; nous sommes aux Etats Unis, donc il a toujours une ou deux armes en sa possession. D'ex-collègues acceptent de l'aider 'sous le manteau', et finalement ne pas avoir de hiérarchie ou de collègues à gérer, ce n'est pas plus mal.
Voir Bosch éplucher un livre du crime (les pièces officielles) est un vrai bonheur, et il mettra la main sur un détail qui a son importance, détail qui fera tout basculer. Un bon opus, sans triche (le lecteur avance au même pas que Bosch)(et même un peu en avance puisqu'on suit deux flics ripoux en même temps); et sans fausse montée d'adrénaline, l'intellect et la réflexion du lecteur étant plus sollicités que ses nerfs. Redoutablement efficace et intelligent, moi ça me plait.
Les avis de
Double apostrophe, donc Challenge Lire sous la contrainte chez Philippe
mercredi 20 septembre 2017
L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard
L'Embaumeur
ou l'odieuse confession de Victor Renard
Isabelle Duquesnoy
Editions de La Martinière, 2017
Fils de Johan Renard, joueur de serpent dans les cérémonies religieuses, et de Pâqueline Renard, confectionneuse de poupées, Victor Renard a connu une enfance difficile, battu par son père, injurié par sa mère. Comme sans doute bien des gamins nés en 1784. Doté d'un physique assez ingrat, il demeure un fils respectueux et obéissant, et accepte de devenir apprenti chez Monsieur Joulia, embaumeur de son état.
Présenté comme cela, l'on pressent le roman historique et/ou picaresque, ce qu'il est, et de belle façon, offrant une vision franchement parfois épouvantable du Paris de l'époque.
Question langue, la narration ne néglige pas les passés simples et le subjonctif, sans lourdeur, mêlés plaisamment avec des dialogues roboratifs, drus et imagés.
Confession, alors? Oui, notre héros, Victor Renard, est le narrateur, il s'adresse à ses accusateurs dans une tribunal, et l'on sent que son sort est scellé. Mais pourquoi? De quoi l'accuse-t-on? Comment ce type bêta, naïf, incapable de faire du mal à une mouche, s'est-il retrouve dans une geôle repoussante?
Vous le saurez en dévorant des pages parfois peu ragoûtantes sur l'art de l'embaumement et les profanations de tombes, et en découvrant les amours dudit Victor (bien sûr que je n'ai pas tout dit!), oscillant entre l'amusement et la stupeur.
Je découvre ce matin (le 21) le billet de Marie-Claude. Qui mènera vers une interview de l'auteur par books, moods and more, et le billet d'icelle,
Comme ce titre contient une apostrophe, et même deux, il participe au Challenge sous la contrainte tout nouveau chez Philippe
ou l'odieuse confession de Victor Renard
Isabelle Duquesnoy
Editions de La Martinière, 2017
Fils de Johan Renard, joueur de serpent dans les cérémonies religieuses, et de Pâqueline Renard, confectionneuse de poupées, Victor Renard a connu une enfance difficile, battu par son père, injurié par sa mère. Comme sans doute bien des gamins nés en 1784. Doté d'un physique assez ingrat, il demeure un fils respectueux et obéissant, et accepte de devenir apprenti chez Monsieur Joulia, embaumeur de son état.
Présenté comme cela, l'on pressent le roman historique et/ou picaresque, ce qu'il est, et de belle façon, offrant une vision franchement parfois épouvantable du Paris de l'époque.
Question langue, la narration ne néglige pas les passés simples et le subjonctif, sans lourdeur, mêlés plaisamment avec des dialogues roboratifs, drus et imagés.
Confession, alors? Oui, notre héros, Victor Renard, est le narrateur, il s'adresse à ses accusateurs dans une tribunal, et l'on sent que son sort est scellé. Mais pourquoi? De quoi l'accuse-t-on? Comment ce type bêta, naïf, incapable de faire du mal à une mouche, s'est-il retrouve dans une geôle repoussante?
Vous le saurez en dévorant des pages parfois peu ragoûtantes sur l'art de l'embaumement et les profanations de tombes, et en découvrant les amours dudit Victor (bien sûr que je n'ai pas tout dit!), oscillant entre l'amusement et la stupeur.
Je découvre ce matin (le 21) le billet de Marie-Claude. Qui mènera vers une interview de l'auteur par books, moods and more, et le billet d'icelle,
Comme ce titre contient une apostrophe, et même deux, il participe au Challenge sous la contrainte tout nouveau chez Philippe
lundi 18 septembre 2017
Quand le diable sortit de la salle de bains
Quand le diable sortit de la salle de bains
Roman improvisé, interruptif et pas sérieux
Sophie Divry
Notabilia, Noir sur blanc, 2015
Mon intérêt pour les écrits de Sophie Divry va finir par se remarquer. Quatrième opus. Voici ce qu’elle en dit
"Chaque fois que je commence un livre, j'ai l'impression d'écrire le contraire du précédent. Mon premier texte, La cote 400, est un monologue de bibliothécaire déjantée; le deuxième, Journal d'un recommencement*, une promenade phénoménologique au cœur de l'Eglise catholique en ruines; le troisième, La condition pavillonnaire, retrace une existence parmi d'autres dans un pavillon individuel. Enfin, mon quatrième roman, (...), Chômage (titre provisoire), raconte d'une manière libre et humoristique les tribulations d’une chômeuse."
*Pas lu mais j'ai envie, miam!
Depuis, est paru Rouvrir le roman, et si j'ai bien compris, ces réflexions sur le roman ne sortent pas de nulle part. Dans Quand le diable sortit de la salle de bains, à feuilleter simplement, l'on découvre des mises en pages, des dessins, des caractères non alphabétiques, mille choses qui ont dû susciter pas mal de discussions entre l'auteur et les façonniers du bouquin, je le sens.
Voilà pour l'apparence.
Quant au contenu, ma foi, Sophie Divry ne se refuse pas grand chose. C'est sûr qu'après Tristram Shandy (cité dans Rouvrir le roman) on a les moyens de tout se permettre!
Les lecteurs épris de classicisme narratif peuvent très bien se passionner pour l'histoire de cette jeune femme dans la dèche, aux prises avec Pôle emploi, affamée réellement en attendant l'argent dû, testant des petits boulots, et retrouvant parfois la douceur du cocon familial.
Vivre quotidiennement dans la pauvreté est très bien analysé ("Quand on n'a pas d'argent, les limites ne vous lâchent jamais", ou par exemple l'arrivée de la facture d'eau)
Mention spéciale à Bertrande, la dame au grand coeur, charitable en laissant leur dignité aux personnes aidées. "De sorte que je la quittai allégée de la faim comme de la honte du quémandeur."
Mais souvent ça dérape dans le bien décalé comme j'aime.
Renoncer à se faire cuire des nouilles se nommerait le vespéropastoflemmage.
"Si je mollybloomise ce qui se disait mot à mot, cela donnerait"
La bouilloire et le grille-pain se livrent à un dialogue dans un français parfait lors d'un passage complètement barré ("reprit la baignoire en faisant claquer plusieurs fois son bouton on/off")
Plus des listes (longues parfois) de comparaisons, les hommes qu’elle n'aime pas, etc.
L'intervention d'un personnage désirant un passage chaud bouillant dans le roman (et l'auteur obtempère, écartez les enfants!)
La rencontre avec Bergounioux dans le train
Cela se sent, j'espère, le bonheur de lecture, l'enthousiasme?
Les avis de Le Bouquineur, Violette, Pr Platypus, Yv, kathel, cathulu, cuné,
Roman improvisé, interruptif et pas sérieux
Sophie Divry
Notabilia, Noir sur blanc, 2015
Mon intérêt pour les écrits de Sophie Divry va finir par se remarquer. Quatrième opus. Voici ce qu’elle en dit
"Chaque fois que je commence un livre, j'ai l'impression d'écrire le contraire du précédent. Mon premier texte, La cote 400, est un monologue de bibliothécaire déjantée; le deuxième, Journal d'un recommencement*, une promenade phénoménologique au cœur de l'Eglise catholique en ruines; le troisième, La condition pavillonnaire, retrace une existence parmi d'autres dans un pavillon individuel. Enfin, mon quatrième roman, (...), Chômage (titre provisoire), raconte d'une manière libre et humoristique les tribulations d’une chômeuse."
*Pas lu mais j'ai envie, miam!
Depuis, est paru Rouvrir le roman, et si j'ai bien compris, ces réflexions sur le roman ne sortent pas de nulle part. Dans Quand le diable sortit de la salle de bains, à feuilleter simplement, l'on découvre des mises en pages, des dessins, des caractères non alphabétiques, mille choses qui ont dû susciter pas mal de discussions entre l'auteur et les façonniers du bouquin, je le sens.
Voilà pour l'apparence.
Quant au contenu, ma foi, Sophie Divry ne se refuse pas grand chose. C'est sûr qu'après Tristram Shandy (cité dans Rouvrir le roman) on a les moyens de tout se permettre!
Les lecteurs épris de classicisme narratif peuvent très bien se passionner pour l'histoire de cette jeune femme dans la dèche, aux prises avec Pôle emploi, affamée réellement en attendant l'argent dû, testant des petits boulots, et retrouvant parfois la douceur du cocon familial.
Vivre quotidiennement dans la pauvreté est très bien analysé ("Quand on n'a pas d'argent, les limites ne vous lâchent jamais", ou par exemple l'arrivée de la facture d'eau)
Mention spéciale à Bertrande, la dame au grand coeur, charitable en laissant leur dignité aux personnes aidées. "De sorte que je la quittai allégée de la faim comme de la honte du quémandeur."
Mais souvent ça dérape dans le bien décalé comme j'aime.
Renoncer à se faire cuire des nouilles se nommerait le vespéropastoflemmage.
"Si je mollybloomise ce qui se disait mot à mot, cela donnerait"
La bouilloire et le grille-pain se livrent à un dialogue dans un français parfait lors d'un passage complètement barré ("reprit la baignoire en faisant claquer plusieurs fois son bouton on/off")
Plus des listes (longues parfois) de comparaisons, les hommes qu’elle n'aime pas, etc.
L'intervention d'un personnage désirant un passage chaud bouillant dans le roman (et l'auteur obtempère, écartez les enfants!)
La rencontre avec Bergounioux dans le train
Cela se sent, j'espère, le bonheur de lecture, l'enthousiasme?
Les avis de Le Bouquineur, Violette, Pr Platypus, Yv, kathel, cathulu, cuné,
vendredi 15 septembre 2017
Dans le désert
Dans le désert
Julien Blanc-Gras
Au diable vauvert, 2017
"Ecrire un livre de voyage, c'est une déclaration d'amour. On égratigne parfois, on ironise, on témoigne des saloperies ou des absurdités dont on est témoin, mais on vante surtout des charmes, on dissèque la beauté, on tente de transmettre des bouquets de sensations. On passe des mois dessus, c'est un signe d'engagement, une preuve d'affection. Si tu ne te donnes pas un minimum, petit Qatar, comment veux-tu me séduire? Tu es fermé à double tour. Montre-moi comment t'aimer. Notre histoire est partie du mauvais pied."
C'est sûr, le Qatar résiste à notre voyageur. Petite consolation : il résiste aussi à ceux qui ont les bonnes cartes en main, comme ce diplomate français arabophone d'origine algérienne. Un pays moderne, riche, aseptisé j'en ai l'impression. Sa richesse provient surtout du pétrole et du gaz, richesse profitant à tous les Qataris. Pas d'impôts sur le revenu, transport, santé, éducation quasiment gratuits. Des crèches à l'université pour les enfants des étudiantes.
Le rêve? Pour les Qataris, qui en tout cas ne songent guère à se révolter. Les non Qataris n'ont pas intérêt à trop se montrer, quant aux ouvriers peu payés à construire les très très hauts immeubles, et au petit personnel dans les maisons, tant pis pour eux.
Pour se changer les idées dans cette cité en noir (pour les femmes) et blanc (pour les hommes), l'auteur tente de se rendre à Bahrein, hélas peu journaliste-friendly. L'Arabie Saoudite? Même pas en rêve, ce pays ne délivre pas de visa touristique. Ce pays est à "la tête d’une commission du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, ce qui revient peu ou prou à confier la protection de l'enfance à Marc Dutroux."
"Doha est une expérience urbaine, une cité-champignon du far-east sans saloon" (hé oui, pas d'alcool)
Enfin, heureusement, l'horizon s'éclaircit un peu pour notre voyageur dans les Emirats Arabes Unis. "Il faut s'attacher à la part de lumière de l'autre car s'attarder sur l'ombre la fait grandir."
Si vous voulez en savoir un peu plus sur ces pays pas si lointains géographiquement, suivez le guide, il s'appelle Julien Blanc-Gras, garde confiance en l'homme et son sens d' l'humour en toute occasion, y compris quand une conductrice en hijab lui fait un doigt d'honneur...
Les avis de cathulu,
Julien Blanc-Gras
Au diable vauvert, 2017
"Ecrire un livre de voyage, c'est une déclaration d'amour. On égratigne parfois, on ironise, on témoigne des saloperies ou des absurdités dont on est témoin, mais on vante surtout des charmes, on dissèque la beauté, on tente de transmettre des bouquets de sensations. On passe des mois dessus, c'est un signe d'engagement, une preuve d'affection. Si tu ne te donnes pas un minimum, petit Qatar, comment veux-tu me séduire? Tu es fermé à double tour. Montre-moi comment t'aimer. Notre histoire est partie du mauvais pied."
Map Data 2017 Google |
C'est sûr, le Qatar résiste à notre voyageur. Petite consolation : il résiste aussi à ceux qui ont les bonnes cartes en main, comme ce diplomate français arabophone d'origine algérienne. Un pays moderne, riche, aseptisé j'en ai l'impression. Sa richesse provient surtout du pétrole et du gaz, richesse profitant à tous les Qataris. Pas d'impôts sur le revenu, transport, santé, éducation quasiment gratuits. Des crèches à l'université pour les enfants des étudiantes.
Le rêve? Pour les Qataris, qui en tout cas ne songent guère à se révolter. Les non Qataris n'ont pas intérêt à trop se montrer, quant aux ouvriers peu payés à construire les très très hauts immeubles, et au petit personnel dans les maisons, tant pis pour eux.
https://www.marhaba.qa/doha-film-festival-cast-call-for-qatari-actors/ |
Pour se changer les idées dans cette cité en noir (pour les femmes) et blanc (pour les hommes), l'auteur tente de se rendre à Bahrein, hélas peu journaliste-friendly. L'Arabie Saoudite? Même pas en rêve, ce pays ne délivre pas de visa touristique. Ce pays est à "la tête d’une commission du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, ce qui revient peu ou prou à confier la protection de l'enfance à Marc Dutroux."
"Doha est une expérience urbaine, une cité-champignon du far-east sans saloon" (hé oui, pas d'alcool)
Enfin, heureusement, l'horizon s'éclaircit un peu pour notre voyageur dans les Emirats Arabes Unis. "Il faut s'attacher à la part de lumière de l'autre car s'attarder sur l'ombre la fait grandir."
Si vous voulez en savoir un peu plus sur ces pays pas si lointains géographiquement, suivez le guide, il s'appelle Julien Blanc-Gras, garde confiance en l'homme et son sens d' l'humour en toute occasion, y compris quand une conductrice en hijab lui fait un doigt d'honneur...
Les avis de cathulu,
mercredi 13 septembre 2017
J'aime le sexe mais je préfère la pizza
J'aime le sexe mais je préfère la pizza
Chroniques
Thomas Raphaël
Flammarion, 2017
TOUT EST VRAI annonce la quatrième de couverture. Après trois romans plutôt romantiques feel good, Thomas Raphaël passe au 'je'. Que l'on se rassure, ce trentenaire semble avoir vécu sans gros traumatismes enfantins, dans une famille aimante pourvue de cousins et d'aïeux, et être passé par des émois amoureux, bref chacun peut s'y reconnaître.
Mais alors, pourquoi lire ce livre?
Si je dis 'plein de sensibilité et d'humour', ça ne va pas suffire. Pourtant c'est la vérité. Les histoires racontées par l'auteur, dans un ordre pas vraiment chronologique, sont transfigurées par un humour au second degré bourré d'autodérision, dont la finesse fait mouche. Parfois aussi l'on sent un petit cœur aimant et plein de sensibilité battant sous le T shirt, et le lecteur est touché. Les amours plus ou moins à éclipses, les maladies, il connaît.
Alors on s'attache, à ce petit puis grand gamin, paraissant fragile, nul en sport en dépit des efforts de ses professeurs, traversant une version très personnelle de la crise d'adolescence, jouant au loto avec sa mère, ne sachant pas résister à sa cousine Karine, survivant à deux flops au lit, et partageant une maison avec des amis et une tripotée de loirs (un grand moment, ça).
Bref, un effet Cadbury certain, j'en aurais bien repris plus long; de ces chroniques.
Le rugby
" T'es content, Thomas? Vous venez de marquer un point!
- Quel point?
- T'as pas vu? Il vient de s'aplatir au sol avec le ballon.
- Ça marque un point quand on fait ça?
- Mais bien sûr, c'est le but du jeu.
- J'ai fait pareil, tout à l'heure, vous m'avez grondé.
- Tu étais du mauvais côté du terrain.
- C'était le même côté, je vous assure.
- Ça change à la mi-temps."
"Kat m'a envoyé le regard qu'on a d'habitude pour les machines à laver dans les déménagements."
"Ma mère a serré les lèvres, hoché la tête, avant de la pencher sur le côté, comme quand on se souvient qu'on doit aimer ses enfants inconditionnellement."
Réponses à quelques questions sur le site de l'auteur.
Je confirme, The Schartz-Metterklume method est bien le titre d'une nouvelle de Saki (mon exemplaire est en anglais)
Comme ce titre contient une apostrophe, il participe au Challenge sous la contrainte tout nouveau chez Philippe
Chroniques
Thomas Raphaël
Flammarion, 2017
TOUT EST VRAI annonce la quatrième de couverture. Après trois romans plutôt romantiques feel good, Thomas Raphaël passe au 'je'. Que l'on se rassure, ce trentenaire semble avoir vécu sans gros traumatismes enfantins, dans une famille aimante pourvue de cousins et d'aïeux, et être passé par des émois amoureux, bref chacun peut s'y reconnaître.
Mais alors, pourquoi lire ce livre?
Si je dis 'plein de sensibilité et d'humour', ça ne va pas suffire. Pourtant c'est la vérité. Les histoires racontées par l'auteur, dans un ordre pas vraiment chronologique, sont transfigurées par un humour au second degré bourré d'autodérision, dont la finesse fait mouche. Parfois aussi l'on sent un petit cœur aimant et plein de sensibilité battant sous le T shirt, et le lecteur est touché. Les amours plus ou moins à éclipses, les maladies, il connaît.
Alors on s'attache, à ce petit puis grand gamin, paraissant fragile, nul en sport en dépit des efforts de ses professeurs, traversant une version très personnelle de la crise d'adolescence, jouant au loto avec sa mère, ne sachant pas résister à sa cousine Karine, survivant à deux flops au lit, et partageant une maison avec des amis et une tripotée de loirs (un grand moment, ça).
Bref, un effet Cadbury certain, j'en aurais bien repris plus long; de ces chroniques.
Le rugby
" T'es content, Thomas? Vous venez de marquer un point!
- Quel point?
- T'as pas vu? Il vient de s'aplatir au sol avec le ballon.
- Ça marque un point quand on fait ça?
- Mais bien sûr, c'est le but du jeu.
- J'ai fait pareil, tout à l'heure, vous m'avez grondé.
- Tu étais du mauvais côté du terrain.
- C'était le même côté, je vous assure.
- Ça change à la mi-temps."
"Kat m'a envoyé le regard qu'on a d'habitude pour les machines à laver dans les déménagements."
"Ma mère a serré les lèvres, hoché la tête, avant de la pencher sur le côté, comme quand on se souvient qu'on doit aimer ses enfants inconditionnellement."
Réponses à quelques questions sur le site de l'auteur.
Je confirme, The Schartz-Metterklume method est bien le titre d'une nouvelle de Saki (mon exemplaire est en anglais)
Comme ce titre contient une apostrophe, il participe au Challenge sous la contrainte tout nouveau chez Philippe
lundi 11 septembre 2017
Malentendus
Malentendus
Bertrand Leclair
Actes Sud, 2013
Un endroit où aller
"Je l'ignore, et n'en saurai jamais rien sauf à l'imaginer, moi qui sais seulement que la surdité de Julien n'a été dépistée que plusieurs mois après son premier anniversaire, qui ne sais pas même si ses parents l'ont appris ensemble ou séparément. Tous deux étaient morts depuis des années lorsque j'ai eu vent de l'histoire de leur fils, au cours des ateliers en langue des signes que j'ai animés, l'année 2008, au sein de l'International Visual Theater, à Paris, afin d'aboutir à une pièce de théâtre bilingue qui a été créée depuis, Héritages. Et qui donc pourrait prétendre m'en dire plus? Ni celui que je nomme Julien, ni son frère ni sa soeur n'en savent davantage."
Alors que la langue des signes existe en France depuis le 18ème siècle, elle a été ensuite combattue et interdite, pour devenir seulement en fin du 20ème siècle autorisée à l'école et reconnue comme langue ensuite.
Julien Laporte, dont Malentendus raconte (et imagine parfois) l'histoire (la liberté du romancier, page 238), a eu le malheur de naître en 1962, époque où l'on obligeait les sourds à parler une langue que jamais ils ne pourraient entendre (et même leur interdisait d'apprendre à lire et écrire avant d'être capables de s'exprimer oralement!),et d'avoir un père très strict et buté sur le sujet.
Bertrand Leclair est père d'une jeune fille sourde (16 ans dans le livre), née bien après Julien, et semblant parfaitement bien dans sa peau!
Que de souffrances durant des années dans la vie de Julien, quelles conséquences pour sa famille entière, et encore maintenant ! Bertrand Leclair offre aussi des réflexions intéressantes sur la surdité et l'obligation de la 'parole pure'. Encore maintenant différentes écoles s'affrontent sur le sujet, et j'ai bien ressenti la douleur de l'auteur face à certaines réactions.
Pas seulement informatif (rien que cela serait une raison pour le lire), ce livre est parfaitement écrit et composé, offrant une réflexion sur son écriture au fil du temps.
Les avis de Nadège,
Rétrospectivement j'ai une pensée pour un jeune homme connu il y a longtemps, sourd, à qui l'on avait appris seulement à lire sur les lèvres, et qui s'exprimait maladroitement. Au moins, de mémoire, le groupe ne le laissait pas à l'écart, mais sans bien comprendre ses difficultés... Pas de langue des signes pour lui...
Bertrand Leclair
Actes Sud, 2013
Un endroit où aller
"Je l'ignore, et n'en saurai jamais rien sauf à l'imaginer, moi qui sais seulement que la surdité de Julien n'a été dépistée que plusieurs mois après son premier anniversaire, qui ne sais pas même si ses parents l'ont appris ensemble ou séparément. Tous deux étaient morts depuis des années lorsque j'ai eu vent de l'histoire de leur fils, au cours des ateliers en langue des signes que j'ai animés, l'année 2008, au sein de l'International Visual Theater, à Paris, afin d'aboutir à une pièce de théâtre bilingue qui a été créée depuis, Héritages. Et qui donc pourrait prétendre m'en dire plus? Ni celui que je nomme Julien, ni son frère ni sa soeur n'en savent davantage."
Alors que la langue des signes existe en France depuis le 18ème siècle, elle a été ensuite combattue et interdite, pour devenir seulement en fin du 20ème siècle autorisée à l'école et reconnue comme langue ensuite.
Julien Laporte, dont Malentendus raconte (et imagine parfois) l'histoire (la liberté du romancier, page 238), a eu le malheur de naître en 1962, époque où l'on obligeait les sourds à parler une langue que jamais ils ne pourraient entendre (et même leur interdisait d'apprendre à lire et écrire avant d'être capables de s'exprimer oralement!),et d'avoir un père très strict et buté sur le sujet.
Bertrand Leclair est père d'une jeune fille sourde (16 ans dans le livre), née bien après Julien, et semblant parfaitement bien dans sa peau!
Que de souffrances durant des années dans la vie de Julien, quelles conséquences pour sa famille entière, et encore maintenant ! Bertrand Leclair offre aussi des réflexions intéressantes sur la surdité et l'obligation de la 'parole pure'. Encore maintenant différentes écoles s'affrontent sur le sujet, et j'ai bien ressenti la douleur de l'auteur face à certaines réactions.
Pas seulement informatif (rien que cela serait une raison pour le lire), ce livre est parfaitement écrit et composé, offrant une réflexion sur son écriture au fil du temps.
Les avis de Nadège,
Rétrospectivement j'ai une pensée pour un jeune homme connu il y a longtemps, sourd, à qui l'on avait appris seulement à lire sur les lèvres, et qui s'exprimait maladroitement. Au moins, de mémoire, le groupe ne le laissait pas à l'écart, mais sans bien comprendre ses difficultés... Pas de langue des signes pour lui...
vendredi 8 septembre 2017
Canada
Canada
Richard Ford
Editions de l'Olivier, 2013
Je poursuis ma découverte des romans de Richard Ford, délaissant à regret la série Frank Bascombe (le suivant à lire aurait dû rentrer à la bibli le 7 juillet...), avec ce roman ayant obtenu le prix Fémina étranger 2013.
Début de la quatrième de couverture, et du roman:
« D'abord, je vais vous raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard. »
C'est Dell, un adolescent de quinze ans, qui raconte l'histoire, mais on se doute qu'avec Richard Ford il n'y aura pas de suspense insoutenable. Comment en est-on arrivé là? se demande le lecteur, ferré aussi par les minuscules informations distillées ici ou là, éclairant l'avenir. D'ailleurs l'histoire est racontée par un Dell bien adulte, cinquante ans plus tard. Cet été 1960, où Dell attend impatiemment la rentrée des classes, se passionnant pour les échecs et l'apiculture, semblant bien moins mûr que sa jumelle Berner, verra l'éclatement de la famille, conduira Dell vers le Canada (oui, compte-tenu du titre, ça vaut mieux), et la découverte d'un dur travail et de personnages mystérieux et qui le resteront assez. OK, on va parler de roman d'apprentissage, et la brève dernière partie, où Dell et sa sœur se revoient une dernière fois, clôt parfaitement le roman.
Comme je le disais, rien de fulgurant dans l'action, à part quelques passages, et j'ai connu quelques coups de mou, bien que tout soit finement observé et pensé. Drôle de roman, où je retrouve bien le talent de Ford, mais moins l'humour et l'ironie palpables dans la série des Frank Bascombe.
Les avis de Sans connivence, krol, ingannmic, chez babelio (141!) et lecture écriture
Richard Ford
Editions de l'Olivier, 2013
Je poursuis ma découverte des romans de Richard Ford, délaissant à regret la série Frank Bascombe (le suivant à lire aurait dû rentrer à la bibli le 7 juillet...), avec ce roman ayant obtenu le prix Fémina étranger 2013.
Début de la quatrième de couverture, et du roman:
« D'abord, je vais vous raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard. »
C'est Dell, un adolescent de quinze ans, qui raconte l'histoire, mais on se doute qu'avec Richard Ford il n'y aura pas de suspense insoutenable. Comment en est-on arrivé là? se demande le lecteur, ferré aussi par les minuscules informations distillées ici ou là, éclairant l'avenir. D'ailleurs l'histoire est racontée par un Dell bien adulte, cinquante ans plus tard. Cet été 1960, où Dell attend impatiemment la rentrée des classes, se passionnant pour les échecs et l'apiculture, semblant bien moins mûr que sa jumelle Berner, verra l'éclatement de la famille, conduira Dell vers le Canada (oui, compte-tenu du titre, ça vaut mieux), et la découverte d'un dur travail et de personnages mystérieux et qui le resteront assez. OK, on va parler de roman d'apprentissage, et la brève dernière partie, où Dell et sa sœur se revoient une dernière fois, clôt parfaitement le roman.
Comme je le disais, rien de fulgurant dans l'action, à part quelques passages, et j'ai connu quelques coups de mou, bien que tout soit finement observé et pensé. Drôle de roman, où je retrouve bien le talent de Ford, mais moins l'humour et l'ironie palpables dans la série des Frank Bascombe.
Les avis de Sans connivence, krol, ingannmic, chez babelio (141!) et lecture écriture
mercredi 6 septembre 2017
Hillbilly Elégie
Hillbilly Elégie
Hillbilly Elegy A memoir of a Family and Culture in Crisis
J.D. Vance
Globe, 2017
Traduit par Vincent Raynaud
Au départ, je voulais en savoir plus sur ces Hillbillies (péquenots) vus par l'un d'entre eux, et puis j'aime beaucoup les éditions Globe.
Né en 1984 à Middletown, Ohio, où ses grands parents se sont installés, l'auteur a gardé des racines à Jackson, Kentucky. Le seul de son lycée à avoir fréquenté une 'bonne' université (Yale dans son cas), il est avocat et habite à San Francisco.
Déjà je ne suis pas d'accord avec la traduction péquenot, qui s'adresse plutôt au monde paysan, alors que l'auteur dit "se concentrer sur un groupe de gens que je connais - les Blancs de la classe ouvrière qui viennent des Appalaches." Le grand père a obtenu un travail correct dans une usine de Jackson, la mère était infirmière, etc. Mais peu importe, il s'agit de gens d'origine irlando-écossaise, pauvres en général (et dont l'espérance de vie est moindre que celle de l'état voisin). L'auteur ne cache rien, sa mère a enchaîné les cures de désintoxication et les maris, le foyer ou ce qui en tenait lieu était le siège de bagarres et de disputes véhémentes. Dans ces conditions, le gamin a frôlé la sortie de route, mais heureusement il a toujours été soutenu par son grand père (délivré de l'alcoolisme juste avant sa naissance) et sa grand mère, une forte femme aux méthodes parfois particulières. Avec une grande importance donnée à la poursuite d'études.
Juste avant d'intégrer une université, il est passé chez les Marines, cette expérience lui a permis de continuer ses études dans de meilleures conditions. Puis à Yale, il a réalisé qu'il lui manquait vraiment pas mal de 'codes' et a été bien aidé par sa fiancée et une professeur, Amy Chua la 'mère tigre' (pour ceux qui connaissent, n'est-ce pas, Fanja?)
Voilà une histoire intéressante, on ouvre parfois de grands yeux en découvrant le quotidien et les problèmes de ces gens; on voit évoluer leur environnement, vers plus de pauvreté et de chômage. Je n'ai pas tout suivi de l'analyse de l'auteur, c'est parfois flou et redondant, disons qu'il ne juge pas, mais parfois il serait bon de changer quelques façons de penser. Pas facile quand accuser les autres, le gouvernement, etc. ou se croire incapable est ancré en soi.
Le billet de Lea Touck Book (qui en a fait un coup de coeur) et The killer inside me (avis plus mitigé) et Nyctalopes
Hillbilly Elegy A memoir of a Family and Culture in Crisis
J.D. Vance
Globe, 2017
Traduit par Vincent Raynaud
Au départ, je voulais en savoir plus sur ces Hillbillies (péquenots) vus par l'un d'entre eux, et puis j'aime beaucoup les éditions Globe.
Né en 1984 à Middletown, Ohio, où ses grands parents se sont installés, l'auteur a gardé des racines à Jackson, Kentucky. Le seul de son lycée à avoir fréquenté une 'bonne' université (Yale dans son cas), il est avocat et habite à San Francisco.
Déjà je ne suis pas d'accord avec la traduction péquenot, qui s'adresse plutôt au monde paysan, alors que l'auteur dit "se concentrer sur un groupe de gens que je connais - les Blancs de la classe ouvrière qui viennent des Appalaches." Le grand père a obtenu un travail correct dans une usine de Jackson, la mère était infirmière, etc. Mais peu importe, il s'agit de gens d'origine irlando-écossaise, pauvres en général (et dont l'espérance de vie est moindre que celle de l'état voisin). L'auteur ne cache rien, sa mère a enchaîné les cures de désintoxication et les maris, le foyer ou ce qui en tenait lieu était le siège de bagarres et de disputes véhémentes. Dans ces conditions, le gamin a frôlé la sortie de route, mais heureusement il a toujours été soutenu par son grand père (délivré de l'alcoolisme juste avant sa naissance) et sa grand mère, une forte femme aux méthodes parfois particulières. Avec une grande importance donnée à la poursuite d'études.
Juste avant d'intégrer une université, il est passé chez les Marines, cette expérience lui a permis de continuer ses études dans de meilleures conditions. Puis à Yale, il a réalisé qu'il lui manquait vraiment pas mal de 'codes' et a été bien aidé par sa fiancée et une professeur, Amy Chua la 'mère tigre' (pour ceux qui connaissent, n'est-ce pas, Fanja?)
Voilà une histoire intéressante, on ouvre parfois de grands yeux en découvrant le quotidien et les problèmes de ces gens; on voit évoluer leur environnement, vers plus de pauvreté et de chômage. Je n'ai pas tout suivi de l'analyse de l'auteur, c'est parfois flou et redondant, disons qu'il ne juge pas, mais parfois il serait bon de changer quelques façons de penser. Pas facile quand accuser les autres, le gouvernement, etc. ou se croire incapable est ancré en soi.
Le billet de Lea Touck Book (qui en a fait un coup de coeur) et The killer inside me (avis plus mitigé) et Nyctalopes
lundi 4 septembre 2017
The daughter of time / La fille du temps
(La fille du temps, existe en poche)
Josephine Tey
Penguin Books, 1954
Truth is the daughter of time (la vérité est la fille du temps)
Francis Bacon
Il y a fort longtemps j'avais lu ce roman (et même relu) et jamais oublié le plaisir que j'en avais retiré. Jusqu'à ce que Sandrine en parle récemment, et en particulier de la passionnante émission anglaise Richard III, la fin d'une énigme. A vous d'aller scruter de près son billet fort complet.
Il me fallait donc le relire, et pourquoi pas en VO, tiens? Moins de 200 pages, je précise.
Car entre temps Richard II, Richard III et Henri VI ont croisé mon chemin grâce à Shakespeare. Oui, tous ces rois anglais plus ou moins cousins, la guerre des deux roses, bref, cette époque.
Avec dans le rôle du super méchant, du vilain plus plus plus : Richard III ! Pensez donc, il a fait assassiner ses deux jeunes neveux à la Tour de Londres!
![]() |
Paul Delaroche, Les Enfants d'Édouard (Musée du Louvre) |
Et c'est là que Joséphine Tey est absolument géniale, car pour faire basculer l'opinion du lecteur peu familier d'histoire anglaise, elle utilise une méthode passionnante, celle d'une enquête menée de son lit d'hôpital par une vrai policier du Yard immobilisé par une blessure; lequel policier aura l'aide en particulier d'un jeune américain passionné, heureux de fouiner dans les livres récents et les documents d'époque.
Avec comme image de chevet, la photo de ce tableau
![]() |
National Portrait Gallery, Londres |
Je précise que c'est absolument passionnant, et qu'il n'est pas besoin de s'y connaître en généalogie ou en histoire, cela reste fort clair.
Cerise sur le pudding, le tout est alerte, bien mené, et plein d'humour (british). De plus on y apprend à ne pas systématiquement croire les livres d'histoire (quelques exemples sont donnés)
Bref, une perle incontournable.
Un passage, au tout début quand les amis du malade l'inondent de livres.
"Le public parle du 'nouveau Silas Weekley ou du 'nouveau Lavinia Fitch' exactement comme d'une 'nouvelle brique' ou d'un 'nouveau coiffeur'. Ils ne disent jamais 'un nouveau livre, par' (...). Leur intérêt n'est pas dans le livre mais dans sa nouveauté. Il savent tout à fait ce que sera le livre."
Ou:
"Marta parut aussi scandalisée qu'une vie entière de théâtre et une heure de soigneux maquillage le lui permettait."
(traduction perso)
vendredi 1 septembre 2017
La vie sauvage
La vie sauvage
Thomas Gunzig
Au diable vauvert, 2017
Ayant déjà lu deux romans de l'auteur, et bien aimé, j'y allais de confiance.
Un avion qui survole l'Afrique, un crash, pas de survivants. Quoique, si, un bébé, Charles, recueilli et éduqué par Cul-Nu, l'amoureux des livres, qui lui inculquera une solide base de poésie et de littérature. Le tout dans un coin d'Afrique équatoriale bien pourvu en conflits et horreurs. Charles démarre une belle histoire d'amour avec Septembre, hélas interrompue car sa famille le retrouve et le voilà rejoignant la famille des ses oncle, tante, cousin cousine, fréquentant le lycée du coin, et découvrant le monde des ados européens, facebook et tout ça.
Bref, au début, cela s'annonçait fort bien, au point que L'Ingénu de Voltaire m'est revenu en mémoire. Usage d'une bonne plume (un poil étonnante de la part du narrateur, mais baste, il a été nourri de Baudelaire et Verlaine entre autres) et causticité à la découverte de ce monde inconnu pour lui.
Sauf qu'au tiers du roman, un doute m'assaille : 'suis-je ou pas dans un roman pour ados?'. Non que cela me gêne, j'en lis avec plaisir de temps en temps. Mais là, même si Charles n'est pas dupe des problèmes de ses camarades -parmi lesquels il s'intègre très bien- seuls eux ont droit à un regard pas forcément bienveillant mais compréhensif, alors que les adultes sont considérés comme ridicules ou haïssables. Charles se révèle être un manipulateur de première (même si cela s'insère dans l'histoire, on le comprendra) et, désolée, antipathique. Ses menées vers son but ultime sont à force cousues de fil blanc et plus ou moins crédibles. Tout lui réussit, jamais il ne doute, jamais de pitié.
Tout ça pour retrouver Septembre, son grand amour (je suis toujours rétive aux pages super sucrées, ouais).
Bon, ça c'est mon avis, sans doute suis-je passée à côté du roman, qui offre une vision réaliste du monde ado, ses soirées arrosées, la drogue, les réseaux sociaux... Qui permet de s'amuser des descriptions de ces bourgeois ou adultes bien pensants. Qui est bien fichu et découpé pour maintenir le suspense.
De plus
J'ai mené mon enquête sur Google Street View, mode Afrique et là, désolée, je ne comprends pas comment des images 100% brousse auraient pu être découvertes. Surtout dans des zones en proie aux guerres civiles et exactions habituelles dans le coin. Même Google Maps ne fait guère le job paraît-il.
Je me demande aussi dans quel état serait un tonneau bourré de papier et enterré des années dans la forêt africaine? Son contenu, en tout cas. Mais s'il est hermétique et métallique, admettons.
L'âge de Charles me paraît aussi peu clair. 13 ans quand il fait connaissance de Septembre, et ensuite 4 (ou 5?) ans se passent, en tout cas il n'a pas 16 ans; mais à la fin 'le fait que je sois mineur ne sembla poser de problème à personne'.
Lire le monde (Belgique) chez Sandrine
Thomas Gunzig
Au diable vauvert, 2017
Ayant déjà lu deux romans de l'auteur, et bien aimé, j'y allais de confiance.
Un avion qui survole l'Afrique, un crash, pas de survivants. Quoique, si, un bébé, Charles, recueilli et éduqué par Cul-Nu, l'amoureux des livres, qui lui inculquera une solide base de poésie et de littérature. Le tout dans un coin d'Afrique équatoriale bien pourvu en conflits et horreurs. Charles démarre une belle histoire d'amour avec Septembre, hélas interrompue car sa famille le retrouve et le voilà rejoignant la famille des ses oncle, tante, cousin cousine, fréquentant le lycée du coin, et découvrant le monde des ados européens, facebook et tout ça.
Bref, au début, cela s'annonçait fort bien, au point que L'Ingénu de Voltaire m'est revenu en mémoire. Usage d'une bonne plume (un poil étonnante de la part du narrateur, mais baste, il a été nourri de Baudelaire et Verlaine entre autres) et causticité à la découverte de ce monde inconnu pour lui.
Sauf qu'au tiers du roman, un doute m'assaille : 'suis-je ou pas dans un roman pour ados?'. Non que cela me gêne, j'en lis avec plaisir de temps en temps. Mais là, même si Charles n'est pas dupe des problèmes de ses camarades -parmi lesquels il s'intègre très bien- seuls eux ont droit à un regard pas forcément bienveillant mais compréhensif, alors que les adultes sont considérés comme ridicules ou haïssables. Charles se révèle être un manipulateur de première (même si cela s'insère dans l'histoire, on le comprendra) et, désolée, antipathique. Ses menées vers son but ultime sont à force cousues de fil blanc et plus ou moins crédibles. Tout lui réussit, jamais il ne doute, jamais de pitié.
Tout ça pour retrouver Septembre, son grand amour (je suis toujours rétive aux pages super sucrées, ouais).
Bon, ça c'est mon avis, sans doute suis-je passée à côté du roman, qui offre une vision réaliste du monde ado, ses soirées arrosées, la drogue, les réseaux sociaux... Qui permet de s'amuser des descriptions de ces bourgeois ou adultes bien pensants. Qui est bien fichu et découpé pour maintenir le suspense.
De plus
J'ai mené mon enquête sur Google Street View, mode Afrique et là, désolée, je ne comprends pas comment des images 100% brousse auraient pu être découvertes. Surtout dans des zones en proie aux guerres civiles et exactions habituelles dans le coin. Même Google Maps ne fait guère le job paraît-il.
Je me demande aussi dans quel état serait un tonneau bourré de papier et enterré des années dans la forêt africaine? Son contenu, en tout cas. Mais s'il est hermétique et métallique, admettons.
L'âge de Charles me paraît aussi peu clair. 13 ans quand il fait connaissance de Septembre, et ensuite 4 (ou 5?) ans se passent, en tout cas il n'a pas 16 ans; mais à la fin 'le fait que je sois mineur ne sembla poser de problème à personne'.
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