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Affichage des articles du décembre, 2018

Vous serez mes témoins

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Vous serez mes témoins Nina Yargekov POL, 2011 Mais cette fille est complètement barrée! Déjà avec le gros Double nationalité j'avais eu une idée favorable de cette auteur, là c'est plus court (250 pages) et complètement improbable. Alors on dirait que se déroule un procès, celui d'une certaine Nina Y., accusée d'avoir voulu tirer parti d'un nébuleux statut de "meilleure amie d'Elodie", jeune femme s'étant suicidée le 14 juillet 2007. Connaissait-elle si bien que cela Elodie, son chagrin est-il simulé, etc., bref, le grand n'importe quoi est parfaitement assumé, le lecteur ne sait trop s'il faut rire ou pleurer, emporté qu'il est par un gros délire. "Commandant GIGN Concernant les affabulateurs qui prétendent faussement avoir eu des liens étroits avec des suicidés, nous les considérons au même titre que les imitateurs de tueurs en série et autres imposteurs du genre comme les guignols qui nous font perdre leur temps,

Le reich de la lune

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Le Reich de la lune Iron sky - Renaten tarina Johanna Sinisalo Actes sud, 2018 Traduit par Anne Colin du Terrail Bon, l'idéologie nazie, ce n'est pas ma tasse de thé, et il fallait bien Johanna Sinisalo et la promesse d'une " uchronie délicieusement barrée, joyeusement rocambolesque et délibérément grinçante" (dixit la quatrième de couverture) pour que je me lance là-dedans. Accrochez-vous. Car figurez-vous qu'après la seconde guerre mondiale des nazis se sont réfugiés dans une base en Antarctique, et sont partis en fusée. Sur la face cachée de la lune. Ils se sont installés dans des souterrains, recréant une société bercée par l'idéologie national-socialiste et l'espoir de revanche sur la Terre. En 2047 c'est une certaine Renate Richter qui dans son journal raconte son enfance (elle est née dans les années 1990) et particulièrement les événements suivant l'arrivée sur la lune de trois terriens en 2018. Elle sera amenée à se rendr

Quatuor

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Quatuor Kwartet Anna Enquist Actes sud, 2016 Traduit par Emmanuelle Tardif (remarque : Actes sud et Le cherche midi notent le nom du traducteur sur la couverture) Après Contrepoint , lire encore Anna Enquist était tentant, et justement ce roman fait partie de la liste des 'coups de coeur des lecteurs de la médiathèque'. Un peu de Bach pour ce quatuor (peut-on s'en passer?) mais surtout Mozart avec son quatuor K 465 Les dissonances -quel titre!- et celui en ré mineur K 421, Schubert avec La jeune fille et la mort, et Dvorak. Un roman qui donne envie de se précipiter sur ces œuvres... Mais parlons du roman, qui n'exige pas d'aimer la musique classique pour en apprécier la lecture, tellement il est riche. Quoique, ces moments où le quatuor répète et joue ensemble, où Jochem l'altiste exerce son art de luthier, c'est vraiment du bonheur. Une ville, certainement Amsterdam, ses rivières, ses canaux, la péniche où loge Hugo (premier violon), ses dépla

Un portrait de femme

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Couverture de la première édition américaine. 1881 The portrait of a lady Henry James Penguin classics, 1984 Bla bla qu'on peut sauter : Dans la catégorie 'même pas peur', après L'excuse de Julie Wolkenstein qui reprenait brillamment l'intrigue du roman de James, et le récent billet de  Dominique  qui le place dans son top 10, je me suis lancée dans ce (gros) roman, disponible seulement en VO à la bibliothèque. Me souvenant donc (vaguement) de l'histoire, le risque était d'y prendre moins d'intérêt : mais non, James fait partie des auteurs - et c'est sûrement à cela qu'on reconnaît leur qualité- passionnants -voire plus- quand on n'ignore pas tout de ses écrits. Au moins j'étais prévenue, la vie d'Isabel Archer ne sera pas un long fleuve tranquille. Cependant j'ai prudemment lu la préface APRES. Julie Wolkenstein était beaucoup plus vague et a - si j'ose dire- transfiguré l'oeuvre de James-  inventant

Ma vie en peintures

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Ma vie en peintures El nervio optico Maria Gainza Gallimard, 2018 Traduit par Gersende Camenen "Je marchais dans le musée en évitant les grands tableaux, lassée de la peinture du vingtième siècle et de ses grands airs messianiques qui crient sur ton passage : 'je suis une oeuvre d'art!' comme s'il y avait de quoi en faire tout un plat, lorsqu'un tableau a capté mon attention. En approchant j'ai découvert son nom : Schiavoni. Un nom qui ne me disait rien du tout; tout au plus évoquait-il celui d'un garagiste ou d’une entreprise de déménagement, même si, dans ce cas, on aurait dû lire 'Schiavoni, père et fils.' Et puis il y avait la question de la ressemblance." L'illustration de couverture, Jeune fille assise d'Augusto Schiavoni, appartient au Musée des Beaux Arts de Buenos Aires, et lors d'une visite Maria Gainza réalise la ressemblance entre la jeune fille représentée en 1929 et elle-même enfant. Là voilà ensuite rapp

Ma dévotion

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Ma dévotion Julia Kerninon la brune au Rouergue, 2018 "Lorsque quelqu'un est aussi discret que moi, personne n'imagine qu'il puisse avoir un tempérament passionné. Les gens pensent que ma personnalité est un genre de bruit blanc, que le silence que je fais en société est l'écho de celui qui résonne, depuis toujours, dans l'espace clos de ma tête, sous les cheveux coiffés. Mais -je le sais mieux que personne- il ne faut pas juger un livre à sa couverture." Est-ce l'explication du drame final? Peut-être. Après des décennies sans vagues, à protéger, soutenir Frank, à lui servir de secrétaire femme de ménage organisatrice amie et amante, quand ça pète, ça pète; et vingt-trois ans plus tard, quand ils se revoient par hasard sur un trottoir londonien, pour une fois Helen s'exprime, dans un long monologue. Ils se sont connus à douze ans, chacun enfant de diplomate, à Rome, souffrants de leurs familles respectives (et Helen de ses frères harcele

Petites foulées au bord d'un canal

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Petites foulées au bord d'un canal Nouvelles Luc-Michel Fouassier Quadrature, 2018 Quatorze courts textes pour une soixantaine de pages, voilà qui se lit aisément, surtout que l'écriture est belle, et les impressions diverses, nostalgie, humour, tristesse, émotion. Jamais l'on ne s'ennuie, et pourtant tout se passe le long du canal de Briare (mais si, celui avec le pont-canal de Gustave Eiffel!). Un sentier de halage pour les balades, ratées ou pas, les couples se formant ou se réconciliant, un pêcheur, un peintre, des bateaux, et une maison bien trop accueillante selon les épouses... Même Jean Rolin y est convié, avec un titre, Chemins d'eau. Bref, j'ai beaucoup aimé ces tranches de vie (sans gros flaflas et drames sanglants), bourrés d'humanité et du sens de l'observation. Merci à Patrick Dupuis, lui -même auteur de nouvelles, pour cet envoi. Petites foulées au bord d'un canal, un titre auquel je ne pouvais résister! En effet depu

Si tout n'a pas péri avec mon innocence

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Si tout n'a pas péri avec mon innocence Emmanuelle Bayamack-Tam P.O.L., 2013 Existe en folio Quand un auteur me plait, et Arcadie était remarquable, je lis ses autres titres disponibles (d'où une LAL impossible à terrasser). Tout d'abord le plaisir de retrouver une écriture de bonne facture, avec tout de même le petit plus moderne qui accroche et titille. Puis la fluidité du propos, avec analepses et prolepses (je me la pète un peu, là). Voilà donc l'histoire de Kimberley, issue d'une famille originale, drôle au premier regard, mais finalement tragiquement immature et peu sympathique . Car du tragique il y en aura, le lecteur est prévenu, tout le met sur la voie, et quand ça arrive, un peu avant la moitié du roman, son cœur est broyé quand même. Je m'étonne juste que les causes du drame n'aient pas donné lieu à questionnements et enquêtes. Mais dans cette famille, qui allait s'en occuper? En tout cas, Kimberley, qui au cours de son enfance e