jeudi 30 janvier 2020

Quartet in Autumn / An academic question / Une demoiselle comme il faut

Voilà la dernière livraison de Barbara Pym sur ce blog! Il m'aura fallu de la ténacité pour mettre la main dessus, mais c'était un challenge personnel. Je laisse les marques des mes recherches au fil du temps.

Quartet in Autumn
Barbara Pym
Picador,
Paru en 1977


Comme je veux lire tous les romans de Barbara Pym, si possible en VO, je ne m'occupe pas trop de connaître le sujet à l'avance, mais là j'étais prévenue : c'est son plus sombre!

Dans les années 70, Edwin, Norman, Letty et Marcia travaillent dans le même bureau londonien, sans que de vrais liens existent entre eux. Les quatre sont sexagénaires et assez solitaires. Après un peu de temps j'ai quand même capté les différences entre eux, tout n'est pas si gris! Edwin est veuf, son fils est marié et ils passent des vacances ensemble; il est très occupé par la fréquentation de différents églises (Church of england). Norman, assez sarcastique et près de ses sous, se contente de sa vie tranquille. Letty aussi, mais elle a des centres d'intérêt, une amie en province, etc. La plus pathétique est Marcia, récemment opérée et faisant une fixation sur son chirurgien, tout en refusant toute aide et main tendue des voisins, services sociaux et même ex collègues, une fois elle et Letty à la retraite.
Une vision pas très joyeuse de la solitude et du vieillissement, mais transcendée par le regard de l'auteur, qui je crois savait de quoi elle parlait...

Cependant ironie et petites notations sont toujours présentes, même quand c'est bien plus tragique. (Pauvre Marcia!)
"But she kept to her rules -one did not drink sherry before the evening, just as one did not read a novel in the morning, this last being a left-overddictum of a headmistress of forty years ago."

(Traduction à l'arrache : elle se tenait à sa règle, on ne boit pas de sherry avant le soir, juste comme on ne lit pas un roman le matin, comme le lui avait dit une directrice quarante ans auparavant)

Ensuite, le 'dernier' (il me manque An unsuitable attachment, mais la librairie -une vraie- n'a rien pu faire et le challenge est de ne pas commander chez qui vous devinez)

An academic question
Barbara Pym
Virago Modern Classics

Il existait deux versions de ce roman, amalgamées par Hazel Holt d'après les manuscrits originaux et les notes de l'auteur, pour une parution posthume en 1986.

Dans le précédent, les petites histoires d'églises étaient quasiment minimes, et là, rien, pas de clergé, sauf bien sûr pour deux enterrements. La narratrice est une jeune femme mariée à un universitaire et mère d’une petite fille. Sa vie n'est guère palpitante, elle soupçonne son époux de s'intéresser de trop près à une collègue. Cherchant à s'occuper, elle va lire dans une maison de retraite, et son mari se débrouille pour dérober les documents du vieil anthropologiste résident.

Peut-être pas le meilleur Pym, dixit l'introduction, mais cela se lit plaisamment, comme d'habitude, pas un gramme de trop, et le couple mère fils des Jeffreys est parfaitement réussi.

Caro se demande si elle doit tenter de rencontrer Cressida :
"I think I'd rather it was like one of those novels where people don't meet - you know, the novelist carefully not bringing them together.
That might be  because the novelist can't think how to make them behave and so takes the easy way out."

Idée de signification du passage :
(au sujet de romans dont les personnages ne se rencontrent pas, par le soin du romancier. peut-être parce qu'il ne sait pas comment les faire se comporter et choisit la facilité?)

Finalement, j'ai trouvé le petit dernier en médiathèque (au magasin quand même!)

Une demoiselle comme il faut
An unsuitable attchment, écrit en 1963, publié en 1982
Barbara Pym
C Bourgois, 1989

Ianthe la bibliothécaire, ses deux collègues, son nouveau voisin Rupert, un couple pastoral Mark et Sophia (je me perds toujours dans les subtilités des catégories ecclésiastiques anglaises), Penelope la soeur de Sophia, un frère et une soeur tenant une pension pour animaux, et Faustina la chatte hyper pourrie gâtée de Sophia. On mixe, un peu de sherry ou gin, beaucoup de thé, des recherches d'âmes soeurs (ou frères) , et voilà ! On est chez Barbara Pym, pas le longueurs, ça coule tout seul, ça fait mouche.

Un passage, juste avant un délicieux séjour en Italie.

"Nous aurions pu vous présenter au professeur Vanchetti à Rome, intervint Gervase Fairfax, mais malheureusement il est tombé raide mort l'autre jour.
(...)
Oui, près de Saint-Pierre, juste à côté de l'obélisque je crois. Dans la cité du Vatican. Un endroit tout indiqué.
-Il avait emprunté un livre à Gervase, dit Robina. Maintenant, j'imagine que nous ne le reverrons jamais.
- C'était un livre très cher en plus, heureusement je ne l'avais pas payé. On me l'avait envoyé pour faire un compte rendu. Naturellement je n'ai pas écrit mon article; je ne sais pas si j'aurai le temps, mon propre travail m'occupe tellement.
(discussions d'anthropologues, figures familières chez l'auteur)

Voilà voilà, il me reste à relire...

lundi 27 janvier 2020

Prosper à l'oeuvre

Prosper à l'oeuvre
Eric Chevillard
Notabilia, 2019
Illustrations de Jean-François Martin


A la lecture des citations de la page 9, sans aucun doute toutes réellement tirées de romans ayant déjà subi les foudres d'Eric Chevillard, j'hésite entre écarquiller les yeux et être durablement effondrée. Ma foi, quand on lit un Harlequin mouture classique, au moins on sait à quoi s'attendre, c'est dans le contrat. Mais là, s'agissant d'auteurs reconnus, ayant pourrait-on dire pignon sur rue, et pour certains fort sympathiques, que dire?
Une petite pour la route
"Rien n'était tragique. Il savait qu'il existait des navettes entre l'île de la souffrance, celle de l'oubli, et celle, plus lointaine encore, de l'espoir."

Prosper Brouillon, lui, est un auteur que l'on espère fictif, quoique je soupçonne que Chevillard en a rencontré. Prose boursouflée, au grand dam de Max, son éditeur, qui renonce face à la menace de le quitter pour un concurrent. Car il rapporte des pépettes, Prosper!
Prosper qui dévoile tout ou presque de sa vie d'écrivain, n'hésitant pas à conseiller (stages payants), cherchant à écrire sous des cieux en général ensoleillés, flairant les filons des sujets bankables. Cette fois sa muse l’entraîne dans une enquête policière, dont le lecteur de Chevillard suivra l'élaboration, les pistes, les clichés (pour offrir tout de même une histoire qui en vaut d'autres). Bien sûr les méandres de la pensée chevillardesque -ça passe ou ça casse- sont présents, ce qui rend ce roman parfaitement impossible à présenter. Les fans de l'auteur (dont je suis) en feront leur miel.

Les fans? Justement j'ai une liste (aidez-moi à la compléter) : motspourmots, cathulu,


jeudi 23 janvier 2020

Howards End

Howards End (paru en 1910)
E.M. Forster
Penguin Classics, 2000




Poursuivant ma découverte de Forster, sans trop de complexes et en VO, abordable d'ailleurs, voici Howards End. Ainsi se nomme une demeure dans la campagne anglaise, appartenant en fait à Mrs Wilcox, mais qui devrait revenir à sa famille, comprenant le mari, homme d'affaires actif et pragmatique et les enfants Charles, Paul et Evie. Lors d'un voyage en Allemagne, le couple a rencontré les soeurs Schlegel, Margaret et Helen. Ces dernières sont issues d'un milieu plus mélangé, plus intellectuel, mais sans problèmes de fin de mois. Helen approche de la trentaine, sa soeur plus jeune est très spontanée. Elles sont invitées à Howards End, seule Helen s'y rend et voilà qu'elle et Paul, au grand dam de leurs familles, échangent des promesses de mariage. Le tout dure moins de 24 heures, occupe les premières pages du roman et pose le lecteur dans l'ambiance.
Cette histoire entre Paul et Helen va durablement influencer la famille Wilcox.
Par ailleurs les deux soeurs, lors d'un concert à Londres où elles résident, font connaissances d'un employé de bureau, Leonard Bast, jeune homme engagé dans une liaison peu enthousiasmante, et rêvant de plus de culture et d'échanges intellectuels.

On est à peine au début du roman, d'office pas question de décrocher, même si je me demandais où tout cela allait mener. N'ayant rien lu de la préface ou sur internet, j'ai découvert les différentes péripéties de l’histoire où tous ces personnages interviendraient. Des passages descriptifs, en particulier de la campagne anglaise et de Londres, des dialogues avec sous-entendus, des plongées dans la tête, du dialogue indirect, un poil de féminisme en ce début du 20ème siècle, et parfois en quelques lignes des avancées importantes, des découvertes étonnantes (en tout cas je n'ai rien vu venir), des ellipses parfois frustrantes. Le tout dans une Angleterre où d'ordinaire les classes sociales ne se mêlent pas, où riches et pauvres existent mais ne sortent pas de leur case de départ.

Et Howards End, la demeure? En fait les personnages y résident peu, en tout cas peu du roman s'y déroule sous les yeux du lecteur.

Les avis de lilly, Dominique, lecture/écriture, papillon,

lundi 20 janvier 2020

Voyager en BD

En fouinant dans ma nouvelle bibliothèque j'ai découvert des 'carnets de voyage' bien épais!

Rouge Himba
Carnet d'amitié avec les éleveurs nomades de Namibie
Solenne Bardet
Simon Hureau
La boîte à Bulles

A 18 ans, Solenn Bardet est partie vivre chez les Himba, s'immergeant au point d'être adoptée par une famille. Elle y retourne ensuite régulièrement, et vingt ans après, elle s'y rend avec Georges, leur fille Zélie (deux dents, encore allaitée) et Simon Hureau, qui va croquer avec talent la vie quotidienne des éleveurs Himba, leurs problèmes actuels, assister à tout le cheminement vers une réunion de responsables (pas du tout le rythme européen). Solenn est la guide, ainsi que certains de ses amis Himba.



Pour ceux qui en ignorent tout, les femmes Himba ont le corps enduit d'ocre et un look reconnaissable, et ce peuple habite au nord ouest de la Namibie. Si vous voulez en savoir plus, lisez ce livre!

Simon Hureau joue avec bonheur les candides enthousiastes, son autodérision et son sens de l'observation font mouche. Du dessin, du texte, 300 pages. Coup de coeur, quoi.


Passons à l'Indonésie, avec
Kompilasi Komikus
Carnet de résidence
Sylvain-Moizie, C Baloup, S Hureau, J Alessandra
La boîte à Bulles

Quatre dessinateurs, de 2009 à 2012, animent sur quelques semaines des rencontres et ateliers dans divers instituts français d'Indonésie. Quatre auteurs, quatre choix, avec plus ou moins de présentation des problèmes des auteurs de BD locaux, mal reconnus, ou carrément de découverte du coin. Bon, moi j'ai préféré Simon Hureau, auquel je suis peut-être plus habituée...

La preuve, j'ai beaucoup aimé, des semaines plus tard :

Mille parages 1 (je veux le 2 !)
Fragments bourlingatoires d'ici et d'ailleurs
Simon Hureau
La boîte à bulles, 2014

De courtes histoires qui mèneront le lecteur en Asie (la jungle et ses bébêtes de tailles diverses...), en Afrique (ah les démêlés avec les autorités parce qu'il a dessiné une vache!), sur les rives de la Loire, au secours d'une auto stoppeuse, ou par ci par là à trouver un coin où dormir (hilarant).

jeudi 16 janvier 2020

Moumou / Le gaucher / Coeur de chien

L'éditeur Ginkgo (merci à lui) m'a permis de découvrir trois textes classiques parus dans sa Petite bibliothèque slave. J'ai donc commencé à combler un retard certain dans cette catégorie de littérature.
Je vais aussi proposer au fil du temps des billets présentant plusieurs livres, car ça s'est pas mal accumulé dans les brouillons... Les couvertures des livres ont disparu depuis l'écriture du billet, je les remets, mais elles peuvent sans doute disparaître...


Moumou (écrit en 1852)
Ivan Tourgueniev
Ginkgo, 2020
Traduit par Henri Mongault
Préface de Dominique Fernandez


En une quarantaine de pages sans graisse inutile, Tourgueniev conte une histoire noire et crédible. C'est l'époque où les grands propriétaires ont à leur service une multitude de serviteurs, et le servage existe toujours.
Guérassime est un colosse sourd-muet, abattant à lui seul le travail de plusieurs. Sa maîtresse est dure, autoritaire, particulièrement quand elle 'a ses nerfs'. Elle arrange le mariage de deux de ses employés, et ne supporte pas que Guérassime s'occupe d'une petite chienne, Moumou, qu'il a récupérée dans le fleuve.

Ce texte donne à saisir la vie de ces serviteurs dans une bonne maison moscovite, les dialogues sont vifs et bien rendus, et vers la fin, la description de Guérassime marchant dans la campagne est une pure merveille.

La préface de Fernandez est fort intéressante, mais il ne faut surtout pas la lire avant, car comme bien souvent la préface raconte l'histoire! Heureusement on y trouve aussi des considérations fort bien pensées (sur le sacrifice), un peu de biographie de l'auteur, et surtout, permet de réaliser que Moumou est une oeuvre marquante puisqu’elle ne tient pas qu'à son déroulement.

Le gaucher (1881)
ou le Dit du gaucher bigle de Toula et de la puce d'acier
Nikolaï Leskov
Ginkgo, 2019
Traduit par Paul Lequesne
Préface de Michel Parfenov

Début 19ème siècle, le tsar Alexandre se rend en Angleterre, et se révèle admiratif de tout ce qu'il voit, au grand dam du cosaque Platov. Pour finir, on offre au souverain une puce mécanique qui saute. Heureusement à Toula des artisans vont faire mieux, le gaucher bigle ira jusqu'en Angleterre défendre l'honneur de la Russie!
Ce conte (?) se termine par un constat amer.
"Les machines ont nivelé l'inégalité des talents et des dons, et le génie n'aspire plus à lutter contre le zèle et l'application."

Encore une fois c'est vif, enlevé, parfois tragique, plaisant à lire aussi, surtout grâce à la langue de l'auteur, inventive, et, je trouve, bien traduite pour ce que j'en sens.

Coeur de chien
Mikhaïl Boulgakov (1891-1940)
Ginkgo, 2019
Traduction de Alexandre Karkovski (1990)(bravo à lui)

Un auteur connu dont je n'avais rien lu, pour un roman publié officiellement en URSS en 1987. On comprend qu'il ne soit pas sorti avant, car ça charge pas mal. Dans les années 20, donc juste après la révolution, le professeur Préobajensky, dont le cabinet et laboratoire de recherches occupent plusieurs pièces dans un immeuble, au grand dam d'autres locataires d’appartements collectifs, recueille un chien errant, Boule. Lequel, blessé, étique, va vite apprécier le confort bourgeois, mais devenir sans son consentement sujet d'expérience. Le voilà devenu humain, marchant, parlant, mais ayant acquis les défauts d'un homme.

Le début, vu par les yeux du pauvre Boule, est parfaitement hilarant. On se sent vraiment 'chien'. Ensuite, la situation dans l’appartement déborde complètement, ça court, ça discute, ça dégénère. Avec une critique du système politique et social.

"Si vous vous souciez de votre digestion, je n'ai qu'un conseil à vous donner : ne parlez à table ni de bolchevisme ni de médecine. Et surtout, ne lisez pas les journaux soviétiques avant le repas, au grand jamais!
- Hum... C'est-à-dire qu'il n'y en a pas d'autres.
- Précisément, n'en lisez aucun. (...) Les patients qui ne lisaient pas les journaux se portaient comme un charme. Et ceux que j'ai obligé à lire la Pravda, ils me perdaient du poids.(...) Et ce n'est pas tout. Mauvais réflexe rotulien, absence d'appétit, humeur dépressive."

lundi 13 janvier 2020

Le dernier thriller norvégien

Le dernier thriller norvégien
Luc Chomarat
La manufacture de livres, 2019



Aaaaaah! Même si on lit peu de polars norvégiens (ou du coin), il ne faut pas passer à côté de cette lecture jubilatoire!

Trois éditeurs parisiens se rendent à Copenhague (oui, je sais, ce n'est pas en  Norvège, mais s'il n'y avait que ce détail, là-dedans...) pour se disputer les droits de traduction du dernier polar d'Olaf Grundozwkzson (tous les noms locaux sont de ce genre, manquant cruellement de voyelles). Par ailleurs (quoique?) un serial killer sévit dans la ville, ses victimes étant de jolies jeunes filles blondes et girondes. Une équipe de policiers 'à procédure' mène l'enquête, des hommes 'au poil ras, à la mâchoire carrée', comme tous ceux rencontrés sur place... Il fait nuit très tôt, il fait froid, et 'il se prit à souhaiter qu'arrive très vite la nouvelle vague du thriller polynésien.',

On se dit que ça va pasticher pas mal, les codes sont bien respectés, mais il n'y a pas que cela. Les trois éditeurs ont des idées bien différentes sur l'édition, la littérature, le livre, et le lecteur trouvera de quoi réfléchir en s'amusant. Puis l'histoire s’affole, est-on dans la réalité ou la fiction, l'histoire est déjà écrite (ou en cours?). Mais 'ne s'était-il pas emballé avec cette prétendue histoire de construction en abyme?'

De plus Sherlock Holmes enquête lui aussi;'en même temps, qu'est-ce que Sherlock Holmes pouvait bien faire dans un polar nordique?'

Comme le dit Olaf, 'j'ai crée un cadre absolument neuf, fait de chausse-trappes inventives, où des univers en d'autres temps étanches se télescopent et finissant par se mêler, en un imbroglio purement mental qui suppose que l'écriture est un lieu  à part, où tout peut arriver.'

Finalement, c'est une description possible du contenu de ce Dernier thriller norvégien, que j'ai englouti avec délectation.

Les avis de encore du noir, actu du noir, papillon, nicole, y'a d'la joie, alex,

Une lecture commune avec A girl.

jeudi 9 janvier 2020

La fabrique du crétin digital

La fabrique du crétin digital
Les dangers des écrans pour nos enfants
Michel Desmurget
Seuil, 2019


L'auteur est directeur de recherches à l'Inserm et docteur en neurosciences, donc a priori pas un rigolo dans son domaine. Alors quand il s'attaque à la télévision (TV Lobotomie)(à relire mon billet je pourrais quasiment recopier des passages) et cette fois aux écrans en général, on devrait pouvoir lui faire confiance. Bien sûr il laisse chaque parent libre, il conseille en s'appuyant sur des recherches sérieuses. Bien sûr chacun connaît un môme toujours le nez sur ses écrans, mais réussissant brillamment à l'école, dormant bien, à l'aise dans ses baskets, etc., mais est-il bien utile de vérifier avec le votre si les écrans peuvent être nocifs ou pas? En tout cas les patrons de la Silicon Valley interdisent les écrans à leurs enfants, c'est connu. "Livrez vos enfants aux écrans, les fabricants d'écrans continueront de livrer leurs enfants aux livres."

Franchement ça fait peur et parfois j'en frissonnais. "Si vous voulez exalter l'exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vous que le petit possède en propre son smartphone et sa tablette et équipez sa chambre en télé et console. Cette dernière attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires." On remarquera que l'auteur y va parfois fort dans l'ironie, ce qui permet d'avaler des passages plus cotons.

Et à l'école? Là il ne va pas se faire des amis. En effet c'est prouvé que cela ne sert pas à grand chose, voire à rien du tout, et que le meilleur pour l'élève, c'est un enseignant bien formé.

Et nous, ringards nés au 20ème siècle? Franchement, et je confirme, quand il l'a fallu, on s'y est mis, à ces écrans, il n'était donc pas nécessaire d'en avoir un sous les yeux dès le berceau. "Il est un poil condescendant de suggérer que personne avant l'an 2000 n'a jamais eu besoin d'avoir de l'esprit critique, de résoudre des problèmes, de communiquer, de collaborer, de créer d'innover ou de lire." Certaines aptitudes, quand elles ne sont pas acquises dans l'enfance, à cause des écrans ou de leur excès, sont perdues, hélas, alors que se servir d'un écran en virtuose, ça peut s'acquérir ensuite, pour l'utilisation basique, communiquer avec les copains ou regarder une vidéo.

On s'en doute, certains ont tout intérêt à maîtriser les gens via les écrans, pour vendre les produits par exemple.

Bon, le mieux est de vous jeter sur ce livre, et, si vous avez des enfants, de prendre bonne note et de demeurer prudents, en toute liberté bien sûr. Votre enfant râlera, mais il vous remerciera plus tard...

lundi 6 janvier 2020

Le répondeur

Le répondeur
Luc Blanvillain
Quidam, 2020


Ah que j'aime ça! Un bouquin qui arrive sans crier gare, d'un éditeur dont on apprécie les choix. Un auteur inconnu de mes services, un roman dont personne n'a parlé! L'occasion pour un lecteur de marcher le premier sur la neige ou le sable...

Baptiste possède un don, un talent. Qu'il  travaille, bien sûr. Il imite les voix. Hélas sur scène le succès n'est pas au rendez-vous, le public boude. Alors quand un romancier célèbre (prix Goncourt quand même), désireux de ne pas être dérangé  pendant l'écriture de son roman en cours (même par des messages sur répondeur auxquels il doit donner suite), le contacte, avec comme mission (fort possible) de répondre à sa place en imitant sa voix, moyennant finances, il n'hésite pas longtemps. Pour éviter les impairs, Chozène  lui remet une liste détaillée de ses correspondants avec des détails normalement suffisants. Sa fille, son père, son traducteur, son ex-femme, des relations, etc. Sauf que Baptiste tombe amoureux d'Elsa, la fille, prend des initiatives avec d'autres, bref ça va s'embrouiller pour le plus grand plaisir du lecteur, qui avec Baptiste découvre tout un petit milieu littéraire et artistique.

Allez, j'ai dévoré ce joli roman, souvent le sourire aux lèvres. Oui, ça fait du bien, c'est bien mené, un bon niveau de langage, fluide, des passages font mouche, les personnages sont prenants; ma seule crainte, que la fin ne soit pas à la hauteur. Réponse : si, elle l'est.

" On n'était plus célèbre parce qu'on avait tourné dans un film. On devenait acteur parce qu'on était célèbre."

Pour terminer, et pas juste pour faire joli, car il y a une raison!
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grande_Odalisque#/media/Fichier:Jean_Auguste_Dominique_Ingres,_La_Grande_Odalisque,_1814.jpg

jeudi 2 janvier 2020

Atlas des mondes fantômes

Atlas des mondes fantômes
Ouvrage dirigé par Agnès Gauzit
Textes : Arnaud Goumand
Direction artistique : François Egret
Belles balades éditions, 2019


Superbe est le premier mot qui vient à l'esprit quand on ouvre ce livre, présentant des lieux situés partout sur la planète, mais abandonnés pour diverses raisons : obsolescence, danger, changements sociaux ou politiques.
Puis tout en admirant les photos on lit les textes, courts, explicatifs, passionnants.

J'ai essayé de trouver et proposer des images trouvées ici:
https://www.google.com/search?q=alas+des+mondes+fant%C3%B4mes+photos&rlz=1C1AOHY_frFR708FR708&sxsrf=ACYBGNTgCI-kx6RYsjx2VLjXzLVSJPfukQ:1577691667468&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=PluYS4rvvieT2M%253A%252CrliyO4Q5Hw-GVM%252C_&vet=1&usg=AI4_-kQOf_N8FRnPBzRWcsO5AyolHMExaw&sa=X&ved=2ahUKEwjy652779zmAhWlxYUKHVAHCMwQ9QEwCHoECAoQGw#imgrc=PluYS4rvvieT2M:
La page du sommaire et le village italien abandonné de Craco...

De quoi rêver, s'étonner... On y trouve aussi le paquebot sanatorium du roman de Valentine Goby, l'île de Tromelin, la route 66, à Paris tout un réseau de défense passive (quoi?), la petite ceinture de Paris (je veux y aller - interdit), et des coins où on peut se rendre quand même, à ses risques et périls, comme le labyrinthe des catacombes d'Odessa (certains n'en sont jamais ressortis) ou près de Tchernobyl (d'ailleurs la couverture montre le parc d'attraction de Pripiat, devant être inauguré le 30 avril 1986, soit quatre jours après la catastrophe nucléaire)

Un grand merci à Babelio et masse critique!